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ELDAD et MÉDAD prophétisent dans le camp

 

Nombres 11

 

Auteur Inconnu

 

Mess. Évang. 1874 p. 473 ; les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières :

1     Deux sortes de croyants

2     Dieu opère même par des croyants qui ne sont pas où ils devraient

3     Au temps du Nouveau Testament

4     De nos jours

5     Aboutissement des deux sortes de chemins

 

1                        Deux sortes de croyants

Depuis l’appel d’Abraham, depuis le temps où la foi, l’œuvre de la puissance divine sépara du monde le peuple de Dieu, il y a eu, si on peut dire ainsi, deux classes de saints ; les uns qui s’appliquèrent à marcher selon la lumière et la vérité que Dieu leur avait confiées ; les autres, que Dieu en miséricorde garda, quoique la pensée d’un témoignage ne soit jamais entrée dans leurs cœurs. Il y eut un Lot aux jours d’Abraham, comme, en sens inverse il y eut un Joseph aux jours de Jacob et de ses fils, et un Moïse et puis un Caleb et un Josué dans d’autres jours ; et les neuf tribus et demie qui passèrent le Jourdain en même temps que les deux tribus et demie qui demeurèrent en deçà du Jourdain. Nous apprenons ainsi que, quoique l’énergie de la puissance divine puisse être manifestée dans un ou plusieurs des saints, Dieu fait trouver miséricorde et secours cependant aussi à ceux qui ne sont pas des témoins de la vérité

 

2                        Dieu opère même par des croyants qui ne sont pas où ils devraient

Il en est de même au chapitre 11 des Nombres. L’Esprit de Dieu vint reposer sur Eldad et sur Médad, et agit par eux, quoiqu’ils fussent demeurés dans le camp, alors que Dieu avait ordonné par Moïse aux soixante et dix hommes des anciens du peuple de venir à la tente d’assignation et de se présenter là avec Moïse. Mais qui oserait avancer que, parce que l’Esprit de Dieu reconnut ces deux hommes et opéra ainsi en eux et avec eux dans le camp, le camp, et non la tente d’assignation, était la place où ils auraient dû se tenir ? D’un autre côté, personne n’agirait selon Dieu en suivant l’exemple de Josué fils de Nun, qui aurait voulu empêcher Eldad et Médad de prophétiser. Ce qu’il importe de bien saisir, c’est que ces deux hommes qui restèrent dans le camp ne sont pas dans le témoignage ; et cependant Dieu, dans son amour et sa miséricorde, dépasse les limites précises qu’il avait lui-même fixées, pour atteindre son peuple par ces hommes qui n’étaient pourtant pas là où ils auraient dû être, comme aux jours de David, Jonathan n’est pas rejeté par Dieu, quoiqu’il n’arrive jamais à la place de service et d’honneur qui devint la part de ceux qui s’attachèrent au roi rejeté.

Il importe beaucoup de bien saisir cela et de comprendre la différence qu’il y a entre ce que la grâce de Dieu voudrait amener un saint à être pour Dieu ici-bas, et ce que sa miséricorde est pour celui qui ne le comprend pas ; faisant la différence entre la manière dont le saint répond à la grâce et la manière dont la grâce prend soin du saint.

Assurément, quand le Seigneur était sur la terre, il était le fidèle et vrai Témoin, et cependant l’Esprit de Dieu opéra avec ceux qui, comme ses disciples, n’avaient aucune idée du témoignage. Ce n’est pas que les disciples soient excusables pour cette ignorance ; mais il ne faut pas non plus limiter pour cela, dans leur étendue et leur richesse, la grâce et la miséricorde de Dieu, parce que l’homme n’y répond pas : d’un autre côté, il ne faut pas prétendre ou supposer que, parce que Dieu a pris soin des disciples et a opéré par eux, qui ne comprenaient rien encore au témoignage qui brillait devant eux de la plus vive lumière, ceux qui travaillent en dehors du chemin et qui ne savent pas ce que c’est que le témoignage, sont d’accord avec sa pensée.

Le grand but que Dieu se propose, c’est de manifester ici-bas sur la terre, par l’homme et par le moyen de l’homme, ce qui lui est dû à Lui. Quand son Esprit n’est pas contristé, ce propos de Dieu s’accomplit, quoique jamais parfaitement, si ce n’est dans le Seigneur Jésus. Mais d’un autre côté, quoique Satan et la chair entravent l’action et la direction de l’Esprit, Dieu cependant vient en aide aux siens et les sert, bien qu’eux ne cherchent pas à le servir.

 

3                        Au temps du Nouveau Testament

Le Saint Esprit est venu sur la terre tout spécialement pour faire demeurer Christ dans le cœur des siens pendant son absence, et pour rendre témoignage de Lui devant le monde. Il est venu, en conséquence de l’élévation de Christ à la droite de Dieu, en sorte que non seulement le chrétien est consolé et fortifié pendant l’absence de Christ mais qu’aussi, par le même Consolateur, il y a sur la terre un témoignage rendu à Christ. Nous ne voyons pas toutefois qu’après que le Saint Esprit fut venu ainsi, tous les saints aient été dans le témoignage : ainsi Apollos a pu être béni à Éphèse quoiqu’il « ne connût que le baptême de Jean » (Actes 18), et que, par conséquent, il fût bien évidemment « dans le camp » ; mais d’un autre côté il fallut, pour l’avancement de ceux qui avaient cru, que Paul fut envoyé à Éphèse, et que par lui la Parole du Seigneur montra sa force d’une manière extraordinaire. Mais Paul ne fit pas taire Apollos, quoiqu’il ne pût pas se tenir pour satisfait de l’œuvre de celui-ci, ou plutôt de la mesure de son œuvre ; car Dieu avait confié à Paul un témoignage pour « compléter la Parole de Dieu » (Col 1 :25 et suiv.), comme l’apôtre nous le dit lui-même. À lui tout spécialement, Dieu avait révélé l’Église ; non pas que les autres disciples aient été laissés dans l’ignorance à cet égard ; mais l’administration du mystère avait été confiée à Paul (comp. aussi Éph. 3). Nous voyons pourtant que le Saint Esprit opéra et rendit témoignage avec les douze, puisque Jacques peut dire : « Tu vois frère combien il y a de milliers de Juifs qui ont cru », bien que cependant ces saints ne fussent pas dans le témoignage selon la mesure de ce que Dieu avait confié à Paul. Paul avait écrit déjà que « celui-là est Juif qui l’est au-dedans, et la circoncision est du cœur, en esprit, et la louange de ce Juif ne vient pas des hommes mais de Dieu ». Toutefois Dieu, ayant agi en grâce sur un terrain inférieur au témoignage confié à Paul, ce n’était pas une raison pour que Paul descendît sur ce terrain : Jacques l’y incita, et Paul céda et souffrit.

Tout cela confirme ce que j’ai fait remarquer, c’est que tandis que l’énergie de la grâce est manifestée par la persévérance dans le témoignage, Dieu dans sa grâce peut agir « dans le camp » et y garder et y bénir les siens ; et l’homme qui, comme Paul, maintient le témoignage, ne doit pas s’y opposer, quoiqu’il ne doive pas descendre sur ce terrain.

Plus tard aussi, nous voyons qu’à la fin de la carrière de l’apôtre, dans la seconde épître à Timothée, tous ceux qui étaient en Asie, cette contrée où Paul avait le plus travaillé, se détournèrent de lui. L’énergie de l’Esprit le soutint jusqu’au bout, lui et tous ceux qui n’avaient pas honte du témoignage de notre Seigneur ; et cependant nous ne pouvons pas dire que la miséricorde de Dieu ait abandonné ceux des siens qui n’avaient pas su se maintenir dans le chemin étroit de l’apôtre quoique, je n’ai pas besoin de le dire, ce ne soit pas une excuse pour leur infidélité.

Il en a été ainsi dans tous les âges de l’histoire de l’Église ; Dieu a toujours continué à agir en grâce, à convertir et à garder les âmes, quoiqu’il n’y eût peut-être personne qui comprit la vraie position du témoignage et s’y maintint ; et nous pouvons dire que, sans les Eldad et les Médad des siècles du Moyen-Âge, il n’y eut peut-être pas eu d’âmes sauvées dans ces temps de ténèbres.

 

4                        De nos jours

De nos jours encore, nous voyons des chrétiens qui reconnaissent la présence du Saint Esprit et qui, dans la communion de Dieu, s’appliquent de tout leur cœur à suivre le chemin que Dieu a tracé pour de tels jours, et à maintenir le témoignage ; mais en même temps le Seigneur use de miséricorde envers les siens qui sont dans le camp, où ils demeurent sans excuse, à cause de ceux qui en sont sortis pour aller vers Jésus hors du camp, portant son opprobre (Héb. 13). Dieu use de miséricorde envers eux, mais cette miséricorde ne peut servir à personne d’excuse ou de motif pour demeurer plus longtemps dans le camp, ou de sanction de la part de Dieu sur une telle position, bien au contraire !

Il y a donc, comme nous venons de le montrer, deux classes de chrétiens si je puis dire ainsi : les uns qui s’appliquent à suivre entièrement le Seigneur, gardant sa Parole pour maintenir ainsi le témoignage de la lumière et de la vérité communiquées ; les autres qui, quoique enseignés de Dieu à salut, oublient leur haute vocation quand Lui ne les oublie pas. Que le lecteur se demande à laquelle de ces deux classes il appartient.

 

5                        Aboutissement des deux sortes de chemins

Il y a toujours une différence frappante entre ces deux sortes de chrétiens, en ceci que, tandis que ceux qui sont fidèles surmontent les difficultés qu’ils rencontrent sur leur chemin et les traversent comme étant supérieurs à ces circonstances, ceux qui ne sont pas fidèles, ou qui restent dans une position inférieure au témoignage que Dieu a suscité dans le moment, sont à un moment ou à un autre surmontés par les difficultés. Abraham, marchant avec Dieu, séparé pour Dieu, était en sûreté ; il marche de force en force (comp. Héb. 11:8-19) ; Lot, au contraire, disparaît à notre vue sous d’épaisses ténèbres. Caleb et Josué entrent seuls dans le pays ; eux seuls sont demeurés fermes au milieu de toute l’assemblée d’Israël qui périt dans le désert. Ainsi, dans d’autres jours, Paul, au milieu de tous ceux qui l’avaient abandonné, lui aussi est demeuré ferme, sans compromis, et il peut dire avec confiance : « le Seigneur me délivrera de toute mauvaise œuvre et me conservera pour son royaume céleste » (2 Tim. 4 :18) ; tandis que ceux qui étaient en Asie ne se relevèrent jamais de leur déclin comme nous le voyons dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse. Le chemin de la fidélité n’est pas seulement le chemin du témoignage et le chemin où Dieu est glorifié, mais il est en même temps le chemin de la parfaite sécurité, comme il est celui de la communion, parce que l’Esprit de Dieu opère là sans entraves dans sa plus grande énergie, tandis que ceux qui se tiennent ailleurs, quoique soutenus pour un temps, tombent tôt ou tard dans le mal, doctrinalement et moralement comme les Corinthiens : ceux-ci ne manquaient d’aucun don, mais les richesses et le luxe d’une ville corrompue, et d’un autre côté les faux docteurs Juifs et l’esprit philosophique les avaient détournés du sentier humble et étroit du témoignage et les avaient fait tomber dans toute sorte de désordres et de mauvaises œuvres.

En résumé la Parole de Dieu nous montre clairement que le Seigneur appelle les fidèles à sortir vers Lui hors du camp, portant son opprobre ; mais en même temps nous voyons que, dans sa miséricorde, il prend soin des siens dans le camp, mais que le camp n’est pas le lieu qui convient à ceux qui sont enseignés de Lui et qui ont appris ainsi qu’ils ne peuvent être de vrais témoins pour Christ que hors du camp ; et puis, et c’est chose bien sérieuse, ceux qui demeurent dans le camp s’exposent à être, tôt ou tard, en une manière ou en une autre, surmontés par le monde et par Satan. « Maintenant donc, ô rois, ayez de l’intelligence ; juges de la terre, recevez instruction ».