DÉGÉNÉRESCENCE DU CHANT [Opinions protestantes]

 

NCFIC = The National Center for Family Integrated Churches, Wake Forest, North Carolina.

Émission intitulée : « Proclamer la suffisance de l’Écriture  pour l’Église  et la vie de famille ».

 

VAINES REDITES

XZY

La musique a complétement dégénéré. Les grands cantiques de la foi chantés par les chrétiens durant des siècles sont à présent rejetés, car considérés comme inappropriés et ennuyeux. À leur place sont arrivés des chants très répétitifs, qui vous font la colle, dans lesquels on exprime son état émotionnel, plutôt que de confesser ce que je crois au sujet du Dieu vivant et vrai ou ce qu’Il révèle de Lui-même. La musique lors du culte rendu à Dieu devrait refléter la majesté et la dignité du culte. De fait, les paroles des cantiques doivent être basées sur la Vérité et non sur mon état émotionnel. La plupart des cantiques actuels ne parlent que de mes émotions : « Voilà ce que je ressens, je ressens de cette manière, Dieu me fait sentir si bien ». Mais les hymnes, les psaumes et les cantiques spirituels du peuple de Dieu chantés pendant des générations ont été basés sur la vérité telle que révélée dans l’Écriture, et la musique correspondait parfaitement à la majesté et la dignité des paroles. On a perdu cela aujourd'hui. Les chants actuels viennent comme par vagues, un chant de louange devient tendance, il devient populaire, mais on l’oublie au bout d’un an. On chante « C’est un rempart que notre Dieu » depuis 500 ans. On chante « Combien Mon rédempteur est grand » depuis 500 ans. On chante même des chants qui remontent à 1800 ans en arrière. Le « te Deum laudamus », par exemple, nous vient de l’Église primitive et se trouve encore dans certains recueils ! Ces grands hymnes sont remplis de vérité et de majesté. La disparition de la prédication et la dégénérescence de la musique sont les deux facteurs principaux qui ont détruit l’adoration dans notre culture actuelle.

 

XYZ

En tant qu’ancien catholique, j’avais embrassé cette foi de tout mon cœur, mais je ne connaissais pas du tout Jésus comme mon Sauveur ; je m’attachais à répéter des prières et des chants, cela faisait partie de mon culte. Je répétais encore et encore les « Abba Père », les « Je vous salue Marie », les « Notre Père ». Or les vaines redites ou vaines répétitions sont justement ce que Christ dit de ne pas faire dans notre culte ! Quoique vous fassiez, ne faites pas comme les païens qui répètent simplement les mêmes choses. Ils recherchent une transe spirituelle « auto-induite », qui provient de la répétition, du martèlement continuel du même message. — Or Christ dit « Ne faites pas cela ». Je suis spécialement sensible à cette question. Quand je rentre dans une église évangélique et que j’entends des cantiques de louanges répétés et scandées comme des mantras, je pense que c’est ce que Jésus dénonce. Nous devrions prendre garde soigneusement à ces choses. À l’inverse, quand j’entends la puissance des Psaumes qui déclarent l’autorité, la royauté et le règne de justice de Christ, il n’y a rien d’une mantra là-dedans, c’est une déclaration puissante ! Il ne s’agit pas de moi du tout, mais seulement de Dieu.

 

LA MUSIQUE CENTRÉE SUR L’HOMME OU SUR DIEU

Jeff Pollard

En ce qui concerne le problème de la musique et du culte, nous avons tendance à associer différents styles de musique avec le culte, la louange. L’un des problèmes majeurs est quand un certain style de musique se grave dans notre esprit comme faisant partie de la musique, alors nous réagissons uniquement de manière émotionnelle au style de la musique. On finit alors par s’adorer soi-même plutôt que Dieu. On veut ressentir quelque chose qu’on associe au culte à la louange, que ce soit avec de la batterie ou que ce soit avec un chant du 16ième siècle, et on estime que cela seul est du culte, de la louange. La tragédie est que si la louange n’est qu’une question d’émotion, sans considérer ce qui est légitime ou pas, on s’adore soi-même au lieu d’adorer Dieu. On adore le sentiment que nous avons au sujet de Dieu.

 

Paul Thompson

Les fidèles ont tous un passé différent, il y a des influences de milieux divers. Chaque fois que l’on veut attacher un certain style ou un certain mode ou un certain genre de musique au culte à l’adoration, c’est un danger, un grand piège, car nous ne sommes plus honnêtes avec nous-mêmes. On s’adore finalement soi-même. Je reste dans l’Église tant que j’y trouve ce dont j’ai besoin pour moi, ce que je veux, ce que j’aime. Quand j’adore Dieu juste et saint, le sujet de l’adoration n’est pas moi, ce n’est pas les sentiments que je recherche, je dois plutôt me soumettre à l’autorité, à la seigneurie, à la royauté, à la majesté du Dieu tout puissant. Je veux faire bien attention à ce que ce ne soit ma chair qui veuille rendre culte. Je veux regarder à Sa Parole et dire : « Seigneur, enseigne-moi à mieux t’adorer »

 

Dr. Joel Beeke

INTELLIGENCE ET ÉMOTION DANS LE CULTE, L’ADORATION

L’un des grands dangers c’est d’avoir une large connaissance, de bons sermons, du bon contenu, mais le sermon ne va pas plus loin que le savoir. Il n’atteint pas le cœur et n’impacte pas les consciences, il ne touche pas l’âme avec les affections qui viennent de la vérité de la Parole de Dieu. C’est un danger dans certains milieux réformés : on cultive l’intelligence, mais le cœur paraît absent. L’autre danger, c’est de n’avoir que des émotions. On privilégie la vie de l’âme à la connaissance. C’est le cas dans les cultes pentecôtistes et charismatiques. Toutes sortes de musiques remuent les émotions, avec des refrains répétitifs. Les gens deviennent enthousiastes et très émus par le rythme de la musique. Mais le cœur n’est pas touché par la vérité des Écritures. Voici donc la situation. Les gens sont si excités par la musique que le sermon tombe à plat. Des sermons qui n’ont pas beaucoup de fond… c’est tout le culte, toute l’adoration qui souffre. Dans les milieux réformés, où la connaissance prime sur le cœur, les fidèles vont chez les pentecôtistes où c’est totalement l’inverse. Les réformateurs et les puritains avaient trouvé l’équilibre. L’être entier était impliqué dans le culte. Ils disaient : « La musique doit être en accord avec l’esprit et la révérence du sermon ». Si le sermon du matin était un avertissement en regard du texte, les chants devaient refléter cet avertissement. Tout le culte était homogène. Si le texte était réconfortant, la musique l’était aussi.

[Note Bibliquest : Ces propos ne parlent pas de l’adoration collective]

 

L’un des pièges se trouve dans la manière de définir l’adoration Beaucoup de personnes définissent le culte comme un évènement bercé par la musique. Bien sûr, le contexte biblique montre que le culte peut inclure de la musique. Mais quand on le définit bien, quand on se plonge dans les Écritures, le culte ne peut pas se limiter à la musique. L’adoration doit avoir un impact sur toute la vie de l’homme. Je voudrais que l’adoration affecte la manière dont je me lève le matin, dont je parle à ma femme, dont je fais mon travail chaque jour, dont j’accomplis mes tâches. Je me retrouverai sûrement à chanter et à louer le Seigneur, tout en méditant sur sa bonté, sa miséricorde et sa grâce. Le danger serait de penser que je dois m’en protéger, que je ne peux pas louer Dieu au sein de mon travail, que je ne peux Le louer que dans l’Église, qu’avec les fidèles. Le piège est de penser que l’adoration ne sert qu’à introduire la prédication. C’est un piège très dangereux pour l’Église actuelle

 

Nous avons tellement élevé la musique, qu’elle est devenue plus importante que l’enseignement des Écritures C’est pourquoi dans de nombreuses églises, la musique est au centre du culte dominical et l’étude de la Bible passe au deuxième plan. Certaines personnes, certains croyants disent : « j’ai besoin d’une meilleure musique », dans le sens d’une musique qui leur plaise. Ils adhèrent pourtant à l’enseignement biblique. Certaines personnes quittent l’église pour cela ! Elles tolèrent un mauvais enseignement tant que la musique est bonne. La génération actuelle est ainsi. La priorité est mise sur la musique et les chants au détriment de la Parole. Bien sûr, la musique est importante et nous continuerons à chanter. Mais nous avons tellement élevé la musique qu’elle est devenue plus importante que la Parole elle-même.