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Les Petits Prophètes

 

Adrien Ladrierre (auteur probable)

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières abrégée :

1     Le prophète Osée

2     Le prophète Joël

3     Le prophète Amos

4     Le prophète Abdias

5     Le prophète Jonas

6     Le prophète Michée

7     Le prophète Nahum

8     Le prophète Habakuk

9     Le prophète Sophonie

10      Le prophète Aggée

11      Le prophète Zacharie

12      Le prophète Malachie

 

 

Tables des matières détaillée :

1     Le prophète Osée

1.1     Généralités

1.2     Chapitres 1 à 3 / Chapitre 1

1.3     Chapitre 2

1.4     Chapitre 3

1.5     Chapitres 4 à 14

2     Le prophète Joël

2.1     À propos d’une invasion de sauterelles

2.2     Le jour de l’Éternel

2.3     La délivrance — l’Esprit répandu

2.3.1     Citation par Pierre en Actes 2

2.3.2     Citation par Paul en Romains 13

3     Le prophète Amos

3.1     Généralités

3.2     Chapitre 1 et 2

3.3     Chapitre 3

3.4     Chapitre 4

3.5     Chapitre 5

3.6     Chapitre 6

3.7     Chapitre 7

3.8     Chapitre 8

3.9     Chapitre 9

4     Le prophète Abdias

4.1     Circonstances de la prophétie

4.2     Versets 1 à 16

4.3     Versets 17 à la fin

4.4     Résumé

5     Le prophète Jonas

5.1     Jonas fuyant sa mission

5.2     La tempête

5.3     Le gros poisson et la fin de la mission de Jonas

5.4     Ce que dit le Seigneur de Jonas

6     Le prophète Michée

6.1     Michée, le prophète

6.2     Plan du livre

6.3     Chapitres 1 à 3

6.4     Chapitre 4

6.5     Chapitre 5 et l’annonce du Messie

6.6     Chapitre 7

6.7     Citation de Michée dans Jérémie

7     Le prophète Nahum

7.1     La personne du prophète

7.2     Ninive, ville ennemie d’Israël. Ses fautes

7.3     Le jugement annoncé

7.4     Deux passages encourageants

8     Le prophète Habakuk

8.1     Généralités

8.2     Chapitre 1

8.3     Chapitre 2

8.4     Chapitre 3

9     Le prophète Sophonie

9.1     Généralités

9.2     Menaces et exhortations au peuple de Dieu, ch. 1 à 2:3

9.3     Annonce des jugements de Dieu contre les peuples païens, chap. 2:3 à 3:7

9.4     Prophéties sur la délivrance et la bénédiction d’Israël par le retour du Messie, ch. 3:8 à 20

10      Le prophète Aggée

10.1       La transportation et le retour à Jérusalem

10.2       Situation du peuple après son retour, au temps d’Esdras

10.3       La cessation de la construction du temple et le rôle des prophètes

10.4       Aggée et sa  prophétie

10.5       Première parole prophétiue

10.6       Parole d’encouragement et seconde parole prophétique

10.7       Troisième parole prophétique

10.8       Quatrième parole prophétique

10.9       Application pour aujourd’hui

11      Le prophète Zacharie

11.1       Contenu du livre de Zacharie

11.2       Circonstances de la première prophétie

11.3       Le livre des visions — chap 1:7 à 6:15

11.3.1       Première vision — chapitre 1:8-17.

11.3.2       Deuxième vision — chapitre 1:18-21.

11.3.3       Troisième vision — chapitre 2

11.3.4       Quatrième vision — chapitre 3.

11.3.5       Sixième vision — chapitre 5:1-4

11.3.6       Septième vision — chapitre 5:5-11

11.3.7       Huitième vision — chapitre 6:1-8

11.3.8       Neuvième vision — chapitre 6:9-15

11.4       Seconde partie du livre de Zacharie

11.4.1       Les jours de jeûne — chapitres 7 et 8

11.4.2       La charge contre le pays de Hadrac — chap. 9 à 11.

11.4.3       La charge touchant Israël — chap. 12 à 14

12      Le prophète Malachie

12.1       Israël et ses relations avec Dieu et son Messie

12.2       Généralités sur la prophétie de Malachie

12.3       Première partie — chapitres 1 à 3:6

12.3.1       L’ingratitude d’Israël — chapitre 1:2-5

12.3.2       L’impiété des sacrificateurs — chapitres 1:6 à 2:9

12.3.3       Les désordres de Juda — chapitre 2:10-16

12.3.4       Le Messie — chapitres 2:17 à 3:6

12.4       Deuxième partie — chapitres 3:7 à 4:6

12.4.1       L’infidélité du peuple — chapitre 3:7-12

12.4.2       La fidélité du résidu au milieu de la multitude rebelle — chapitre 3:13-18

12.4.3       Le jour du Seigneur — chapitre 4

 

 

1                        Le prophète Osée

La Bonne Nouvelle 1869 pages 169 à 176.

1.1   Généralités

Osée veut dire délivrance ; c’était aussi le premier nom de Josué (Nombres 13 v.9), et le nom du dernier roi d’Israël. Il ne nous est rien dit de sa personne, sinon qu’il était fils de Beéri qui est lui-même tout à fait inconnu. Certains détails de son livre donnent lieu de croire, ou du moins de supposer, qu’il était originaire du royaume des dix tribus. C’est le premier en rang des douze petits prophètes. Nous le mettons après Amos parce qu’il prophétisa plus tard que ce dernier, savoir non seulement comme Amos au temps de Ozias de Juda et de Jéroboam II d’Israël, mais encore sous les règnes de Jotham, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda ; ce qui constitue une activité prophétique de plus de soixante-dix années. Il était contemporain d’Ésaïe.

Osée s’occupe plus particulièrement de l’état moral du peuple d’Israël ou des dix tribus, quoiqu’il y soit aussi question de Juda. Cette prophétie se divise en deux parties : le révélation des desseins de Dieu envers Israël, et les remontrances que le prophète adresse au peuple au nom de l’Éternel. C’est une espèce de plainte soutenue, pleine d’angoisse à l’égard de l’état des enfants d’Israël, en développant toutes les voies de Dieu envers eux.

 

1.2   Chapitres 1 à 3 / Chapitre 1

Les trois premiers chapitres composent le première partie, ou la révélation des desseins de Dieu envers Israël. D’entrée, Israël est traité comme étant en révolte contre Dieu. C’est ce qui est montré par l’image de la femme corrompue, emblème de la conduite du peuple, avec laquelle le prophète devait s’unir. Le premier fils qu’elle a, doit s’appeler Jizreël, nom qui rappelle la résidence du méchant Achab, de sa femme, l’impie Jézabel, de leurs affreuses morts, entre autres à cause du meurtre de Naboth de Jizreël pour s’emparer de sa vigne (lisez 1 Rois 21 et 2 Rois 9). Ici, ce nom est donné au fils de Gomer, femme d’Osée, comme un signe du jugement de Dieu sur la famille de Jéhu et sur le royaume d’Israël. Jizreël qui veut dire Dieu sèmera est aussi employé par notre prophète (2 v. 22-23) comme un signe des bénédictions que l’Éternel sèmera un jour sur la terre.

Puis la femme d’Osée eut une fille, et Dieu dit à celui-ci de l’appeler Lo-Rukhama ce qui signifie : elle n’a pas obtenu miséricorde. Non seulement le jugement était exécuté sur Israël, mais ce jugement était final, si ce n’est pourtant que la grâce de Dieu s’exercerait encore envers son peuple dans les derniers temps. Juda serait encore épargné (1 v. 7) par la seule puissance de l’Éternel.

Enfin un second fils doit se nommer Lo-Ammi, pas mon peuple ; car maintenant l’Éternel ne reconnaissait plus le peuple comme sien. L’infidélité a plongé Israël tout entier sous le jugement terrible de ne plus être le peuple de Dieu et d’être abandonné par l’Éternel qui dit : « Vous n’êtes pas mon peuple, et je ne serai pas à vous ». Le jugement étant ainsi prononcé, Dieu annonce immédiatement après, avec une égale clarté, que ce malheureux peuple deviendra encore un jour l’objet de sa grâce souveraine. « Cependant le nombre des fils d’Israël sera comme le sable de la mer, qui ne se peut mesurer ni nombrer ». Mais cette grâce ouvre la porte à d’autres qu’aux Israélites car il est ajouté : « Et il arrivera que, dans le lieu où il leur a été dit : Vous n’êtes pas mon peuple, il leur sera dit : Fils du Dieu vivant » (1:10). L’application de ce passage aux nations est constatée par l’apôtre Paul en Romains 9 v. 24-26. Dans ces trois versets, il cite la fin du second chapitre de notre prophète comme exprimant la grâce envers les Juifs, et le passage que nous examinons (1 v. 10), la miséricorde envers les gentils. Dans 1 Pierre 2 v. 10, l’apôtre écrivant à des Juifs devenus chrétiens, fait aussi allusion à Lo-Ammi et à Lo-Rukhama : « Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde ». Au dernier verset du chapitre 1, Osée annonce le retour, encore à venir, de Juda et des dix tribus, réunis et soumis à un seul chef dans la grande journée de Jizreël, c’est à dire de la semence de Dieu. Alors ils monteront du pays à Jérusalem, comme une seule nation, pour adorer ensemble l’Éternel dans leurs fêtes solennelles.

 

1.3   Chapitre 2

Les premiers mots du chapitre 2 : « Dites à vos frères Ammi (mon peuple) ! et à vos sœurs Rukhama (reçue en grâce) ! », indiquent, je pense, un résidu ou un petit nombre de fidèles parmi la masse rebelle. Ce résidu est reconnu pour peuple par le cœur de Dieu, et objet de miséricorde, pendant que la nation est rejetée par l’Éternel. Dans le même esprit, plus tard, au milieu de ces mêmes Juifs qui le méconnaissent, le repoussaient et le poursuivaient jusqu’à la mort, le Seigneur Jésus disait en étendant la main sur ses disciples : « Voici … mes frères ; car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (Matthieu 12 v. 49-50). Jésus peut-il dire de vous : ceux-là sont mes frères et mes sœurs ?

Cependant le prophète doit plaider contre sa mère, contre Israël. Dieu ne voulait plus le reconnaître comme son épouse ; Lui-même ne serait plus son mari. Le peuple devait se repentir pour ne plus être puni. Il attribuait à la faveur des faux dieux toutes les bénédictions dont le Seigneur l’avait comblé ; c’est pourquoi Dieu lui ôterait cette abondance et le laisserait nu et dépourvu de tout. Mais après avoir amené cette femme infidèle, c’est à dire Israël, dans le désert, où elle devait apprendre que ses idoles ne pouvaient l’enrichir ; après l’avoir Lui-même attirée là, l’Éternel parlerait de grâce à son cœur. La manière dont Dieu exprime ce retour à la grâce est d’un touchant intérêt. Pour le comprendre, il faut lire ainsi au verset 15 : « Je lui donnerai la vallée d’Acor pour une porte d’espérance », et se rappeler que c’est dans cette vallée que le jugement de Dieu avait commencé à tomber sur Israël après son entrée en Canaan. En effet, c’est là que l’on conduisit l’infidèle Acan et Josué lui dit : « Pourquoi nous as-tu troublés ? … Et tous les Israélites l’assommèrent à coup de pierres … C’est pourquoi on appela ce lieu-là la vallée d’Acor, ou du trouble » (Josué 7 v. 24-26). Or un jour, bientôt peut-être, la vallée du trouble deviendra pour les enfants d’Israël revenant à leur Dieu une porte d’espérance par laquelle ils rentreront sous la bénédiction, la faveur et la grâce qui surmontera et couvrira tous leurs péchés. Chers lecteurs, si vous passez aussi par la vallée du trouble dans le sentiment et le repentir de vos péchés devant Dieu, cette vallée deviendra pour vous la porte d’espérance du salut, car c’est pour que vous ayez la vie que Dieu vous convie à la repentance. Les relations des fils d’Israël avec l’Éternel seront changées ; Il ne sera plus pour eux un maître sévère mais un mari affectionné. Dieu ôtera de dessus la terre toute espèce d’ennemi, soit bête féroce ou nuisible soit homme violent. Puis Il dit à Israël, représenté comme une femme qui a été infidèle à son mari : « Je te fiancerai à moi pour toujours ; et je te fiancerai à moi en justice, et en jugement, et en bonté, et en miséricorde ; et je te fiancerai à moi en vérité ; et tu connaîtras l’Éternel — 2 v. 19-20 ». — Telles devant être un jour les relations d’Israël avec son Dieu, il en résultera alors pour ce peuple une suite ininterrompue de bénédictions sur la terre. L’Éternel exaucera des cieux, et les cieux exauceront la terre ; la terre produira ses fruits avec abondance lesquels répondront aux besoins de Jizreël, ou d’Israël, semence de Dieu, que Dieu sèmera sur la terre, et son nom sera Rukhama (reçue en grâce) et Ammi, c’est-à-dire, mon peuple, et Israël dira : C’est mon Dieu. En un mot, ce qui attend le peuple d’Israël aux derniers temps, sur la terre, ce qui est promis par l’Éternel, c’est un entier rétablissement de bénédiction, sur le pied de la grâce et de la fidélité de Dieu.

 

1.4   Chapitre 3

Au chapitre trois, encore sous l’image d’une femme corrompue, reprise par son mari, les enfants d’Israël sont représentés comme devant être, « beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et sans statue, et sans éphod ni théraphim ». C’est l’état actuel des Juifs : ils sont sans gouvernement à eux, sans sacrifice selon la loi, puisqu’on ne pouvait les offrir que dans le temple et sur l’autel et que le temple est ruiné et l’autel rejeté, par conséquent sans culte ; sans statue, c’est-à-dire sans idole ; sans éphod, vêtement du souverain sacrificateur qu’il devait porter pour se présenter devant Dieu et le consulter (voyez 1 Samuel 30 v. 7 et 8), et sans théraphim ; c’étaient de petites idoles, telles que celles que Rachel avait dérobées à son père Laban (Genèse 31 v. 19:34 et 35), des statues idolâtres que l’on consultait comme des oracles. Comparez Juges 27 v. 5 et 28 v. 5 ; 1 Samuel 15 v. 23 ; Ézéchiel 21 v. 26 ; Zacharie 10 v. 2.

Mais après ces longs jours d’égarement et d’isolement dans le désert des peuples, les enfants d’Israël se repentiront, et rechercheront l’Éternel leur Dieu, et David leur roi ; il révéreront l’Éternel et sa bonté aux derniers jours ; en d’autres termes, tout Israël recherchera la vraie royauté de promesse donnée de Dieu, dont Christ, le vrai David ou le vrai Bien-aimé, est l’accomplissement.

C’est en Lui, et en Lui seul, que nous pouvons être rendus agréables ou acceptés devant Dieu (Éph. 1v. 6). Avez-vous recherché pour vous-mêmes, le vrai Bien-aimé ? Est-il devenu votre Bien-aimé ?

 

1.5   Chapitres 4 à 14

Nous ne dirons rien sur les onze derniers chapitres de notre prophète, qui présentent bien des difficultés, vu le style concis et saccadé d’Osée ; ce sont en général des reproches entremêlés de promesses de grâce, de secours, de relèvement pour Israël. Méditez sur ce verset 9 du chapitre 13 où Dieu vous dit aussi : « C’est ta destruction, Israël, que tu aies été contre moi, contre ton secours ». Considérez le dernier verset du livre avec soin et prières. Pendant sa longue carrière, le prophète avait vu constamment ses compatriotes ne pas écouter ou ne pas accepter ses paroles qui n’étaient comprises et reçues que par le petit nombre de ceux qui connaissaient et servaient Dieu. Aussi en terminant sa prophétie, il dit avec une profonde tristesse : « Qui est sage ? Il comprendra ces choses. Et intelligent ? Il les connaîtra ; car les voies de l’Éternel sont droites, et les justes y marcheront, mais les transgresseurs y tomberont ».

Pour nous, les voies de Dieu sont des voies de grâce et d’amour. Jésus Christ est le chemin (Jean 14 v. 6). Pour comprendre et connaître les voies de Dieu, il faut être sage. Êtes-vous sages pour cela ? Sinon, lisez avec beaucoup d’attention Jacques 1 v. 5 et 6, avec le désir sincère d’en faire l’expérience.

 

 

2                        Le prophète Joël

La Bonne Nouvelle 1870 pages 54 à 61.

 

Joël, le deuxième des petits prophètes, était fils de Pethuel ; c’est là tout ce que l’on sait sur sa famille et son histoire. Son nom veut dire : « Dieu l’Éternel » ou « l’Éternel est son Dieu ». C’est dans le royaume de Juda, et pour ce royaume, qu’il exerça son ministère prophétique. On pense généralement qu’il prophétisait sous le règne de Ozias (ou Azaria), vers l’an 800 avant Jésus Christ.

 

2.1   À propos d’une invasion de sauterelles

Dans les deux premiers chapitres, Joël décrit, de la manière la plus animée et la plus poétique, l’invasion d’une armée redoutable dans la Judée : « Car une nation est montée sur mon pays, forte et innombrable. Ses dents sont les dents d’un lion, et elle a les grosses dents d’une lionne…les champs sont ravagés, la terre mène deuil… la vigne a séché… tous les arbres des champs sont desséchés… devant lui le pays est comme le jardin d’Éden, et après lui, la solitude d’un désert… Leur aspect est comme l’aspect des chevaux… c’est comme un peuple puissant rangé en bataille… ils marchent chacun dans son chemin, et ne changent pas leurs sentiers… et ils ne se pressent pas l’un l’autre. Ils marchent chacun dans sa route ; ils se précipitent à travers les traits et ne sont pas blessés ; ils se répandent par la ville, ils courent sur la muraille, ils montent dans les maisons, ils entrent par les fenêtres comme un voleur. Devant eux la terre tremble, les cieux sont ébranlés, le soleil et la lune sont obscurcis, et les étoiles retirent leur splendeur. Et l’Éternel fait entendre sa voix devant son armée, car son camp est très grand, car l’exécuteur de sa parole est puissant ; parce que le jour de l’Éternel est grand et fort terrible ; et qui peut le supporter ? »

Ce ne sont là que quelques traits de la description que nous donne Joël de cette formidable armée que l’Éternel appelle son armée, parce qu’elle n’était qu’un instrument entre ses mains pour exécuter les jugements que les péchés du peuple juif avaient attirés sur lui. Eh bien ! Pouvez-vous croire que, dans un sens purement littéral, cette armée n’était pas autre chose qu’une multitude de sauterelles ? C’est ce qu’indique le verset 4 du chapitre 1.

Il faut vous dire que les sauterelles sont un des fléaux les plus redoutés et les plus terribles des pays chauds, de l’orient en particulier. Elles sortent du sol au printemps, surtout quand la sécheresse a favorisé la maturité des innombrables œufs qu’elles déposent dans la terre, et portées sur les ailes des vents, elles viennent s’abattre en tourbillonnant et comme d’épais nuages sur les plaines d’Égypte, de Palestine ou de Syrie. Ces nuages ont quelquefois 16 à 24 km de long, et de 8 à 12 km de large. Lorsqu’elles approchent, elles voilent le ciel, couvrent la terre de leur ombre, et font entendre au loin le bruit de leurs millions d’ailes et de pieds. Quand elles s’arrêtent (et l’on chercherait vainement à les en empêcher), elles forment sur la terre qu’elles cachent une couche épaisse qui parfois dépasse la hauteur d’un mètre ; en un clin d’œil, elles rongent alors de leurs dents aiguës, et avec un bruit qui rappelle la marche de la cavalerie, l’herbe, les feuilles, les fruits, surtout les raisins, et jusqu’à l’écorce et à la racine des arbres, mettant le sol dans le même état que si le feu y était passé. Lorsqu’elles ont tout dévasté, elles se remettent en marche, ne laissant derrière elles que leurs œufs et des corps morts qui répandent une telle infection qu’il en résulte souvent d’affreuses épidémies.

Leur marche est très régulière (Prov. 30:27 ; Joël 2:7, 8) ; elles volent par colonnes et droit devant elles, de jour seulement ; le soir elles s’établissent sur la terre. Rien ne les arrête ; elles évitent tous les dangers, et ne sauraient être évitées. Elles pénètrent jusque dans les habitations, et en rongent non seulement les ustensiles en bois, mais encore les boiseries, les planches et les poutres (Ex. 10:4-6). Fatiguées de leur vol, elles s’abattent sur les eaux comme sur la terre (Ex. 10:19 ; Joël 2:20), et leurs légers cadavres, entraînés vers les rivages, viennent bientôt y apporter la peste, et les désoler par leur mort, après les avoir désolés par leur vie. La tête des sauterelles ressemble à celle du cheval ; aussi ont-elles été comparées à des chevaux dans l’Écriture (Voyez Joël 2:11 et Apoc. 9:7-9).

 

2.2   Le jour de l’Éternel

Cependant, il ne faut pas croire que les paroles du prophète ne s’appliquent qu’à des sauterelles. Ici, comme ailleurs dans l’Écriture et surtout dans les livres prophétiques, Joël ou plutôt l’Esprit de Christ qui était en lui (1 Pierre 1:11), prend occasion d’une disette sans pareille, causée par l’invasion d’innombrables armées d’insectes, pour réveiller l’attention du peuple à l’égard de la journée de l’Éternel.

« Hélas, quel jour ! Car le jour de l’Éternel est proche, et il viendra comme une destruction du Tout-Puissant (1:15). Que tous les habitants du pays tremblent, car le jour de l’Éternel vient ; car il est proche, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres (2:1, 2). Ces mots : « le jour de l’Éternel » se traduisent dans le Nouveau Testament par : « le jour du Seigneur ». Ils désignent un jour de jugement et de vengeance. Malachie en parle ainsi : « Car voici, le jour vient, brûlant comme un four ; et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du chaume, et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de manière à ne leur laisser ni racine, ni branche » (4:1). De même l’apôtre Paul dit aux Thessaloniciens : « car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront : « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux… et ils n’échapperont point (1 Thess. 5:2, 3 ; lisez aussi 2 Pierre 3:10:12).

Ce jour dont il est souvent question dans l’Ancien Testament, cette redoutable journée, ce grand jour du Dieu Tout-Puissant dont il est si souvent dit qu’il est proche et qui, en effet, est toujours plus rapproché, est encore à venir. Chez les Thessaloniciens, il y avait de faux docteurs qui, ne comprenant pas ce que l’apôtre avait écrit, ou même lui prêtant leurs propres idées, osaient affirmer que le jour du Seigneur était là parce que les fidèles de cette assemblée souffraient de persécution, et ainsi ils étaient encore ébranlés et troublés. Dans la seconde épître, l’apôtre a surtout en vue de combattre ces assertions erronées. Le jour du Seigneur ne peut pas être arrivé parce que, s’il était là, les saints ne seraient pas dans la tribulation, ils seraient avec le Seigneur qui viendra avec eux. Ceux qui les persécutent seraient punis ; car « c’est une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et [que de vous donner], à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ ». « Il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1).

Chers lecteurs, il faut que vous fassiez partie ou de ceux qui seront alors jugés et punis, ou de ceux qui seront avec le Seigneur, lequel sera glorifié en eux. Avec lesquels seriez-vous si le jour du Seigneur était là ? Avec lesquels voudriez-vous être ? Il faut avoir été avec Jésus, avoir marché avec lui pendant sa vie, si l’on veut être avec lui quand il descendra du ciel pour juger les méchants. Alors on peut aller en avant avec confiance ; alors on peut, de tout son cœur, répéter le cri de l’Église : « Amen ; viens, Seigneur Jésus ! » Le livre de Joël expose, de la manière la plus sublime, la scène du jugement des vivants, et avant cela il indique très clairement comment un pauvre pécheur peut échapper au jugement. Écoutez ce qu’il dit d’abord sur ce dernier sujet, et que Dieu vous donne des oreilles pour entendre, une intelligence éclairée d’en haut pour comprendre, et des cœurs ouverts pour recevoir ces paroles de grâce !

 

2.3   La délivrance — l’Esprit répandu

Le peuple de Dieu, convié à la repentance et humilié, est entendu et délivré par l’Éternel qui rend l’abondance au pays ; l’armée venue du nord qui ravage la terre comme des sauterelles est jugée à cause de son orgueil, elle est chassée et poussée vers l’orient. Alors les enfants de Sion se réjouissent devant l’Éternel leur Dieu. Mais outre les bénédictions temporelles qui leur sont de nouveau accordées, il y a une grâce toute nouvelle qui leur sera donnée. Voici ce que dit l’Éternel : « Et il arrivera, après cela, que je répandrai mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards songeront des songes, vos jeunes hommes verront des visions ; et aussi sur les serviteurs et sur les servantes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit. Et je montrerai des signes dans les cieux et sur la terre, du sang, et du feu, et des colonnes de fumée ; le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le grand et terrible jour de L’Éternel. Et il arrivera que, quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé. Car sur la montagne de Sion il y aura délivrance, et à Jérusalem, comme l’Éternel l’a dit, et pour les réchappés que l’Éternel appellera » (2:28-32).

 

2.3.1        Citation par Pierre en Actes 2

Cette prophétie est citée en Actes 2 par l’apôtre Pierre pour expliquer le grand fait que Dieu venait d’opérer à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Le Saint Esprit répandu sur les disciples comme bientôt sur les convertis d’entre les nations, c’était là un commencement d’accomplissement du remarquable oracle de Joël ; mais évidemment les grands et effrayants prodiges dont il est question n’ont pas encore eu lieu, et doivent précéder plus ou moins immédiatement le jour grand et terrible du Seigneur lequel est encore à venir. Quoi qu’il en soit, il y a là une parole bien encourageante qui demeure toujours vraie. Que celui qui craint le jour grand et terrible du Seigneur qui s’approche, se confie en cette bonne parole et agisse en conséquence : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ».

 

2.3.2        Citation par Paul en Romains 13

Elle est aussi citée par l’apôtre Paul (Rom. 10:13). Mais il ajoute : « Comment invoqueront-ils celui en qui ils n’ont point cru » ? C’est tout simple, pour appeler le Seigneur à son aide, il faut avoir confiance en sa puissance et en son amour. Confiez-vous donc en Celui qui est amour, qui est le Tout-Puissant et qui veut que vous soyez sauvés. Sans cela vous auriez affaire avec ce terrible jour du jugement dont notre prophète parle au dernier chapitre de son livre : « Que les nations se réveillent et montent à la vallée de Josaphat, car là je m’assiérai pour juger toutes les nations, de toute part. Mettez la faucille, car la moisson est mûre ; venez, descendez, car le pressoir est plein, les cuves regorgent ; car leur iniquité est grande. Multitudes, multitudes, dans la vallée de jugement ! car le jour de l’Éternel est proche dans la vallée de jugement » (3:12-14). Mais alors même, l’Éternel sera un asile à son peuple, et la force des enfants d’Israël. Puissiez-vous tous, dès à présent, trouver dans le Seigneur par la foi et votre asile et votre force. C’est Lui qui nous a délivrés de la colère à venir et qui nous met à l’abri du jugement. Allez à Lui et vous n’aurez rien à craindre ; allez à Lui, et vous ne serez pas jugés, mais sauvés.

 

 

3                        Le prophète Amos

La Bonne Nouvelle 1869 pages 146 à 153.

3.1   Généralités

Dans l’ordre des temps, Amos vient après Jonas quoique son livre occupe la troisième place dans la série des douze petits prophètes. Amos était de Thekoa, ville de la tribu de Juda que Roboam avait fait bâtir, ou plutôt fortifiée (2 Chroniques 11 v. 6) car elle existait auparavant (voir 2 Samuel 14 v. 2). De même que Dieu avait choisi David en le tirant des parcs de brebis (Psaume 78 v. 70), il choisit aussi plus tard pour prophète Amos d’entre les bergers de Thekoa. De tout temps, le Seigneur a pris et Il prend encore, quand Il veut, ses ouvriers ou ses instruments où il lui plaît, n’ayant nul besoin d’aucun avantage purement humain en eux, pour en faire les interprètes de sa volonté ou les ministres de sa grâce. Ainsi le Seigneur Jésus choisit ses premiers apôtres parmi les pécheurs du lac de Génésareth. Il a toujours aimé choisir les choses faibles de ce monde pour confondre les fortes, afin que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur (1 Corinthiens 1 v. 27 et 31).

Amos vivait environ 800 ans avant Jésus Christ. Il prophétisa sous les règnes de Ozias, roi de Juda et de Jéroboam II, roi d’Israël. Il était ainsi contemporain d’Osée, de Joël et d’Ésaïe.

Amos s’adresse presque exclusivement aux dix tribus d’Israël, quoiqu’il renferme aussi des allusions à Juda. Rien de plus décidé contre le mal que ses paroles, quoique très simples et sans la force qui caractérise le langage brûlant et entrecoupé du prophète Osée.

Avant de dénoncer le jugement à Israël et à Juda, il proclame d’abord celui des nations circonvoisines (situées tout autour), tant pour leur hostilité et leur cruauté envers le peuple de Dieu que pour leur conduite inhumaine envers d’autres nations, car Dieu en tient compte.

 

3.2   Chapitre 1 et 2

Remarquez que ces jugements s’appliquent à des peuples établis sur le territoire promis à Abraham et à sa postérité. Dieu veut purifier sa terre de ce qui la souillait et, hélas, par conséquent, de Juda et d’Israël aussi, tout en conservant les droits de sa fidélité et de sa grâce qu’il exercera de nouveau en faveur d’Israël aux derniers jours.

À l’égard de Juda, l’Éternel signale, en particulier, le mépris de sa loi et la désobéissance à ses commandements (2 v. 4, 5).

Chez Israël, le péché signalé c’est le manque de crainte de Dieu, l’égoïsme, l’oppression des pauvres, la dureté envers les malheureux. Ils ont vendu le juste pour de l’argent, et le pauvre pour une paire de souliers. Cela leur est souvent reproché, voyez 2 v. 7 ; 4 v. 1 ;5 v. 11-12 ; 8 v. 5. Ils ne s’inquiètent pas des souffrances des malheureux. Cependant l’Éternel les avait délivrés de la servitude où ils étaient en Égypte ; il avait détruit leurs ennemis pour les mettre en possession de leurs terres. Il avait suscité du milieu d’eux des prophètes, et aussi des nazaréens ou consacrés à Dieu ; mais ceux-ci, ils les avaient entraînés à se profaner ; et quant aux autres, ils leur avaient dit : « Ne prophétisez plus ».

 

3.3   Chapitre 3

Après avoir ainsi mentionné chacune des nations qui se trouvaient sur le territoire promis à Abraham (ch. 1 et 2), Dieu s’adresse à Israël et à Juda réunis (3 v. 1) : à toutes les familles qu’il a tirées du pays d’Égypte. « Je vous ai connus vous seuls, leur dit-il, d’entre toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités ». C’est là un principe bien sérieux et, en même temps, bien simple : il faut que notre marche ou notre vie soit en rapport avec notre position devant Dieu, et avec les grâces que nous avons reçues. Sans cela le jugement de Dieu commence par sa maison. Si donc il y avait du mal dans la ville, c’est que l’Éternel agirait. Deux ne peuvent pas marcher ensemble s’ils ne sont pas d’accord. Êtes-vous d’accord avec Dieu ? Est-il pour vous non plus un juge mais un père qui vous a reçus en grâce par la foi en Jésus Christ ? Si non, il serait bon pour vous de vous hâter d’écouter cet appel qu’il vous adresse en vous suppliant d’y répondre : « Réconciliez-vous avec Dieu » (2 Corinthiens 5 v. 20).

Toutefois si Dieu intervient et fait entendre sa voix puissante et terrible, c’est qu’il y a une raison pour cela ; et d’un autre côté, Dieu n’agira pas sans avertir son peuple : Il ne fera rien sans révéler son secret aux prophètes ses serviteurs. Mais le lion avait rugi, ne devait-on pas trembler ? L’Éternel avait parlé, le prophète pouvait-il se taire ? Voilà où en était Israël, qui allait être dispersé, tellement qu’il n’en resterait que quelques petits fragments, comme des morceaux d’un agneau qu’un berger retirerait de la gueule d’un lion qui l’aurait dévoré.

 

3.4   Chapitre 4

Le chapitre 4 rappelle l’oppression des pauvres et le culte de leur invention que les enfants d’Israël rendaient dans les lieux qu’ils avaient choisis. Dieu aussi agirait contre eux comme Il l’entendrait. Il l’avait même déjà fait ; mais quoiqu’il eût répété ses châtiments, ils n’étaient pas retournés jusqu’à Lui. C’est pourquoi, ajoute-t-il, « prépare-toi à la rencontre de ton Dieu, ô Israël ! » — Et vous, êtes-vous prêts pour cette rencontre qui peut arriver d’un moment à l’autre ? Celui-là seul est prêt qui a Jésus pour Sauveur et pour Avocat.

 

3.5   Chapitre 5

Au chapitre 5, le prophète, après avoir déploré la ruine des Israélites, les conjure de fuir les lieux de leur faux culte et de revenir à l’Éternel, le Créateur : « Cherchez l’Éternel, et vous vivrez » leur dit-il et vous dit-il. Israël repoussait la pensée du mauvais jour, de même que tant d’entre vous le font ; le mal avait le dessus. Le mauvais jour viendrait : il viendra, il est proche. Quelques-uns désiraient « la journée de l’Éternel », que le Nouveau Testament appelle « le jour du Seigneur ». Ici, comme partout, l’Esprit prophétique nous révèle que ce jour sera une journée d’épouvante et de jugement, de ténèbres et non de lumière. — Au reste, les mauvais principes qui causaient la ruine des enfants d’Israël étaient en eux dès le commencement et n’avaient fait que se développer. Ce n’était pas Dieu que leurs pères avaient adoré dans le désert, mais leur Moloch et leur Ramphan, ou leurs faux dieux, que leurs cœurs s’étaient faits à eux-mêmes. Aussi ils seraient emmenés captifs, plus loin encore que le pays qui fait maintenant l’objet de leur crainte (comparez le verset 27 avec Actes 7 v. 43).

 

3.6   Chapitre 6

Le chapitre 6 condamne la fausse confiance qui trompait les grands d’Israël. Ils s’abandonnaient au luxe comme si tout allait bien. Ils ne sentaient pas l’affliction de Joseph. Ils seraient captifs entre les premiers. L’Éternel avait en horreur la gloire de Jacob, c’est à dire des descendants de Jacob qui se confiaient en ce qui n’était que vanité, dans leur veau d’or. Mais le Dieu vivant et vrai qu’ils méprisaient susciterait un ennemi qui mettrait tout en désolation.

 

3.7   Chapitre 7

Au chapitre 7, l’intercession du prophète, c’est à dire de l’Esprit de Christ qui agissait en lui, avait par deux fois arrêté des fléaux destructeurs. Puis, dans une vision, le Seigneur lui apparut debout sur un mur et ayant en sa main un niveau ou une équerre, tout prêt à exercer le jugement que rien ne pourrait plus détourner. Israël devait tomber avec la famille de Jéhu dont le roi Jéroboam était le dernier représentant. Une telle prophétie dut paraître bien audacieuse. Aussi Amatsia, sacrificateur du veau d’or, à Béthel, se hâta de dénoncer au roi Jéroboam le fidèle prophète comme conspirant contre lui au milieu de la maison d’Israël. Quelle différence avec les Ninivites qui avaient écouté les paroles de Jonas et s’étaient convertis ; tandis qu’au contraire, Amatsia dit à Amos : « Voyant (c’est ainsi qu’on appelait les prophètes), va-t-en ; fuis au pays de Juda, et mange là du pain, et prophétise là, mais ne prophétise plus à Béthel, car c’est le sanctuaire du roi et la maison du royaume ». Il devait s’en retourner en Juda, son pays, là où l’Éternel était encore reconnu comme Dieu, où vérité pouvait être annoncée. Mais, à Béthel, on ne supportait pas des vérités désagréables. L’homme, le roi était le seul maître. Cependant Dieu ne renonce pas à ses droits. Amos répond à Amatsia : « Je n’étais pas prophète, et je n’étais pas fils de prophète ; mais je gardais le bétail, et je cueillais le fruit des sycomores ; et l’Éternel me prit quand je suivais le menu bétail, et l’Éternel me dit : Va, prophétise à mon peuple Israël ». De même, 800 ans plus tard, Paul se disait apôtre, « non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père » (Galates1 v. 1). Ainsi l’Éternel, selon sa volonté, avait pris et choisi Amos pour son prophète ; et la parole qu’il annonçait était celle de Dieu. Le sacrificateur qui s’y opposait subirait la conséquence de sa témérité, et Israël serait certainement emmené en captivité.

 

3.8   Chapitre 8

Au chapitre 8, après de nouvelles déclarations de la fin prochaine du royaume d’Israël, Dieu annonce à ce malheureux peuple le plus affreux de tous les fléaux : la famine d’ouïr « les paroles de l’Éternel ». C’étaient de bien tristes temps que ceux « où la parole de l’Éternel était rare » (1 Samuel 3 v. 1). Il y en a eu, il y en aura encore de plus tristes pour Israël, tandis que vous, vous avez le bonheur de vivre dans des pays et dans des temps où la parole de Dieu est à la portée de tous. Puissiez-vous apprécier ce grand privilège, et en profiter pour la lire et croire le témoignage de Dieu au sujet de son Fils qu’elle renferme. Sans cela, cette parole même s’élèverait contre vous et ne ferait que rendre plus grave votre culpabilité !

 

3.9   Chapitre 9

Au chapitre 9, enfin, le Seigneur est présenté comme dirigeant tout, de sorte qu’Israël ne saurait échapper. Cependant, Dieu n’oubliait pas son peuple qui serait criblé dans toutes les nations du monde, sans que pour cela un seul grain fût perdu. Puis, au jour où l’Éternel exécutera son jugement final au milieu du peuple, il relèvera, selon les desseins de sa grâce, non pas le tabernacle de Jéroboam, mais celui de David, son bien-aimé, et le rebâtira dans toute sa gloire, pour que sa postérité possède toutes les nations amenées à la connaissance du non de l’Éternel. Alors aussi l’Éternel ramènera Israël de sa captivité et les rétablira en les bénissant abondamment. « Je les planterai sur leur terre, et ils ne seront plus arrachés de dessus leur terre que je leur ai donnée, dit l’Éternel, ton Dieu ».

Ce résumé du livre d’Amos, extrait d’un ouvrage fort apprécié, et que j’ai cherché à rendre assez simple pour que vous le compreniez, offrira peut-être des difficultés à quelques-uns d’entre vous ; mais ne vous laissez pas décourager pour cela. Prenez du temps pour lire d’abord le livre d’Amos, un chapitre, un jour, avec l’explication que nous en donnons ; un chapitre le lendemain, et ainsi de suite jusqu’à la fin. Puis relisez-le plus tard, en demandant à Dieu de vous donner l’intelligence, et vous verrez, je n’en doute pas, qu’il y a là aussi comme dans toutes les Écritures, une source abondante d’instruction et d’édification pour vos âmes.

 

 

4                        Le prophète Abdias

 

La Bonne Nouvelle 1871 p. 46 à 50

4.1   Circonstances de la prophétie

Abdias est le quatrième des petits prophètes. Son nom signifie : Serviteur de l’Éternel. Dans une de nos études sur le prophète Élie, nous avons parlé d’un autre Abdias qui vivait à la cour d’Achab, où il remplissait les fonctions d’intendant, et qui était aussi un homme pieux et craignant Dieu, quoique serviteur d’un roi impie. Celui qui nous occupe aujourd’hui est l’auteur du livre le plus court de l’Ancien Testament. On ne sait rien de positif sur l’époque où il vécut, et la Bible ne nous donne aucun détail sur sa vie. Il est probable qu’il prophétisa peu de temps après la destruction de Jérusalem ; dans ce cas il aurait été contemporain de Jérémie. Sa prophétie, comme celle de Jonas et de Nahum, s’applique au jugement des Gentils. La plupart d’entre vous n’ignorent pas que la Parole appelle Gentils ou nations tous les peuples qui ne faisaient pas partie du peuple d’Israël, lequel, avant l’économie de la grâce, était le seul peuple de Dieu. Les Gentils étaient des païens ou des idolâtres. Cependant les fidèles sortis du paganisme sont parfois appelés Gentils, pour les distinguer des Juifs convertis (Rom. 15:16, Galate 2:12-14).

 

4.2   Versets 1 à 16

Dans les seize premiers versets de son livre, Abdias annonce aux Édomites les châtiments que l’Éternel va faire fondre sur eux, à cause de leur orgueil — « L’arrogance de ton cœur t’a séduit, toi qui demeures dans les creux du rocher, ta haute habitation ; [toi] qui dis dans ton cœur : Qui me fera descendre par terre ? » (v. 3) — et à cause de leur jalousie et de leur haine contre leurs frères, les enfants de Jacob. Cette expression « leurs frères » doit vous faire comprendre que ces deux peuples avaient la même origine. En effet, tous les deux étaient issus d’Isaac ; et les Édomites, ou Iduméens, sont les descendants d’Ésaü, frère de Jacob. Ésaü est aussi appelé du nom d’Édom (qui veut dire roux) à cause, peut être, de la couleur du potage qu’il convoita et pour lequel il vendit son droit d’aînesse. En lisant le chapitre 27 de la Genèse, et l’étude que nous en avons fait, vous verrez comment Jacob, quoique le plus jeune, hérita de la bénédiction et des promesses qui s’y rattachaient, promesses qui constituaient sa postérité comme peuple de Dieu. Ce fut là le motif de la haine invétérée d’Ésaü et de ses descendants à l’égard d’Israël, et ils montrèrent cette haine dans toutes les occasions ; Ésaü d’abord, en menaçant son frère Jacob (Gen. 27:41) ; puis les Édomites qui furent souvent en guerre avec les rois de Juda, ainsi que cela est fréquemment rapporté dans le livre des Rois et des Chroniques. Et cette inimitié se manifesta surtout lors du siège de Jérusalem par Nébucadnetsar. Alors les Édomites se réjouirent, mais ils poussèrent la lâcheté jusqu’à faire leur profit des malheurs des vaincus, lors de la chute de la ville. Aussi Abdias leur reproche-t-il en termes très énergique et sévères, et de la part de l’Éternel, leur attitude et leur conduite envers Israël : « Au jour où tu te tins vis-à-vis, au jour où des étrangers emportaient ses richesses, et où des forains entraient dans ses portes et jetaient le sort sur Jérusalem, toi aussi tu étais comme l’un d’eux. Mais tu n’aurais pas dû regarder le jour de ton frère, le jour de son désastre ; et tu n’aurais pas dû te réjouir au sujet des fils de Juda, au jour de leur destruction, et tu n’aurais pas dû ouvrir ta bouche toute grande au jour de la détresse. Tu n’aurais pas dû entrer dans la porte de mon peuple, au jour de leur calamité ; ni regarder, toi non plus, sa misère, au jour de sa calamité ; et tu n’aurais pas dû porter [la main] sur ses richesses au jour de sa calamité ; et tu n’aurais pas dû te tenir au carrefour pour exterminer ses réchappés, et tu n’aurais pas dû livrer ceux des siens qui étaient demeurés de reste au jour de la détresse » (Abdias v. 11-14).

Aussi la punition prononcée sur Édom est-elle en proportion de sa faute ; ce peuple fut entièrement retranché. « Si des voleurs, si des pillards de nuit venaient chez toi (comme tu es ruiné !) voleraient-ils plus que ce qui leur suffit ? Si des vendangeurs venaient chez toi, ne laisseraient-ils pas des grappillages ? Comme Ésaü est fouillé ! Comme ses choses cachées sont mises à découvert … Et tes hommes forts, ô Théman, seront terrifiés, afin que chacun soit retranché de la montagne d’Ésaü par le carnage…. et la maison d’Ésaü sera du chaume ; … et il n’y aura pas de reste de la maison d’Ésaü, car l’Éternel a parlé » (v. 5-6, 9, 18). Cette prophétie ne tarda pas à être accomplie. En effet, cinq ans après la ruine de Jérusalem, Nébucadnetsar, roi de Babylone, se tourna contre les Edomites, ses anciens alliés, et les détruisit. « Tous tes alliés t’ont poussé à la frontière ; ceux qui étaient en paix avec toi t’ont trompé, ils ont prévalu contre toi ; [ceux qui mangeaient] ton pain ont mis un piège sous toi » (v. 7). Ainsi font les alliés de ce monde. Ces redoutables menaces contre les Iduméens furent aussi prononcées par les prophètes Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel et Joël. La terre d’Édom, ou l’Idumée, est un pays vallonné situé entre la mer Morte et la mer Rouge, au sud-est de Canaan. Il était jadis fertile ; mais les voyageurs modernes attestent que la contrée est aujourd’hui aride et désolée, ce qui témoigne de l’accomplissement des prophéties.

 

4.3   Versets 17 à la fin

Depuis le verset 17 jusqu’à la fin de son livre, Abdias annonce le rétablissement d’Israël et le relèvement de Jacob : « Et sur la montagne de Sion il y aura délivrance ; et elle sera sainte, et la maison de Jacob possédera ses possessions… Et ceux du midi posséderont la montagne d’Ésaü, et ceux du pays plat, les Philistins ; et [les fils d’Israël] posséderont la campagne d’Éphraïm et la campagne de Samarie ; et Benjamin [possédera] Galaad. Et les captifs de cette armée des fils d’Israël [posséderont] ce qui appartenait aux Cananéens jusqu’à Sarepta, et les captifs de Jérusalem, qui [avaient été] à Sépharad, posséderont les villes du midi. Et des sauveurs monteront sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Ésaü. Et le royaume sera à l’Éternel ».

Vous savez qu’Israël, rejeté de Dieu pour un temps à cause de ses nombreuses rebellions, et dispersé sur toute la terre, rentrera dans son pays et dans sa ville de Jérusalem. C’est le Seigneur Jésus lui-même qui accomplira à l’égard de ce peuple qui l’a rejeté les promesses que Dieu a faites à leurs pères. Christ apportera avec lui la bénédiction, la prospérité et la paix, lorsqu’il viendra, avec son Église, établir son règne sur la terre pendant les mille ans qui suivront le temps d’agitation, de trouble et de travail de ce pauvre monde.

 

4.4   Résumé

En résumé, le livre d’Abdias nous montre :

En Édom, la haine du monde contre Dieu et tout ce qui est de Lui, et le jugement qui en est la fin.

En Israël, la fidélité invariable du Seigneur envers ceux qui lui appartiennent, et sont les objets de ses promesses et de sa bénédiction.

Que la grâce agisse dans vos cœurs de telle sorte que, bien mieux qu’Israël dont les bénédictions sont terrestres, vous ayez part aux bénédictions célestes que Christ nous a acquises par son précieux sang, afin qu’aussi vous soyez du nombre de ceux qui règneront avec Lui.

 

 

5                        Le prophète Jonas

 

La Bonne Nouvelle, 1869 p. 73-80, 103-110, 123-128, 145-146

5.1   Jonas fuyant sa mission

Dans ces temps malheureux où la vraie piété était de plus en plus rare, tant en Juda qu’en Israël, où la foi au Sauveur à venir se perdait de jour en jour davantage, où les promesses de Dieu étaient oubliées et ses commandements ouvertement transgressés ; dans ces tristes temps, Dieu suscita des prophètes chargés de sa part de reprendre le peuple et ses conducteurs, de leur rappeler la volonté du Seigneur, de leur dénoncer ses jugements et aussi, et surtout, de leur exposer les promesses relatives aux temps de rafraîchissement qui devaient accompagner et suivre la présence du Messie sur la terre. C’est par l’inspiration du Saint Esprit que ces hommes de Dieu ont parlé ; c’est par cet Esprit de Christ qui était en eux qu’ils ont par avance rendu témoignage, annonçant les souffrances qui devaient arriver au Messie et les gloires qui suivraient (1 Pierre 1:11).

Environ cinquante ans avant la ruine des dix tribus, ces hommes de Dieu commencèrent leurs prédications et leurs prophéties, en y mêlant parfois des traits de l’histoire de leur temps. Leurs écrits ont été ensuite insérés dans le recueil des livres de l’Ancien Testament : ils consistent en quatre grands et douze petits livres qui forment la dernière partie de ce recueil et qu’on appelle les Prophètes. Ils font ainsi partie de cette Écriture dont l’apôtre Paul dit qu’elle a été inspirée de Dieu (2 Tim. 3:16). Le Sauveur a constamment cité ces Écritures comme rendant témoignage de Lui, et les apôtres en ont fait de même. Ces anciens messagers de l’Éternel n’ont pas tous vécu et prophétisé à la même époque ; ils l’ont fait successivement sur trois cents ans. Ainsi, pour bien comprendre le sens et la portée de leurs prophéties, il importe de se rappeler à qui elles étaient adressées, puis aussi dans quel temps et dans quelles circonstances elles ont été prononcées.

 

Jonas est le premier de ces prophètes chronologiquement. Son nom veut dire : colombe ; c’est le même que celui du père de Simon Pierre (voyez Jean 1:43 ; 21:15-17). Il n’est fait qu’une seule fois mention de Jonas dans l’Ancien Testament en dehors du livre qui porte son nom. C’est en 2 Rois 14:25 où il est dit de Jéroboam II, roi d’Israël, qu’il rétablit les bornes d’Israël … selon la parole de l’Éternel, le Dieu d’Israël, qu’il avait proférée par le moyen de son serviteur Jonas, fils d’Amitthaï, prophète, qui était de Gath-Hépher dans la tribu de Zabulon. C’est là tout ce que nous savons sur son ministère en Israël ; mais dans le livre qui porte son nom et qui est le cinquième des petits prophètes, nous avons le récit de sa mission dans une grande ville païenne — fait tout exceptionnel dans l’histoire de la prophétie sous l’ancienne alliance — et des circonstances extraordinaires qui accompagnèrent cette mission. Il serait bien de commencer par lire avec soin ce livre intéressant du prophète Jonas.

Dès le premier verset, vous y verrez qu’il s’agit bien ici du même Jonas que dans 2 Rois 14:25 — puisque, dans les deux passages, il est appelé fils d’Amitthaï. Or, probablement vingt ans après les encouragements qu’il avait donnés à Jéroboam II, soit vers l’an 860 avant la naissance du Sauveur, la parole de Dieu lui fut adressée, en disant : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle, car leur méchanceté est montée devant moi ».

Ninive, dont le nom Hébreu signifie demeure de Ninus, était la célèbre capitale de l’empire d’Assyrie. Son origine se perd dans les temps les plus reculés de l’histoire, puisqu’elle est déjà nommée en Genèse 10:11. Elle était située sur la rive orientale du Tigre, et, si l’on en croit les historiens, ses murailles avaient 30 m de hauteur, 15 à 20 lieues (67 à 89 km) de circonférence ; elles étaient flanquées de 1 500 tours dont chacune avait 60 m de haut. Le fleuve qui la traversait et ses solides murailles la rendaient imprenable. Elle était le centre du gouvernement, de la richesse, et d’un immense commerce (voyez Nahum 2:10 ; 3:16). Les conséquences de cette prospérité furent l’orgueil et la dissolution (Nahum 3:4). Toute espèce de crimes et de péchés criants y régnaient plus que partout ailleurs. Leur méchanceté était montée jusqu’à l’Éternel, comme jadis celle des constructeurs de Babel, et celle des habitants des villes de la plaine. C’est pourquoi Il charge son serviteur Jonas de se rendre à Ninive et de crier contre elle. La mission d’aller prêcher la repentance ou dénoncer les jugements de Dieu à un peuple païen aussi dépravé déplaisait beaucoup au prophète ; car comme le roi d’Assyrie ne cessait d’opprimer le peuple de Dieu, Jonas eût vu volontiers la ville de Ninive entièrement détruite, tandis que sa mission aurait pour effet d’en prévenir la ruine. C’est ce qu’il avouera lui-même au chapitre 4 v.2 quand il ose dire à Dieu, dans le dépit et la colère que lui fait éprouver son long support et sa miséricorde : « Éternel, je te prie, n’était-ce pas là ma parole, quand j’étais encore dans mon pays ? C’est pourquoi j’ai d’abord voulu m’enfuir à Tarsis, car je savais que tu es un Dieu qui fait grâce et qui es miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté et qui te repens du mal dont tu as menacé ». — Il est bien triste, n’est-ce pas, de voir un homme de Dieu s’affliger de ce que Dieu fait grâce, et désirer la vengeance, le jugement, les fléaux et la destruction sur une ville coupable plutôt que le repentir et le pardon de ses habitants ? Eh bien, ce sentiment est très naturel au cœur de l’homme ; la pure grâce envers les pécheurs l’irrite toujours. Que d’exemples n’en avons-nous pas dans la Bible ! Voyez, entre autres, dans Luc 9:52-56, les deux disciples Jacques et Jean qui, irrités de ce qu’une bourgade de Samaritains avait refusé de recevoir leur Maître, lui disent : « Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu descende du ciel et les consume, comme aussi fit Élie » ? Sur quoi Jésus les censura fortement et dit : « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés » ! — Voyez à la fin de la touchante parabole du fils prodigue (Luc 15:25-32), son frère aîné revenant des champs, se mettant en colère de la joie par laquelle le père célébrait le retour de son malheureux fils. Voyez les Juifs, figurés par ce fils aîné, et dont l’apôtre disait : « Qui ont mis à mort et le Seigneur Jésus Christ et leurs prophètes, et qui nous ont chassés par la persécution, et qui ne plaisent pas à Dieu, et qui sont opposés à tous les hommes, — qui nous empêchent de parler aux nations afin qu’elles soient sauvées — 1 Thess. 2:15-16 ». Oui, il est naturel à nos cœurs, à vos cœurs aussi, de s’irriter contre la grâce, surtout quand elle s’exerce envers des gens qui nous paraissent, dans notre orgueil, valoir moins que nous. Hélas ! Nous ne ressemblons que trop à cet ouvrier qui murmurait contre son maître parce que celui-ci donnait à celui qui n’avait été appelé qu’à la onzième heure le même salaire qu’à ceux qui avaient travaillé tout le jour, et auquel le maître dit : « Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est mien ? Ton œil est-il méchant parce que moi, je suis bon — Matt. 20:14-15 » ?

Ainsi Jonas, ne regardant qu’à lui, craignait que sa réputation de prophète ne fût compromise par la miséricorde de Dieu. Cependant son premier devoir était d’obéir sans raisonner à la parole de l’Éternel qui lui avait été adressée. Au lieu de cela, le fils d’Amitthaï allant, de même que jadis Élie, comme son cœur lui disait (1 Rois 19:3), se leva pour s’enfuir à Tarsis (*) « de devant la face de l’Éternel ». Il était insensé autant que rebelle en ayant une telle pensée, n’est-ce pas ? Comme prophète n’aurait-il pas dû savoir que cette pensée était une folie ? N’aurait-il pas dû dire comme David : « Où irai-je loin de ton Esprit ? Et où fuirai-je loin de ta face ? Si je prends les ailes de l’aube du jour, si je fais ma demeure au bout de la mer, là aussi ta main me conduira et ta droite me saisira » (Psaume 139:7, 9). Encore ici, le pauvre Jonas n’est qu’une image fidèle de ce que nous sommes tous par nature. Quand vous êtes conduits par votre cœur à faire quelque chose de mauvais, comme votre conscience vous le dit, n’est-il pas vrai que pourvu que votre péché ne soit parvenu à la connaissance d’aucun homme, pourvu que vous l’ayez fait en cachette ou dans l’obscurité de la nuit, vous vous croyez en sûreté ? N’est-il pas vrai qu’alors vous oubliez tout à fait qu’il est un œil toujours ouvert qui vous voit et qui lit dans vos cœurs ? Ah ! Souvenez-vous de cette parole qui vient à la suite de celles que nous venons de citer : « Au moins les ténèbres m’envelopperont, — alors la nuit est lumière autour de moi. Les ténèbres même ne sont pas obscures pour me cacher à toi ».

(*) Tarsis était probablement au sud de l’Espagne, ou vers Cadix, à l’autre bout de la Méditerranée.

 

Mais revenons à Jonas qui veut s’enfuir de devant la face de l’Éternel. Dans ce but il descend à Japho, très ancienne ville des Philistins, sur les bords de la Méditerranée, avec un port assez connu (voyez 2 Chron. 2:16 ; Esdras 3:7). Dans le Nouveau Testament, elle est nommée Joppé : c’est là que vivait cette femme pieuse et charitable nommée Tabitha ou Dorcas , laquelle tomba malade et mourut pendant le séjour que faisait l’apôtre Pierre près de là, à Lydde. Appelé par les disciples, il se rendit à Joppé et ressuscita Dorcas (Actes 9:36-43). Puis il y passa plusieurs jours chez un certain Simon, corroyeur, qui avait sa maison au bord de la mer, comme un ange de Dieu l’apprit à Corneille qui, de Césarée où il demeurait, fit chercher l’apôtre à Joppé. C’est aujourd’hui la ville de Jaffa à 55 kilomètres de Jérusalem.

Le prophète arrive à Japho où il trouve un navire partant pour Tarsis ; et ayant payé son passage, il s’embarqua pour aller avec eux à Tarsis loin de la face de l’Éternel. Cela nous fait voir que, lorsque nous suivons le chemin de la désobéissance à Dieu, Satan prend plaisir à nous en faciliter les moyens. À cette époque, il devait être rare qu’un vaisseau fût, à Japho, prêt à partir pour Tarsis, et cependant Jonas en trouve précisément un en partance. De plus, s’il n’avait pas eu l’argent exigé pour ce long voyage, il n’aurait pas pu monter à bord. Or, il avait de quoi payer et il fut reçu comme passager. Dieu permit tout cela parce qu’Il savait comment atteindre et ramener son infidèle serviteur. Il avait une sévère leçon à lui donner, ainsi que nous le verrons, si le Seigneur le permet, dans notre prochaine étude.

 

5.2   La tempête

 

Nous avons laissé Jonas s’embarquant à Japho, après avoir payé son passage à bord d’un navire qui allait à Tarsis. Ainsi l’insensé pensait s’enfuir de devant la face de l’Éternel. Mais l’Éternel qui voit et suit son infidèle serviteur, et qui veut le ramener, « envoya un grand vent sur la mer ». Quand Il le veut, il fait des vents ses messagers, il commande même aux vents et à l’eau, et ils lui obéissent (Luc 8:25). Or dans ce grand vent qui souleva une grande tempête sur la mer de sorte que le navire risquait de sombrer, il y avait comme une voix solennelle de Dieu s’adressant au prophète, si celui-ci avait veillé pour l’entendre. À bord du navire, Jonas était celui qui avait besoin d’être repris, c’était à lui que le message était envoyé. Les pauvres marins, des païens sans doute, avaient déjà été souvent exposés à la tempête. Pour eux, il n’y avait rien de nouveau, rien d’extraordinaire, rien de plus que ce qui arrive à ceux qui naviguent sur les grandes eaux. Mais il se trouvait à bord un personnage pour qui le grand vent et la grande tourmente était quelque chose de tout particulier et d’extraordinaire. C’était lui, et lui seul, que ce grand vent cherchait, que cette tempête appelait. Cependant, tandis que, dans leur angoisse à la vue du danger imminent qui les menace, les marins crient chacun à son dieu, Jonas était descendu au fond du vaisseau où il dormait profondément. Environ 900 ans plus tard, un autre serviteur du Seigneur, l’apôtre Pierre était dans un grand danger, la veille du jour où il devait, selon toute apparence humaine, être mis à mort par ordre du roi Hérode et il dormait tout aussi profondément dans sa prison entre deux soldats et lié de chaînes (Actes 12:6). Mais quelle différence entre ces deux hommes de Dieu et entre ces deux sommeils. Chez le prophète, c’était l’oubli de Dieu et de ses jugements qui le faisait dormir du sommeil d’une insouciance coupable et, peut-être aussi, de la satisfaction qu’il éprouvait d’avoir, pensait-il, échappé à une mission souverainement désagréable pour lui. [Le geôlier de Philippe dormait aussi alors que Paul et Silas, les pieds attachés au poteau, chantaient des hymnes et que les autres prisonniers les écoutaient. Il ne fut réveillé que par un tremblement de terre qui ébranla les fondements de la prison (Actes 16:27)]. L’apôtre dort dans le sentiment d’une parfaite paix, joyeux à la pensée d’être bientôt auprès du Seigneur pour lequel il allait mourir comme un fidèle témoin ou martyr. [Autrefois Pierre avait, lui aussi, dormi quand il n’aurait pas dû le faire. Sur la sainte montagne, à la vue de la gloire magnifique, lui et ses deux compagnons étaient accablés de sommeil (Luc 9:32) ; et en Gethsémané, Jésus saisi de tristesse avait dit aux mêmes trois disciples : « Veillez avec moi » et par deux fois, Il les trouva endormis (Luc 26:36-45)]. Peut-être aussi, dans le cas où il se serait alors souvenu de cette déclaration de son Maître : « Quand tu seras vieux, un autre te ceindra… disant cela pour indiquer de quelle mort il glorifierait Dieu » (Jean 21), déclaration qui revint à la pensée de Pierre lorsqu’il fut devenu vieux en effet (1 Pierre 5:1 ; 2 Pierre 1:14) ; peut-être Pierre avait-il l’assurance que, en réponse aux prières incessantes que l’assemblée faisait pour lui, Dieu le délivrerait — comme Il le fit — de toute la puissance d’Hérode. Heureux ceux qui peuvent dormir avec la tranquillité d’esprit et la bonne espérance de Pierre. Mais malheur à ceux qui dorment quand il faudrait veiller, quand ils sont au bord d’un précipice ou à la porte de l’éternité ! S’ils sont néanmoins des serviteurs de Dieu comme Jonas, c’est à eux que s’adresse cette exhortation sérieuse : « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Éphésiens 5:14). La vie est sérieuse, toute espèce de dangers nous menacent, nous y sommes peut-être tout aussi exposés que Jonas ou l’apôtre Pierre. C’est à nous aussi que Jésus Christ dit : « Veillez », car il le dit à tous (Marc 13:37). Oui, « C’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil…la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché (Romains 13:11). En effet pour pouvoir veiller, il faut d’abord se réveiller.

Mais revenons à Jonas qui dort à fond de cale. Le maître des rameurs s’approche de lui et lui dit : « Que fais-tu, dormeur ? Lève-toi, crie à ton Dieu ! Peut-être Dieu pensera-t-il à nous, et nous ne périrons pas ». Il est bien triste et bien honteux pour un prophète de l’Éternel de s’attirer ainsi les reproches mérités de la part d’un païen, dont les paroles reviennent à ceci : Ce n’est certes pas le temps de dormir car nous sommes sur le point d’être engloutis par les flots. Lève-toi, invoque ton Dieu. Chacun de nous a crié à son dieu, mais en vain car la tempête continue. Peut-être le tien est plus puissant que les nôtres et pourra nous délivrer.

Puis, dans leur angoisse croissante, les marins, dans la pensée inspirée de Dieu probablement qu’il y a à bord quelque criminel que poursuit sur la mer la vengeance céleste, se dirent l’un à l’autre : « Venez, jetons le sort, afin que nous sachions à cause de qui ce malheur nous arrive. Et ils jetèrent le sort, et le sort tomba sur Jonas ». L’Ancien Testament nous fournit quelques exemples de païens consultant le sort sur ce qu’ils devaient faire ou attendre, dans des cas embarrassants. Les Hébreux aussi le consultent souvent, et parfois d’après l’ordre de l’Éternel. Les soldats romains jettent le sort pour partager entre eux les vêtements du Seigneur (Matth. 27:35), afin que fût accompli ce qui avait été annoncé par le prophète-roi (Psaume 22:18). C’est par le sort aussi que Matthias est choisi comme apôtre en remplacement de Judas (Actes 1:26). Mais, dans ce dernier cas, les croyants n’avaient pas encore reçu la Saint Esprit pour les « conduire dans toute la vérité ». Aussi, c’est la dernière fois qu’il est question de décider une question par le sort dans les Écritures. Quand ce moyen était encore légitimement employé, Dieu se réservait d’en diriger le résultat de manière à faire connaître sa volonté. C’est ce qui ressort de ce passage de Proverbes 16:33 : « On jette le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel ». Ce fut bien ce qui arriva dans le cas de Jonas qui vit aussi se vérifier pour lui cet autre proverbe (10:9) : « Celui qui marche dans l’intégrité marche en sûreté, mais celui qui pervertit ses voies sera connu ». Les voies que Jonas suivait n’était que trop tortueuses aussi Dieu voulut qu’il fût démasqué ; le sort tomba sur lui. Alors les marins lui dirent : « Déclare-nous à cause de qui ce mal nous est arrivé ? Quelle est ton occupation et d’où viens-tu ? ». Et il leur répond : « Je suis Hébreu, et je crains l’Éternel, le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre ». Puis il leur avoua que c’était à cause de lui que cette terrible tempête était venue sur eux ; et, tout saisis de crainte, comme la tourmente allait toujours en augmentant, ils se demandaient ce qu’ils lui feraient pour que la mer se calme. Il leur dit : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer, et la mer s’apaisera pour vous ». La tempête envoyée par l’Éternel a-t-elle maintenant atteint son but ? Sa voix a-t-elle été entendue ? La conscience du prophète prévaricateur a-t-elle été touchée de manière à ce qu’il sentît que, par sa désobéissance, il s’était rendu digne de mort ? Ou bien cette confession prouvait-elle seulement qu’il aimait bien mieux être noyé que d’aller à Ninive ? Sans vouloir trancher, il nous semble que le but de Dieu ne fut complètement atteint que plus tard, comme nous le verrons, s’il plaît au Seigneur, en étudiant le deuxième chapitre.

Quoi qu’il en soit, le conseil que Jonas leur donnait jeta les pauvres marins dans la plus grande perplexité. Ils pouvaient avoir entendu parler des prodiges de la toute puissance du Dieu d’Israël, et avoir sujet de craindre d’être punis s’ils faisaient mourir un adorateur de ce grand Dieu. Dans tous les cas, ils répugnaient extrêmement à sacrifier leur compagnon de voyage. Aussi font-ils de nouveau tous leurs efforts pour lutter contre la tempête et gagner la terre. Tout est inutile : la mer devenait toujours plus furieuse, ce qui semble indiquer que le message du Seigneur n’était pas encore arrivé avec puissance aux oreilles et au cœur de celui à qui il était envoyé.

À la fin, ces pauvres gens prennent le parti de crier à l’Éternel en le priant de ne pas leur imputer à péché la mort de cet homme et en ajoutant : « Toi Éternel, tu as fait comme il t’a plu ». Là-dessus ils précipitèrent Jonas dans les flots impétueux. Aussitôt l’orage cessa et la fureur de la mer s’arrêta. À la vue de ce miracle, ils reconnurent que l’Éternel était le seul vrai Dieu, et dès qu’ils furent arrivés à terre, ils lui offrirent des sacrifices selon les vœux qu’ils avaient faits, en action de grâces à cause de leur délivrance.

Laissez-moi encore attirer votre attention sur un second contraste entre le prophète Jonas et un autre apôtre. Ce contraste est des plus humiliant pour le prophète de Gath-Hépher. Nous l’avons vu dormir pendant que tous ses compagnons invoquaient leurs dieux ; c’est un païen qui le réveille et l’exhorte à prier. Ensuite il doit se reconnaître coupable après avoir déclaré qu’il craint l’Éternel, le Dieu des cieux. Il demande lui-même qu’on le jette à la mer. Tout cela démontrait qu’il s’était éloigné de Dieu et qu’il marchait dans une voie d’égarement et d’infidélité. Ce qui amène les marins à craindre l’Éternel et à lui sacrifier des victimes c’est, non pas le témoignage rendu par le fils d’Amitthaï ou ses exhortations et ses prières, mais uniquement l’effet heureux et soudain de l’exécution d’un jugement du Seigneur sur son serviteur rebelle. C’est Dieu seul qui, dans ce cas, tire le bien du mal comme il sait toujours le faire.

Maintenant lisez Actes 27. Vous y trouverez le récit d’un événement qui a quelques rapports, mais plus encore de différences, avec la scène dont nous venons de nous entretenir. Là aussi il s’agit d’un vaisseau exposé à la tempête. Là aussi il y avait un serviteur du Seigneur, mais dans le chemin de la fidélité. Il est conduit à Rome comme prisonnier, à cause du témoignage qu’il a rendu à la grâce de Dieu. Si le navire est en danger, ce n’est pas par la faute de l’apôtre Paul, mais parce qu’on n’a pas ajouté foi à ses avis et à ses conseils. Il est avec Dieu et près de ce Dieu dont il dit ouvertement : « À qui je suis et que je sers ». Aussi est-il honoré des communications de son Dieu relativement au sort du navire et de ceux qui y sont, et pour lesquels il devient un sauveur. Car un ange lui dit : « Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi ». Et, en effet, tous se sauvèrent. Paul est donc l’opposé de Jonas : celui-ci est la cause du danger que court le navire et de sa propre ruine. Paul ne peut périr là, parce que Dieu veut qu’il comparaisse devant César et, par la grâce de Dieu, c’est en considération de son fidèle serviteur que la vie de tous ceux qui sont avec lui à bord est aussi épargnée. Ainsi la désobéissance conduit toujours au malheur, et la fidélité est toujours suivie de la bénédiction pour le fidèle et aussi souvent pour d’autres.

Que le Seigneur vous rende fidèles afin que vous soyez tous du nombre de ceux qui naviguent avec un plus grand que Paul, avec le Sauveur qui dira bientôt à son Père : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés ».

 

5.3   Le gros poisson et la fin de la mission de Jonas

Quand Jonas dit aux marins effrayés : « Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et le mer s’apaisera », nous aimons à croire qu’il y avait aussi en lui la pensée que, lui seul étant coupable, le châtiment de Dieu devait tomber sur lui seul, et non pas sur ses pauvres compagnons de voyage. David exprimait une pensée analogue lorsque, son peuple étant frappé par l’ange de l’Éternel à cause du péché de son roi, celui-ci dit à Dieu : « N’est-ce pas moi qui ai commandé de dénombrer le peuple ? C’est moi qui ai péché et qui ai mal agi ; mais ces brebis, qu’ont-elle fait ? Éternel, mon Dieu, je te prie, que ta main soit sur moi et sur la maison de mon père, mais qu’elle ne soit pas sur ton peuple pour le frapper (1 Chron. 21:17).

Ces belles paroles étaient l’expression du sentiment de son péché et de son dévouement pour Israël. Elles nous rappellent un dévouement infiniment plus admirable, celui du Fils de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, n’ayant jamais connu le péché, a consenti volontairement à être fait péché pour nous pécheurs, à mourir sur la croix, Lui juste pour nous injustes. Quel amour ! Oh, comment pourriez-vous rester indifférents !

Revenons à Jonas : il est jeté à la mer où, sans doute, il va périr. Non, car le même Dieu qui avait élevé un grand vent sur la mer, était toujours là pour le garder après lui avoir donné une sévère leçon. « L’Éternel prépara un grand poisson pour engloutir Jonas ; et Jonas fut dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits ». Ici encore nous voyons qu’il n’y a rien d’insignifiant dans la vie d’un serviteur du Seigneur. Un grand poisson n’était pas une chose rare ; il y en avait beaucoup dans la mer. Néanmoins le Créateur tout puissant en prépare ou en fait venir un pour Jonas afin que ce monstre aussi fût un message de Dieu pour son âme. La conservation du prophète dans le ventre du poisson fut sans doute un miracle de la toute puissance de Dieu. [Il est connu qu’il y a des poissons, surtout une espèce de requin géant ou « poisson de Jonas », qui peuvent engloutir des hommes et même des chevaux. Ils les avalent tout entiers et ne digèrent pas aussi promptement que d’autres animaux. On les trouve en très grand nombre dans la mer Méditerranée et, entre autres, près de Joppé. Le célèbre Schubert, auteur d’un voyage en Palestine, cite le fait, bien connu dit-il, d’un matelot qui fut un jour avalé vif par un requin lequel, peu de temps après, atteint et tué par un boulet de canon, rejeta immédiatement ce pauvre homme blessé par les innombrables dents aiguës et tranchantes du monstre, mais cependant encore plein de vie, à tel point que, plus tard, ce matelot ainsi délivré courait le monde avec le même requin empaillé, par la gueule duquel il avait passé et qu’il faisait voir pour de l’argent].

Là, dans le sein de ce sépulcre, au cœur de la mer, environné de l’abîme, Jonas rentre en lui-même et revient au Seigneur. Il sent son péché, il le confesse. Il s’est adonné à des vanités fausses, car rien n’est plus vain et mensonger que le chemin de la désobéissance : aussi, par là, il a abandonné le sentiment et la jouissance de la grâce de son Dieu. C’est aussi là ce qui fait le malheur de tous les pécheurs. C’est l’amour du péché qui les tient éloignés de la grâce et qui les empêche de connaître l’amour de Dieu en Jésus Christ. Puis le prophète fait sa prière à l’Éternel, avec l’assurance qu’elle parvient au palais de sa sainteté et que déjà elle est exaucée : il a foi en Dieu de qui vient le salut. Du sein des eaux profondes et des racines des montagnes, il peut dire avec une entière confiance : « Je regarderai encore vers le temple de ta sainteté » et même : « Ô Éternel, mon Dieu, tu as fait remonter ma vie de la fosse ». Quel précieux don que celui de la foi, qui saisit ainsi les promesses de Dieu et qui en jouit par avance, comme si elle les possédait déjà. Que le Seigneur vous donne ou vous augmente la foi !

Nous savons que Jonas était alors un admirable type du Seigneur Jésus et c’est Jésus lui-même qui nous le révèle. Aux Pharisiens hypocrites qui lui demandaient de leur faire voir quelque miracle, il répondit : « Une génération méchante et adultère recherche un signe ; et il ne lui sera pas donné de signe, si ce n’est le signe de Jonas le prophète. Car, comme Jonas fut dans le ventre du cétacé trois jours et trois nuits, ainsi le fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Matthieu 12:38-40) ».

En effet, si Jonas, dans sa détresse, dit à Dieu : « Toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi », il ne fait que répéter ce que David avait dit au Psaume 42:7 qui s’applique tout particulièrement au Seigneur Jésus sur la croix. Et comme Jésus fut exaucé par son Père et ressuscité avec puissance le troisième jour, de même le prophète sortit de son sépulcre, parce que l’Éternel commanda au poisson, et il dégorgea Jonas sur la terre.

Maintenant, l’homme de Dieu est devenu obéissant. Obéissant à l’ordre que l’Éternel lui fait de nouveau entendre, il s’en va à Ninive. C’était une très grande ville de trois jours de marche. Et Jonas commença à faire dans la ville une journée de marche et il fit la proclamation en ces mots : « Encore quarante jours, et Ninive sera renversée ». Et les hommes de Ninive crurent Dieu ; un jeune d’humiliation et de pénitence fut publié par le roi ; ils crièrent à Dieu de toutes leurs forces et se convertirent ; et Dieu se repentit du mal qu’il avait dit qu’il leur ferait, et il ne le fit point.

Plût à Dieu que toutes les prédications fidèles de sa parole, toutes les dénonciations de ses jugements contre les pécheurs obstinés, produisissent des effets analogues au milieu de ceux, hommes et enfants, qui se nomment chrétiens ! S’ils persistent, et si vous persistez à fermer vos oreilles et vos cœurs aux appels de Dieu, il ne vous restera à la fin qu’une attente terrible de jugement. Que Dieu vous donne de le comprendre pendant qu’il en est temps et de vous convertir à Lui !

Chose triste à dire ! celui qui aurait dû, plus que tout autre, se réjouir et bénir le Seigneur de l’effet de sa prédication, le prophète Jonas s’en affligea et s’en irrita. La grâce accordée aux Ninivites repentants lui déplut extrêmement, et il en fut en colère. Dans son zèle amer d’Israélite, il eût mieux aimé voir Ninive renversée et tous ses habitants détruits. Il tenait davantage à son honneur de prophète qui, à son gré, aurait reçu un plus grand relief par l’accomplissement des menaces qu’il avait fait entendre, qu’il ne tenait à la miséricorde envers de pauvres pécheurs. Pauvre et orgueilleux Jonas ! Il avait encore besoin d’une leçon et Dieu est trop fidèle pour ne pas la lui donner. Il se plaint de Dieu, de sa clémence, de son support, de son amour, comme si lui, Jonas, n’en avait pas besoin tout autant qu’un autre. Il va jusqu’à dire : « Maintenant, Éternel, je t’en prie, prends-moi ma vie, car mieux me vaut la mort que la vie. Et l’Éternel dit : fais-tu bien de t’irriter ? ».

Irrité le prophète sort de la ville. Il s’assied près de Ninive et se fait une cabane. Il semble avoir oublié l’enseignement qu’il avait appris pendant son séjour de trois jours au fond de la mer, aussi lui faut-il un nouveau message de la part de Dieu. « L’Éternel Dieu prépara un kikajon, c’est à dire une plante de ricin, qu’il fit croître au dessus de Jonas pour faire ombre sur sa tête, pour le délivrer de sa misère ». C’est une plante qui, dans les pays chauds, s’élève jusqu’à six mètres de hauteur et dont les grandes feuilles bien fraîches procurent un doux ombrage. C’était là aussi un messager de Dieu pour l’âme du prophète. Aussi « Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du kikajon ». Assis à l’ombre, il ne pense plus à la mort qu’il avait demandée dans un moment d’impatience et de dépit. « Et Dieu prépara un ver le lendemain, au lever de l’aurore, et il rongea le kikajon, et il sécha ». Ce ver, quelque insignifiant qu’il pût paraître, n’en était pas moins un agent de Dieu tout autant que le grand vent, le grand poisson ou le ricin. Un ver employé par le Seigneur peut opérer de grandes choses. Celui-ci fit soudainement sécher le ricin de Jonas pour lui donner une sérieuse leçon, il nous la donne aussi. Celui qui avait préparé un ver, prépare ensuite un vent d’est étouffant ; et le soleil frappe sur la tête de Jonas de sorte qu’il s’évanouit et demanda de nouveau de mourir : « Mieux me vaut la mort que la vie », dit-il. Mais Dieu dit à Jonas : « Tu as pitié du kikajon pour lequel tu n’as pas travaillé, et que tu n’as pas fait croître, qui est né en une nuit et a péri en une nuit ; et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer entre leur droite et leur gauche, et aussi beaucoup de bétail ! ».

Ces paroles étaient bien propres à faire sentir au prophète son égoïsme et sa dureté de cœur. D’un autre côté, elles font ressortir, en contraste, la bonté, la patience et la compassion de Dieu pour ses pauvres créatures, surtout pour les jeunes enfants et même pour les animaux. Apprenez aussi de là que Dieu est en tout et partout, et que toutes les circonstances, même les plus ordinaires, peuvent être préparées ou dirigées par Lui pour vous donner des enseignements en rapport avec votre état d’âme. Que le Seigneur vous donne des oreilles pour entendre sa voix dans tout ce qui vous arrive, l’intelligence spirituelle pour la comprendre, et la soumission de cœur pour vous y conformer !

 

5.4   Ce que dit le Seigneur de Jonas

 

Nous tenons à vous rappeler encore un passage relatif à Jonas et à son ministère, passage bien sérieux et que nous demandons à Dieu de vous faire comprendre à salut. Le Seigneur Jésus dans Matthieu 12:41 et Luc 11:32, après avoir déclaré qu’il ne serait pas donné à la race méchante et adultère des Juifs qui l’entouraient, d’autre signe que celui du prophète Jonas dans le ventre du gros poisson, ajoute : « Des hommes de Ninive se lèveront au jugement avec cette génération (les Juifs d’alors) et la condamneront, car ils se repentirent à la prédication de Jonas et voici, il y a ici plus que Jonas ». Cela veut dire que les Juifs étaient beaucoup plus coupables que les Ninivites, et qu’ils seraient condamnés par eux au jour du jugement, parce que les habitants de Ninive avaient écouté les paroles de Jonas et s’étaient convertis, tandis que les Juifs, ayant au milieu d’eux Celui qui était infiniment supérieur au prophète, le Seigneur de Jonas et le leur, fermaient leurs oreilles et leurs cœurs aux appels de grâce qu’Il leur adressait pour les amener à la repentance et à la foi.

— Et vous, avez-vous écouté le Seigneur Jésus ? Avez-vous confiance en ses paroles et en son amour ? Maintenant encore, « Il est ici et Il vous appelle ». Si vous refusez de l’écouter, de le croire, de le recevoir comme le seul et parfait Sauveur, vous seriez beaucoup plus coupables que les Ninivites et les Juifs eux-mêmes, et vous attireriez sur vous une plus grande et plus juste condamnation, car vous avez reçu bien plus de lumières et de grâces qu’eux. Dieu veuille que cette considération pénètre dans vos consciences et dans vos cœurs pour y produire, par la miséricorde divine, une vraie repentance envers Dieu et la foi en Jésus Christ.

 

6                        Le prophète Michée

La Bonne Nouvelle 1870 pages 25 à 32.

6.1   Michée, le prophète

Michée veut dire : Qui est comme l’Éternel ? Près de deux cents ans avant celui dont nous allons nous occuper, à la demande de Josaphat roi de Juda, un prophète du même nom, fils de Jimla, avait été consulté par Achab sur l’issue de la campagne qu’ils allaient entreprendre contre la Syrie (voyez 1 Rois 22 ; 2 Chron. 18). Malgré les prédictions favorables que 400 prophètes de mensonge donnaient à l’impie Achab, malgré les coups qu’il reçoit de l’un d’eux, malgré les menaces du méchant roi d’Israël, l’homme de Dieu lui annonce avec une solennelle intrépidité la défaite de ses armées, la dispersion du peuple et sa mort à lui.

Quant à Michée, le sixième des petits prophètes auquel nous consacrons cette étude, nous n’avons sur sa personne et sa famille d’autres indices que ceux qu’il nous donne lui-même dans le premier verset de son livre. Il se dit Morashtite, ce qui signifie qu’il était originaire de Morésheth, ville de la tribu de Juda (1:14), et il prophétisa sous les règnes de Jotham, Achaz et Ézéchias, rois de Juda ; il était donc contemporain des prophètes Ésaïe, Osée et Amos. Les royaumes de Juda et d’Éphraïm, ce dernier surtout, passaient par des temps déplorables qui présageaient leur ruine. Shalmanéser s’avançait contre Samarie, Sankhérib contre Jérusalem, et malgré quelques délivrances momentanées et miraculeuses, les circonstances étaient bien sombres. Cependant le peuple n’y prenait pas garde, une fatale sécurité régnait sur les habitants des deux royaumes et les endormait. Il ne manquait pas, parmi eux, de faux prophètes disant : « Paix, paix ! » quand il n’y avait point de paix à attendre. De même, aux derniers jours, les hommes diront « Paix et sûreté ! » et alors une ruine subite fondra sur eux et ils n’échapperont point (1 Thess. 3:3).

En Israël et en Juda, les prophètes seuls veillaient et avertissaient le peuple en cherchant à le réveiller. Michée vient aussi, déclarant tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à Juda et à Éphraïm, les châtiments qui les attendent, et les invitant à se repentir, à se convertir à Dieu et à se confier en Lui pour être sauvés ; mais il sait bien qu’on ne l’écoutera pas ; il le dit lui-même : « S’il y a un homme qui marche selon le vent et le mensonge, qui mente, disant : je te prophétiserai au sujet du vin et de la boisson forte ! il sera le prophète de ce peuple » (2:11).

 

6.2   Plan du livre

Le style de Michée est vif, animé, pittoresque, et revêt par moments la forme du dialogue. Son livre peut se diviser en trois parties : 1) les chapitres 1 à 3 qui renferment la description de l’état moral du peuple, et les châtiments qui l’attendent : le jugement commencera par Samarie mais il s’étendra bientôt jusqu’aux portes de Jérusalem ; 2) les chapitres 4 et 5 sont une prophétie messianique, relative au Messie et aux bénédictions qu’il apportera ; c’est le coup d’œil dans l’avenir, la perspective des jours heureux ; 3) chapitres 6 et 7, retour à la première partie.

 

6.3   Chapitres 1 à 3

Au reste, ici comme dans Ésaïe, les évènements arrivés dans le temps du prophète, ayant le même caractère moral que les évènements et le jugement définitif des derniers jours, sont employés pour représenter les grands actes de ce jugement ; c’est ce dont il faut se rappeler, en particulier, au sujet de l’Assyrien dont il est souvent question dans notre prophète. Au chapitre 2, après avoir rappelé les causes du jugement de Dieu, ou quelques-uns des traits de l’iniquité générale, l’Éternel invite ceux qui ont des oreilles pour entendre à se lever et à se séparer de toute cette iniquité, en ajoutant : « Car ce n’est par un lieu de repos, à cause de la souillure qui amène la ruine » (v. 10). Comment les saints de l’Éternel se reposeraient-ils dans la souillure ? Il en est de même du chrétien relativement au monde qui est tout entier plongé dans le mal. Dieu dit à son enfant de ne point aimer le monde, de ne pas en suivre le train, de se séparer de tout ce qui est impur, de se conserver pur des souillures du monde ; — aussi ce n’est pas non plus pour le croyant le lieu de son repos. Pour lui le repos est au ciel. Il reste un repos pour le peuple de Dieu. Puissiez-vous apprendre à le désirer, à le rechercher, en allant à Jésus qui vous dit : « Venez à moi, et je vous donnerai du repos ».

 

6.4   Chapitre 4

Les trois premiers versets du chapitre 4 de Michée sont une reproduction presque littérale d’Ésaïe 2:2-4, ou plutôt probablement ces paroles ont précédé celles d’Ésaïe ; elles annoncent un temps de grande bénédiction, le retour de la gloire en Sion, et se rapportent au millénium. Alors les peuples des sauvés s’encourageront à monter à la montagne de l’Éternel et à la maison du Dieu de Jacob (le temple à Jérusalem d’où sortira la parole de l’Éternel). Cet heureux état viendra à la suite de terribles jugements sur de grandes nations ; après lesquels il n’y aura plus de guerres entre les peuples.

Chacun, dans un parfait repos, s’assiéra sous sa vigne et son figuier, et il n’y aura personne qui les épouvante ; car la bouche de l’Éternel des armées a parlé. Ces mille ans de paix, de bonheur et de gloire sur la terre seront dus à la présence du Seigneur Jésus Christ et à son règne sur le trône de David, son père selon la chair ; ils seront la conséquence bénie de sa première venue et de sa mort sur la croix ; ils seront l’accomplissement de cette parole de 1 Jean 2:2 : « Lui est la propitiation pour nos péchés… mais aussi pour le monde entier ». Quand la terre jouira de ces bénédictions, tous ceux qui par la grâce, par la foi, auront fait partie de l’Église, corps de Christ, auront part à une plus grande et plus glorieuse félicité, dans le ciel. « Alors ces justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matth. 13:43). Dieu veuille, en vous donnant la foi, vous faire la grâce de faire tous partie un jour de cette assemblée des premiers-nés écrits dans le ciel !

 

6.5   Chapitre 5 et l’annonce du Messie

Vous vous rappelez sans doute l’un des évènements merveilleux qui accompagnèrent la naissance à la fois si obscure et si merveilleuse de Jésus Emmanuel ; il nous est rapporté au commencement du chapitre 2 de l’évangile de Matthieu (2:1-6). Cette prophétie qui, de l’aveu des docteurs juifs, indiquait exactement le lieu de naissance du Messie, se trouve dans Michée 5:2. Seulement, dans le prophète, l’oracle cité par les sacrificateurs est suivi de ces mots : « duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité » magnifique témoignage rendu à la divinité éternelle du Sauveur, qui pourtant s’est volontairement abaissé jusqu’au point que, au premier verset du même chapitre, il est dit de lui : « ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue » — ce qui aussi fut accompli à la lettre, comme vous pouvez le voir dans Matthieu 27:30, Marc 14:65, Luc 22:63, 64, Jean 19:3. Puis Michée dit encore : « Il se tiendra et paîtra son troupeau avec la force de l’Éternel, dans la majesté du nom de l’Éternel, son Dieu. Et ils habiteront en sûreté, car maintenant il sera grand jusqu’aux bouts de la terre. Et lui sera la paix ». Un jour il fera la paix en Israël sur lequel il règnera comme Roi de justice et Roi de paix. Quant aux vrais chrétiens, la paix est déjà faite pour eux par le même Seigneur, Prince de Paix, qui, étant mort et ressuscité, dit aux siens réunis en son nom : « Paix vous soit ». « Ayant fait la paix par le sang de sa croix » et « c’est lui qui est notre paix…Et il est venu et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin et la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient près » (Col. 1:20 ; Éph. 2:14-17). Que Dieu vous donne des oreilles pour entendre et des cœurs pour comprendre et croire cette bonne nouvelle de la paix !

 

6.6   Chapitre 7

Au chapitre 7, le prophète se place comme intercesseur devant Dieu, au nom du peuple, en rappelant à celui-ci en même temps sa ruine et ses iniquités. Le prophète cherche, en désirant le trouver, au milieu de son peuple, quelque chose qui convienne au titre de peuple de Dieu : hélas, il ne voit que fraudes et tromperies, des embûches pour verser le sang et pour faire le mal des deux mains. « Le meilleur d’entre eux est comme une ronce, le plus droit pire qu’une haie d’épines ». Puis, chose bien frappante, ce que Michée décrit comme le comble de l’iniquité : « Le fils flétrit le père, la fille s’élève contre la mère, la belle-fille contre sa belle-mère, les ennemis d’un homme sont les gens de sa maison », est cité par le Seigneur Jésus (Matth. 10:35, 36), comme devant être l’une des conséquences de la prédication de l’évangile, à cause de l’opposition qu’elle rencontrerait dans le monde. Telle est l’iniquité du cœur que la lumière de la grâce provoquerait une haine qui détruirait même les affections naturelles !

Ce qu’il voit autour de lui porte le prophète à regarder vers l’Éternel, à attendre le Dieu de sa délivrance : « Mais moi, je regarderai vers l’Éternel, je m’attendrai au Dieu de mon salut ; mon Dieu m’écoutera ». Il termine son livre par ces belles et touchantes paroles : « Qui est un Dieu comme toi, pardonnant l’iniquité et passant par-dessus la transgression du reste de son héritage ? Il ne gardera pas à perpétuité sa colère, parce qu’il prend son plaisir en la bonté. Il aura encore une fois compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités ; et tu jetteras tous leurs péchés dans les profondeurs de la mer. Tu accompliras envers Jacob ta vérité, envers Abraham ta bonté, que tu as jurées à nos pères dès les jours d’autrefois ». Voilà ce qu’un jour Dieu fera envers « le reste de son héritage » ou le résidu fidèle ; voilà ce qu’il a déjà fait et qu’il fait encore envers son Église et tous ceux qui, par la foi, en sont membres. Puissiez-vous le comprendre et le croire.

 

6.7   Citation de Michée dans Jérémie

Encore un mot sur une circonstance qui se rattache au prophète Michée et qui nous paraît fort intéressante. Si vous lisez Jérémie 26, vous verrez ce dont je veux parler. Jérémie était menacé de mort pour avoir dénoncé les jugements de Dieu aux malheureux Juifs en leur déclarant que, s’ils n’écoutaient pas la voix de l’Éternel et n’obéissaient pas aux paroles des prophètes, ses serviteurs, leur ville et leur temple seraient détruits. Jérémie répond à ses adversaires que c’est l’Éternel qui l’a envoyé pour prononcer toutes ses paroles ; il les conjure de corriger leur conduite et leurs actions, et d’écouter la voix de leur Dieu, et l’Éternel, ajoute-t-il, se repentira du mal qu’il a prononcé contre vous. Pour moi, dit-il encore, me voici entre vos mains, — mais si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous et sur cette ville. « La réponse douce apaise la fureur » dit Salomon (Prov. 15:1). C’est ce qui eut lieu en cette occasion, car les princes et tout le peuple dirent aux sacrificateurs et aux prophètes : « Cet homme ne mérite pas la mort ; car il nous a parlé au nom de l’Éternel, notre Dieu. Et quelques hommes des anciens du pays se levèrent, et parlèrent à toute la congrégation du peuple, disant : Michée, le Morashtite, prophétisait dans les jours d’Ézéchias, roi de Juda, et a parlé à tout le peuple de Juda, disant : Ainsi dit l’Éternel des armées : Sion sera labourée comme un champ, et Jérusalem sera des monceaux de pierres, et la montagne de la maison, les lieux hauts d’une forêt. Ézéchias, le roi de Juda, avec tout Juda, le fit-il donc mourir ? Ne craignit-il pas l’Éternel, et n’implora-t-il pas l’Éternel de sorte que l’Éternel se repentit du mal qu’il avait prononcé contre eux ? Et nous ferions un grand mal contre nos âmes » (Jér. 26:16-19). Ainsi, chose remarquable, cent ans après Michée, une parole de ce prophète (3:12), contribua à sauver la vie de son fidèle successeur Jérémie.

 

 

7                        Le prophète Nahum

La Bonne Nouvelle 1870 pages 77 à 84

7.1   La personne du prophète

Nahum, le septième des petits prophètes, était d’Elkos, en Galilée. C’est tout ce que nous savons sur sa personne. Son nom veut dire Consolation. On peut supposer, d’après certaines allusions que son livre renferme, qu’il vécut en Judée et prophétisa à Jérusalem dans les dernières années d’Ézéchias. L’invasion de l’Assyrien Sankhérib aurait été l’occasion de sa prophétie, qui a pour objet le terrible jugement de Ninive, ou plutôt de l’empire des Assyriens dont elle était la capitale.

 

7.2   Ninive, ville ennemie d’Israël. Ses fautes

Nous voyons, dans l’Ancien Testament, trois grands ennemis du peuple de Dieu : l’Égypte, Babylone et Ninive ; mais chacun nous est présenté avec un caractère particulier. L’Égypte représente le monde dans son état naturel, avec son prince Pharaon, figure de Satan ; le monde dont Dieu a délivré et fait sortir son peuple. Babylone est l’image de la corruption morale et religieuse, agissant avec puissance, et sous l’esclavage de laquelle est tombé le peuple de Dieu. Ninive, c’est la gloire orgueilleuse du monde, toute préoccupée d’elle-même et de son importance. Elle sera jugée comme tout le reste et disparaîtra pour toujours sous le jugement du Tout-Puissant.

Si vous vous reportez à l’article sur le prophète Jonas, vous y verrez que nous avons déjà dit quelques mots sur l’origine, la grandeur, la richesse et la corruption de la grande ville de Ninive.

Nous vous parlions là du prophète Jonas qui, plus d’un siècle avant Nahum, avait reçu de Dieu l’ordre d’aller à Ninive déclarer la ruine de cette orgueilleuse cité. À l’ouïe des redoutables paroles de ce prophète les Ninivites se repentirent, publièrent le jeûne, s’humilièrent, en sorte que Dieu, toujours plein de miséricorde et de long support, Dieu qui avait eu égard à l’humiliation momentanée de l’impie Achab (1 Rois 21 v. 27-29), Dieu se repentit du mal qu’il avait dit qu’il ferait aux Ninivites, et ne le fit point (Jonas 3 v. 10). Mais hélas, il paraît que cette repentance des habitants de Ninive ne fut pas de longue durée ou, du moins, que les générations qui suivirent celles qui avaient entendu Jonas retournèrent à leur méchant train.

Il est bien évident, d’après la prophétie de Nahum, qu’au temps de ce prophète Ninive était encore dans toute sa grandeur et sa prospérité. Son commerce était immense : « Tu as augmenté le nombre de tes marchands plus que les étoiles des cieux » (Nahum 3 v. 16). Elle était comme un réservoir où les eaux arrivent de toutes parts. Pourquoi donc devait-elle tomber ? Pourquoi l’Éternel veut-il la détruire ?

D’abord, parce qu’elle avait pensé et préparé du mal contre Dieu et contre le peuple de Dieu. On ne rabaisse pas impunément le Dieu vivant au niveau de prétendus dieux que l’homme invente, comme l’avait fait Rab-shaké au nom de son maître (Ésaïe 36 et 37). On ne porte pas impunément la main sur ceux que le Seigneur aime et reconnaît pour siens, or l’Assyrien avait formé le dessein de détruire Juda et le culte du vrai Dieu. Il avait emmené Israël en captivité. Aussi doit-il tomber comme on le voit (1:9-14).

Ensuite, c’est à cause de ses rapines ou, ce qui est la même chose, de ses conquêtes, que Ninive doit être détruite (2:11-13 à 3:1). L’Assyrien croyait rendre un vrai service aux peuples en les annexant à son empire (2 Rois 18:31, 32) ; mais Dieu en jugeait autrement, et il compare les conquérants aux bêtes féroces qui emportent leurs proies dans leurs tanières (2:12).

C’est encore à cause de la corruption des mœurs : Ninive est « une prostituée » ; l’opulence, en effet, énerve les hommes et, dans le temps du danger, les guerriers ne sont plus que « des femmes » (3:4, 13).

Enfin — et en ceci elle ressemble à Babylone — c’est à cause des séductions que cette ville riche, commerçante et corrompue exerçait sur les nations qui l’entouraient.

 

7.3   Le jugement annoncé

Telle était la ville puissante et coupable dont Nahum annonçait la ruine qui devait avoir lieu 70 ans plus tard. L’Assyrien, destructeur des dix tribus, était la terreur de Juda. Dieu avait bien forcé Sankhérib à se retirer, mais l’empire ennemi n’était point renversé, et il pouvait, d’un instant à l’autre, envoyer de nouvelles armées contre Jérusalem. Alors le prophète venu de cette Galilée désolée par les Assyriens, élève la voix et annonce que Ninive tombera, et que la ruine qui l’attend sera complète et définitive ; « Il détruira entièrement ; la détresse ne se lèvera pas deux fois » (1:9). L’Assyrie ne s’est jamais relevée et, déjà au second siècle de notre ère, il ne restait plus de vestiges de Ninive.

Il y eut deux ruines de Ninive : dans l’une, après un siège inutile de trois ans par les Mèdes, le fleuve (le Tigre) grossi par des pluies continuelles, inonda la ville, renversa une partie des murailles et ouvrit un chemin à l’ennemi qui s’empara de la ville et la détruisit. Plus tard, elle se releva et recouvra un moment son ancien éclat ; mais elle fut prise une seconde fois par Cyaxare, roi des Mèdes, et Nabopolassar, roi de Babylone. Alors, entièrement pillée et consumée, elle tomba pour ne plus se relever. Le livre de Nahum contient les prophéties très claires relatives à ces deux destructions de Ninive. En voici quelques-unes : « Par une inondation débordante, il détruira entièrement son lieu, et les ténèbres poursuivront ses ennemis… Les portes des fleuves sont ouvertes, et le palais s’effondre (1:8 ; 2:6). « Quand même ils sont comme des ronces entrelacées, et comme ivres de leur vin, ils seront dévorés comme du chaume sec, entièrement… Là, le feu te dévorera, l’épée te détruira ; elle te dévorera comme l’yélek. Multiplie-toi comme l’yélek, multiplie-toi comme la sauterelle » (1:10 ; 3:15). « Pillez l’argent, pillez l’or ! Il n’y a pas de fin au splendide arroi de toute sorte d’objets d’agrément… [Elle est] vidée, et dépouillée, et dévastée ! Et le cœur se fond, et les genoux sont tremblants, et une poignante douleur est dans tous les reins, et tous les visages pâlissent (2:9 et 10).

Voici encore comment l’entière destruction et la désolation perpétuelle de Ninive sont décrites dans notre prophète : « Il (l’Éternel) détruira entièrement son lieu, et les ténèbres poursuivront ses ennemis. Qu’imaginez-vous contre l’Éternel ? Il détruira entièrement ; la détresse ne se lèvera pas deux fois…Où est le repaire des lions, et le lieu où se repaissaient les lionceaux, où se promenaient le lion, la lionne, [et] le petit du lion ? (1:8, 9 ; 2:11). Hélas ! Pendant plus de vingt-cinq siècles, ces prédictions ont été si bien accomplies que nul ne savait où chercher l’emplacement même d’une des plus grandes capitales du monde, de le riche métropole de l’Assyrie qui contenait dans ses murs plus de deux millions d’habitants. Ce n’est que depuis peu que des fouilles, habilement dirigées par des savants français et anglais, ont mis au jour six palais souterrains de l’ancienne Ninive, et divers objets retraçant, en partie, le culte, les mœurs, l’industrie et l’histoire des Assyriens. Plusieurs de ces objets ont été transportés et se voient maintenant au British Muséum à Londres et au Louvre à Paris. On a aussi découvert plusieurs inscriptions en caractères bizarres en forme de clous ou de coins ; après beaucoup de tâtonnements et d’efforts, quelques savants sont parvenus à pouvoir les lire, et elles ont servi à confirmer la vérité et l’exactitude de plusieurs faits rapportés par la Bible. Nous en citerons deux exemples.

Dans notre seconde étude sur le roi Ézéchias, nous avons vu que le roi assyrien Sankhérib qui avait envahi le pays de Juda avec une armée formidable, lui imposa un tribut de trente talents d’or et 300 talents d’argent, et qu’Ézéchias consentit à lui payer cette somme considérable, même en disposant des trésors du temple. Puis nous avons rappelé la harangue arrogante et blasphématoire de l’envoyé de Sankhérib sous les remparts de Jérusalem. Or, on a découvert, profondément enterré, le superbe palais couvert, comme les autres, de nombreuses inscriptions relatives à son règne. L’une d’elles confirme pleinement le récit de la Bible et indique exactement le nombre de talents d’or et d’argent (1 Rois 18:14).

Dans une autre salle du même palais, on voit sur une dalle un bas relief représentant le siège de Lakis. Sankhérib est assis sur son trône devant les murs de la ville ; des femmes et des enfants demandent miséricorde, et des soldats font subir aux Juifs d’atroces cruautés. Au dessus du trône du roi on lit ces mots : « Sankhérib, roi des Légions, roi du pays d’Assur, assis sur le trône du jugement devant la ville de Lakis. — J’ai donné permission de les massacrer ». Voilà comment, outre la meilleure preuve de la vérité et de la divinité des Écritures, qui consiste dans les effets moraux qu’elles produisent sur la conscience, sur les cœurs de tous ceux qui la lisent avec simplicité et avec prière, Dieu trouve bon de faire, en quelque sorte, sortir de terre des confirmations matérielles de leur perfection.

 

7.4   Deux passages encourageants

Rappelons en terminant deux passages du prophète Nahum que nous demandons à Dieu de bénir pour vos âmes. Au milieu de dénonciations de menaces et de jugement contre la ville sanguinaire, on rencontre avec joie, comme dans tous les autres prophètes, des paroles propres à encourager et à réjouir ceux qui ont le bonheur de les croire. Au verset 15 du chapitre 1 nous lisons : « Voici sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, de celui qui annonce la paix ! ». Dans son sens premier et littéral, cela pouvait se rapporter à ceux qui apporteraient à Juda la nouvelle de la destruction de la cruelle Ninive, de cette féroce ennemie du peuple de Dieu. Mais ces paroles ont pour nous un sens spirituel et bien important. Vous en retrouverez de toutes semblables dans Ésaïe 52 verset 7 : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne ! ». L’apôtre Paul les rappelle dans Romains 10:15, et en même temps il les applique à leur vraie portée pour nous. Ce sont les messagers envoyés de Dieu, les évangélistes donnés par le Seigneur qui maintenant annoncent de bonnes nouvelles et publient la paix, la bonne nouvelle du salut par Christ et la paix de Dieu donnée par grâce à toute âme qui reçoit avec foi l’évangile ou la bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle vous est annoncée depuis longtemps. L’avez-vous reçue, la croyez-vous ? Avez-vous la paix qu’elle procure ?

Enfin, nous lisons : « L’Éternel est bon, un lieu fort au jour de la détresse, et il connaît ceux qui se confient en lui » (1:7). Avez-vous goûté combien le Seigneur est bon (1 Pierre 2:3) ? L’aimez-vous, en sorte que cette déclaration puisse, en toute vérité, s’appliquer à vous : « Si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui » (1 Cor. 8:3) ? Peut-on dire de vous ce que l’apôtre disait des Galates : « Maintenant, ayant connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu » (4:9) ? Quel bonheur d’être connu de Dieu, d’être, par conséquent, du nombre de ses bien-aimés enfants, du nombre de ceux dont il est dit : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens » (2 Tim. 2:19) ! Pour cela, il faut croire et vous confier en Lui ; car, dit Nahum, « Il connaît ceux qui se confient en Lui » (1:7).

 

 

8                        Le prophète Habakuk

 

La Bonne Nouvelle 1870 pages 149 à 155.

8.1   Généralités

La Bible ne nous fait connaître que son nom. Comme il parle d’une prochaine invasion des Chaldéens, on peut en conclure qu’il vivait et prophétisait à peu près à la même époque que Sophonie.

Le livre d’Habakuk se distingue d’entre tous les écrits prophétiques par la grande place que l’auteur y occupe. Nous y lisons ses tristesses, ses plaintes, ses doutes, ses espérances, ses joies ; nous le voyons chercher la cause des dispensations divines, la demander à Dieu et recevoir la réponse d’en haut. Puis il nous met dans la confidence des impressions intimes qu’ont produites sur lui les révélations qu’il a reçues : en un mot il nous fait lire dans le cœur d’un prophète.

Le plan de son livre est bien simple. Le premier chapitre contient ses plaintes sur ce qui est pour lui une énigme. Dans le chapitre deux, on trouve la réponse de Dieu ou la solution de l’énigme. Le chapitre trois est un cantique du prophète.

 

8.2   Chapitre 1

Premièrement donc, nous avons les plaintes et même les reproches que le prophète adresse à son Dieu au sujet de la corruption du peuple et de l’oppression de la part des méchants sous laquelle gémissent les justes, le résidu pieux, les vrais Israélites, ceux avec lesquels il s’identifie et au nom desquels il parle. « Jusques à quand, Éternel, crierai-je, et tu n’entendras pas ? Je crie à toi : Violence ! et tu ne sauves pas. Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité, et contemples-tu l’oppression ? La dévastation et la violence sont devant moi, et il y a contestation, et la discorde s’élève. C’est pourquoi la loi reste impuissante, et le juste jugement ne vient jamais au jour ; car le méchant cerne le juste ; c’est pourquoi le jugement sort perverti » (1:2 à 4).

À cette plainte, l’Éternel répond en annonçant et décrivant la venue des Chaldéens qui, depuis bien des siècles, avaient envahi les riches plaines de la Babylonie, et qui vont devenir les fondateurs de la première des quatre grandes monarchies dont parle Daniel. Dans son premier chapitre, Habakuk les dépeint tels qu’ils étaient alors. C’étaient des hordes de nomades à demi sauvages, qui dévastaient la terre sans distinguer les états qu’ils renversaient. Ils dévoraient, sans se donner la peine de les examiner, tous les poissons qui se trouvaient pris dans leurs filets (1:14, 15). Ils allaient fouler aux pieds la Judée sans soupçonner que ce fût une terre sainte, sans s’enquérir du Dieu qui y était adoré.

Un autre caractère des Chaldéens, c’est leur insolente confiance en leurs forces, leur joie brutale à la vue de leurs succès, leur mépris pour ce que les peuples civilisés révèrent (1:10), le sommeil profond de leur conscience , leur incrédulité pratique, leur impiété irréfléchie. Ils amassent des prisonniers comme le vent brûlant enlève le sable du désert (v. 9). Ils croient que leur pouvoir et leurs succès procèdent d’eux ; aussi leur force est-elle leur dieu, et ils encensent leur propre puissance (v. 7, 11, 16)

Ce sont des fils du désert, des peuples à cheval, intrépides, durs, féroces. Tandis que les Assyriens avaient une certaine dignité royale, quelque chose du lion (Nahum 2:11, 13), les Chaldéens ne sont que des essaims de loups qui se répandent le soir dans les campagnes (Hab. 1:8).

Mais que signifie cette réponse que fait l’Éternel au prophète qui demandait la délivrance des justes en Israël bien plus que le châtiment des méchants, et à qui il est dit simplement que plusieurs pays vont être dévastés par une nation barbare ? Écoutons Habakuk qui reprend la parole : « Toi, n’es-tu pas de toute ancienneté, Éternel, mon Dieu, mon Saint » (1:12) ? Tu nous protègeras dans cette extrémité ; en châtiant les pécheurs, tu te souviendras des justes, et nous, le vrai résidu d’Israël, nous ne mourrons point. Tu as établi le Chaldéen pour exercer les jugements sur tes ennemis ; toi, qui es notre rocher et notre haute retraite, tu l’as préparé pour châtier les coupables. Ainsi le prophète a reçu une réponse pleinement satisfaisante à ses premières plaintes : les opprimés en Israël seront délivrés des mains de leur impies concitoyens, et épargnés quand le châtiments fondra sur les méchants.

Mais une nouvelle difficulté se présente à son esprit : les Chaldéens que Dieu appelle pour infliger ce châtiment sont autant et plus coupables que les Hébreux qu’ils veulent punir, preuve en est la description que Dieu lui-même vient de faire de leur cruauté, de leur arrogance, de leur orgueil impie : « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, et tu ne peux contempler l’oppression. Pourquoi contemples-tu ceux qui agissent perfidement, [et] gardes-tu le silence quand le méchant engloutit celui qui est plus juste que lui ? » (1:13). Habakuk considère en esprit ces Chaldéens parcourant la terre en la ravageant, et s’emparant des nations comme si elles n’avaient point de maîtres pour les défendre : « Tu rends aussi les hommes comme les poissons de la mer, comme la bête rampante qui n’a personne qui la gouverne. Il les fait tous monter avec l’hameçon » (1:14, 15), et le Chaldéen triomphe de ses succès et s’encense lui-même.

 

8.3   Chapitre 2

L’Éternel se tait pour un temps devant ces nouvelles plaintes de son serviteur, qui attend sa réponse, l’esprit en train de guetter, tel qu’une sentinelle sur sa tour (2:1).

Bientôt l’Éternel donne cette réponse et révèle la chute des Chaldéens dans une vision, qu’Habakuk reçoit l’ordre d’écrire sur des tablettes si distinctement qu’on puisse la lire couramment ou même en courant. L’accomplissement de cette vision peut être encore différé un certain temps car l’Éternel y parle aussi de ce qui arrivera À LA FIN, et il ne mentira point. « Si elle tarde, attends-la, car elle viendra sûrement, elle ne sera pas différée » (2:3). Telle était l’attitude morale que devait prendre le prophète en se confiant en la promesse de son Dieu ; telle est aussi l’attitude morale que le Seigneur Jésus demande à tous ceux qui croient en Lui, savoir une attente habituelle et pleine de confiance en leur Sauveur, de celui qui a dit : « Je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:2, 3) ; de Celui qui dit encore : « Oui, je viens bientôt » (Apoc. 22:20) ; de Celui auquel le Saint Esprit (dans Hébreux 10:37, 38) applique précisément ce passage de notre prophète et celui qui le suit (2:3, 4) en disant : « Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas ». Puissiez-vous tous être amenés à Christ ou fortifiés dans la foi afin que vous aussi vous puissiez attendre avec bonheur et avec joie le Seigneur Jésus, Celui qui vient, et que par l’Esprit et avec l’Épouse (l’Église), vous puissiez dire de cœur : « Amen ! viens, Seigneur Jésus ! ».

Puis le Seigneur promet la vie au juste qui croit, ou à celui qui est juste par la foi, et c’est là la pensée principale de tout le livre d’Habakuk : « Voici, son âme enflée d’orgueil n’est pas droite en lui ; mais le juste vivra par sa foi » (2:4). Sans doute cela a rapport, tout premièrement, à la délivrance du résidu qui compterait sur Dieu à travers tout. Mais dans ces paroles, il y a plus encore ; c’est, au sein de l’ancienne alliance qui concernait toute une nation, poser un principe évangélique qui ne concerne que les individus : l’unique justice qui fait vivre est celle du croyant. Ce principe : « le juste vivra par sa foi » est le texte, choisi par Paul, de toute l’épître aux Romains (1:17), dans laquelle il établit la justification gratuite du pécheur, par la foi en Christ, sans œuvre de loi. En effet, Jésus dit : « Celui qui croit [en moi], a la vie éternelle ; mais il est passé de la mort à la vie. Les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront » (Jean 6:47 ; 5:24, 25). Que Dieu vous fasse à tous la grâce de faire l’heureuse expérience de la vérité de ces déclarations du Rédempteur.

Cependant, si Dieu permettait que son peuple fût écrasé par l’injustice et l’oppresseur, à cause de ses péchés, la conduite de l’oppresseur criait à Lui et appelait le jugement sur sa tête. Malheur à lui, car Dieu est celui qui juge la terre et la délivre de l’oppresseur et du méchant. L’image taillée ou l’idole ne profiterait de rien aux Chaldéens. Mais l’Éternel était dans le lieu saint, dans son temple ; toute la terre devait se taire devant Lui : elle serait, un jour, par la présence du Seigneur, remplie de la connaissance de sa gloire, comme le fond des mers des eaux qui les couvrent.

 

8.4   Chapitre 3

Cette réponse rappelle au prophète toute la gloire de l’Éternel, lorsqu’il sortit jadis pour délivrer son peuple, et qu’Il renversa tous les obstacles pour établir Israël dans sa bénédiction. C’est là le sujet de la troisième partie ou du chapitre trois, qui renferme un magnifique chant de louanges.

En pensant à la puissance de l’Éternel et à tout ce qu’Il lui a fait entendre, le prophète est d’abord saisi de crainte. Il demande à Dieu d’accomplir son œuvre (de jugement) durant ces années, c’est-à-dire bientôt. Mais, ajoute-t-il, dans ta colère contre les peuples coupables, souviens-toi d’avoir compassion de tes faibles serviteurs.

Il termine sa prophétie en exprimant le beau résultat de toutes les leçons qu’il a reçues, savoir une parfaite confiance en l’Éternel. Si toute bénédiction vient à manquer, « Mais moi, je me réjouirai en l’Éternel, je m’égayerai dans le Dieu de mon salut » (3:18). Dieu lui-même est sa force et sa joie. Il le place sur les lieux élevés de la bénédiction, en lui donnant comme des pieds de biches pour y monter.

N’est-ce pas que ce sont là de belles et réjouissantes pensées. Que Dieu vous fasse la grâce de les comprendre si bien que vous puissez, avec bonheur, obéir à cet ordre de l’évangile : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous » (Phil. 4:4).

 

9                        Le prophète Sophonie

 

La Bonne Nouvelle 1870 pages 128 à 134.

9.1   Généralités

Nous lisons au premier verset du livre de ce prophète que la parole de l’Éternel lui fut adressée au temps de Josias, fils d’Amon, roi de Juda. Il nous semble utile de vous conseiller de lire conjointement l’étude sur le roi Josias.

Le nom de Sophonie, en hébreu : Tsephanyah, signifie « celui que Dieu cache ou protège » ou « celui à qui l’Éternel a révélé les choses cachées ». Ce neuvième des petits prophètes était fils de Cushi dont l’arrière grand-père était Ézéchias, probablement le roi de Juda, sans cela on n’aurait pas fait remonter la généalogie si haut. Il prophétisa, vraisemblablement, avant la dix-huitième année de Josias ou avant l’achèvement des réformes opérées par ce prince, comme on peut le conclure des menaces qu’il prononce contre les idolâtres et leurs pratiques ; voyez, par exemple, au chapitres 1 versets 4 à 6 et 3 verset 4. Malgré le zèle et la piété du jeune roi Josias et d’un petit nombre d’individus qui pensaient comme lui, l’indifférence de la multitude, en Juda, était des plus déplorables. On y voyait toute espèce de religions réunies pêle-mêle, ce qui témoignait de la mort spirituelle dans laquelle le peuple était plongé. Il y avait (1:4 à 6) « des restes de Baal », c’est à dire des adorateurs des Baalim dont Manassé avait relevé les autels et des « prêtres de ces faux dieux ». D’autres « se prosternent sur les toits ou les terrasses des maisons devant l’armée des cieux » ou les étoiles ; c’était là encore un culte nouveau introduit par Manassé (2 Rois 21:3). À côté de ces sectateurs des cultes païens, se trouvent d’autres gens « qui se prosternent devant l’Éternel, qui jurent par lui et qui jurent par leur roi (ou Malcam) » (Sophonie 1:5), c’est-à-dire par Moloch, l’idole des ammonites (2 Rois 23:13). Une autre classe de personnes comprend ceux « qui se détournent de l’Éternel » par pure indifférence. Enfin viennent encore ceux « qui ne s’enquièrent point de l’Éternel et ne le recherchent point », ceux dont le cœur ne s’est point encore tourné vers Dieu et qui, au fond, ne croient à rien. Tout cela existe tout autour de vous, dans la chrétienté : vous y voyez de vrais idolâtres, par exemple, des avares qui ont fait de l’argent leur dieu ; des sensuels qui font de leur ventre leur dieu. Vous y voyez des peuples entiers qui adorent le vrai Dieu extérieurement, mais qui en même temps adorent des créatures : la vierge et les saints, et se prosternent devant la pierre et le bois. Vous y voyez surtout et partout une foule d’indifférents qui ne se soucient pas de Dieu et qui vont au-devant de l’éternité en ne croyant à rien d’autre qu’à ce qui leurs tombent sous les yeux. Pour être toujours plus généraux, ces divers états d’âme n’en sont pas moins affreux ; car tous ils témoignent de l’abandon, de l’éloignement, du mépris de Dieu, de ce Dieu qui à dit : « car ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime » (1 Samuel 2:30). Que le Seigneur vous garde et qu’Il vous préserve du danger de demeurer loin de Celui qui est la source de tout bonheur et l’auteur de toute grâce ; qu’Il vous amène tous à Lui par Jésus-Christ.

Le livre de Sophonie, comme ceux d’Ésaïe et d’Ézéchias, peut se diviser en trois parties :

1. Les menaces et les exhortations adressées au peuple de Dieu, chap. 1 à 2:3.

2. L’annonce des jugements de Dieu contre les peuples païens, chap. 2:3 à 3:7.

3. Les prophéties relatives à la délivrance et à la bénédiction d’Israël par le retour du Messie, chap. 3:8 à 20

 

9.2   Menaces et exhortations au peuple de Dieu, ch. 1 à 2:3

Nous avons déjà vu énumérées (1:4 à 6) les différentes classes de pécheurs qui vont être retranchées, et qui attirent sur leur pays la ruine qui vient d’être prédite. C’est comme une liste de tous les péchés contre Dieu dont l’homme puisse se rendre coupable. Si Juda veut se plaindre d’une telle sévérité de Dieu, et mettre en avant ses anciens privilèges et ses essais tout récents de réformes, Sophonie le prévient en lui criant : « Fais silence, devant le Seigneur, l’Éternel ! Car le jour de l’Éternel est proche ; car l’Éternel a préparé un sacrifice, il a sanctifié ses conviés » (Sophonie 1:7).

En ce jour là seront frappés ou détruits : 1° les princes, les fils du roi (et non le roi lui-même) (2 Chron. 34:23 à 28), et les serviteurs des grands qui se permettent toute espèce de fraude et de violence pour être agréables à leurs maîtres (1:8 et 9). — 2° La ville entière de Jérusalem, mais surtout la partie basse de la ville, que le prophète nomme Mactès ou le Mortier, où demeuraient les marchands ou Cananéens (1:10 et 11). — 3° Les riches, pleins de sécurité et d’une impiété pratique (1:12 et 13), ces « hommes qui reposent sur leurs lies, — qui disent dans leur cœur : L’Éternel ne fera ni bien ni mal ». Au verset 12, Dieu dit : « Et il arrivera, en ce temps-là, que je fouillerai Jérusalem avec des lampes », or l’historien juif Josèphe nous raconte que, lors de la prise de Jérusalem, les princes, les grands et les sacrificateurs furent retirés par les ennemis des cavernes, des égouts et des sépulcres où ils s’étaient cachés, et où ils espéraient en vain échapper « au flambeau de L’Éternel » cherchant les coupables pour les punir.

Juda sera donc détruit, le peuple de Dieu sera consumé ! Il y aurait cependant un moyen de détourner le jugement, de conjurer le ruine : ce serait la repentance. Le prophète y exhorte son peuple, cette « nation sans honte » (2:1), ou qui ne sais pas ce que c’est qu’avoir honte de ces péchés. Puis, sentant bien que ses exhortations resteraient sans effet, il s’adresse au petit résidu fidèle, « aux débonnaires du pays », qui font ce que Dieu ordonne, en les invitant à l’humilité et à la justice, « peut-être serez-vous à couvert au jour de la colère de l’Éternel » (2:3). Dieu veuille, de même vous mettre par sa grâce au nombre de ceux qui, de nos jours, constituent le résidu fidèle, le « petit troupeau » de ceux qui, par la foi, ont saisi la vie éternelle en Jésus-Christ, qui nous délivre de la colère qui vient (1 Thess. 1:10).

 

9.3   Annonce des jugements de Dieu contre les peuples païens, chap. 2:3 à 3:7

Viennent ensuite les jugements prononcés contre les gentils, jugements qui auraient dû apprendre aux Hébreux comment Dieu punit l’idolâtrie, et qu’en se rendant eux-mêmes idolâtres, ils ne pouvait qu’encourir les mêmes châtiments. Le prophète énonce d’abord ces jugements aux deux peuples voisin de Juda : les Philistins, à l’occident (2:4 à 7) ; les Moabites et les Ammonites, à l’orient (2:8 à 10). Puis son regard s’étend au loin sur la terre, jusqu’aux îles des nations ou l’Europe. Il voit les Cushites, au sud, succomber sous l’épée divine. À l’est, l’Éternel étend sa main et Ninive devient un désert, un repaire de bêtes sauvages, elle qui, dans son orgueilleuse confiance, disait en son cœur : « Moi, et à part moi, nulle autre ! » (2:11 à 15).

Puis Sophonie s’adresse de nouveau à Jérusalem, dont il rappelle brièvement les iniquités : sa rébellion contre Dieu, les violences et les injustices de ses chefs, les mensonges et les sacrilèges de ses prophètes et de ses sacrificateurs (3:1 à 4). Et cependant « L’Éternel juste est au milieu d’elle ; … chaque matin il met en lumière son juste jugement », soit par sa parole, soit par la prophétie, soit aussi par des faits, par ses châtiments sur les nations. « J’ai dit : Crains-moi seulement, reçois l’instruction », mais tout a été inutile, ils se sont hâtés de se corrompre toujours plus (3:5 à 7).

 

9.4   Prophéties sur la délivrance et la bénédiction d’Israël par le retour du Messie, ch. 3:8 à 20

Jérusalem sera donc détruite, Juda aura le sort des Gentils dont il imite les égarements. S’il en est ainsi, quelle espérance peut-il rester encore au prophète et aux vrais serviteurs de Dieu ? Cesseront-ils de croire aux promesses d’un temps de délivrance, de paix et de sainteté pour le peuple de Dieu, ici bas ? Que doivent-ils attendre ?

« Attendez-moi, dit l’Éternel » (3:8)

Mais quand viendra l’Éternel, ou le Fils de Dieu ?

« C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin. Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère » (Sophonie 3:8).

Mais au milieu de cette ruine universelle et de ces jugements contre toute la terre, le prophète voit apparaître un peuple nouveau dont il prend plaisir à nous décrire le caractère.

D’abord, ce n’est plus un peuple unique qui adorera l’Éternel, ce seront plusieurs peuples dont Dieu dit : « Car alors, je changerai la [langue] des peuples en une langue purifiée, pour qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel pour le servir d’un seul cœur » (Sophonie 3:9).

Tout les dispersés d’Israël seront rassemblés dans leur terre des pays les plus lointains (2:7 ; 3:10, 18 à 20). Jérusalem ne pensera plus à sa honte ; ses transgressions seront absolument effacées. Les orgueilleux seront ôtés du milieu d’elle ; un peuple humble et chétif sera là, dont la retraite sera le nom de l’Éternel. Ce résidu ne fera point d’iniquité, ne profèrera pas de mensonges, il se reposera en sécurité, sans que personne l’épouvante (3:11 à 13).

Les versets 14 à 17 renferment un cantique de louange, que l’Esprit enseigne à Sion qu’il invite à chanter avec action de grâce à l’Éternel, qui a aboli sa condamnation, qui est au milieu d’elle, qui se réjouit à cause d’elle d’une grande joie et qui se repose avec délices dans son amour pour elle. Tous ceux qui avaient été désolés à cause de l’opprobre dans lequel Sion était tombé et qui soupiraient après les assemblées solennelles, seront rassemblés, ses ennemis seront détruits, et ses enfants seront en admiration partout où ils avaient été en opprobre. Israël sera un sujet de louange parmi tous les peuples de la terre.

Que ce coup d’œil du prophète est grand et sublime ! Qui pourrait méconnaître la divine inspiration chez cet homme de Dieu, qui annonce à ses frères leur ruine prochaine malgré toutes les apparences d’une régénération nationale, et qui leur prédit leur gloire future malgré l’effrayante tempête qui va les enlever ; chez cet homme qui sait que le temple de son Dieu va être détruit, et qui néanmoins annonce qu’il n’est point d’empire si puissant qui ne s’écroule sous sa main, point de nation si éloignée qui ne se prosterne un jour devant Lui.

 

 

10                  Le prophète Aggée

 

La Bonne Nouvelle 1874 p. 161-169 et 185-189.

Aggée, mes chers lecteurs, est le dixième des douze petits prophètes. Précédemment, nous vous avons déjà parlé de neufs d’entre eux et nous vous avons donné une esquisse historique de leur vie, nous attachant en même temps à faire ressortir le caractère de leur mission. Ayant dû interrompre cette série, il nous est nécessaire de revenir un peu en arrière.

 

10.1                      La transportation et le retour à Jérusalem

Dans notre étude sur les prophètes Jonas, Osée, Amos et Ésaïe, nous avons vu comment les dix tribus furent emmenées en Assyrie ; et, dans les études suivantes, comment celles de Juda et Benjamin, qui étaient demeurées de reste à Jérusalem, furent transportée à Babylone. Puis, dans une étude détaillée sur le prophète Daniel, nous vous avons dit que les juifs secouèrent le joug de la captivité babylonienne au bout de 70 ans de désolation, dans la première année du règne de Cyrus (voyez 2 Chron. 36:22-23, et Esdras 1).

Cyrus monta sur le trône après la mort du roi Darius le Mède. Sous ce prince, Daniel conserva la dignité et la considération dont il avait joui jusqu’alors, et il trouva l’occasion de faire voir à ce nouveau roi, par le livre d’Ésaïe (ch. 44:28 ; 45:1-8), que Dieu l’avait nommé par son nom déjà depuis 200 ans, et qu’il l’avait même appelé son serviteur pour être l’instrument de la délivrance de son peuple. Cette révélation produisit chez Cyrus une telle vénération pour le Dieu d’Israël que, dès la première année de son règne, il se montra favorable aux Juifs et fit publier un édit portant que tous les Juifs de son royaume qui désiraient rentrer dans leur patrie pouvaient y retourner librement et y rebâtir le temple de Dieu. D’après la chronologie, cette permission leur fut accordée 535 ans avant la naissance de Jésus-Christ. Le roi ordonna en même temps à tous ses sujets de procurer aux Juifs les moyens de se mettre en route. Ceux de leurs frères qui voulaient rester dans le pays reçurent l’ordre de fournir aux émigrants de l’or, de l’argent, des bestiaux et des vivres pour qu’ils fussent en état de faire le voyage et de rebâtir le temple. Cyrus fit plus en ordonnant qu’on leur restituât les vases d’or et d’argent qui avaient été enlevés du temple de Jérusalem et transportés à Babylone. Ce ne fut qu’une petite partie du peuple juif qui profita de la permission du roi, et il n’y a pas lieu de s’en étonner si l’on considère que, dans les provinces où ils avaient été dispersés, ils avaient acquis de riches possessions qui leur permettaient de vivre à leur aise. Avec cela ils jouissaient, pour leur culte, d’une liberté d’autant plus grande que, sous ce nouveau règne, l’idolâtrie des Babyloniens était tombée en mépris parce que les Perses n’adoraient qu’un seul Dieu. Ceux qui émigrèrent le firent, sans doute, par la foi aux promesses de Dieu. Il ne fallait pas moins que cela pour leur faire abandonner des maisons commodes, un commerce lucratif et des champs fertiles ; et cela pour entreprendre un voyage long, pénible et dangereux ayant pour but un pays qui, dans l’espace de 70 ans, était devenu un vrai désert où ils ne trouveraient que les ruines et les décombres des villes et villages habités autrefois par leurs ancêtres. Tout cela n’empêcha pas près de cinquante mille personnes de prendre très volontiers la résolution de retourner dans leur patrie désolée.

Pour accomplir un si long trajet, ces émigrants avaient besoin d’un conducteur ; et le roi leur en donna un dans la personne de Zorobabel (ce qui signifie exilé à Babylone), surnommé en langue Chaldéenne Sheshbatsar (ce qui signifie joyeux dans la tribulation), lequel était de la famille de David. Le souverain sacrificateur qui les accompagna s’appelait Joshua (ce qui signifie sauveur). Ils avaient aussi avec eux des centaines de chantres et de chanteuses qui les égayaient dans leur marche par des cantiques de louange.

 

10.2                      Situation du peuple après son retour, au temps d’Esdras

Arrivés à Jérusalem, sur la place où était autrefois situé le temple, les principaux de chaque tribu rassemblèrent une quantité considérable d’or et d’argent soit pour reconstruire le temple, soit pour garnir les vêtements des sacrificateurs. Les enfants d’Israël reprirent aussi possession de leurs anciennes villes. Le septième mois après leur arrivée, ils s’assemblèrent à Jérusalem pour célébrer la fête des tabernacles. Ils commencèrent par poser l’autel du Dieu d’Israël à sa place ; puis, ayant offert dessus les holocaustes prescrits pour cette solennité, ils rétablirent les sacrifices journaliers. Après la fête, on fit les préparatifs pour rebâtir le temple. L’année suivante, ils en posèrent les fondements sur la montagne de Morija à l’endroit même où était jadis le temple de Salomon. Cela se fit avec une grande pompe ; les sacrificateurs, revêtus de leurs habits sacerdotaux, sonnaient de la trompette, les lévites jouaient des instruments et chantaient alternativement des cantiques de louanges à la gloire du Seigneur en disant : « Car il est bon, car sa bonté envers Israël [demeure] à toujours » (Esdras 3:11), et le peuple répondait de son côté par des acclamations de joie. Cependant les vieillards, qui avaient vu la magnificence du premier temple, ne pouvaient s’empêcher de répandre bien des larmes à ce souvenir.

 

10.3                      La cessation de la construction du temple et le rôle des prophètes

Les Samaritains du voisinage (voyez ce que nous avons dit de ces étrangers dans notre étude à leur sujet) vinrent alors pour travailler avec les Juifs à cet édifice, pensant acquérir par là le droit d’avoir le temple et le culte en commun avec eux ; mais, comme ces Samaritains mêlaient leur idolâtrie aux ordonnances juives, Zorobabel et le souverain sacrificateur Joshua leur refusèrent, comme il était juste, la permission qu’ils avaient demandée. Ceux-ci, irrités de ce refus, portèrent au roi des plaintes contre les Juifs. Et, réussissant à corrompre les conseillers de la régence, ils obtinrent un décret en vertu duquel les travaux demeurèrent suspendus jusqu’à la mort de Cyrus ; puis, par un autre édit, obtenu de son successeur, la défense de rebâtir fut maintenue, et cette interdiction dura l’espace de quinze ans. Tous ces obstacles firent perdre au peuple le zèle et le courage avec lesquels ils avaient entrepris de reconstruire la maison de Dieu. Au lieu de cela, ils s’occupèrent à se bâtir de belles maisons, et ne songeant qu’à augmenter leur bien-être temporel, ils tombèrent de plus en plus dans le relâchement quant à l’obéissance, la soumission et le culte qu’ils devaient à Dieu. Aussi, pour le leur faire sentir, Dieu cessa de rependre sa bénédiction sur leurs terres, sur leur travail et sur leur commerce ; il leur fit déclarer par les prophètes Aggée et Zacharie, que le mépris qu’ils montraient pour son culte et leur négligence à bâtir le temple étaient la cause pour laquelle tout le pays se trouvait privé de ses bénédictions. Ces hommes de Dieu les exhortèrent en même temps à ne pas craindre de remettre la main à l’ouvrage avec un nouveau zèle, assurés qu’ils pouvaient l’être que Dieu les protègerait dans cette entreprise et qu’il serait avec eux.

 

10.4                      Aggée et sa  prophétie

Venons maintenant, chers lecteurs, à la mission prophétique d’Aggée. On ne possède aucun détail sur sa vie, et il ne paraît sur la scène qu’au moment où Dieu veut se servir de lui, cinq cent vingt ans avant Jésus-Christ, et la deuxième année du roi Darius, fils d’Hystaque. Contemporain de Daniel et de Zacharie, il prophétisa peu avant celui-ci s’adressant, ainsi que nous venons de le voir, aux Juifs qui étaient en Juda et à Jérusalem ; sa vocation de prophète ne fut que de quatre mois.

 

10.5                      Première parole prophétiue

D’abord il censure le peuple à cause de leur indifférence à l’égard de la maison de l’Éternel : « … Est-ce le temps pour vous d’habiter dans vos maisons lambrissées, tandis que cette maison est dévastée ? … Ainsi dit l’Éternel des armées : Considérez bien vos voies : Montez à la montagne et apportez du bois, et bâtissez la maison ; et j’y prendrai plaisir, et je serai glorifié… Vous vous attendiez à beaucoup, et voici, ce n’a été que peu …et j’ai soufflé dessus. Pourquoi ? dit l’Éternel des armées. À cause de ma maison, qui est dévastée, — et vous courez chacun à sa maison. C’est pourquoi au-dessus de vous les cieux ont retenu la rosée, et la terre a retenu son produit ; et j’ai appelé une sécheresse sur la terre, et sur les montagnes, et sur le blé, et sur le moût, et sur l’huile, et sur ce que le sol rapporte, et sur les hommes et sur les bêtes, et sur tout le travail des mains » (1:1-11). La voix de l’Éternel Dieu, par la bouche du prophète, fut entendue ; car vingt-trois jours après on se mit de nouveau à l’œuvre pour relever le temple.

 

10.6                      Parole d’encouragement et seconde parole prophétique

Ensuite, le prophète encourage le peuple dans leur travail en les assurant que l’Esprit du Seigneur était avec eux comme quand ils sortirent d’Égypte, et en leur annonçant que la dernière gloire de ce temple surpasserait même la première par la venue du Messie, le Désiré (ou l’objet du désir) de toutes les nations : « … Qui est de reste parmi vous qui ait vu cette maison dans sa première gloire, et comment la voyez-vous maintenant ? N’est-elle pas comme rien à vos yeux ? Mais maintenant, sois fort, Zorobabel, dit l’Éternel, et sois fort, Joshua, fils de Jotsadak, grand sacrificateur, et soyez forts, vous, tout le peuple du pays, dit l’Éternel, et travaillez ; car je suis avec vous, dit l’Éternel des armées. La parole [selon laquelle] j’ai fait alliance avec vous… et mon Esprit, demeurent au milieu de vous ; ne craignez pas. Car, ainsi dit l’Éternel des armées : Encore une fois, ce sera dans peu de temps, et j’ébranlerai les cieux et la terre, et la mer et la terre sèche ; et j’ébranlerai toutes les nations. Et l’objet du désir de toutes les nations viendra, et je remplirai cette maison de gloire…L’argent est à moi, et l’or est à moi… la dernière gloire de cette maison sera plus grande que la première… et dans ce lieu, je donnerai la paix, dit l’Éternel des armées » (2:1-9). La maison qu’on rétablissait avec tant de peine, si mesquine à leurs yeux en comparaison de son ancienne gloire serait remplie de gloire par l’Éternel. Ce qui ferait vraiment la gloire de cette maison c’était Christ lui-même. — le but de ce passage est d’affirmer que la maison sera remplie de gloire. En attendant, la gloire extérieure lui était accordée : l’argent et l’or étaient à l’Éternel. Mais les nations bouleversées, opprimées et s’opprimant l’une l’autre, ne sachant où trouver le bonheur, la force et la paix trouveront en Celui qui, seul, établira la gloire de l’Éternel et donnera la vraie paix, trouveront, en un mot, en Christ seul le bonheur et la délivrance. Il sera la gloire de la maison que bâtissait ce pauvre résidu.

L’Esprit du Seigneur déclare ici que la dernière gloire de cette maison serait plus grande que sa première gloire. Ce n’est pas, comme l’interprète à tort les versions ordinaires, la gloire de cette dernière maison, car la maison est toujours considérée comme la même maison, mais Dieu mettra en elle plus de gloire à la fin qu’au commencement, et la gloire de l’Éternel lui-même aura là son siège. C’est ce qui sera accompli aux derniers jours. — Celui qui la remplira de gloire est bien venu. Mais, tout en ayant fait la paix éternelle pour l’âme de celui qui le reçoit par la foi comme Sauveur, il a dû dire au peuple, à cause de l’état déplorable dans lequel était le monde quand il est venu, état inchangé dès lors loin de là ; il a dû, dis-je, leur dire : « Ne pensez pas que je sois venu mettre la paix sur la terre ; je ne suis pas venu mettre la paix, mais l’épée » (Matthieu 10:34). Lorsque le Seigneur aura ébranlé toutes les nations, il mettra, en venant en gloire, la paix sur la terre.

Cher lecteurs qui lisez ces lignes, êtes-vous en paix avec Dieu ? Christ a « fait la paix par le sang de sa croix ». Vous êtes-vous placé, par la foi, sous l’aspersion de ce précieux sang pour être lavés de tous vos péchés et blanchis comme la neige ? Avez-vous trouvé en Lui le bonheur, la force et la délivrance de la colère qui vient contre un monde rebelle et impénitent ? Pouvez-vous vous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu ? Telles sont les questions que j’adresse bien sérieusement à vos cœurs. Que le Seigneur vous fasse la grâce, si vous ne pouvez y répondre par un oui, de pouvoir le faire dès aujourd’hui même. Pour cela, il suffit de tourner avec foi et dans le sentiment de votre état de péché et de ruine vos regards sur le Fils unique de Dieu. Regardez à ce Fils de l’homme qui a été élevé sur la croix « afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Regardez à lui MAINTENANT !

 

10.7                      Troisième parole prophétique

Aggée s’adresse ensuite, pour la troisième fois, à ce petit résidu de Juifs, qui étaient revenus à Jérusalem et en Juda, et leur déclare qui c’est à cause de leurs péchés qu’ils n’ont eu que de chétives récoltes : « … Et maintenant, considérez bien, je vous prie, [ce qui va arriver] dès ce jour et dorénavant : avant qu’on eût mis pierre sur pierre au temple de l’Éternel, — avant que ces [jours] fussent, si l’on venait à un tas de vingt [boisseaux], il y en avait dix ; si l’on venait à la cuve pour puiser cinquante mesures, il y en avait vingt ; je vous ai frappés par la brûlure et la rouille et la grêle, [dans] toute l’œuvre de vos mains, et aucun de vous [n’est revenu] à moi, dit l’Éternel … Dès ce jour-ci, je bénirai » (2:10-19).

 

10.8                      Quatrième parole prophétique

Enfin la parole de l’Éternel fut adressée de nouveau à Aggée, le 24° jour du neuvième mois, et pour la 4° fois de sa courte mission comme prophète, en disant : « Parle à Zorobabel, gouverneur de Juda, disant : J’ébranlerai les cieux et la terre, je renverserai le trône des royaumes, et je détruirai la puissance des royaumes des nations, et je renverserai les chars et ceux qui les montent ; et les chevaux seront abattus, et ceux qui les montent, chacun par l’épée de son frère. En ce jour-là, dit l’Éternel des armées, je te prendrai, Zorobabel, fils de Shealthiel, mon serviteur… et je te mettrai comme un cachet ; car je t’ai choisi, dit l’Éternel des armées » (2:20-23). Nous avons ici en Zorobabel un type remarquable du Seigneur Jésus, le grand libérateur, sur lequel repose la faveur de l’Éternel. Dieu renverse le trône des royaumes en établissant Christ, le vrai Zorobabel, comme l’homme élu, comme un anneau de cachet en sa main droite.

 

10.9                      Application pour aujourd’hui

En résumé, le sujet dont Aggée traite est le temple à Jérusalem ; et Dieu, par le moyen de son prophète, veut montrer que Sa bénédiction sur la terre est attachée à la maison qu’il reconnaît comme sienne, quelque chétive qu’elle soit. Maintenant Israël est rejeté pour un temps à cause de ses rebellions qui l’ont porté à repousser le Messie jusqu’à le mettre à mort ; et Dieu s’est tourné vers les nations d’où il tira un peuple pour son nom, savoir tous les croyants, tous ceux qui reçoivent par la foi le Seigneur Jésus comme Sauveur. Ceux-ci forment aujourd’hui la vraie maison de Dieu ; et lorsque le dernier des élus aura été manifesté et sera entré dans l’édifice, qui est le corps dont Christ est la tête, le Seigneur lui-même viendra chercher les siens qui monteront à sa rencontre dans les nuées en l’air, étant transformés à sa ressemblance quand il le verront comme il est. Puis ils reviendront avec Lui, quand il arrivera pour prendre possession de tout sur la terre et dans le ciel comme homme de Dieu. C’est par l’intervention de Christ lui-même, l’héritier de David, que Dieu reprendra ses relations avec Israël, à cause des promesses faites aux pères ; et en introduisant le Messie, Dieu établira tout en gloire selon ses conseils de grâce. Mais l’établissement de cette gloire sera nécessairement précédé de l’ébranlement de toutes choses, duquel parle notre prophète. Alors la puissante main de Dieu agira en jugement contre le monde impie, et Jésus exercera en personne le jugement de la part de Dieu sur la terre habitable. Les méchants seront détruits par le souffle de sa bouche, Satan sera lié pour mille ans en attendant d’être précipité avec tous ceux qui lui appartiennent dans l’étang de feu ; et durant ces mille ans, qu’on appelle millenium, Christ régnera sur la terre restaurée, ayant Jérusalem et son temple pour centre de Sa gloire. C’est alors que s’accomplira la prophétie d’Aggée ; car ce temple, détruit tant de fois, sera en ce jour rétabli dans une splendeur qui surpassera toutes celle d’auparavant. Et il sera rétabli afin que le culte par lequel Dieu s’était lié avec Israël, et qu’Israël n’a pas su maintenir, y soit de nouveau rendu et rendu de manière à glorifier Celui à qui seul il est dû, et qui seul est digne de tout honneur, gloire et puissance.

 

Cher lecteurs qui lisez ces lignes, êtes-vous du nombre de ceux qui régneront avec Christ au temps du rétablissement de toutes choses, ou serez-vous du nombre de ceux contre lesquels il exercera le jugement et la vengeance ? Vous réjouissez-vous avec ceux qui l’attendent à salut et qui reviendront avec Lui, ou bien tremblerez vous à la pensée qu’il reviendra comme un Juge ? Ah ! Si vous ne pouviez pas, à présent même, vous réjouir de voir Jésus, le Sauveur, saisissez à l’instant, avec foi, le salut qu’il vous offre par son sang précieux qu’il a versé pour nous ; ce sang nous purifie de tout péché, il nous blanchit sans nulle tache, il nous rend propres pour la sainte et glorieuse présence de Dieu et nous donne le droit et la capacité d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière.

« Ainsi donc vous n’êtes plus étrangers ni forains, mais vous êtes concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu » (Éphésiens 2:19)

« Christ est fidèle, comme Fils, sur sa maison ; et nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance » (Hébreux 3 :6).

 

 

11                  Le prophète Zacharie

 

 

Bonne Nouvelle 1875 p. 104-109, 127-133, 145-149, 167-170

 

Lors de notre étude sur Esdras, nous avons fait mention de Zacharie qui, de même qu’Aggée, fut d’un si grand secours aux enfants d’Israël pour les encourager à recommencer de bâtir la maison de l’Éternel. Dieu a trouvé bon de nous donner le livre qui contient les paroles de Zacharie. C’est l’avant dernier livre de l’Ancien Testament. Nous allons maintenant le lire ensemble avec l’aide du Seigneur.

 

11.1                      Contenu du livre de Zacharie

Dans le livre de Zacharie, il y a plus d’une prophétie, et ce fut à des époques différentes que Dieu fit ses communications à son fidèle serviteur. Nous trouvons dans ce livre trois dates qui permettent la division de l’écrit et en facilitent beaucoup l’intelligence. En comparant ces dates, on voit que les six premiers chapitres furent écrits dans la seconde année du roi Darius, et les six derniers dans sa quatrième année ; ce qui établit deux parties distinctes dans la prophétie. En effet, lorsqu’on examine la chose de près, on trouve une différence considérable entre ces deux parties quant à ce qui caractérise chacune d’elles. La première partie renferme des visions avec leur explication ; la seconde, des appels au peuple juif de la part de l’Éternel des armées.

Nous nous arrêterons un peu sur la première partie car elle contient des choses précieuses, faciles à comprendre et qui vous touchent de près.

 

Dans les six premiers chapitres, nous trouvons deux prophéties principales. L’une porte la date du huitième mois de la seconde année de Darius. Elle est très courte, n’ayant que six versets. L’autre, qui fut adressée au prophète trois mois plus tard, est celle qui renferme les visions. Elle s’étend depuis le verset 6 du chapitre 1 jusqu’à la fin du chapitre 6.

Aujourd’hui nous nous bornerons à étudier la première prophétie, chapitre 1 versets 1 à 6.

 

11.2                      Circonstances de la première prophétie

Vous n’aurez pas oublié les circonstances au milieu desquelles Zacharie commença sa carrière prophétique. Elles sont racontées dans le livre d’Esdras. Nous les rappellerons cependant ici car il est essentiel de les avoir devant soi si l’on veut saisir le sens des paroles de notre prophète.

La nation d’Israël étant devenue de plus en plus méchante, malgré les exhortations des saints hommes que Dieu avait envoyés à plusieurs reprises, l’Éternel les livra enfin entre les mains de Nébucadnetsar, roi de Babylone, qui les emmena captifs, détruisant en même temps la ville de Jérusalem et brûlant le temple de l’Éternel. La captivité dura soixante-dix ans, selon le temps que Dieu avait prédit par le moyen du prophète Jérémie : « Car ainsi dit l’Éternel : Lorsque soixante-dix ans seront accomplis pour Babylone, je vous visiterai, et j’accomplirai envers vous ma bonne parole, pour vous faire revenir en ce lieu » (Jérémie 29:10 ; 27:22). Ce temps de la punition du peuple pour leurs péchés est rappelé dans le chapitre 2 de notre livre de Zacharie, verset 12 : « Et l’Éternel possédera Juda [comme] sa part sur la terre sainte, et il choisira encore Jérusalem ». Effectivement Dieu suscita Cyrus en vue de détruire Babylone et de mettre fin à ce puissant empire qui avait dominé tous les royaumes de la terre durant ces soixante-dix années. Cyrus fut d’abord général, commandant en chef des armées de son oncle Darius, roi des Mèdes et des Perses, qui était alors âgé de soixante-deux ans (Daniel 5:31).

Devenu presque aussitôt roi de Perse, Cyrus donna ordre, dans la première année de son règne, à tous ceux des Juifs qui se sentaient disposés pour cela de remonter de Babylone à Jérusalem et de se mettre à rebâtir le temple. Beaucoup d’entre eux répondirent à cette offre généreuse du roi et remontèrent sous la conduite de Jéshua (ou Joshua comme il est appelé dans le livre de Zacharie), le souverain sacrificateur ; et sous celle de Zorobabel, le gouverneur. Celui-ci était un arrière-petit-fils de Jéconias, l’avant-dernier roi de Juda ; et s’il y avait eu possibilité de s’asseoir de nouveau sur le trône de David à Jérusalem, c’eût été Zorobabel qui fût devenu roi. Mais la royauté était transportée de Juda aux Gentils, selon la parole d’Ézéchiel : « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Ôte la tiare, et enlève la couronne ; ce qui est ne sera plus. Élève ce qui est bas, et abaisse ce qui est élevé. J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine ! Ceci aussi ne sera plus, jusqu’à ce que vienne celui auquel appartient le juste jugement, et je le lui donnerai » (Ézéchiel 21:31-32). Assurément, ce n’est qu’à Jésus que le gouvernement « appartient » de droit, à Celui dont il est écrit : « C’est un sceptre de droiture que le sceptre de ton règne » (Psaumes 45:6). Lui n’était pas encore venu ; voilà pourquoi Zorobabel ne pouvait pas régner. Cyrus et ses successeurs étaient établis de Dieu dans la position d’autorité suprême sur toute la terre.

Cependant Dieu fit à son peuple la grâce de retourner dans leur pays, et de rebâtir le temple ; et, pendant quelque temps, l’œuvre prospéra entre leurs mains. Mais bientôt ce grand travail excita la jalousie des ennemis des Juifs. Ceux-ci, après la mort de Cyrus, firent des démarches auprès de son successeur, lesquelles eurent pour résultat de faire cesser le travail de la maison de Dieu. Sans doute, si les Juifs avaient eu plus de confiance en Dieu, ils n’auraient pas fait attention aux menaces de leurs ennemis ; et ils auraient continué à bâtir le temple quand même, se confiant en la parole de Dieu qui est plus fort que les hommes. Hélas, ils manquaient de foi ; et, durant bien des années, ils abandonnèrent la construction de la maison de Dieu, pour se bâtir des maisons et s’établir tranquillement dans la ville.

On se figure quelquefois qu’on s’évitera de la peine en ne faisant pas tout ce que Dieu a dit ; mais, en agissant de la sorte, on ne manquera pas de trouver bientôt que l’on s’est grandement trompé. Toute bénédiction vient de Dieu seul. Dieu aime l’obéissance avant toutes choses ; et si on ne Lui obéit pas, et qu’en conséquence Dieu retienne la bénédiction, qu’aura-t-on gagné à la rechercher loin de Lui ? C’est ce qui est arrivé aux Juifs ; et Dieu le leur rappela par la bouche d’Aggée quand il leur envoya ce prophète la deuxième année de Darius, roi de Perse, pour sommer le peuple de bien peser leur conduite.

Par ce moyen, Dieu excita l’esprit de Zorobabel le gouverneur et de Joshua le grand sacrificateur ; de sorte que, sans attendre de nouveaux ordres de la part du roi de Perse, ils se remirent à la construction de la maison de l’Éternel leur Dieu. Dieu les encouragea par une seconde prophétie d’Aggée, un mois après qu’ils eurent commencé leur travail ; puis le mois suivant Il fit venir vers eux Zacharie, comme un nouveau témoin de sa grâce en faveur de son peuple pour les encourager à s’attacher de cœur à Lui, l’Éternel des armées, et soutenir leurs mains. Ce que Dieu demandait, c’était un cœur droit, confiant en sa parole malgré toutes les circonstances contraires et en dépit de tout l’entraînement du péché et toute l’opposition de l’ennemi. Car toute la gloire de l’homme passe ; la terre et les cieux passeront, mais la parole de l’Éternel dure éternellement. Cette parole devait leur suffire.

L’Éternel envoya donc Zacharie pour leur dire qu’il avait été extrêmement indigné contre leurs pères ; et tout ce que Dieu avait prononcé contre eux par ses prophètes leur était arrivé. « Et tu leur diras : Ainsi dit l’Éternel des armées : Revenez à moi, dit l’Éternel des armées, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées. Ne soyez pas comme vos pères, auxquels les premiers prophètes ont crié, disant : Ainsi dit l’Éternel des armées : Revenez donc de vos mauvaises voies et de vos mauvaises actions !... mais ils n’écoutèrent pas, et ne firent pas attention à moi, dit l’Éternel » (Zacharie 1:3-4).

N’est-ce pas là, chers lecteurs, la parole de grâce que Dieu adresse maintenant à chacun de nous ? Dieu était en Jésus, réconciliant le monde avec Lui-même. Jésus dit : « Venez à moi… » et « je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi ». « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » car il a les paroles de la vie éternelle, ses paroles sont Esprit et vie. « L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mat. 4:4). Oui, cher lecteur, le juste vivra par sa foi, sa foi dans les paroles du Dieu vivant.

 

11.3                      Le livre des visions — chap 1:7 à 6:15

 

Tout à la fin de la seconde année de Darius, roi de Perse, la parole de l’Éternel fut adressée pour la deuxième fois au prophète Zacharie. C’était le vingt-quatrième jour du onzième mois, juste cinq mois après que les Juifs, sous la conduite de Zorobabel et de Joshua, avaient recommencé le travail de la maison de Dieu. Pour l’exécution de cette grande œuvre, le Seigneur excita, comme nous l’avons vu, l’esprit du peuple par le moyen d’Aggée le prophète, puis Il continua à les encourager par le moyen de Zacharie auquel il montra plusieurs visions avec leur explication.

Nous repasserons ensemble, cher lecteur, ces différentes visions.

 

 

11.3.1    Première vision — chapitre 1:8-17.

 

« Je vis de nuit ; et voici un homme monté sur un cheval roux, et il se tenait parmi les myrtes qui étaient dans le fond, et, après lui, il y avait des chevaux roux, bais, et blancs » (1:8).

Le cheval signifie une puissance qui court, c’est à dire qui accomplit sa mission ou qui est prête à l’accomplir ; et un cheval roux, comme on le voit en Apocalypse 6:4, représente une puissance qui amène la guerre, qui fait verser le sang. Le myrte est un arbre toujours vert, qui ne perd ses feuilles en aucune saison.

Le prophète demanda l’explication de la vision ; et l’ange qui parlait avec Zacharie lui dit qu’il lui montrerait ce que ces choses signifiaient : alors l’homme qui se tenait entre les myrtes répondit en disant que les chevaux étaient ceux que l’Éternel avait envoyés pour parcourir la terre. Ceux-ci prirent la parole, répondant à l’ange de l’Éternel qui se tenait entre les myrtes, et dirent : « Nous nous sommes promenés par la terre, et voici, toute la terre est en repos et tranquille. Et l’ange de l’Éternel prit la parole et dit : Éternel des armées, jusques à quand n’useras-tu pas de miséricorde envers Jérusalem, et envers les villes de Juda, contre lesquelles tu as été indigné ces soixante-dix ans ? » (1:11-12). Et l’Éternel répondit à l’ange qui parlait avec le prophète de bonnes paroles, des paroles de consolation.

Dieu voulait diriger les pensées de son peuple vers la seule source d’où vient toute délivrance et toute force. Pendant les soixante-dix années que les Juifs avaient été en captivité à Babylone, on aurait pu croire que Dieu les avait oubliés ; mais il n’en était pas ainsi : Dieu surveillait tout, il était attentif à tout ce qui se passait, il envoyait les messagers de sa puissance pour tout reconnaître. Il est vrai que la puissance était cachée (car l’homme sur le cheval roux était caché dans les myrtes, dans un lieu profond), mais elle était cachée dans les pensées de Dieu qui ne change jamais ; et Dieu voulait que son peuple marchât non par la vue mais par la foi, en se rapportant à Lui pour toutes choses. L’ange comprend les pensées de Dieu, c’est pourquoi sa prière est en faveur de Jérusalem ; et l’Éternel lui répond par de bonnes paroles, que l’ange communique ensuite au prophète en lui disant de les publier à haute voix :

« Ainsi dit l’Éternel des armées : Je suis jaloux d’une grande jalousie à l’égard de Jérusalem et à l’égard de Sion ; et je suis courroucé d’un grand courroux contre les nations qui sont à leur aise ; car … elles ont aidé au mal. C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel : Je suis revenu à Jérusalem avec miséricorde ; ma maison y sera bâtie … et le cordeau sera étendu sur Jérusalem …. Mes villes regorgeront encore de biens, et l’Éternel consolera encore Sion, et choisira encore Jérusalem » (v. 14-17).

Quelle est donc, cher lecteur, la précieuse leçon de cette première vision ? C’est que le Dieu qui nous éprouve, qui nous discipline pour notre bien, est celui qui seul peut nous restaurer ; de sorte que nous pouvons dire avec le prophète Osée : « Venez, retournons à l’Éternel, car lui a déchiré, et il nous guérira ; il a frappé, et il bandera nos plaies » (6:1). En Ésaïe on trouve la même vérité au chapitre 45:21-25 : « Et hors moi, il n’y a pas de Dieu ; — de Dieu juste et sauveur, il n’y en a point si ce n’est moi. Tournez-vous vers moi, et soyez sauvés, vous, tous les bouts de la terre ; car moi, je suis Dieu, et il n’y en a pas d’autre… tout genou se ploiera, [par moi] toute langue jurera. En l’Éternel seul, dira-t-on, j’ai justice et force… En l’Éternel sera justifiée et se glorifiera toute la semence d’Israël ».

 

11.3.2    Deuxième vision — chapitre 1:18-21.

 

Aussitôt que l’Éternel eut arrêté l’attention de son serviteur sur Lui-même, il lui fit voir une seconde vision : quatre cornes, représentant les puissances qui avaient dissipé Juda, Israël et Jérusalem ; puis quatre forgerons, venus pour abattre les quatre cornes des nations. Cela montre encore pourquoi l’homme qui se tenait entre les myrtes, était sur un cheval roux. Dieu avait été indigné contre les habitants de Juda à cause de leurs péchés, et il avait permis que le roi de Babylone les emmenât en captivité ; mais au lieu de se borner à exécuter les pensées de Dieu, le roi de Babylone avait traité le peuple avec beaucoup de dureté ; voila pourquoi au bout des soixante-dix ans, Dieu envoya Cyrus, roi de Perse, afin de détruire l’empire de Babylone. Le roi d’Assyrie avait agi de même vis-à-vis des dix tribus d’Israël ; et lui aussi trouva sa punition de la part de Dieu (voyez Ésaïe 10:6-7, 12, 16-17).

 

11.3.3    Troisième vision — chapitre 2

 

Dans les deux premières visions, Dieu fait voir comment il interviendrait pour la délivrance de son peuple : en punissant les nations qui l’avaient emmené captif. Dans la troisième vision, il montre ce qu’il serait Lui-même pour Jérusalem, la ville de son choix. Le prophète raconte sa vision en ces termes : « Voici un homme, et dans sa main un cordeau à mesurer. Et je dis : où vas-tu ? Et il me dit : [Je vais] pour mesurer Jérusalem, pour voir quelle est sa largeur et quelle est sa longueur. Et voici, l’ange qui parlait avec moi sortit, et un autre ange sortit à sa rencontre, et lui dit : Cours, parle à ce jeune homme, disant : Jérusalem sera habitée comme les villes ouvertes, à cause de la multitude des hommes et du bétail [qui seront] au milieu d’elle. Et moi, je lui serai, dit l’Éternel, une muraille de feu tout autour, et je serai [sa] gloire au milieu d’elle » (v. 1-5).

Le jeune homme, qui avait le cordeau à mesurer, voulait prendre les dimensions de Jérusalem. C’était une preuve que le moment était en effet venu de s’occuper de nouveau de Jérusalem ; car l’on ne se met pas à mesurer une propriété à laquelle on ne s’intéresse pas. Cependant Dieu montra qu’il voulait bénir Jérusalem d’une manière telle qu’il n’y aurait pas de possibilité de la mesurer, à cause de la multitude d’hommes et de bêtes qui s’y trouveraient. Elle serait donc habitée sans murailles ; et pour la garantir de toute attaque de l’ennemi, l’Éternel lui-même serait pour elle comme une muraille de feu tout autour ; lui aussi serait pour gloire au milieu d’elle (v. 5). Il voulait habiter au milieu de son peuple (v. 10-11), et accomplir ainsi sa promesse à Moïse (Ex. 29:45-46), et la prière de David (Ps. 132:8) ; « Car l’Éternel a choisi Sion ; il l’a désirée pour être son habitation : C’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée » (Ps. 132:13-14).

 

Ces trois visions nous présentent, en somme, les trois points saillants du salut de Dieu. D’abord la ressource, l’espérance pour la délivrance, ne se trouvent qu’en Dieu seul. Ensuite, c’est Lui qui trouve le moyen d’anéantir la puissance de l’adversaire. Enfin, c’est Lui qui est la force, la protection et la gloire de son peuple racheté. C’est Jésus qui nous a révélé Dieu et qui a accompli l’œuvre du salut. « Il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4:12).

Voici, chers lecteurs, trois passages tirés du Nouveau Testament qui vous rappelleront les trois dont nous venons de parler :

— Jésus a dit : « Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6).

— Il est écrit que par la mort Jésus rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est à le diable, et qu’il délivrera tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie assujettis à la servitude (Héb. 2:14-15).

— Les enfants de Dieu sont appelés « le temple du Dieu, selon ce que Dieu a dit : « J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple » ; c’est pourquoi ils sont exhortés à se séparer de tout ce qui est impur (2 Cor. 6:16-17 ; comparez Zach. 2:6-7, 10).

Il est précieux de voir que, selon les desseins de la grâce de Dieu, quand quelqu’un est converti il devient un moyen de bénédiction pour d’autres ; comme dit Jésus en Jean 7:38 : « Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre ». Il en est ainsi dans notre chapitre car il est écrit (v. 11) que plusieurs nations se joindront à l’Éternel en ce jour-là et deviendront son peuple ; la même chose est dite en Deutéronome 33:19 et au Psaumes 40:4. Notre chapitre conclu ainsi : « Que toute chair fasse silence devant l’Éternel, car il s’est réveillé de sa demeure sainte » (2:13). Quel bonheur pour nous de savoir que le pardon que Dieu accorde au pécheur est selon le principe de sa justice et selon la mesure de sa sainteté. Ceci sera démontré plus clairement encore dans la vision suivante.

 

11.3.4    Quatrième vision — chapitre 3.

 

Ici nous trouvons l’application des principes généraux qui nous ont occupés. Ces principes s’appliquent au cas particulier d’un pécheur qui a besoin d’être sauvé. Pour présenter la chose de la manière la plus saisissante, Dieu fait le choix de l’homme d’entre le peuple qui était, par sa position, le plus près de Lui, savoir de Joshua, le grand sacrificateur, et il le montre en vision au prophète Zacharie. Celui-ci vit Joshua debout devant l’ange de l’Éternel tandis que Satan se tenait debout à la droite de Joshua, pour le contrarier. On aurait lieu de s’étonner que Satan osât s’introduire ainsi dans la présence de Dieu, mais l’histoire de Job nous apprend qu’il n’y a là rien d’extraordinaire. Satan s’introduit, non pas pour jouir de la présence de Dieu car il hait Dieu, mais pour accuser ceux que Dieu aime. C’est ce qu’il fait ici : il accuse Joshua et, d’après ce que nous lisons au verset 3 de ce chapitre 3, il semble au premier abord que Satan avait raison car Joshua était vêtu de vêtements sales et il se tenait debout devant l’ange. Or vous savez que le grand sacrificateur aurait dû être vêtu de vêtements parfaitement purs et blancs, surtout quand il s’agissait de venir en la présence de Dieu. Satan ne manque pas de dire qu’il fallait mettre à mort Joshua puisqu’il était vêtu de vêtements sales. Mais l’Éternel n’écouta pas celui qui est menteur et meurtrier dès le commencement. Dieu lui dit : « Que l’Éternel te tance, Satan ; que l’Éternel, qui a choisi Jérusalem, te tance ! Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ? » (3:2). La première chose que Dieu fait est de tancer l’adversaire et de le chasser. Alors le pécheur se trouve seul dans la présence divine et fait appel à la grâce.

N’est-ce pas ainsi que le Seigneur Jésus a agi dans le cas de la pauvre femme adultère que les pharisiens avaient amenée devant Lui, croyant le forcer à prononcer sur elle la sentence de mort ? Ces pharisiens étaient comme Satan qui accusait Joshua. Mais le Seigneur fait appel à la conscience de telle sorte qu’ils sont obligés de se retirer les uns après les autres. Puis, lorsque la pauvre femme est laissée seule dans la présence de Jésus, il lui pardonne ses péchés.

De même ici : l’ange de l’Éternel ordonne à ceux qui étaient là d’ôter de dessus Joshua ces vêtements sales et de lui en donner de nouveaux. Ah ! Je pense quelquefois que si nous avions été là, nous n’aurions pas fait comme l’ange. Nous aurions plutôt conseillé à Joshua de rentrer dans sa demeure le plus vite possible afin de se rechanger, puis de se présenter devant Dieu convenablement vêtu. Mais Dieu dans sa grâce procède autrement. Il sait que par nous-mêmes nous ne pouvons rien faire, nous ne pouvons pas nous rendre dignes de sa sainte présence : tout ce que nous pouvons lui apporter, même nos justices, sont comme le linge le plus souillé (Ésaïe 64:6). Aussi Dieu seul peut porter remède à notre état misérable.

Nous sommes en outre trop inintelligents pour comprendre ce que Dieu fait pour nous dans sa grâce. Néanmoins Dieu se charge de tout ce qu’il y a à faire et nous l’explique ainsi qu’il le fit pour Joshua. Il lui dit : « Regarde, j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête » (v. 4). Le prophète ajoute alors, dans l’allégresse de son cœur : « Qu’ils mettent une tiare pure sur sa tête ; et ils mirent la tiare pure sur sa tête, et le revêtirent de vêtements ; et l’Ange de l’Éternel se tenait là » (v. 5).

Voilà donc Joshua purifié, revêtu et couronné, propre à exercer la sacrificature devant son Dieu. Il est alors installé dans son office, et l’Éternel lui dit que s’il persévérait dans l’obéissance il aurait la juridiction de sa maison.

Chers lecteurs, avez-vous été purifiés et revêtus comme Joshua ? Purifiés de vos péchés par le sang de Jésus, revêtus de Christ qui nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice sainteté et rédemption ? Sinon je crains que vous ne soyez jamais trouvés là où Joshua a été, c’est à dire dans la présence du Dieu Sauveur. Hélas ! Combien n’y en a-t-il pas qui, au lieu de s’arrêter et de demeurer en repos dans la présence de Dieu, préfèrent courir chacun dans le chemin qu’il s’est choisi lui-même, comme des brebis errantes qui n’ont pas de berger. Or, la fin de ces chemins-là c’est la mort. Jésus seul peut donner la vie. Il n’y a qu’une seule pierre de fondement qui ait été posée sur laquelle la maison de Dieu puisse être bâtie. Cette pierre c’est Jésus. L’ange de l’Éternel l’annonce à Joshua et lui dit que les sept yeux de l’Éternel regardaient toujours à cette pierre-là qui avait été mise devant Joshua. Et vous, y regardez-vous aussi ? La Parole nous apprend que ceux qui y regardent jouissent de la paix de Dieu. Leur iniquité est ôtée.

Mais il y a plus encore : Celui qui devait bâtir la maison de Dieu est celui dont le nom est « Germe » (voyez aussi 6:12). C’est cette racine sortant d’une terre altérée, laquelle a été méprisée par les hommes (Ésaïe 53:2). C’est aussi cet arbre planté près des ruisseaux d’eau qui rend son fruit en sa saison et duquel le feuillage ne se flétrit point ; et tout ce qu’il fera prospèrera (Ps. 1:3). C’est Jésus, le Fils de Dieu, celui qui bâtit toutes choses (Héb. 3:4). Voilà celui que l’Éternel présentait à Joshua en lui montrant qu’il était maintenant associé avec le Fils de Dieu. Et c’est Lui que Dieu nous présente aussi en tout temps afin que nous marchions d’une manière digne de Lui, car nous sommes appelés à sa communion (1 Cor. 1:9).

 

11.3.4.1             Cinquième vision — chapitre 4.

 

Elle fait suite à la troisième pour montrer quel est le genre de service que Dieu apprécie. L’ange est dans le cas de réveiller le prophète pour lui expliquer cette vision. Hélas ! Lorsqu’il s’agit de travailler pour Dieu, on s’endort trop facilement.

L’ange montre au prophète le chandelier d’or qui était dans le temple de Dieu et lui apprend de quelle manière sa lumière était entretenue. Il y avait au-dessus du chandelier un bassin qui communiquait par sept tuyaux avec les sept lampes du chandelier. Au-dessus du bassin se trouvaient deux oliviers, l’un à la droite, l’autre à la gauche, lesquels versaient par deux becs d’or leur huile d’or dans le bassin. Les oliviers étaient vivants, la lumière des lampes ne devait jamais s’éteindre. L’huile d’or représentait l’action du Saint Esprit qui seul pouvait alimenter les lampes ; selon l’explication que l’ange donne au prophète : « Ni par force, ni par puissance, mais par MON ESPRIT, dit l’Éternel des armées » (4:6).

Tout le service des enfants de Dieu sur la terre doit être comme une lumière, un témoignage pour Dieu qui resplendit devant les hommes, et le Saint Esprit seul peut fournir ce service, force et vigueur, par le moyen de la Parole. Jésus dit à ses disciples : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5:16).

Le service spécial qui avait été confié à Zorobabel, c’était de rebâtir la maison de Dieu à Jérusalem. Aussi, en donnant cette mission à son serviteur, Dieu lui fit comprendre que la force pour bâtir ne venait pas de l’homme quel qu’il fût, ni du nombre des ouvriers, mais du Saint Esprit. Les sept yeux de l’Éternel qui regardent la pierre de fondement se réjouiraient aussi en voyant la pierre de niveau [ou : plomb] entre les mains de Zorobabel. Il avait commencé la maison, et Dieu lui dit qu’il la finirait aussi.

Vous savez peut-être, chers lecteurs ce que c’est que « la pierre de niveau » [ou : plomb]. C’est un petit instrument dont les maçons se servent pour bâtir avec régularité ; avec elle on s’assure que chaque pierre soit bien exactement posée d’aplomb. Un bon maçon n’entreprend pas son travail sans la pierre de niveau.

 

Jusqu’ici l’ange de l’Éternel a occupé le prophète du salut de Dieu. Maintenant il va lui montrer l’autre côté de la vérité, ce qui concerne ceux qui n’obéissent pas à la parole de Dieu.

 

11.3.5    Sixième vision — chapitre 5:1-4

 

Voici un rouleau volant dont la longueur est de vingt coudées et la largeur de dix — les dimensions du portique du temple de Salomon (1 Rois 6:3). C’était une malédiction qui sortait sur le dessus de toute la terre pour punir tous ceux qui dérobaient, et ceux qui juraient faussement par le nom de l’Éternel.

 

11.3.6    Septième vision — chapitre 5:5-11

 

Par cette vision, l’ange de l’Éternel fait comprendre au prophète que la méchanceté du cœur de l’homme n’est pas empêchée ni arrêtée en rien, bien que le jugement de Dieu soit prêt à éclater. Cette méchanceté est cachée, mais on veut l’établir et lui bâtir une maison dans le pays de Shinhar, — là où des hommes d’autrefois essayèrent d’élever la grande tour de Babel afin de se rendre tout à fait indépendants de Dieu. Lorsque Dieu invite son peuple à lui bâtir une maison, les habitants de la terre ne songent qu’à la maison où sera établie la méchanceté, au pays de Shinhar. Quel contraste entre les deux maisons !

 

11.3.7    Huitième vision — chapitre 6:1-8

 

Cependant Dieu montre par les deux dernières visions qu’il tient la haute main sur tout. On y trouve de nouveau les chevaux qui tirent des chariots et sortent d’entre deux montagnes d’airain — figure de ce qui est éternellement arrêté selon les conseils de Dieu. L’ange dit que ce sont les quatre vents (ou esprits) des cieux qui sortent du lieu où ils se tenaient devant le Seigneur de toute la terre. Plus tard, il ajoute : « Vois ; ceux qui sont sortis vers le pays du nord ont apaisé mon esprit dans le pays du nord ». C’est de ce côté-là que les prophètes avaient annoncé que le mal devait venir (Jér. 1:13, 15 ; Joël 2:2, 3, 20 ; etc.).

Pour le moment, Dieu jugeait bon d’arrêter, de restreindre le progrès du mal afin de donner du repos de leurs ennemis à son peuple qui s’occupait de la reconstruction du Temple.

 

11.3.8    Neuvième vision — chapitre 6:9-15

 

Puis la parole de l’Éternel fut adressée au prophète lui disant de faire des couronnes d’or et d’argent et de couronner Joshua, grand sacrificateur, et ses quatre compagnons.

Joshua est ici un type du Seigneur Jésus qui est roi et sacrificateur en même temps, « il sera sacrificateur sur son trône » (comp. Ézéchiel 1:26) ; et ses compagnons sont les représentants de ceux qui sont associés avec Jésus dans son règne glorieux. Tous ceux qui croient en Lui maintenant sont faits par Lui rois et sacrificateurs à son Dieu (Apoc. 1:6). C’est Lui qui est appelé « le Germe », celui qui doit bâtir la maison de Dieu (Héb. 3:3).

 

Vous voyez, chers lecteurs, comme tout dans la Parole de Dieu se rapporte à Jésus. Puissiez-vous aussi être trouvés du nombre de ceux qui sont les compagnons de Jésus !

 

 

Bonne Nouvelle1875 p. 188-192, 212-218, 221-229

11.4                      Seconde partie du livre de Zacharie

La seconde partie du livre de Zacharie renferme trois prophéties principales :

— 1 : Ce qui se rapporte aux jeûnes (chap. 7-8) ;

— 2 : La charge contre le pays de Hadrac (chap. 9-11) ;

— 3 : La charge touchant Israël (chap. 12-14).

 

11.4.1    Les jours de jeûne — chapitres 7 et 8

 

Comme nous l’avons déjà observé, il n’y a qu’une date indiquée dans tous ces chapitres. Elle se trouve dans le premier verset du chapitre 7 : « la quatrième année du roi Darius, le quatrième [jour] du neuvième mois, [au mois] de Kislev ». Le temple de l’Éternel, à Jérusalem, était alors à moitié achevé car nous lisons en Esdras 6:15 qu’il fut fini dans la sixième année du roi.

C’était un temps de grande activité à Jérusalem, un moment où le cœur du peuple juif devait être préoccupé de bien des choses qui se rapportaient à la maison de Dieu. Les Juifs s’attendaient à ce que les diverses ordonnances de leur culte fussent rétablies ; mais Dieu prévoyait un grand danger qui les menaçait. Ce danger c’était d’attacher trop d’importance à la forme du culte, aux dépens de l’état véritable de leur cœur devant Dieu. C’est pourquoi Il leur adresse, par le moyen du prophète Zacharie, des paroles propres à sonder leur cœur et à atteindre leur conscience. Dieu voulait en effet bénir le peuple, mais pour cela Il exigeait que le peuple fût exercé à marcher dans ses voies.

Que Dieu vous rende attentifs à cela, chers lecteurs ! Nous savons beaucoup mieux régler nos circonstances que notre cœur. Nous faisons très volontiers attention à ce qui est extérieur, à ce que les hommes peuvent voir ; et nous oublions que Dieu tient compte de toutes les imaginations des pensées de notre cœur. La seule pensée que Dieu nous voit serait souvent suffisante pour nous arrêter lorsque nous sommes dans un mauvais chemin, car nous savons que Dieu connaît toutes choses. Ce serait aussi un fort grand encouragement lorsque nous avons la conscience d’être sur la bonne voie. Ce que Dieu estimait nécessaire pour son peuple est aussi nécessaire pour nous. Puissiez-vous, chers lecteurs, avoir sans cesse présente à votre esprit la pensée que Dieu nous voit.

La question que l’on adressa aux sacrificateurs et aux prophètes dans la maison de l’Éternel touchant le jeûne du cinquième mois, ne manquait pas d’importance. Le cinquième mois rappelait une triste époque pour les Juifs : c’était dans ce mois que le temple de Salomon avait été brûlé et qu’une grande partie du peuple avait été emmenée en captivité (2 Rois 25:8 ; Jérémie 1:3 ; 52:12-13). Quand donc le nouveau temple était en voie d’achèvement, le peuple désira savoir s’il devait continuer à pleurer au sujet de l’ancien temple ainsi qu’il l’avait fait pendant la captivité (Zach. 7:3).

L’Éternel fit quatre réponses successives à cette question.

— En premier lieu (7:4-7) il rappelle ce qu’il avait déjà dit par le moyen des prophètes précédents (Ésaïe 58:3-6 ; Jér. 14:12 ; Joël 2:13 ; etc.) ; il leur demande par le prophète Zacharie s’ils avaient vraiment jeûné pour Dieu ou bien seulement pour eux-mêmes.

— En second lieu (v. 8-14) l’Éternel rappelle à leur souvenir que leurs pères n’avaient pas écouté sa parole lorsqu’il leur avait dit qu’il ne voulait pas un jeûne formaliste, mais de la droiture de cœur et de l’intégrité dans leurs voies ; et que c’était à cause de leurs infidélités qu’il avait dû les disperser dans tous les pays.

— En troisième lieu (8:1-7) l’Éternel des armées parle de tout le bien qu’il voulait faire à son peuple afin d’encourager leur cœur à se confier en Lui et à marcher en intégrité devant sa face. Il les avait dispersés, mais son dessein était de les rassembler afin d’être leur Dieu en vérité et en justice. Par conséquent ils devaient parler et agir en vérité, chacun avec son prochain.

— En dernier lieu (v. 18-23) l’Éternel des armées prédit le bonheur qu’il préparait pour son peuple : tous leurs jours de jeûne et de deuil seraient changés en jours de fête, et par le moyen du peuple d’Israël plusieurs nations rechercheraient l’Éternel.

Il y a quatre époques de jeûne signalées au verset 19, dont trois se rapportent évidemment aux tristes évènements de l’invasion babylonienne, sous la conduite du roi Nébucadnetsar. Dans le dixième mois de la neuvième année du roi Sédécias, Nébucadnetsar s’approcha de la ville pour l’assiéger (Jér. 52:4 ; Ézéch. 24:1-2) ; deux ans plus tard, au quatrième mois, la brèche fut pratiquée dans la muraille et les Chaldéens entrèrent ; puis au cinquième mois, le temple fut brûlé et toutes les murailles de la ville démolies. Le jeûne du septième mois est probablement celui du grand jour des expiations ordonné selon la loi de Moïse (Lév. 16).

Vous vous rappelez, sans doute, un passage du Nouveau Testament qui parle de la discipline et qui montre que, lorsqu’on aime Dieu, les épreuves que nous sommes appelés à traverser, même les plus grandes, travaillent ensemble pour notre bien. C’est dans l’épître aux Hébreux, ch. 12:5-11 : « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui ; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée…Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être [un sujet] de joie, mais de tristesse ; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle ». Que Dieu vous accorde d’écouter la voix de Dieu afin que vos pleurs produisent la repentance dont on n’a pas de regret, et que vous éprouviez pour vous-mêmes quelle est la miséricorde du Seigneur ; car « il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur ; le soir, les pleurs viennent loger [avec nous], et le matin il y a un chant de joie » (Ps 30:5).

 

11.4.2    La charge contre le pays de Hadrac — chap. 9 à 11.

 

Les chapitres 9 à 11 de Zacharie portent en tête « L’oracle de la parole de l’Éternel [qui vient] dans le pays de Hadrac ». Nous y trouvons de très remarquables prophéties se rapportant à notre Seigneur Jésus Christ. Dans le premier verset du chapitre 9, il est dit que l’Éternel a l’œil sur les hommes et sur toutes les tribus d’Israël de sorte que la prophétie embrasse les nations aussi bien que les Juifs ; non seulement les Juifs de retour à Jérusalem après la captivité babylonienne, parmi lesquels il n’y avait que les deux tribus de Juda et de Benjamin, mais aussi les dix autres tribus d’Israël qui avaient été emmenées captives par le roi d’Assyrie longtemps avant la destruction de Jérusalem. L’Esprit de Dieu a en vue le temps dont Dieu avait parlé à Abraham en lui disant : « Et toutes les nations de la terre se béniront en ta semence, parce que tu as écouté ma voix » (Genèse 22:18). Pour que cette bénédiction ait lieu, il faut d’abord que l’orgueil des hommes soit humilié ; et Dieu, qui voit tout et qui connaît cet orgueil, nous fait voir qu’Il veut disperser les orgueilleux dans la pensée de leur cœur, faire descendre les puissants de leurs trônes, et élever les petits (Luc 1:51-52).

Tyr et Sidon sont l’expression de la gloire, de la sagesse, de la puissance et de la richesse de l’homme. Les prophètes en font souvent mention. Les Philistins, qui étaient les ennemis acharnés du peuple d’Israël, étaient étroitement unis avec les habitants de Tyr comme cela se voit en Jérémie 47:4, Psaume 87:4, etc. Or Dieu voulait tirer vengeance de cette inimitié perpétuelle des hommes contre son peuple, et consumer toute cette gloire, ainsi que le montre le chapitre 9 de notre livre de Zacharie verset 2 à 8. Ésaïe parle dans le même sens lorsqu’il dit : « Qui a pris ce conseil à l’égard de Tyr, distributrice de couronnes, dont les négociants étaient des princes, dont les marchands étaient les nobles de la terre ? L’Éternel des armées a pris ce conseil, pour profaner l’orgueil de toute gloire, pour réduire à néant tous les nobles de la terre » (23:8-9). Ézéchiel parle très longuement de ces jugements, d’abord sur les Philistins (25:15-17), et ensuite sur Tyr (ch. 26-27).

En contraste avec toute la gloire de l’homme que Dieu anéantit, le prophète nous présente ensuite le ROI que Dieu a sacré sur Sion la montagne de sa sainteté (Ps. 2:6). Il a deux caractères : — il est juste, c’est pourquoi il peut être un Sauveur ; — il est humble, il ne cherche pas sa propre gloire. Quel contraste avec les voies et les pensées des hommes ! Sur la terre Dieu ne voit point de justice ; mais chacun cherche ses propres intérêts, chacun veut s’élever aussi haut que possible. Vous vous rappelez sans doute que ce passage : « Réjouis-toi avec transports, fille de Sion ; pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d’une ânesse » (Zach. 9:9), est cité dans les évangiles (Matth. 21:5 ; Jean 12:15). Souvenez-vous de celui qui était JUSTE et HUMBLE. Lisez aussi ce qui est dit de Lui dans 1 Pierre 3:18 et Phil. 2:5-9. Que Dieu vous accorde de ressembler à Jésus !

Après avoir parlé de la personne du Roi, la prophétie présente son œuvre. Au verset 10 il est dit : « il annoncera la paix aux nations » (comp. Ésaïe 57:19 et Éph. 2:17). Jésus seul peut donner la paix. Il a fait la paix par son précieux sang qu’il a versé pour nous. C’est le sang de l’alliance éternelle en vertu duquel Dieu peut tirer ses prisonniers hors de la fosse (voyez Ps. 40:1-4). N’aimeriez-vous pas être, vous aussi, les prisonniers de Jésus Christ ? L’apôtre Paul aimait s’appeler « le prisonnier » et « l’esclave de Jésus Christ ». C’était en effet un prisonnier qui avait « espérance » ; il ne craignait pas de souffrir toute sorte d’ignominie pour le nom de Jésus car il savait qui il croyait (2 Tim. 1:12). Le caractère de justice et d’humilité du Roi de Sion s’est imprimé sur son fidèle serviteur Paul. Il avait pris sur lui le joug du Seigneur (Matth. 11:29), et il avait trouvé le repos de son âme.

La fin du chapitre montre comment Dieu délivrera son peuple dans les derniers jours alors que Jésus reviendra en gloire et sera Lui-même le protecteur de son peuple.

Le chapitre suivant poursuit le sujet en annonçant que Dieu rassemblera, dans les derniers jours, le peuple d’Israël de tous les pays où Il les a dispersés, en sorte qu’il n’y aura point d’endroit dans le pays de Canaan qui ne soit habité. L’Éternel sera leur Dieu et ils s’égaieront en Lui.

Je désire arrêter votre attention, chers lecteurs, sur la manière dont Dieu, dans ce chapitre 10, introduit la promesse de toute cette bénédiction : car cela dévoile un grand principe dans les voies de Dieu envers nous. Le premier verset dit : « DEMANDEZ à l’Éternel de la pluie, au temps de la pluie de la dernière saison. L’Éternel fera des éclairs, et il leur donnera des ondées de pluie : à chacun de l’herbe dans son champ ».

« La pluie de la dernière saison » indique la bénédiction que Dieu a en réserve pour son peuple d’Israël dans les derniers jours. Lorsque ce moment sera là, Dieu attendra que son peuple Lui demande la bénédiction : puis Il la leur accordera en réponse à leurs prières. Dieu veut que nous lui exposions nos requêtes, que nous lui fassions des prières pour toutes les choses qui sont selon sa volonté. C’est de cette manière que Dieu entretient la communion avec nous. Par le moyen de sa Parole, nous pourrons nous assurer de ce qui est selon sa volonté. Notre bonheur sera alors de formuler nos requêtes en conséquence. Rien n’est plus agréable à Dieu. Aussi l’a t-il toujours demandé à son peuple. Comparez avec És. 62:6-7 ; Jér. 29:10-13 ; 33:2-3, Ézéchiel 36:36-37. Puis, voyez dans És. 65:24 comment Il aime à répondre : « Et il arrivera que, avant qu’ils crient, je répondrai, [et] pendant qu’ils parlent, j’exaucerai ».

Le chapitre 11 de notre livre de Zacharie reprend le sujet qui n’est que mentionné au commencement du chapitre 10 (v. 3), celui du troupeau de l’Éternel des armées ; ce troupeau que les faux prophètes, comme de méchants pasteurs, avaient induit en erreur et, par ce moyen, livré à la destruction. Jérémie avait dit : « Les prophètes prophétisent avec mensonge, et les sacrificateurs dominent par leur moyen ; et mon peuple l’aime ainsi » (5:31). Puis Zacharie dit que toute la gloire du peuple (figurée par les cèdres du Liban et les chênes de Basan) a été ravagée parce que les possesseurs du troupeau de l’Éternel exposaient les brebis à la tuerie et s’enrichissaient à leurs dépens.

Le Seigneur Jésus vient alors comme le bon Berger pour paître les brebis exposées à la tuerie. Lorsqu’il arrive, il entre par la porte dans la bergerie ; mais il trouve le peuple bien éloigné de Dieu, et il commence à faire une séparation : mettant à part les plus pauvres du troupeau pour Lui, il livre les autres à la destruction, leur disant : « Et je dis : Je ne vous paîtrai pas : que ce qui meurt, meure ; et que ce qui périt, périsse ; et quant à ce qui reste, qu’ils se dévorent l’un l’autre » (Zach. 11:9). Il rompt alors son bâton appelé Beauté, il se livre à la mort pour ses brebis, et les pauvres du troupeau qui prennent garde à Lui connaissent que c’est la parole de l’Éternel. Aux autres, il dit : « Si cela est bon à vos yeux, donnez-[moi] mon salaire » (11:12). Et ils pesèrent son salaire qui fut trente pièces d’argent.

Vous savez que cela a été accompli à la lettre. C’était la somme que les conducteurs des Juifs ont cru devoir donner à Judas pour qu’il leur livrât Jésus afin de le mettre à mort ; et l’Esprit ajoute avec une amère ironie : « [ce] prix magnifique auquel j’ai été estimé par eux » (11:13).

Puis le berger brisa l’autre bâton appelé Liens pour rompre la fraternité entre Juda et Israël car, Juda étant seul coupable d’avoir crucifié Jésus, il n’était pas juste que les tribus dispersées d’Israël participent avec Juda à la punition que celui-ci aura à subir de la part de Dieu. Juda seul passera par la grande tribulation puis, après que Juda aura été ainsi puni, les dix tribus d’Israël seront ramenées.

Il faut cependant que le mal arrive à son comble avant que le jugement éclate. Et le peuple qui, dans son aveuglement, a refusé le bon Berger, sera assujetti à un méchant berger, lequel ne se souciera nullement des brebis qui périssent. Il ne cherchera pas celles qui s’égarent, il ne guérira pas celles qui sont malades, et ne nourrira pas celles qui sont saines, mais il mangera la chair des plus grasses. Ce méchant berger, ce pasteur inutile, c’est l’Antichrist. Aussi Jésus dit aussi aux Juifs : « Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez » (Jean 5:43).

Et combien de gens suivent encore l’exemple de ces pauvres Juifs qui ont repoussé le grand pasteur des brebis ! Ne sera-t-il pas juste que Dieu leur donne, pour châtiment, un pasteur inutile qui abandonne le troupeau ?

Venez à Jésus, chers lecteurs, pendant que Dieu vous en offre l’occasion. Il est le bon

Berger qui donne sa vie pour ses brebis.

 

11.4.3    La charge touchant Israël — chap. 12 à 14

 

Cette dernière prophétie du livre de Zacharie nous fait voir les évènements qui précèderont l’établissement du royaume glorieux de l’Éternel au milieu de son peuple d’Israël dans les derniers jours. Le premier verset montre la puissance qui fera cela : c’est « l’Éternel, qui a étendu les cieux, et qui a fondé la terre, et qui a formé l’esprit de l’homme au dedans de lui » (12:1). C’est le Dieu créateur de toutes choses qui veut agir selon sa toute puissance. Il se fait connaître à la fin tel qu’il s’est fait connaître au commencement, comme le Tout-puissant. C’est ainsi qu’il s’est révélé à Abraham lorsqu’il lui fit la promesse de bénir en lui toutes les nations de la terre (Gen. 17:1-2).

Ésaïe parle dans des termes semblables de cette époque glorieuse au chapitre 66 versets 22-23 : « Car, comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je fais, subsisteront devant moi, dit l’Éternel, ainsi subsisteront votre semence et votre nom. Et il arrivera que, de nouvelle lune à nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra pour se prosterner devant moi, dit l’Éternel ».

Zacharie fut suscité comme prophète environ deux cents ans après Ésaïe, et Dieu lui révéla plus en détail qu’à celui-ci les évènements qui introduiront le règne du Seigneur. Après avoir parlé dans la première partie du chapitre 12, en termes généraux, de la délivrance que l’Éternel accordera à Juda en faisant que Jérusalem sera une coupe d’étourdissement à toutes les nations qui combattront contre elle (v. 1-9), le prophète annonce comment Dieu répandra sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’esprit de grâce et de supplications. Car, avant tout, il faut qu’ils soient en règle avec leur Dieu contre lequel ils ont si gravement péché ; il faut qu’ils reconnaissent leur crime des crimes, celui d’avoir crucifié le Seigneur Jésus. Il est dit au verset 10 : « Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un [fils] unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né ». Cette prophétie est citée par l’apôtre Jean dans son évangile, chapitre 19:37, de sorte que nous savons que cela se rapporte à la mort du Seigneur Jésus sur la croix. Au jour dont parle le prophète, chacun mènera deuil pour Lui comme on mène deuil pour un fils unique. Ce ne sera pas seulement un deuil général, mais aussi un deuil individuel, chaque famille à part, et ses femmes à part.

Il est précieux pour nous de voir comment l’Esprit de Dieu a réuni dans le verset 10 ces deux grands noms de Jésus en tant que « Fils » : le « fils unique » et le « premier-né ». Vous ferez bien de chercher tous les passages qui en parlent et vous verrez combien sont grandes les bénédictions qui s’y rattachent. C’est le Fils unique qui nous révèle le Père. Puis, ayant accompli l’œuvre de la rédemption, Jésus prend la place de « premier-né entre plusieurs frères », nous associant à Lui-même dans sa gloire céleste.

Voici une liste de ces passages : « Fils unique » : Jean 1:14, 18 ; 3:16, 18 ; 1 Jean 4:9. « Premier-né » Matth. 1:25 ; Luc 2:7 ; Rom. 8:29 ; Col. 1:15, 18 ; Héb. 1:6 ; 12:23 ; Apoc. 1:5.

Le chapitre 13 parle d’une « source sera ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l’impureté » (13:1). C’est la réponse au deuil qu’ils ont mené dans le chapitre précédent. Dieu veut ôter leur iniquité. Alors ceux qui ont été les instruments pour répandre le précieux sang de Jésus comprendront que ce sang-là purifie de toute iniquité, et qu’en vertu de ce sang (voyez 9:11) Dieu peut répandre sur eux des eaux nettes afin qu’ils soient nettoyés de toutes leurs souillures (Comparez avec Ézéchiel 36:25-28). En ce temps-là, l’Éternel des armées retranchera du pays tous les noms des faux dieux et tous les faux prophètes et l’esprit d’impureté. On ne tolèrera plus que personne prophétise en son propre nom ; et tout faux prophète qui se permettra de le faire sera impitoyablement mis à mort par ses propres parents.

Ceci fournit au Saint Esprit l’occasion de parler de Celui qui a été traité comme un faux prophète lorsqu’il vint sur la terre parler selon la vérité, Lui qui était la VÉRITÉ même. Il est venu vers les siens pour leur annoncer la vérité mais les siens ne l’ont pas reçu, ils n’ont pas voulu croire en Lui, ils l’ont cloué à la croix. Il a été blessé dans la maison de ses amis. Lorsque Jésus fut ressuscité d’entre les morts, il montra à ses disciples les blessures de ses mains et de son côté (Jean 20:20), puis il leur apprit que ce n’était pas seulement les clous et la lance qui l’avaient meurtri, mais que l’épée de l’Éternel des armées s’était réveillée sur l’Homme qui est son compagnon. Or le disciple Jean qui fut témoin de ces choses a rendu témoignage du sang et de l’eau qui sortirent du côté percé de Jésus, du sang qui purifie de tout péché et de l’eau qui nettoie de toute souillure (Jean 19:34-35 ; 1 Jean 5:6-8).

Le pasteur des brebis ayant été frappé, son troupeau, c’est à dire le peuple d’Israël, a dû être dispersé ; les « petits » devinrent alors les objets de ses soins constants, et ils le seront jusqu’à ce que la maison d’Israël soit rassemblée après que le jugement qui doit détruire les ennemis du peuple ait eu lieu. Comparez avec Ésaïe 8:17-18 : « Et je m’attendrai à l’Éternel qui cache sa face de la maison de Jacob, et je l’attendrai. Voici, moi et les enfants que l’Éternel m’a donnés, nous sommes pour signes et pour prodiges en Israël de la part de l’Éternel des armées qui demeure en la montagne de Sion ».

Quand Israël aura été rassemblé, chacun d’eux invoquera le nom de l’Éternel et Il les exaucera. Ces relations de Dieu avec son peuple seront renouées après que les deux tiers de la tribu de Juda, plus particulièrement coupable du rejet et de la mort de son Roi et Sauveur, auront été retranchés dans toute la terre et que la troisième partie demeurée de reste aura passée par le feu, ainsi qu’au creuset, pour être affinée comme on affine l’argent et être éprouvée comme on éprouve l’or. Alors l’Éternel abolira le nom de Lo-Ammi (pas mon peuple) ; Il dira : « C’est mon peuple », et il diront : « L’Éternel est mon Dieu » (v. 9). Ce sera le résultat définitif des voies du Seigneur avec son peuple, et ici principalement avec Juda, à l’égard duquel il avait été dit : Lo-Ammi, et dont Dieu reconnaît le résidu comme son peuple.

Le dernier chapitre de Zacharie parle des évènements de la fin, lesquels introduiront cette glorieuse venue du Seigneur pour établir son règne en justice sur toute la terre. L’ordre de ces évènements est indiqué ici avec une grande clarté.

Si vous examinez, chers lecteurs, une carte de la ville de Jérusalem, vous verrez qu’elle est située sur une colline entourée de vallées et que du côté de l’Orient il y a une chaîne de montagnes vis-à-vis de la ville. Cette chaîne s’appelle la montagne des Oliviers.

Or, dans les derniers jours de la grande tribulation qui tombera sur les Juifs, toutes les nations seront assemblées en bataille contre Jérusalem. La ville sera prise est la moitié du peuple s’en ira en captivité. Mais le résidu sera épargné et délivré car dans se moment même le Seigneur viendra et se tiendra sur la montagne des Oliviers, précisément le lieu d’où il est monté au ciel quand il quitta ce monde qui l’avait rejeté. Alors la montagne se fendra par le milieu de sorte qu’il y aura une grande vallée transversale de l’Orient à l’Occident. Et le peuple s’échappera de la ville par cette vallée-là pour être mis à l’abri par le Seigneur lui-même qui se tiendra entre son peuple et les nations qui seront à sa poursuite. L’Éternel combattra contre ces nations, absolument comme il a combattu contre Pharaon et son armée dans la mer Rouge, lorsqu’il partagea celle-ci afin que son peuple d’Israël se sauvât de la domination des Égyptiens. L’Éternel détruira ces nations et Il sera roi sur toute la terre. En ce jour-là, la lumière précieuse ne sera pas mêlée de ténèbres, et des eaux vives sortiront de Jérusalem, la moitié desquelles coulera vers la mer orientale (la mer Morte), et l’autre moitié vers la mer d’occident (la mer Méditerranée). Toute la ville sera habitée en sa place et l’on y demeurera en sûreté car il n’y aura plus d’interdit.

« Et il arrivera que tous ceux qui resteront de toutes les nations qui seront venues contre Jérusalem, monteront d’année en année pour se prosterner devant le roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles » (14:16). Quand à ceux qui négligeront de monter à Jérusalem, Dieu n’enverra point de pluie sur eux. Et si la famille d’Égypte n’y monte pas, ils seront frappés de la plaie dont l’Éternel aura frappé les nations qui combattaient contre Jérusalem. Cette terrible plaie est décrite au verset douze, et la menace en est faite aux Égyptiens au lieu de l’absence de pluie parce qu’il ne pleut presque jamais dans leur pays où les terre sont fertilisées par irrigation (le Nil débordant chaque année avant qu’il y ait les barrages) et sont en outre arrosées au moyen de canaux alimentés par le fleuve.

En ce temps-là, chacun marchera dans les voies de Dieu ; chacun pensera à honorer le Seigneur ; et que l’on mange ou que l’on boive, on fera tout à Sa gloire ; les hommes ne chercheront plus leur propre satisfaction. Même les chaudières en Jérusalem et en Juda seront sainteté à l’Éternel, comme les bassins devant l’autel dans lesquels on mettait le sang des bêtes tuées. Tout ce que l’on mangera sera d’abord présenté en sacrifice à l’Éternel. Aucun Cananéen, c’est à dire aucune personne qui n’invoque point le nom du Dieu d’Israël, ne sera trouvé dans la maison de l’Éternel. Mais « la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent [le fond de] la mer » (És. 11:9).

Chers lecteurs, avant de terminer cette étude du livre de Zacharie nous voulons encore attirer votre attention sur la fin du verset 5 de ce chapitre 14. « Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, [et] tous les saints avec toi ». Cette glorieuse promesse concerne tous ceux qui on reçu Jésus comme leur Sauveur et par conséquent tous ceux d’entre vous qui lui appartiennent. L’Éternel viendra dans la personne du Christ, de celui qui fut jadis humble et débonnaire ici-bas et qui reviendra du ciel dans toute sa gloire ainsi qu’il l’a prédit Lui-même et que l’ont aussi annoncé les prophètes depuis Énoch. Les saints célestes l’accompagneront dans sa manifestation publique aux yeux d’un monde étonné. Gloire merveilleuse pour les siens avec lesquels Il se manifestera devant tous les méchants. Ce sera alors la venue publique du Seigneur sur la terre, sa venue comme juste Juge faisant la guerre à tout ce qui est en révolte contre Lui.

Voyez ce qui est dit en Apocalypse 5 verset 10 à l’appui de ces vérités relatives à la part qu’auront dans ces événements de la fin, les croyants, les saints de Dieu : « Et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre » ; et au chapitre 20 verset 6 : « Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection … ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans » ; puis en Jude 14-15 : « Or Énoch aussi, le septième depuis Adam, a prophétisé … en disant : Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades, pour exécuter le jugement contre tous ». Lisez encore en 2 Thessaloniciens 1 versets 7 à 10, où il est dit que Dieu vous donnera « à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre seigneur Jésus Christ ; lesquels subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force, quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru, car notre témoignage envers vous a été cru ».

Y en a t-il parmi vous qui ne sont pas sauvés au moment où ils lisent ces lignes ? Oh ! Ne tardez pas davantage d’aller à Jésus qui vous mettra pour toujours à l’abri de la colère qui vient. Hâtez-vous car une subite destruction va fondre sur les méchants ! Cherchez le royaume de Dieu et sa justice, cherchez-les aujourd’hui même tandis que le jour de sa grâce dure encore, afin que vous soyez, vous aussi, du nombre de ceux qui accompagneront Jésus quand il sera manifesté en gloire environné du cortège de ses saints qui règneront avec Lui dans la même gloire.

 

12                  Le prophète Malachie

 

Bonne Nouvelle 1876 p. 4-8, 21-26, 41-47, 62-69, 81-87

 

Malachie, le dernier des douze petits prophètes, clôt également la série des prophètes que Dieu suscita pour rendre témoignage de sa souveraine grâce à son peuple, les Juifs rebelles, et chercher par tous les moyens, invitations pressantes et pleines de miséricorde, menaces sévères de châtiment, à les ramener à la confiance en Lui, afin que ses relations avec eux pussent être maintenues.

 

12.1                      Israël et ses relations avec Dieu et son Messie

La plupart de nos lecteurs savent comment ce peuple a constamment repoussé les bienveillants messages de Celui qui voulait les bénir ; comment, après avoir rejeté les prophètes, ils ont rejeté le propre Fils de Dieu, le Messie, en le mettant à mort ; comment Dieu, à son tour, a dû les rejeter pour un temps, et se choisir d’entre toutes les nations un peuple pour son nom. Vous n’ignorez pas que le peuple actuel de Dieu, c’est l’Église, corps de Christ, laquelle est composée de tous ceux qui croient au Seigneur Jésus. Une fois que l’Église sera entrée dans sa plénitude, c’est à dire aura été complétée par la manifestation du dernier des élus qui doivent en faire partie, elle sera introduite dans le ciel, dans la place qui lui appartient déjà par la foi, auprès de son Chef, Jésus Christ, alors qu’Il rassemblera tous ceux qui lui appartiennent, lesquels seront, à sa voix puissante, ressuscités d’entre les morts ou pris vivants sur la terre, pour être transformés à la ressemblance glorieuse du Seigneur et ravis tous ensemble à sa rencontre dans les nuées en l’air pour être toujours avec Lui (1 Thess. 4:13-18). Alors Dieu reprendra ses relations avec son ancien peuple d’Israël à cause des promesses faites aux pères et parce que « les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:29). Ceux d’entre vous qui ont un peu étudié la Parole et qui ont pu suivre les Études bibliques que le Seigneur, dans sa bonté, nous a donné d’écrire pour vous sur la prophétie, ont vu comment ces relations divines avec Israël, actuellement dispersé par tout l’univers, seront reprises au moyen de l’intervention en jugement et en gloire du Christ lui-même, revenant dans ce monde qui L’a crucifié, environné du cortège de ses saints (Zach. 14:5), pour exercer la vengeance contre les ennemis de Dieu et contre les oppresseurs du résidu des Juifs, et pour rétablir ceux-ci dans leur terre et dans leur ville durant le règne millénial de leur Messie qu’ils reconnaîtront comme leur Roi dans ces jours-là.

 

12.2                      Généralités sur la prophétie de Malachie

On ne sait rien de la personne de Malachie, ni de sa famille ni de son activité. Il n’est connu que par le livre qui porte son nom, et son écrit est le dernier de l’Ancien Testament qui ait été inspiré de Dieu, 420 ans environ avant la naissance de Jésus.

Malachie, dont le nom veut dire « mon ange » ou « mon messager », a prophétisé après la captivité de Babylone de même qu’Aggée et Zacharie. Comme eux aussi, il annonce le témoignage et le jugement des derniers jours, témoignage et jugement par lesquels le résidu juif sera séparé des méchants qui l’entourent. Le style de notre prophète est à la fois simple et solennel, concis et acéré ; les consciences coupables sont blessées au vif des expressions mordantes qu’il emploie. Son livre ne forme qu’un seul discours ; ce discours est surtout une suite de reproches et de menaces ; même les temps heureux du Messie n’y apparaissent que précédés de rudes épreuves et de terribles châtiments.

On peut diviser cette prophétie en deux parties : — la première comprenant les chapitres 1, 2 et 3 jusqu’au verset 6 ; — la seconde comprenant le reste du chapitre 3 et le quatrième. Chacune de ces parties se termine par une prophétie messianique, c’est à dire une prophétie en rapport avec la manifestation du Seigneur comme Messie. La seconde reproduit, précise et développe les pensées principales de la première, et présente en particulier la venue publique du Seigneur avec quelques-uns des traits qui caractériseront son retour glorieux.

En lisant ces dernières menaces, cette dernière charge de l’Éternel contre Israël (1:1), on pressent qu’ils vont rejeter le Messie venant chez les siens se présenter à eux une première fois ; on voit qu’ils se tournent déjà vers le pharisaïsme, et qu’ils sont les esclaves de ce formalisme et de cette propre justice qui exercent tant de pouvoir sur les hommes vivant loin de Dieu. Hélas ! Ils sont contents d’eux-mêmes et mécontents de Dieu ; Ils trouvent qu’Il leur fait tort quand Il ne vient pas immédiatement à leur secours ; ils s’irritent contre les châtiments que Dieu leur envoie, et ne se gênent point de l’accuser d’injustice et de blasphémer contre Lui.

Le livre de Malachie est tout rempli de questions et de réponses : le prophète énonce une vérité sous forme de reproche ; les Juifs, si fiers de leur justice légale, répondent par l’étonnement et la négation, en maintenant leur innocence ; lui, reprend la parole pour les convaincre de péché et leur dénoncer les jugements de Dieu ; mais ils sont tellement dominés par l’influence pernicieuse et corruptrice qu’exercent sur eux leurs prêtres infidèles qu’ils sont rendus complètement insensibles à ce que l’Éternel était pour eux et à leur iniquité à l’égard de l’Éternel. Leur manque de considération pour Dieu, leur mépris pour Lui, leur insensibilité étaient arrivés à un tel point que lorsque les actes de mépris étaient présentés à leur conscience, ils n’y voyaient point de mal.

Nous examinerons, Dieu aidant, avec plus de détails, dans notre étude, les deux parties du livre dont nous avons donné aujourd’hui une esquisse générale. Avant d’entrer dans les détails d’une portion quelconque de la Bible, il importe de bien en saisir la portée générale. Une idée claire de l’ensemble fera toujours mieux comprendre le but particulier des détails qui se présenteront dans le sujet étudié. Mais, avant tout, le but de l’Écriture est de vous enseigner, de vous convaincre, de vous corriger, de vous instruire dans la justice, si vous avez déjà le bonheur d’appartenir au Seigneur. Quand la Parole produit ces effets dans l’âme et dans la conscience, il en résulte que l’homme de Dieu est accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre. — Et pour vous, chers lecteurs, qui n’auriez pas encore au dedans de vous-mêmes le témoignage de l’Esprit Saint que vous êtes enfants de Dieu, puissent les saintes lettres vous rendre sages à salut dans la foi qui est dans le Christ Jésus (2 Tim. 3:15-17).

 

12.3                      Première partie — chapitres 1 à 3:6

 

On peut subdiviser la première partie en quatre paragraphes dont voici les sujets :

1- Le prophète reproche son ingratitude au peuple de l’alliance (1:2-5).

2- Il reproche aux sacrificateurs le culte indigne qu’ils rendent à Dieu (1:6-14 ; 2:1-9).

3- Il reproche à Juda ses désordres domestiques (2:10-16).

4- Il reproche à Lévi et à Juda leurs blasphèmes et leur annonce la venue du Seigneur comme Messie qui les fera passer au creuset de l’épreuve et n’épargnera qu’un petit nombre d’entre eux (2:17 à 3:1-6).

 

12.3.1    L’ingratitude d’Israël — chapitre 1:2-5

 

« Je vous ai aimés, dit l’Éternel ; et vous dites : En quoi nous as-tu aimés ? Ésaü n’était-il pas frère de Jacob ? dit l’Éternel ; et j’ai aimé Jacob ; et j’ai haï Ésaü » (Mal. 1:2-3).

Certes, la préférence que l’Éternel accorde à Jacob et à sa postérité était toute gratuite ; et c’était sur cette grâce, non sur les mérites du peuple, que reposait cette alliance. Ils auraient dû être reconnaissants des moindres bénédictions qui leur étaient accordées en vertu de cette faveur. Or le Seigneur était toujours le même, il était pour eux ce qu’il avait été pour leurs pères ; et comme preuve de cela, parmi beaucoup d’autres preuves qu’il leur donnait continuellement de sa bonté, de sa patience de sa sollicitude, de sa fidélité à leur égard, ils n’auraient eu qu’à comparer la Judée à l’Idumée (le pays d’Édom, c’est à dire des descendants d’Ésaü). Celle-ci avait été dévastée, « ses montagnes » avaient été mises en « désolation, et son héritage livré aux chacals du désert » (1:3). L’Éternel avait dit de ses habitants : « Ils bâtiront, mais moi, je renverserai, et on les appellera contrée de méchanceté, et le peuple contre lequel l’Éternel est indigné à toujours » (1:4). Édom ne s’est donc jamais relevé de sa ruine tandis que les enfants de Juda avaient été ramenés dans leur terre, leur ville avait été rebâtie, leur temple relevé de ses ruines, leur culte rétabli : c’est ce que les yeux d’Israël auraient dû voir, c’est ce que leurs cœurs auraient dû comprendre, afin de remercier Dieu par des louanges et par une marche dignes de Lui. Mais, hélas, leurs yeux ne tardèrent pas à être aveuglés ; leurs cœurs remplis d’orgueil les poussèrent bientôt à cette indépendance si naturelle aux hommes qui méconnaissent la bonté de Dieu ; puis la désobéissance, qui n’est que la conséquence de l’indépendance, vint caractériser tous leurs actes, même ceux par lesquels ils prétendaient rendre culte à l’Éternel.

 

12.3.2    L’impiété des sacrificateurs — chapitres 1:6 à 2:9

« Un fils honore son père, et un serviteur, son maître. Si donc je suis père, où est mon honneur ? Et si je suis maître, où est la crainte qui m’est due ? dit l’Éternel des armées, à vous, sacrificateurs, qui méprisez mon nom. Et vous dites : En quoi avons-nous méprisé ton nom ? » (1:6).

Le peuple tout entier était dans un tel état d’abaissement moral et social que les Lévites eux-mêmes n’ont pas davantage des yeux pour voir l’état des choses dans leur vrai jour, et constater que c’est à cause des tromperies dont ils usaient en offrant les sacrifices, que la malédiction de l’Éternel repose sur eux. Ils avaient la charge de la sacrificature, servant ainsi d’intermédiaire entre le peuple et Dieu ; leur responsabilité était immense, par conséquent, et ils auraient dû, s’ils l’eussent comprise, montrer combien l’Éternel est digne d’être révéré et craint ; la vérité et l’intégrité auraient dû être dans leurs cœurs et sur leurs lèvres ; ils auraient dû, comme messagers de l’Éternel des armées, garder la science et la loi, afin de conduire le peuple dans la voie de la paix et de la droiture, et de ramener quiconque se tournerait vers l’iniquité. Mais, hélas ! il n’en était rien. L’impiété qui caractérisait le peuple était affichée par ses conducteurs. Ils s’étaient retirés du chemin de la droiture, ils faisaient broncher le peuple qui leur était confié ; ils avaient corrompu l’alliance que l’Éternel avait faite avec Lévi.

Bien plus encore, ces prêtres faisaient preuve d’une audace effrayante en accusant Dieu au lieu de s’accuser eux-mêmes : « Et vous dites : En quoi avons-nous méprisé ton nom ? Vous présentez sur mon autel du pain souillé, et vous dites : En quoi t’avons-nous profané ? En ce que vous dites : La table de l’Éternel est méprisable » (1:6-7). « Vos paroles ont été fortes contre moi, dit l’Éternel ; et vous dites : Qu’avons-nous dit contre toi ? » (3:13). Quand Dieu avait ordonné, au sujet des sacrifices qui devaient lui être offerts : « Et s’il a un défaut corporel, s’il est boiteux ou aveugle, [s’il a] un mauvais défaut quelconque, tu ne le sacrifieras pas à l’Éternel, ton Dieu » (Deut. 15:21) ; ils ne craignent pas d’amener à l’autel des bêtes aveugles, boiteuses, malades, même des bêtes dérobées (1:8, 13) ; et les misérables voudraient encore justifier leurs indignes procédés en insinuant que Dieu récompense mal leur zèle et leur piété : il leur donne peu, pensent-ils, donc ils lui rendront peu ; les victimes les plus chétives sont déjà trop bonnes pour Lui. Les charges du sacerdoce, le service du temple, ne sont plus pour eux qu’un travail ennuyeux, et ils y vaquent en soufflant de tous leurs poumons avec insolence et dédain (1:13 ; 3:14).

Mais le Seigneur, qui n’abandonne jamais les droits de sa gloire et de sa sainteté, juge tout autrement leur conduite et prononce sur eux cette terrible sentence : « Et moi aussi, je vous ai rendu méprisables et vils devant tout le peuple » (2:9). Il leur montre en outre qu’il sait tirer le bien du mal, et que s’ils ont été infidèles dans le culte qu’ils lui devaient, sa gloire qui se magnifie en faisant grâce sera révélée à d’autres brebis, en dehors de la bergerie d’Israël ; en un mot, l’ingratitude d’Israël donne occasion à une expression nouvelle de la grâce, savoir la révélation du nom de l’Éternel parmi les nations : « Du soleil levant jusqu’au soleil couchant, mon nom sera grand parmi les nations, et, en tout lieu, l’encens sera brûlé à mon nom, et une offrande pure sera présentée, car mon nom sera grand parmi les nations » (1:11). Ici, ce nom de l’Éternel est celui de Jésus, le Sauveur ; et c’est aujourd’hui l’heure dont le Seigneur parlait à la femme samaritaine au puits de Sichar en disant : « L’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4:23).

Cher lecteur, êtes-vous un adorateur de Dieu en esprit et en vérité ? Pouvez-vous l’appeler votre Père ? Avez-vous trouvé en Jésus un parfait Sauveur ? Si oui, qu’il vous soit donné d’être zélé pour les bonnes œuvres que le Seigneur lui-même prépare devant ceux qu’il a rachetés de toute iniquité, et qu’il a purifiés comme étant le peuple qu’il s’est acquis pour Lui-même (Tite 2:14). Mais si telle n’est pas encore votre part, que le Seigneur veuille se servir des portions de sa Parole que nous avons examinées avec vous, et les accompagner de la puissance de son Esprit pour la bénédiction éternelle de votre âme et pour sa propre gloire. Sa Parole est la vérité (Jean 17:17).

 

12.3.3    Les désordres de Juda — chapitre 2:10-16

 

« Juda a agi perfidement, et l’abomination se commet en Israël et dans Jérusalem ; car Juda a profané le sanctuaire de l’Éternel, qu’il aima, et a épousé la fille d’un dieu étranger » (Malachie 2:11).

L’infidélité des sacrificateurs avait de toute manière une influence déplorablement pernicieuse sur le peuple. L’absence de crainte de Dieu dans le cœur est toujours suivie des plus funestes conséquences, dont les effets se font sentir non seulement d’une manière extérieure et générale, mais au sein même des familles où ils viennent rompre et dissoudre les liens les plus sacrés et les plus légitimes. C’est ce qui arriva parmi Israël. Ceux qui avaient la charge du peuple, qui devaient veiller sur lui et présenter l’offrande à l’Éternel, donnaient l’exemple de mœurs corrompues, et le reste de la nation agissait comme eux : ils prenaient des étrangères pour femmes, et répudiaient leurs épouses légitimes qui étaient juives. On voit dans ces mariages et ces divorces que Juda n’a aucune piété véritable. Au verset 10, le prophète montre comment c’était agir perfidement contre son frère que de renvoyer des femmes de la même nation qu’eux ; en effet, ils avaient tous un même père, Abraham ; ils avaient tous été créés par un seul Dieu fort qui avait fait alliance avec leurs pères, et avaient voulu par là les séparer de tous les Gentils. C’est pourquoi épouser des femmes païennes, c’était violer l’alliance, c’était mépriser les droits de Dieu sur son peuple, c’était renouveler le crime des Israélites qui, en laissant subsister des Cananéens parmi eux, furent empoisonnés par leur idolâtrie.

Aussi l’Éternel prononce sur eux, par la bouche de Malachie, le châtiment de leurs impiétés : « L’Éternel retranchera des tentes de Jacob l’homme qui fait cela » (2:12).

Remarquez en outre que Dieu ne pouvait nullement prendre plaisir aux offrandes qu’ils lui présentaient sur l’autel. Leurs mains étaient coupables, et l’Éternel ne pouvait plus regarder à l’offrande ni rien agréer de ce qui venait de leurs mains, car non seulement l’autel était profané par les sacrifices méprisables qu’on y apportait, mais il était couvert des larmes, des plaintes et des gémissements des femmes que l’on traitait si indignement (2:13).

Tout ceci est d’une grande portée morale pour le temps actuel et renferme une sérieuse instruction pour quiconque se dit chrétien. Il y a, hélas ! une grande analogie entre l’état de choses d’alors, décrit par Malachie, et ce qui ce passe de nos jours dans la Chrétienté. On retrouve aujourd’hui, dans maintes organisations religieuses qui se réclament pourtant du nom de Christ, le même éloignement du Seigneur, le même goût pour les pratiques extérieures, pour des formes de cultes qui ne parlent qu’aux yeux et à l’oreille et laissent le cœur absolument vide et froid pour Dieu. C’est en un mot le formalisme dans lequel vivent ces « gens » dont l’apôtre Paul parle à Timothée, l’exhortant à se détourner d’eux : car ils avaient « la forme de la piété » mais en avaient « renié la puissance » (2 Tim. 3:5). Cette exhortation s’adresse à tout enfant de Dieu obéissant, à tout chrétien qui désire marcher dans la fidélité à Dieu au milieu de l’état de ruine actuel de l’église. Le même apôtre écrit encore dans sa lettre : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur … poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:19-22).

Dieu veut une confession franche et sincère du nom de Jésus, il aime la vérité dans le cœur et sur les lèvres, il veut de vrais adorateurs selon ce que Jésus disait à la Samaritaine : « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4:24).

Béni soit le Seigneur ! Si les chrétiens on manqué à leur responsabilité de maintenir dans l’ordre, selon l’enseignement de la Parole, ce qui leur avait été confié, « toutefois le solide fondement de Dieu demeure », et « le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Chers lecteurs qui parcourez ces pages, Christ est-il le rocher de votre salut ? Votre foi est-elle basée sur le solide fondement qui demeure éternellement ? Êtes-vous à l’abri de la colère qui vient ? N’avez vous rien à craindre du jugement grand et terrible devant lequel nul homme ne subsistera s’il n’a pas cru à l’efficace de l’œuvre de Christ ? Oh ! Croyez à cette œuvre de grâce et d’amour qu’il a accomplie, Lui, le propre Fils de Dieu, en subissant à notre place le châtiment que nous avons mérité ! Alors vous serez du nombre de ceux que le Seigneur appelle « les siens ». Quelle grâce de pouvoir dire avec l’assurance de la foi qui a saisi Christ comme son objet et son tout : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui » (C. des C. 2:16). « Il m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).

 

12.3.4    Le Messie — chapitres 2:17 à 3:6

« Vous fatiguez l’Éternel par vos paroles, et vous dites : En quoi l’avons-nous fatigué ? — En ce que vous dites : Quiconque fait le mal est bon aux yeux de l’Éternel, et c’est en eux qu’il prend plaisir — ou bien : Où est le Dieu de jugement ? » (2:17).

Tel est le reproche que le prophète adresse aux Juifs ingrats, impies, immoraux, qui mettent le comble à leurs péchés par leurs murmures et leurs blasphèmes contre Dieu.

Mais, ô merveille de la grâce, de la miséricorde et de la patience de Dieu, cette triste ingratitude du peuple ne change rien à l’affection de l’Éternel pour eux. Il a dû, nous le savons, se détourner d’eux pour un temps, à cause de leurs méchancetés ; toutefois il n’en persévère pas moins dans ses propres pensées à leur égard. Il bénira Israël et il jugera Édom. Le mal ne saurait changer les desseins et les conseils de Dieu (3:6). À la fin, Dieu rétablira l’ordre moral et l’ordre extérieur, en amenant le jugement sur les méchants et en produisant la repentance dans le cœur du résidu épargné auquel seront données des oreilles pour écouter.

C’est la présence glorieuse du Seigneur comme Messie qui introduira le peuple dans la bénédiction : alors leurs yeux étant ouverts, ils pourront dire : « L’Éternel sera magnifié par delà les confins d’Israël » (1:5). Sa venue, ainsi que celle du messager qui devait préparer le chemin devant Lui, est annoncée dans le passage que nous avons ici : « Voici, j’envoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi ; et le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple, et l’Ange de l’alliance en qui vous prenez plaisir, — voici, il vient, dit l’Éternel des armées » (3:1).

Vous n’ignorez pas que Jean le baptiseur est venu dans l’esprit et la puissance d’Élie (voyez Luc 2:17). Il était un messager de Dieu pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé. Dieu s’est servi de son ministère pour tourner vers Lui beaucoup des fils d’Israël ; mais si Jean le baptiseur eût été reçu de tous, il aurait été, lui, cet Élie qui devait venir, et qui viendra à la fin ainsi que nous le verrons au chapitre 4 du livre que nous étudions.

De même aussi l’Ange de l’alliance que Jean annonçait a paru au milieu des siens. Mais le Seigneur a été rejeté de la nation aussi bien que son précurseur, c’est pourquoi l’accomplissement de la prophétie du verset 1 de notre chapitre 3 : « Il entrera dans son temple » est suspendu jusqu’au temps où, précédé du véritable Élie, Il reviendra en jugement et en gloire. C’est alors qu’il sera « comme un feu d’affineur, et comme la potasse des foulons. Et il s’assiéra [comme] celui qui affine et purifie l’argent ; et il purifiera les fils de Lévi, et les affinera comme l’or et comme l’argent, et ils apporteront à l’Éternel une offrande en justice. Alors l’offrande de Juda et de Jérusalem sera agréable à l’Éternel, comme aux jours anciens et comme aux années d’autrefois » (Mal. 3:2-4). Mais si l’accomplissement des promesses relatives à Israël est suspendu pour un temps, l’amour et la grâce de Dieu sont maintenant à l’œuvre ; Dieu se tourne vers le monde et lui fait annoncer cette bonne nouvelle : « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16).

« ÉCOUTEZ ET VOTRE ÂME VIVRA » (És. 55:3).

 

 

12.4                      Deuxième partie — chapitres 3:7 à 4:6

 

Ainsi que nous l’avons déjà mentionné en vous parlant des deux divisions du livre de Malachie, la seconde partie est une sorte de confirmation de la première. Les sujets qui y sont traités peuvent se ranger sous trois paragraphes :

1. Le prophète reproche au peuple son infidélité à payer les dîmes ; il le sollicite à s’en acquitter afin que les canaux de la bénédiction de Dieu s’ouvrent de nouveau en leur faveur (3:7-12).

2. Il reproche à la multitude rebelle leur dureté de cœur envers Dieu et loue le résidu fidèle qui tient bon pour le Seigneur (3:13-18).

3. Il annonce que le jour de l’Éternel va venir ; jour grand et terrible dans lequel les impies trouveront un juste châtiment, et qui sera suivi de bénédictions et de gloire pour ceux qui craignent le Seigneur (ch. 4).

 

12.4.1    L’infidélité du peuple — chapitre 3:7-12

 

« Dès les jours de vos pères, vous vous êtes détournés de mes statuts et vous ne les avez pas gardés. Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées. Et vous dites : En quoi retournerons-nous ? Un homme frustrera-t-il Dieu ? Toutefois, vous me frustrez, et vous dites : En quoi te frustrons-nous ? Dans les dîmes et dans les offrandes élevées. Vous êtes chargés de malédiction, et vous me frustrez [toujours], [vous], la nation tout entière (3:7-9).

Non seulement les Juifs trompaient l’Éternel en apportant à son autel des offrandes défectueuses, souillées, comme nous l’avons déjà vu, mais à ce crime ils ajoutaient celui de refuser le paiement des dîmes qui étaient dues à la maison de Dieu. Mais il y a encore pardon et miséricorde par devers Dieu ; il les sollicite, par la bouche de Malachie, à s’acquitter de toutes les dîmes. C’est un dernier appel adressé à leurs consciences endurcies ; et s’ils l’eussent écouté, ils auraient aussitôt vu s’accomplir pour eux ces promesses divines : « Éprouvez-moi par ce moyen…si je ne vous ouvre pas les écluses des cieux, et ne verse pas sur vous la bénédiction, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez [de place]. Et je tancerai en votre faveur celui qui dévore, afin qu’il ne détruise pas pour vous le fruit du sol, et que, pour vous, la vigne ne soit pas stérile, dans la campagne…Et toutes les nations vous diront bienheureux, car vous serez un pays de délices, dit l’Éternel des armées (3:10-12). Mais à la fin tout cela sera vrai pour eux alors que leurs cœurs de pierre auront été changés en des cœurs de chair par la puissance miséricordieuse de leur Seigneur.

 

12.4.2    La fidélité du résidu au milieu de la multitude rebelle — chapitre 3:13-18

 

« Alors ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom. Et ils seront à moi, mon trésor particulier, dit l’Éternel des armées, au jour que je ferai ; et je les épargnerai comme un homme épargne son fils qui le sert » (3:16-17).

La nation juive montrait toujours, par sa conduite, qu’elle était encore ce même peuple auquel Moïse avait été obligé de dire plus de mille ans auparavant : « Vous avez été rebelles à l’Éternel depuis le jour que je vous ai connus » (Deut. 9:24). Et Dieu lui-même disait d’eux : « C’est un peuple dont le cœur s’égare, et ils n’ont point connu mes voies » (Psaumes 95:10). Il y avait néanmoins parmi eux encore un résidu de quelques personnes craignant Dieu, qui ne se laissaient pas entraîner par le torrent de la corruption. Ceux-ci se consolaient entre eux par les promesses faites aux fidèles ; l’Éternel était attentif aux siens et prenait soin d’eux jusqu’à ce que le moment de la délivrance finale fût venu. En vue de cette délivrance qui sera apportée par le Messie lui-même, venant mettre à part ses plus précieux joyaux, il valait la peine de se convertir, c’est-à-dire de se tourner vers Dieu ; car on verrait alors « la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas » (3:18). Immense, en effet, est cette différence ; on la voit d’une manière solennellement saisissante au commencement du chapitre 4 : « Car voici, le jour vient, brûlant comme un four ; et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du chaume, et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de manière à ne leur laisser ni racine, ni branche. Et pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice ; et la guérison sera dans ses ailes ; et vous sortirez, et vous prospérerez comme des veaux à l’engrais » (v. 1-2).

On rencontre souvent cette expression « le résidu » dans l’Écriture. Ce terme qui signifie « le restant » ou « ce qui reste » est fréquemment employé dans le langage biblique pour désigner la partie fidèle et pieuse d’un peuple ; il est parfois appliqué à d’autres nations qu’Israël, comme par exemple le résidu de Syrie, le résidu d’Asdod, le résidu des Philistins, le résidu de l’Idumée, le résidu des Gentils. Cependant cette expression désigne, dans la plupart des cas, la partie repentante et pieuse d’Israël, alors que la nation en masse s’est complètement éloignée de Dieu ; elle désigne plus spécialement la portion de cette race qui sera mise à part dans les jours encore à venir, et deviendra le noyau vivant du peuple rétabli, heureux et prospère durant le millénium.

Tant que la nation maintint le témoignage et le culte de l’Éternel suffisamment pour que Dieu pût la reconnaître comme un même tout, il n’y avait pas lieu de parler d’un résidu. Mais quand les dix tribus eurent tout à fait abandonné le culte de l’Éternel et établi celui de Baal, le Seigneur se réserve sept mille hommes de reste en Israël qui n’avaient point fléchi leurs genoux devant Baal. C’était le résidu de ce temps-là (1 Rois 19:18).

De même en Juda, quand Ozias et Achab renièrent l’Éternel d’une manière extrêmement grave, la prophétie d’Ésaïe commence à reconnaître l’existence d’un résidu. Après avoir entendu la sentence d’un aveuglement infligé à la nation, sentence qui devait s’accomplir durant toute la période de leur longue dispersion, le prophète reçoit cette révélation : « Mais il y aura encore là un dixième ; et il reviendra et il sera brouté, comme le térébinthe et le chêne, dont le tronc [reste] quand ils sont abattus : la semence sainte en sera le tronc » (6:13).

Jérémie prophétisait à la veille de la captivité de Babylone, et il vécut assez pour être témoin de cet évènement et pour le raconter. Les péchés de Manassé avaient rempli Jérusalem de sang innocent ; c’est pourquoi Jérémie reçoit la mission de déclarer aux Juifs que leur jugement, longtemps différé par Dieu, allait recevoir son exécution. C’était maintenant un jugement inévitable ; et nulle intercession, pas même d’un Moïse ou d’un Samuel, ne pourrait le détourner. Le prophète déplore le sort qu’il a d’être chargé d’un tel message ; c’est alors qu’il est consolé par une assurance de miséricorde envers le résidu : « Si je ne te délivre pour le bien ! Si je ne fais venir au-devant de toi l’ennemi, au temps du malheur, et au temps de la détresse ! » (Jérémie 15:11). Jérémie et le résidu dont il faisait partie étaient ainsi distingués de la nation méchante et apostate. Il devait, il est vrai, être emmené en captivité et subir le joug de l’étranger, comme les autres, mais l’Éternel ferait que l’ennemi « les traiterait bien ».

Ézéchiel, qui prophétisait un peu plus tard que Jérémie, rend aussi témoignage de la conservation d’un résidu au milieu des péchés de Juda. Il voit, dans une vision, six homme armés pour détruire ; et au milieu d’eux un autre homme vêtu de lin, portant un encrier d’écrivain sur ses reins. Dieu crie à ce dernier : « Passe au milieu de la ville, au milieu de Jérusalem, et fais une marque sur les fronts des hommes qui soupirent et gémissent à cause de toutes les abominations qui se commettent au dedans d’elle » (9:4). Les six hommes armés devaient passer après lui et frapper à mort sans épargner personne ; mais il leur était expressément recommandé de ne s’approcher d’aucun de ceux sur lesquels était la marque. Le résidu devait être épargné.

Pendant les 70 années de la captivité, Ézéchiel, Daniel, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, et tout ceux qui avait le même esprit qu’eux, formèrent le vrai résidu d’alors. Il est intéressant de remarquer comment ces hommes, tout en n’étant point exempté du sort général de la nation quand à l’assujettissement au joug des Gentils, furent cependant honorés de Dieu, comme dépositaires de ses secrets et confesseurs de son Nom.

À l’expiration des 70 ans de leur exil à Babylone, un certain nombre de Juifs retournèrent à Jérusalem. Parmi eux, nous trouvons le résidu en des hommes de Dieu tels que Esdras, Néhémie, Zorobabel, Joshua, Aggée et Zacharie. « Et maintenant, pour un moment, nous est arrivée une faveur de la part de l’Éternel notre Dieu, pour nous laisser des réchappés » (Esdras 9:8).

« Tous ceux qui sont [issus] d’Israël ne sont pas Israël », disait l’apôtre Paul en Romains 9:6. En effet, ce n’est que dans un bien petit nombre d’entre eux que se trouvaient l’esprit et le vrai caractère du résidu, et avant que la voix de la prophétie cessât de se faire entendre, Malachie distingue de la manière la plus solennelle, comme nous l’avons montré plus haut, entre le vrai résidu et la masse de la nation, soit peuple soit sacrificateurs.

Le résidu a le même caractère en tout temps. Il y en a un au milieu de la chrétienté professante et mondanisée ; lequel est composé de tous ceux qui confessent de leur bouche le Seigneur Jésus, et qui croient dans leur cœur que Dieu L’a ressuscité d’entre les morts (Rom. 10:9). Il est dit d’eux qu’ils sont sauvés : ils n’ont rien affaire avec les terribles jugements de la fin parce que « celui qui croit ne vient pas en jugement ». Le résidu juif de la fin, avant d’entrer dans la bénédiction, aura à traverser ces jugements qui précèderont le règne glorieux de leur Messie ; mais celui qui attend Jésus venant du ciel chercher les siens, montera à sa rencontre dans les nuées en l’air avant que vienne ce jour de la vengeance dans lequel les saints seront semblables à Celui qui exécutera le jugement, et l’accompagneront comme étant le cortège de sa gloire.

Cher lecteur qui parcourez ces pages, êtes-vous du nombre de ceux qui, ayant cru en Jésus, peuvent s’approprier cette consolante et glorieuse promesse : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12:32) ?

 

12.4.3    Le jour du Seigneur — chapitre 4

 

« Car voici, le jour vient, brûlant comme un four ; et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du chaume, et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de manière à ne leur laisser ni racine, ni branche…Voici, je vous envoie Élie, le prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel » (4:1 et 5).

Ce « jour de l’Éternel » dont il est souvent fait mention dans les prophètes de l’Ancien Testament, est aussi appelé « jour du Seigneur » au chapitre 3 versets 1 et 2 de Malachie, et dans plusieurs passages du Nouveau Testament que nous citerons. C’est le même jour qui est nommé « jour ou jours du Fils de l’homme » dans Matthieu 24, Luc 17 et Actes 17. Le « jour du Seigneur, de l’Éternel, du Fils de l’homme » est toujours désigné dans la Parole de Dieu comme un jour de rétribution, de vengeance et de jugement. Outre les passages que nous venons d’indiquer, voici quels sont ceux qui parlent du « jour du Seigneur » :

« Le soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne la grande et éclatante journée du Seigneur » (Actes 2:20 ; comparez Joël 2:28-32).

« J’ai jugé, dis-je, de livrer un tel homme à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus » (1 Corinthiens 5:5).

« Nous sommes votre sujet de gloire, comme vous êtes aussi le nôtre dans la journée du seigneur Jésus » (2 Corinthiens 1:14).

« Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (1 Thessaloniciens 5:2).

« Or nous vous prions, frères, … de ne pas vous laisser promptement bouleverser…ni troubler…comme si le jour du Seigneur était là » (2 Thessaloniciens 2:1-2).

« Or le jour du Seigneur viendra comme un voleur » (2 Pierre 3:10).

Il ressort évidemment, de telles déclarations, que les croyants n’ont point à redouter « le jour » ; il ne les concerne pas directement ; ils sont du « jour » (1 Thess. 5:5). Effectivement nous savons, par de nombreux témoignages de l’Écriture, que les saints, c’est à dire tous ceux que la grâce a mis à part pour le salut, sont enlevés de la terre avant ce « jour » (1 Thess. 4:14, 16-17 ; 1 Cor. 15:20, 23, 51-52 ; Col. 3:4 ; etc.). Il faut en outre que l’homme de péché soit révélé au monde, dans l’intervalle qui s’écoule entre l’enlèvement des saints et l’apparition du Seigneur avec eux ; puis le Seigneur, quand il reviendra dans son jour, consumera cet inique par le souffle de sa bouche, et l’anéantira par l’apparition de sa venue (2 Thess. 2:6-8). En même temps, il détruira ceux de ses ennemis qu’il trouvera vivants sur la terre, savoir ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés et qui, n’ayant pas cru la vérité, ont pris plaisir à l’injustice (v. 10-12).

Quelle sera la portion des croyants dans ce jour ? La plupart d’entre vous n’ignore pas que les saints seront alors dans la gloire et dans le repos avec le Seigneur (Rom. 8:17 ; 2 Thess. 1:7, 10, 12 ; etc.), et qu’ils apparaîtront avec lui en gloire quand il sera manifesté à ce monde pour le jugement et pour le règne. Leur introduction préalable auprès du Seigneur sera le premier acte qu’il accomplira à sa venue, soit par la résurrection de ceux d’entre eux qui se sont endormis en Christ, soit par la transmutation de ceux qui sont demeurés vivants (1 Thess. 4:16-17).

Quand le Seigneur viendra chercher les siens, la rencontre aura lieu dans les nuées en l’air, en dehors et à l’insu du monde (1 Thess. 4:17) ; quand il apparaîtra pour le monde, dans Son « jour », il viendra « avec les nuées, et tout œil le verra » (Apoc. 1:7 ; comp. Dan. 7:13 ; Matth. 24:30 ; 26:64 ; Marc 13:26 ; 14:62 ; Luc 21:27 ; Apoc. 14:14, 16) ; et tous les saints seront avec lui (Zach. 14:5), semblables à lui (1 Jean 3:2), à l’abri du jugement (Jean 3:18 ; 5:24 ; 1 Thess. 1:10) ; ils reviendront avec lui pour juger et pour régner (1 Cor. 6:2 ; 2 Tim. 2:12 ; Jude 14-15 ; Apoc. 5:10 ; 19:14 ; 20:4, 6 ; 22:5).

Dans d’autres passages de la Parole, il est parlé du « jour de Christ », du « jour de Jésus Christ », de « la journée de Jésus Christ » (voyez 1 Cor. 1:8 ; Phil. 1:6, 10 ; 2:16). C’est encore ici le jour du Seigneur, mais envisagé sous un aspect plus général, en vue surtout de montrer que la bénédiction est la part des saints manifestés alors comme appartenant à Christ, et comme étant par conséquent hors d’atteinte des jugements.

Revenons maintenant à notre chapitre 4 de Malachie. Le verset 2 nous fait voir qu’il y aura à la fin un résidu pieux d’entre les Juifs, comme ce fut le cas au temps de Malachie et durant toute l’histoire du peuple ainsi que nous l’avons vu précédemment. Le Seigneur déclare à ceux qui font partie de ce résidu qu’il les tient inscrits dans son livre de souvenir, et qu’au jour prochain où paraîtra le soleil de justice, il les mettra à part comme ses plus précieux joyaux. Ce Soleil, qui est le Seigneur lui-même, leur apportera la santé dans ses ailes ; tandis que le jour de la vengeance, ardent comme un four, dévorera les autres qui seront foulés aux pieds comme de la cendre. Telle est la solennelle différence qu’il y a entre le juste et le méchant (v. 3).

Toutes choses étant rétablies par la présence glorieuse de Celui à qui elles appartiennent, on se souviendra de la loi de Moïse si longtemps méprisée par un peuple incapable de l’observer ; le peuple, restauré en grâce, sera rendu capable par son libérateur de servir fidèlement, en tous points, le Dieu de l’alliance (v. 4). L’on verra alors les effets de la mission de l’Élie promis, la réalité et les vertus de cette mission qui agira avant la manifestation du Messie lui-même, en convertissant le cœur des pères envers les enfants et le cœur des enfants envers leurs pères, afin qu’il y ait un résidu séparé pour Dieu, béni de lui et tout disposé à recevoir le Seigneur venant cette fois dans sa magnificence royale. La malédiction sera aussi détournée de dessus la terre de délices (v. 5-6).

Nous avons vu au chapitre 3 de notre prophète Malachie que Jean le baptiseur était venu dans l’esprit et la puissance d’Élie (Luc 1:17) ; dans les évangiles, il est identifié avec l’Élie de Malachie quant à la mission, non pas personnellement ; et revêtu de cette mission, il est venu pour préparer la voie du Seigneur ; Israël a été mis à l’épreuve au temps de Jean, et le peuple a été démontré apostat par la mission qui lui était envoyée, sauf un petit résidu qui a reçu le message. Hélas ! Ils étaient incrédules, ils n’avaient pas d’oreilles pour écouter ; ils rejetèrent le messager du Seigneur, ils rejetèrent le Seigneur lui-même ; en sorte que tout ce qui les concerne prophétiquement a été suspendu, ils sont demeurés et demeurent encore sans bénédiction jusqu’à ce que cette autre œuvre glorieuse que Dieu accomplit maintenant à l’égard de l’Église ait reçu son plein effet.

Or les dons et l’appel de Dieu sont sans repentir : c’est un principe invariable dont nous avons souvent fait remarquer la réalité. Dieu sera donc fidèle à Israël, quoique Israël ait toujours été trouvé infidèle, ainsi que toute son histoire le prouve, histoire qui n’est autre chose que le tableau du cœur des hommes et de leurs dispositions naturelles. À la fin, « Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété » (Romains 11:26). Que la fidélité et la grâce de Dieu sont étonnantes et magnifiques ! Sa justice et sa grâce demeurent éternellement.

Chers lecteurs, avez-vous reçu le message de la grâce de Dieu, qui vous est annoncé à présent de sa part ? Bientôt le soleil de justice se lèvera ; à plus forte raison l’étoile du matin, qui paraît avant le jour, est-elle près de poindre à l’horizon. Pouvez-vous attendre avec bonheur le moment de la voir briller ? C’est Jésus, aussi, qui est « l’Étoile brillante du matin », elle se lèvera pour ceux qui veillent dans la nuit. Nous qui croyons, nous n’attendons pas « le jour » avant « l’étoile », parce que nous serons déjà avec le Seigneur et reviendrons avec lui dans ce « jour ». Ce n’est pas pour l’Église que ce jour se lève, mais pour Israël et pour le monde. Pour nous, le cri de minuit : « Voici l’Époux ! » a retenti ; l’étoile du matin, déjà levée en nos cœurs, va briller à l’horizon. Quel bonheur pour quiconque la verra !

Cher lecteur ! Attendez-vous le Fils du Dieu vivant venant du ciel ? L’attendez-vous comme l’unique et le plus prochain objet de votre espérance ? Ou bien êtes-vous du nombre de ceux qui sont « sans Dieu et sans espérance dans le monde », de ceux « qui habitent sur la terre », lesquels seront enveloppés dans une subite et terrible destruction quand « le jour du Seigneur » les surprendra comme un voleur ?