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Les Grands Prophètes

 

Adrien Ladrierre (auteur probable)

 

 

Les sous-titres et divisions des textes ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières :

1     Le prophète Ésaïe

1.1     Le prophète Ésaïe et sa vision du chapitre 6

1.2     Ésaïe : Les prophéties qui parlent de Christ

2     Le prophète Jérémie

3     Les Lamentations de Jérémie

4     Le prophète Ézéchiel

5     Le prophète Daniel.

5.1     Babylone, ou Babel

5.2     Nebucadnetsar

5.3     Le songe de Nebucadnetsar

5.4     La statue de Nebucadnetsar

5.5     L’abaissement de Nebucadnetsar

5.6     L’empire Babylonien — Belshatsar

5.7     Daniel chap. 9 et 10 — Daniel, homme reçu en grâce

5.8     Esquisse de la prophétie de Daniel

 

 

1                        Le prophète Ésaïe

La Bonne Nouvelle 1869 pages 273 à 280

1.1   Le prophète Ésaïe et sa vision du chapitre 6

Sous le règne d’Ézéchias, le peuple de Juda jouissait d’un temps de grâce particulier, pendant lequel plusieurs prophètes annoncèrent avec beaucoup de zèle les conseils et la volonté de Dieu et firent entendre touchant le Messie, sa venue, sa vie, ses souffrances et son règne, des prophéties plus claires, plus magnifiques et en plus grand nombre que tout ce qu’on avait ouï sur ce sujet avant cette époque (sauf peut-être dans les Psaumes). Entre tous ces hommes de Dieu, le prophète Ésaïe se distingue non seulement par la majesté de son style et la sublimité de ses pensées dans lesquelles on ne saurait méconnaître l’inspiration divine, mais encore et surtout par le grand nombre et la clarté des prophéties qu’il a prononcées touchant le temps de Nouveau Testament.

Comme nous l’apprend le premier verset de son livre, Ésaïe prophétisa successivement sous quatre rois de Juda : Ozias, Jotham, Achaz et Ézéchias, donc pendant environ soixante ans. Il aurait donc atteint un âge fort avancé, au moins quatre-vingt dix ans. On pourrait même conclure de ce qui est dit en 2 Chroniques 32:32 qu’il survécut à Ézéchias puisqu’il aurait écrit l’histoire de son règne. À en croire la tradition juive et chrétienne, Ésaïe aurait vu encore le commencement du règne de Manassé qui l’aurait fait mettre à mort. D’après une autre tradition, Ésaïe était allié à la race royale ; ses relations assez intimes avec la cour viennent à l’appui de cette tradition.

Son nom signifie : le salut de Dieu. Il était fils d’Amots. Il semble avoir toujours demeuré à Jérusalem où il était marié et où il avait au moins deux enfants (7:3 ; 8:3-4). Il est encore nommé comme auteur de deux ouvrages historiques : l’un sur Ozias (2 chroniques 26:22) ; l’autre sur Ézéchias. Son livre est le plus considérable de tous les livres prophétiques. Aucune poésie, en aucune langue, n’approche de la beauté, du caractère sublime de plusieurs chapitres de cette prophétie, entre autres de ce magnifique début, même dans nos imparfaites versions. Écoutez-le et apprenez-le par cœur : « Écoutez, cieux, et prête l’oreille, terre ! Car l’Éternel a parlé : J’ai nourri et élevé des fils, et ils se sont rebellés contre moi. Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître ; Israël ne connaît pas, mon peuple n’a point d’intelligence ».

Il semble que le chapitre six nous décrit la scène imposante et solennelle de la vocation d’Ésaïe à l’office ou à la mission de prophète. L’année de la mort du roi Ozias, Ésaïe est transporté en vision dans le temple de l’Éternel : là il vit le Seigneur assis sur un trône éminent et élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. Des séraphins debout l’entouraient ; « ils avaient chacun six ailes : de deux ils se couvraient la face, et de deux ils se couvraient les pieds, et de deux ils volaient. Et l’un criait à l’autre, et disait : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire ! Et les fondements des seuils étaient ébranlés à la voix de celui qui criait, et la maison était remplie de fumée ».

Sur cette vision remarquable, nous pouvons dire deux choses. Premièrement, l’Écriture nous apprend qui est Celui qui apparaît ici au prophète effrayé, Celui qui est appelé le Seigneur, l’Éternel des armées, Celui qui est l’objet des louanges et des adorations des séraphins, comme étant le Dieu trois fois saint. Au chapitre 12 de son évangile, Jean, après avoir déclaré que les Juifs ne pouvaient croire parce que la terrible sentence, qu’Ésaïe avait mission de proclamer et qui se trouve à la fin d’Ésaïe 6, commençait à s’exécuter sur eux, Jean ajoute : « Ésaïe dit ces choses quand il vit sa gloire et qu’il parla de Lui » ; – de Lui, c’est à dire de Jésus Christ, le Fils de Dieu. C’est Lui qui apparaît ici dans une majesté ineffable aux yeux étonnés du fils d’Amots. Quant à Dieu le Père, nul ne l’a vu ni ne peut le voir : ici, comme dans toutes les autres occasions où, dans l’Ancien Testament, la Divinité se manifeste sous une forme humaine, ou sous une apparence visible quelconque, c’est toujours du Fils qu’il s’agit, de Celui qui devait un jour être manifesté en chair et qui a paru ici-bas comme un homme, l’homme Christ Jésus, étant sur la terre l’image ou le portrait de Dieu, tellement qu’Il pouvait dire : « celui qui m’a vu a vu le Père ». Voilà le Sauveur qui nous convenait, le Sauveur avec lequel vous avez affaire si vous voulez échapper à la colère qui vient. Il ne repousse jamais celui qui vient à Lui.

En second lieu, que sont les séraphins dont il est question ici ? Ce sont évidemment des anges d’un rang élevé dans la hiérarchie ou l’ordre de ces messagers célestes. Ce n’est que dans ce chapitre 6 vers. 2 et 6 que leur nom est mentionné dans les Écritures. En hébreu, ce même nom, qui se trouve dans Nombres 21:6, 8 ; Deut. 8:15 ; És. 14:29 ; 30:8, y signifie toujours des serpents brûlants. Peut-être ce mot brûlants, appliqué à ces anges, a-t-il pour but de signaler l’ardeur de leur zèle et de leur amour pour le Seigneur.

Quel fut l’effet produit par cette glorieuse vision sur l’esprit d’Ésaïe ? Voici la réponse de la Parole dans la bouche du prophète : « Et je dis : Malheur à moi ! Car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures, et je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l’Éternel des armées ». La vue de la gloire du trône de Dieu inspire à Ésaïe la plus profonde terreur parce qu’elle fait ressortir, dans sa conscience, son extrême indignité, son état de péché, en présence de Celui qui a les yeux trop purs pour voir le mal et qui est le Saint, trois fois saint. Comment lui, homme pécheur et mortel, pourrait-il subsister devant le Seigneur ? N’est-il pas écrit que nul ne peut voir la face de Dieu et vivre (Exode 33:20) ? Aussi Manoah disait-il à sa femme quand il eut connu que c’était l’Ange de l’Éternel qui leur était apparu : « Nous mourrons certainement, car nous avons vu Dieu » (Juges 13:22). Ésaïe est donc épouvanté, la conscience de ses souillures lui fait croire que c’en est fait de lui et qu’il va périr. De même Simon Pierre, lorsque à la vue de la pêche miraculeuse il a compris que Jésus est le Seigneur, se jette à ses genoux, en s’écriant : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur. Car la frayeur l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui » (Luc 5:8,9).

De même encore Jean, quoiqu’il fût le disciple que Jésus aimait, ayant vu en esprit dans l’île de Patmos le Seigneur Jésus dans sa majesté de Juge, tomba à ses pieds comme mort (Apoc. 1:9-17).

Souvenez-vous bien que l’homme naturel ne peut pas subsister devant Dieu. C’est impossible parce que Dieu est saint, saint, saint, et que tout homme, jeune ou vieux, est pécheur et rien que pécheur. Comment donc pouvons-nous nous approcher de Dieu ? C’est ce que la suite de notre chapitre va nous apprendre : « Et l’un des séraphins vola vers moi ; et il avait en sa main un charbon ardent qu’il avait pris de dessus l’autel avec des pincettes ; et il en toucha ma bouche, et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres ; et ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché ». « Un des séraphins vola vers moi ». La rapidité du mouvement indique l’empressement que Dieu met à tranquilliser la conscience, à bander la plaie du cœur brisé, à guérir l’âme souffrante. L’énergie de l’amour divin hâte le vol du séraphin lorsqu’il quitte le trône de l’Éternel pour s’approcher du pécheur qui se reconnaît perdu. Ce séraphin vole du trône à l’autel d’airain, dans le parvis hors du temple où s’élevait sans cesse, en bonne odeur à Dieu, la fumée de l’holocauste journalier : un agneau symbole et type de l’Agneau de Dieu qui devait venir s’offrir à la justice divine pour nos péchés, comme une victime parfaite, agréable au Père et pleinement suffisante pour expier tous nos péchés. C’est avec ce charbon, tout imprégné de la bonne odeur du sacrifice, que le messager du Seigneur, revenant avec la même rapidité de l’autel au prophète, en touche ses lèvres et lui déclare que par là son iniquité est tenue pour acquittée et ses péchés pardonnés. Ainsi, à peine le trône a-t-il répandu un flot de lumière pour montrer à Ésaïe la grandeur de ses péchés, qu’un flot d’amour, descendant de l’autel, vient emporter de cette âme convaincue de péché, jusqu’à la dernière trace de ses souillures. Voilà comment Dieu aime les pécheurs. Qui n’aurait confiance en Lui ?

Chers lecteurs, avez-vous dit comme Job : « J’ai péché » ; comme le péager : « Je suis un pécheur » ; comme Ésaïe : « Je suis perdu, je suis un homme aux lèvres impures » ? Si vous l’avez fait ou si vous le faites en lisant ces lignes, cela vient de Dieu qui vous cherche et je l’en bénis parce que dès aujourd’hui vous pouvez, par la foi, entrer dans la jouissance de tout ce que le Christ a accompli sur la croix. Pour cela allez à Jésus. En effet, vous n’avez pas besoin de voir un trône, un autel, un céleste messager. Vous avez la Parole de Dieu pour vous assurer que « Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu » (1 Pierre 3:18). Cette même Parole vous déclare aussi que « quiconque croit est justifié par lui » (Actes 13:39) et que « le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:7). De telles déclarations ne valent-elles pas toutes les visions possibles ? Ésaïe crut que son iniquité était ôtée et son péché lavé à la parole de l’ange. Et vous, ne croirez-vous pas que Jésus Christ est mort pour vous, quand la Parole de Dieu vous le dit ?

Ainsi, le trône de l’Éternel nous montre la ruine complète du pécheur, dont l’autel nous fait voir la guérison complète en Christ. Or, quel est maintenant le résultat de cette vision ? Une consécration complète au service de Dieu. Ésaïe n’eut rien à faire pour obtenir le salut, mais il eut beaucoup à faire pour son Sauveur ; rien pour la purification de ses péchés, mais beaucoup pour Celui qui l’en avait purifié. Maintenant il est prêt à agir pour Dieu. « Et j’entendis la voix du Seigneur qui disait : Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? Et je dis : Me voici, envoie-moi ». Et pourtant la mission qu’allait lui imposer le Seigneur devait répugner excessivement à son cœur attaché à Israël, auquel il s’agissait de dénoncer une sentence d’endurcissement de la part de leur Dieu irrité. Cela met les œuvres chrétiennes à la place qu’elles doivent occuper. Personne ne peut en accomplir une seule à moins d’avoir éprouvé, à quelque degré, l’influence du trône et de l’autel. La lumière du trône doit nous éclairer sur notre état moral devant Dieu ; les ressources que présente l’autel doivent nous faire connaître ce qu’est le Christ pour nous, avant qu’aucun d’entre nous puisse dire : « Me voici, envoie-moi ». Oh, qu’il en soit ainsi de chacun de vous ; c’est le meilleur vœu que nous puissions faire pour vous. Si, comme je l’espère, vous désirez servir Dieu et Lui obéir, il faut nécessairement que, comme tous les enfants de Dieu sans aucune exception, vous soyez amenés à voir, à la lumière de la Parole du Dieu trois fois saint, que vous êtes pécheurs et par conséquent, perdus ; puis à voir le remède à cette ruine complète dans le sacrifice expiatoire du Sauveur ; avant que vous soyez capables d’en manifester le résultat par une vie de dévouement à Celui qui vous a tant aimés. Tout cela vient de Dieu, par le moyen du Fils, par l’efficace du Saint Esprit, auquel soit toute la gloire aux siècles des siècles.

 

 

1.2   Ésaïe : Les prophéties qui parlent de Christ

La Bonne Nouvelle 1870 pages 1 à 8.

Il ne peut être question de vous donner, dans ces modestes études, une explication détaillée des prophéties d’Ésaïe. Il faudrait un volume pour cela, et d’ailleurs il serait fort difficile de l’écrire de manière à le mettre à votre portée. Plus tard, si le Seigneur tarde et vous laisse grandir, vous pourrez étudier avec fruit ces soixante-dix chapitres écrits sous l’inspiration de l’Esprit de Christ qui était en lui, par cet homme de Dieu.

Dans le passage auquel je viens de faire allusion (1 Pierre 1:11), il est ajouté que l’esprit de Christ rendait par avance témoignage par les prophètes, en déclarant les souffrances qui devaient arriver à Christ et les gloires qui suivraient. Les souffrances du Messie et les gloires qui devaient leur succéder : telles sont, en effet, les deux grandes divisions sous lesquelles peuvent se ranger toutes les prédictions des principaux faits qui font l’objet de la Prophétie. Les premières, soit celles qui se rapportent aux souffrances de Christ ont été accomplies et presque toujours de la manière la plus littérale. Comparez, par exemple, le verset 1 avec Matth. 27:46 ; le verset 7 avec Marc 15:29 ; le verset 8 avec Matth. 27:43 ; le verset 16 avec Luc 23:33 ; le verset 18 avec Jean 19:24, etc. Voilà ce qui a été montré mille ans à l’avance par l’Esprit de Dieu au roi-prophète. Quelle merveille ! Quant à la seconde classe des prophéties, celles qui se rapportent aux gloires qui devaient suivre les souffrances du Messie, la résurrection du Sauveur, son ascension et sa séance à la droite de Dieu en ont commencé l’accomplissement ; mais la plupart d’entre elles sont relatives au glorieux retour du Seigneur et à son règne, et par conséquent à des faits encore à venir. C’est des prophéties messianiques, c’est à dire en rapport avec le Messie ou Christ, dans le livre du prophète Ésaïe que je voudrais vous entretenir aujourd’hui. Je le fais en demandant à Dieu d’éclairer vos intelligences et d’ouvrir vos cœurs à sa parole, au moyen de son Esprit de sagesse et de révélation dans les choses qui regardent sa connaissance.

Souvenez-vous qu’Ésaïe a prophétisé plus de sept cents ans avant la venue de Jésus Christ. On trouve dans son livre plus de 90 passages qui sont cités ou rappelés dans le Nouveau Testament ; quelques-uns même le sont plusieurs fois. Le prophète ne paraît jamais plus élevé que quand, au bout d’une perspective de sept siècles, il aperçoit en esprit le Saint d’Israël, son Rédempteur, quand il le voit dans sa forme humaine de Sauveur, tantôt profondément abaissé, et tantôt élevé au-dessus de toutes choses, et quand son âme altérée et remplie d’amour se nourrit et se rassasie avec délices en le contemplant ; de là vient aussi que, dans ces derniers temps, les disciples du Seigneur Jésus trouvent, dans ce livre prophétique, une nourriture excellente pour fortifier leur foi, ranimer leur amour et leur espérance, jusqu’au jour où leur Seigneur apparaîtra dans sa gloire. En effet, on trouve dans ces prophéties, tout ce qu’il est essentiel de savoir et de croire pour notre salut, relativement à la personne de Jésus Christ, à la rédemption par son sang et à la gloire qu’il a acquise.

Ésaïe parle du Seigneur avec tant de clarté qu’il semble parfois qu’on lit plutôt la narration d’un évangéliste ou d’un apôtre, que celle d’un prophète de l’Ancien Testament. Aussi l’a-t-on appelé le cinquième évangéliste.

Ses prophéties rendent le témoignage le plus clair et le plus concluant à la divinité éternelle du Fils de Dieu. Elles nous le montrent comme étant l’Éternel, le Dieu des armées, le Créateur et le conservateur de toutes choses. Nous avons déjà vu, dans notre précédente étude, que l’Éternel dont le prophète vit la gloire quand il reçut sa vocation, était réellement le Fils. Quoi de plus majestueux que ces paroles qu’on lit en Ésaïe 45 : « Ainsi dit l’Éternel qui a créé les cieux, le Dieu qui a formé la terre et qui l’a faite…Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre…Hors moi il n’y a pas de Dieu ; – de Dieu juste et sauveur, il n’y en a point si ce n’est moi. Tournez-vous vers moi, et soyez sauvés, vous, tous les bouts de la terre ; car moi, je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre. J’ai juré par moi-même, la parole est sortie de ma bouche en justice, et ne reviendra pas, que devant moi tout genou se ploiera, par moi toute langue jurera ». Maintenant, si l’on demande : Qui est ce seul Dieu éternel ? l’apôtre Paul répond : c’est le Seigneur Jésus Christ, devant le tribunal duquel tous doivent comparaître (Rom. 14:10, 11) ; c’est Celui devant qui tout genou doit se plier (Phil. 2:10, 11).

Les témoignages d’Ésaïe concernant Jésus Christ et sa première venue ici-bas, que l’on trouve cités dans le Nouveau Testament, sont entre autres les suivants : De ces paroles du prophète : « La voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin de l’Éternel, aplanissez dans le lieu stérile une route pour notre Dieu » (40:3), Jean le Baptiseur en a fait l’application à sa personne, comme précurseur de Jésus, ici appelé l’Éternel et notre Dieu (Jean 1:23). Les évangélistes aussi ont présenté cette prophétie comme regardant Jean le Baptiseur (Matth. 3:3, etc), et Zacharie, son père, y fait allusion dans son cantique de louanges (Luc 1:76). Ésaïe avait aussi prédit en termes formels que Jésus, désigné par le nom d’Emmanuel (Dieu avec nous) devait naître miraculeusement d’une vierge (7:14 comparé à Matthieu 1:22, 23). Ailleurs, en Ésaïe 9:6, 7, cette naissance de Jésus est annoncée en ces termes : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. À l’accroissement de son empire, et à la paix, il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours ». C’est à cette prophétie que l’ange Gabriel fit allusion, en annonçant la naissance de ce divin enfant à Marie (Luc 1:32, 33).

Lorsque le Seigneur Jésus entra un jour, comme prophète et docteur, dans la synagogue de Nazareth, il lut ces paroles d’Ésaïe : « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, parce que l’Éternel m’a oint pour apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires : il m’a envoyé pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté, et aux prisonniers l’ouverture de la prison, pour proclamer l’année de la faveur de l’Éternel » (61:1). Après avoir fait cette lecture, le Sauveur en fit l’application à sa personne, à sa doctrine et à ses œuvres, en disant : « Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant » (Luc 4:21) et cela par le fait que Celui que faisait parler l’Esprit prophétique en Ésaïe venait lui-même de prononcer ces paroles.

Quant aux souffrances de Christ et aux gloires dont elles seraient suivies, nul prophète n’a été rendu capable, plus qu’Ésaïe, de les décrire en termes aussi précis, en en parlant plutôt comme historien, témoin racontant des faits, que comme prophète les annonçant à l’avance. C’est ce qu’il fait particulièrement dans le chapitre 53 de ses révélations ; là il peint Jésus Christ comme l’Agneau de Dieu qui porte nos péchés, sous les traits les plus vifs et les plus touchants ; là, entre autres, il dit de Lui : « Il est méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur, et comme quelqu’un de qui on cache sa face ; il est méprisé, et nous n’avons eu pour lui aucune estime. Certainement, lui a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs ; et nous, nous l’avons estimé battu, frappé de Dieu, et affligé ; mais il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris. Nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin, et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous. Il a été opprimé et affligé, et il n’a pas ouvert sa bouche. Il a été amené comme un agneau à la boucherie et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n’a pas ouvert sa bouche. Il est ôté de l’angoisse et du jugement ; et sa génération, qui la racontera ? Car il a été retranché de la terre des vivants ; à cause de la transgression de mon peuple, lui, a été frappé » (53:3-8).

Dans son agonie et sa mort, puis en reprenant par sa résurrection une vie impérissable, le Seigneur Jésus a pleinement accompli ces paroles prophétiques. Les deux derniers versets cités ci-dessus furent le texte que Philippe appliqua à Jésus Christ dans l’explication qu’il en donna avec tant de force et de clarté à l’eunuque de la reine d’Éthiopie, que cet homme crut au Seigneur, fut baptisé et continua son voyage rempli de joie (Voyez Actes 8:26-39). « Et on lui donna son sépulcre avec les méchants ; mais il a été avec le riche dans sa mort, parce qu’il n’avait fait aucune violence, et qu’il n’y avait pas de fraude dans sa bouche ». Ainsi, comme le dit Paul, Christ a été enseveli selon les Écritures, ou comme il était écrit de lui dans les saintes lettres. Voyez 1 Cor. 15:4 et 1 Pierre 2:22.

« Mais il plut à l’Éternel de le meurtrir ; il l’a soumis à la souffrance. S’il livre son âme en sacrifice pour le péché, il verra une semence ; il prolongera ses jours, et le plaisir de l’Éternel prospèrera en sa main. Il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait. Par sa connaissance mon serviteur juste enseignera la justice à plusieurs, et lui, il portera leurs iniquités. C’est pourquoi je lui assignerai une part avec les grands, et il partagera le butin avec les forts, parce qu’il aura livré son âme à la mort, et qu’il aura été compté parmi les transgresseurs, et qu’il a porté le péché de plusieurs, et qu’il a intercédé pour les transgresseurs » (53:10-12). Notre Sauveur s’est expressément appliqué à lui-même un des détails de cette dernière prédiction lorsqu’à l’approche de ses souffrances, il dit à ses disciples : « Il faut encore que ceci qui est écrit, soit accompli en moi : « Et il a été compté parmi les iniques » (Luc 22:37).

Quant aux descriptions des glorieuses conséquences de la mort et de la résurrection de Jésus, elles abondent dans les révélations d’Ésaïe, et spécialement dans les derniers chapitres. Que Dieu vous donne de les méditer, de les comprendre, au moins en partie, et de vous en approprier ce qui regarde l’Église de Dieu par une foi sincère en Jésus Christ qui en est l’objet, la source et la cause.

 

 

2                        Le prophète Jérémie

 

La Bonne Nouvelle 1871 pages 3 à 7 et 36 à 40.

Jérémie, dont le nom veut dire : grandeur de l’Éternel, est le deuxième des quatre grands prophètes ; et vous n’ignorez pas que les trois autres sont Ésaïe, duquel nous nous sommes déjà entretenus, puis Ézéchiel et Daniel, dont nous vous parlerons plus tard, s’il plait à Dieu. Jérémie, fils du sacrificateur Hilkija, naquit dans une ville lévitique de la tribu de Benjamin, située à une lieue au nord de Jérusalem (Jér. 1). On suppose que son père est le même Hilkija, qui fut souverain sacrificateur au temps de Josias.

La treizième année du règne de Josias, Jérémie reçut de l’Éternel la vocation, ou la charge de prophète qu’il exerça surtout parmi le peuple de Juda, durant plus de 40 ans, c’est-à-dire jusqu’à la destruction de Jérusalem. Le Seigneur, en le consacrant, lui dit qu’il l’avait mis à part dès avant sa naissance pour être prophète des nations. Jérémie se sentit d’abord trop faible et trop timide pour oser accepter une tâche si difficile. Il répondit qu’il n’avait pas le don de la parole, qu’il était trop jeune ; mais l’Éternel l’encourage avec bonté, en lui disant : « Ne dis pas : Je suis un enfant, car pour tout ce pour quoi je t’enverrai, tu iras, et tout ce que je te commanderai, tu le diras. Ne les crains point ; car je suis avec toi pour te délivrer ». Et Dieu, qui est fidèle, tint sa promesse à l’égard de son serviteur ; car, ainsi que vous l’avez déjà lu, Jérémie fut remarquablement délivré dans toutes les circonstances fâcheuses qu’il put rencontrer. Puis, comme pour mettre le sceau à sa promesse, l’Éternel étendit sa main et en touchant la bouche du prophète lui dit : « Voici, j’ai mis mes paroles dans ta bouche » (1:9).

Jérémie avait en effet bien besoin d’être assuré de la divinité de sa vocation, et du secours de son Dieu ; car c’était un peuple extrêmement dépravé que celui qu’il était chargé de censurer, et auquel il devait annoncer les châtiments les plus sévères à cause de leurs nombreuses rébellions. Il n’avait, dès lors, en perspective devant lui que la haine des petits et des grands, et il devait s’attendre à essuyer de leur part les plus amères contradictions et les traitements les plus injurieux ; c’est pourquoi l’Éternel ajoute : « Et moi, voici, je t’établis aujourd’hui comme une ville forte, et comme une colonne de fer, et comme des murailles d’airain… Et ils combattront contre toi, mais ils ne prévaudront pas sur toi, car moi je suis avec toi, dit l’Éternel, pour te délivrer » (1:18-19).

Plein de confiance en ces paroles de son Seigneur, Jérémie, d’abord si timide, débuta courageusement sa carrière de prophète : il prêcha avec une hardiesse et une force extraordinaires contre les péchés des rois, des sacrificateurs et du peuple ; il s’acquitta de sa mission, non seulement pendant la vie du pieux roi Josias, mais encore, et toujours avec le même zèle, sous le règne des princes impies qui succédèrent à celui-ci. Josias, il est vrai, avait su engager le peuple à servir l’Éternel, le Dieu d’Israël (2 Chron. 34:33) ; mais ils ne le faisaient que d’une manière extérieure, sans que le cœur y fût pour rien (Jér. 3:10). Aussi quand le prophète leur remontrait que c’est à la foi que Dieu regarde ; quand il leur annonçait que leur destruction était proche, à moins qu’ils ne se retournassent de tout leur cœur vers le Seigneur, pour obtenir le pardon et la miséricorde, alors les sacrificateurs et les faux prophètes, contre lesquels Jérémie avait sans cesse à combattre, le contredisaient en face, et soutenaient qu’il n’y avait rien à craindre : que Josias ayant rétabli le culte du vrai Dieu, on pouvait se permettre des temps de paix et de prospérité (Jér. 7:4 ; 14:13-14 ; 23:17). Continuellement en butte aux indignes traitements de ce peuple, Jérémie ne l’aimait pas moins pour cela, parce qu’il savait que, malgré son état de dégradation, ce peuple était le peuple de Dieu ; et son cœur saignait de douleur lorsqu’il était obligé de leur annoncer les terribles calamités qui les attendaient. Il suppliait jour et nuit le Seigneur de détourner d’eux ses jugements, et il continua d’intercéder jusqu’à ce que Dieu le lui défendit, à cause de leur profond endurcissement, de faire des requêtes en leur faveur.

Nous ne reviendrons pas sur les faits qui marquèrent le ministère que Jérémie exerça successivement sous les cinq derniers rois de Juda. Pour rappeler ces choses à votre mémoire, et avoir ainsi l’histoire complète de cet homme de Dieu, voyez les études sur le prophète Michée, son prédécesseur, et celle des rois dont il fut le contemporain.

Dans l’étude sur la destruction de Jérusalem, nous avons vu que le prophète fut tiré de la cour de la prison et remis au soin de Guedalia qui le renvoya à la maison. Nebuzaradan lui offrit ses service, et de l’emmener à Babylone ; mais Jérémie préféra partager la misère avec le petit peuple demeuré de reste en Judée, plutôt que de jouir des délices du péché dans la capitale des Chaldéens.

Guedalia, que Nébucadnetsar avait établi comme surveillant sur les villes de Juda, vint à mourir. Alors les habitants, craignant les Chaldéens, se retirèrent dans les montagnes qui conduisaient en Égypte (chap. 41), et demandèrent à Jérémie de consulter l’Éternel, pour savoir de quel côté ils devaient se tourner, promettant qu’ils se conformeraient à l’ordre de Dieu, et qu’ils obéiraient à sa voix. La réponse fut qu’il fallait rester dans le pays ; que Dieu serait avec eux, et qu’Il les y ferait habiter en assurance ; mais que s’ils persistaient à vouloir se retirer en Égypte, comme ils se l’étaient proposé, ils périraient par l’épée, par la famine et par la peste (42). Mais quelle ne fut pas l’affliction de Jérémie quand ils lui répondirent avec fierté : « C’est un mensonge que tu dis ; l’Éternel, notre Dieu, ne t’a pas envoyé pour [nous] dire : N’allez point en Égypte pour y séjourner » (43:2). Dans leur aveuglement, ils accusèrent même le prophète de vouloir les livrer entre les mains de leurs ennemis. Et le résidu de ceux de Juda, avec Jokhanan à leur tête, s’assembla ; ils prirent avec eux Jérémie, qui consentit à les suivre, probablement dans l’espoir de les préserver de l’idolâtrie, et ils descendirent au pays de Pharaon (43). Là, au milieu d’une nation païenne, ce misérable peuple s’abandonna dans la plus triste idolâtrie ; aussi les jugements que le prophète leur avait annoncés ne tardèrent pas à fondre sur eux. Des troubles s’étant élevés en Égypte, ils y trouvèrent la mort, sauf un très petit nombre de réchappés qui regagnèrent le pays de Juda. Quant à Jérémie, on croit qu’il fut lapidé en Égypte par ses compatriotes incrédules.

Il y a une précieuse instruction pour vous, chers lecteurs, dans l’histoire de ce prophète. Tant que Jérémie eut foi aux promesses que Dieu lui avait faites, il fut délivré des difficultés qu’il rencontra et des dangers qu’il courut. Si vous êtes appelés à vivre peu ou beaucoup d’années ici-bas, vous rencontrerez mainte difficulté, mainte circonstance pénible ou douloureuse, telles que ce monde, où le péché a tout gâté, en présente à chaque instant. Et si vous avez le bonheur d’appartenir au Seigneur, les épreuves, les persécutions même ne vous seront point épargnées ; au contraire, plus Jérémie était fidèle dans son service, plus l’opposition qu’on lui faisait était grande. Mais comme nous vous l’avons dit une fois, celui qui craint Dieu sort de tout, celui qui se confie en l’Éternel ne sera jamais confus. Le Tout-Puissant donne l’issue à ceux qui s’attendent à lui ; et quoiqu’il arrive, nous pouvons être sans crainte, quand nous avons Dieu pour nous, avec nous et en nous. Que ce soit une réalité pour vous afin que vous puissiez faire l’expérience du privilège qu’il y a de souffrir pour le nom de Jésus, de Celui qui a souffert, le juste pour les injustes, et qui, pendant sa carrière ici-bas, n’a rencontré que la « contradiction de la part des pécheurs contre lui-même » (Héb. 12:3). Maintenant Il « est assis à la droite du trône de Dieu » (Héb. 12:2), et il nous a laissé cette promesse bénie, et si propre à nous fortifier et nous encourager au milieu de la tribulation, savoir que « si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui » (2 Tim. 2:12). Quant au misérable peuple de Juda, nous venons de voir où le conduisit son incrédulité, son manque de confiance en Celui qui, seul, pouvait et voulait le garder, le délivrer et le bénir. Quel solennel avertissement pour vous, chers amis, si vous n’avez pas encore cherché votre refuge ailleurs qu’en Égypte, pays qui dans l’Écriture représente toujours le monde et ses affections, lesquels procurent le jugement et la mort.

Outre les menaces et les prédictions de terribles châtiments qu’il adressait au peuple de la part de Dieu, outre les châtiments relatifs aux nations, Jérémie a écrit dans son livre, sous la direction de l’Esprit saint, d’admirables prophéties concernant le Seigneur Jésus et ses relations futures avec Israël. Nous citerons ici quelques passages :

« Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, et je susciterai à David un Germe juste ; et il régnera en roi, et prospérera, et exercera le jugement et la justice dans le pays. Dans ses jours Juda sera sauvé et Israël demeurera en sécurité ; et c’est ici le nom dont on l’appellera : L’Éternel notre justice » (Jér. 23:5-6).

« Voici, des jours viennent, dit l’Éternel, et j’établirai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une nouvelle alliance… Car c’est ici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : Je mettrai ma loi au dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ; et ils n’enseigneront plus chacun son prochain, et chacun son frère, disant : Connaissez l’Éternel ; car ils me connaîtront tous, depuis le petit d’entre eux jusqu’au grand, dit l’Éternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché » (31:31, 33-34).

« Et je les purifierai de toute leur iniquité [par] laquelle ils ont péché contre moi » (33:8).

« Et je leur donnerai un seul cœur, et une seule voie, pour me craindre tous les jours, pour leur bien et [le bien] de leurs fils après eux ; et je ferai avec eux une alliance éternelle, que je ne me retirerai point d’auprès d’eux, pour leur faire du bien ; et je mettrai ma crainte dans leur cœur, pour qu’ils ne se retirent pas de moi » (32:39-40).

 

3                        Les Lamentations de Jérémie

Les LAMENTATIONS de Jérémie sont des élégies, ou des chants d’affliction sur le déplorable état du peuple juif, avant et après la destruction de Jérusalem, et les calamités que ce peuple s’attira par sa méchanceté. Ces complaintes sont entremêlées de passage de consolation et de prières ardentes pour le rétablissement de ce peuple que Dieu n’a pas rejeté pour toujours.

 

4                        Le prophète Ézéchiel

La Bonne Nouvelle 1871 pages 106-110.

Ézéchiel, le troisième des grands prophètes, était fils de Buzi, sacrificateur juif. Son nom signifie : « La force de Dieu ». Comme son père, il exerçait la sacrificature à Jérusalem, quand il fut mis au nombre de ceux qui furent emmenés par Nébucadnetsar en Chaldée lors de la première déportation, quelques années avant la destruction de Jérusalem. Parmi eux se trouvaient aussi le roi Jéhoïakin et les principaux de Juda. Ézéchiel s’établit à Thel-Abib, près du fleuve de Kebar, où il habita dans sa propre maison, et où il vécut honoré au milieu de ses compatriotes. Il était marié et demeurait là depuis cinq ans lorsque Dieu l’appela d’une manière solennelle, dans une vision, à la charge de prophète et de prédicateur qu’il exerça vingt-deux ans parmi ses frères captifs, et néanmoins endurcis.

Dans cette vision Ézéchiel vit au-dessus d’une nuée et au-dessus d’une étendue pareille à du cristal, le Seigneur dans sa gloire, assis sur un trône éblouissant semblable à une pierre de saphir. « Comme l’aspect de l’arc qui est dans la nuée en un jour de pluie, tel était l’aspect de la splendeur tout autour. C’était là l’aspect de la ressemblance de la gloire de l’Éternel. Et je vis, et je tombai sur ma face, et j’entendis une voix qui parlait » (Ézéchiel 1:28). Dans les versets qui précèdent celui-ci, vous trouverez les détails et emblèmes majestueux qui complétaient cette remarquable vision, et au chapitre 2 vous lirez que cette voix qui parlait et s’adressait à lui dans le but de l’envoyer « vers les fils d’Israël, vers les nations, les rebelles qui se sont rebellés contre moi » — « Et eux, soit qu’ils écoutent, soit qu’ils n’en fassent rien, car ils sont une maison rebelle, ils sauront qu’il y a eu un prophète au milieu d’eux » (v 3 et 5). Et l’Esprit anima le prophète et le releva sur ses pieds. Et, de même que Jérémie qui prophétisait pendant ce temps à Jérusalem, Ézéchiel mettait devant les yeux du peuple leurs péchés et leurs iniquités à cause desquels Dieu ferait venir sur eux ses châtiments les plus sévères, jusqu’à faire détruire la ville et le temple de Jérusalem, dévaster le pays de Juda et le dépeupler entièrement. Ainsi les prédications de ces deux prophètes contenaient la même chose, avec cette différence qu’Ézéchiel était plus sévère encore dans ses discours que Jérémie, comme aussi plus détaillé dans ses récits prophétiques de la destruction de Jérusalem. Afin que ses prédications fissent plus d’impression sur ses auditeurs, il reçut l’ordre de les confirmer par des actes solennels et frappants. Mais, comme à Jérusalem, il y avait à Babylone et sur les rives du Kebar des faux prophètes qui induisaient le peuple en erreur par de fausses promesses qu’on écoutait que trop volontiers ; mais lorsque ceux de leurs compatriotes qui furent transportés les derniers du pays de Juda arrivèrent en Chaldée, les premiers reconnurent qu’il y avait effectivement un prophète de l’Éternel au milieu d’eux. Car ils purent se convaincre par les lamentables récits de ces nouveaux captifs que tout ce qu’Ézéchiel leur avait annoncé touchant la destruction de Jérusalem était ponctuellement arrivé.

Dans la neuvième année de son exil, le prophète eut la douleur de perdre sa femme ; et Dieu lui défendit d’en mener le deuil, afin que cela fut encore pour le peuple un signe parmi tant d’autres.

En lisant le livre Ézéchiel, vous aurez peut-être été frappés de voir que chaque fois que l’Éternel s’adresse à son serviteur, il l’appelle : « Fils d’homme ». C’est aussi le titre donné à Christ considéré comme rejeté et en dehors de son peuple, rejeté quant il vint ici-bas comme Christ, l’Oint de Dieu ; et c’est sous le nom de « Fils de l’Homme » que Christ agira en jugement. Ici, le prophète était rejeté aussi bien que Dieu qui l’envoyait, et l’Éternel, en lui donnant ce titre, le mettait sur le même pied, comme position, que Celui qui devait venir plus tard, le Fils de Dieu, le Sauveur, après que tous les autres moyens de ramener ce peuple endurci auraient été vainement essayés.

Vous savez, chers lecteurs, qu’Israël avait été emmené captif en Assyrie, et Juda dans le pays des Chaldéens. Néanmoins Ézéchiel emploie souvent le nom général d’Israël en parlant de Juda : la raison en est que la captivité avait placé la nation toute entière sous un jugement commun et dans le même état.

Pour comprendre le livre d’Ézéchiel, il faut remarquer que les 48 chapitres dont il se compose forment quatre groupes assez distincts :

1° Les 23 premiers chapitres renferment les témoignages de Dieu et ses déclarations de jugement contre Israël en général, et contre Jérusalem en particulier.

2° Dans les 10 chapitres suivants, nous trouvons les jugements prononcés contre les nations environnantes.

3° Depuis le chapitre 34ème jusqu’au 39ème le prophète reprend le sujet d’Israël, et annonce son rétablissement en grâce, à la fin, à cause des promesses faites à leurs pères, et après qu’ils auront passé par de terribles jugements. Peut-on lire promesse plus consolante et plus encourageante que celle qui se trouvent au chapitre 34 versets 11 à 16 : « Car, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j’en prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées … et les amènerai dans leur terre ; et je les paîtrai sur les montagnes d’Israël, auprès des ruisseaux et dans toutes les habitations du pays ; je les ferai paître dans un bon pâturage, … Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer… La perdue, je la chercherai, et l’égarée, je la ramènerai, et la blessée, je la banderai, et la malade, je la fortifierai ». Et au verset 23 : « Et je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David : lui les paîtra, et lui sera leur pasteur » (David : le Messie, fils de David). D’autres magnifiques promesses touchant ce malheureux peuple d’Israël se lisent aux chapitres 36:25-27, et 37:15-28, etc.

4° Enfin les chapitres 40 à 48 nous donnent la division future du pays entre les tribus, et la description du temple tel qu’il sera rebâti, quand Christ reviendra sur la terre établir son règne de mille ans (millénium). La ville aussi sera reconstruite et son nom sera L’ÉTERNEL EST LÀ.

Ce qui ressort pour vous de ce beau livre qui nous a occupé aujourd’hui, c’est le tableau qu’il présente de la longanimité, de la miséricorde, de la grâce, de l’amour de Dieu envers son peuple rebelle et désobéissant, grâces qui s’exercent aussi pour vous. Vous aussi comme tout homme vous êtes, par nature, rebelles et désobéissants parce que le péché habite en vous. Mais Dieu est lent à la colère, et grand en bonté ; et bienheureux êtes-vous si vous avez déjà répondu aux appels réitérés de sa grâce, de cette grâce qui nous met à l’abri du jugement ! Ah ! Que ceux d’entre vous qui demeurent encore éloignés, se hâtent d’aller tels qu’ils sont au Sauveur, pendant que dure la patience de Dieu, afin d’avoir, vous aussi part aux promesses bien plus excellentes que celles faites à Israël, lesquelles sont notre partage par la foi. Israël sera témoin de la gloire du Seigneur Jésus et l’adorera comme Roi : le lot béni des croyants sera d’être avec Christ, et les objet de sa gloire ; d’être cohéritiers avec Lui ; et nous qui croyons, nous l’adorerons éternellement comme l’Agneau qui a été immolé, et qui nous a lavés dans son sang ; et après avoir été ici-bas des monuments de la grâce de Dieu, nous aurons l’inexprimable privilège d’être à jamais des monuments de sa gloire. Chers lecteurs, que ce soit pour chacun de vous, par la foi, votre glorieux partage !

 

 

5                        Le prophète Daniel.

La Bonne Nouvelle 1871 pages 121 à 127.

5.1   Babylone, ou Babel

 

Le livre du prophète Daniel nous présente tant d’instructions que je désire que nous mettions plus de temps à l’étudier que nous ne l’avons fait avec les autres prophètes ; et ce d’autant plus que, étant en grande partie historique, il est plus facile à saisir.

D’abord il faut vous faire remarquer que ce livre se divise, juste au milieu, en deux parties : la première est historique tandis que la seconde est prophétique.

Vous observez que le dernier verset du chapitre 6 ressemble beaucoup à celui du premier chapitre ; c’est là comme une conclusion de la partie historique. Au premier chapitre il est dit que Daniel continua jusqu’au règne de Cyrus, et au sixième qu’il prospéra sous ce règne. Cyrus était le neveu de Darius, homme passablement âgé lors de la prise de Babylone. Cyrus commandait l’armée ; et c’était lui, enfin, qui exerçait le pouvoir de gouverner, bien que son oncle Darius eût d’abord été reconnu roi. Mais nous en parlerons plus tard en suivant l’ordre de l’histoire.

Nous voulons nous occuper presque exclusivement des six premiers chapitres de ce précieux livre ; à la fin nous pourrons peut-être dire quelques mots sur la dernière partie ; mais il faut beaucoup de connaissance de la Bible pour pouvoir bien comprendre les prophéties, — chose que l’on ne peut guère attendre de jeunes lecteurs pour le moment.

Tous les évènements dont il s’agit dans le livre qui nous occupe se passèrent à Babylone, capitale du grand empire dont Nebucadnetsar fut le premier roi. C’est là que Daniel, emmené tout jeune captif, passa presque toute sa vie. Nous allons tâcher de vous donner quelques idées générales sur cette ville remarquable.

La première fois que l’on en entend parler dans la Bible, c’est dans la Genèse aux chapitres 10 et 11, — et sous le nom de Babel ; mais à cette époque, elle était loin de jouir de l’importance politique dont elle devint le centre plus tard, bien que les hommes eussent tout mis en œuvre pour en faire la métropole du monde entier. Cependant, il paraît que la confusion, dont Dieu s’était servi pour étouffer leurs entreprises, avait jeté, durant quelques siècles, une sorte d’opprobre sur la contrée.

Vous vous rappelez que le premier monarque dont il soit parlé s’appelait Nimrod, « le puissant chasseur » ; c’était un descendant de Cush. Il possédait quatre grandes villes dans la plaine de Shinhar, dont Babel était la première et la principale (Gen. 10:9 et 10). Il n’y avait alors qu’une seule langue sur toute la terre ; et, par crainte d’être dispersés, les hommes décidèrent de bâtir une immense tour au milieu de la ville de Babel, pour qu’on la vît depuis très loin, afin que, de cette manière, il y eût quelque chose qui distinguât Babel de toute autre ville, et qu’elle devint la capitale du monde ; car ils ne voulaient pas rester sous la dépendance de Dieu ; ils ne voulaient pas que Dieu les gouvernât.

Dieu, voyant leur ville et leur tour s’agrandir toujours davantage, confondit leur langage, de sorte que personne ne comprenait plus ce que les autres disaient ; aussi, ne pouvant plus se faire entendre, ils furent forcés de se séparer malgré eux ; et la chose qu’ils avaient tant redoutée leur arriva : ils furent dispersés sur toute la terre, et ils cessèrent de bâtir la ville. Le nom de « Babel » fut alors donné à l’endroit ; car « Babel » veut dire confusion.

C’est ainsi que l’on est souvent puni par Dieu quand on persiste à agir selon sa propre volonté. La chose que l’on craint le plus arrive ; et on se trouve arrêté dans ses projets au lieu d’être avancé. La dépendance complète de Dieu est notre plus grand bonheur ici-bas, bien que le cœur naturel ait de la peine à le croire.

Après cette catastrophe, qui eut lieu lors de la naissance de Péleg (Gen. 10:25), et 101 ans après le déluge, il paraîtrait qu’un nommé Assur, sortant du pays de Shinhar, bâtit Ninive et les villes avoisinantes. Cet Assur fut fondateur de la monarchie assyrienne, dont Ninive était la capitale (comparez 2 Rois 19:36). Ninive était située à environ 90 lieues au Nord de Babel.

Mais peu à peu Babel se relevait de ses ruines, et près de quinze siècles après la confusion des langues, on en entend parler pour la deuxième fois sous le nom de Babylone (Babylone est le nom grec de Babel. Dans la Bible hébraïque le nom est toujours écrit « Babel ») (2 Rois 20 et Ésaïe 39). C’était alors avec un caractère beaucoup plus défini, car Babylone était le pays des Chaldéens qui, de même que les Israélites, descendait de Sem, le second fils de Noé ; tandis qu’il semble que Babel embrassait également les descendants de Japhet et de Cam aussi bien que ceux de Sem.

À mesure que le pouvoir des Chaldéens s’accroissait, le roi de Babylone aspirait à la monarchie du monde tout entier ; et Dieu le permettait dans Sa providence, car les Israélites étaient devenus tellement revêches et désobéissants, qu’ils ne voulaient pas écouter la voix des prophètes que Dieu leur envoyait ; aussi Il allait leur ôter le royaume et la gloire qu’Il avait confiés à David et à son fils Salomon.

Au temps du roi Ézéchias, le pouvoir des Chaldéens n’était rien à côté de celui de leurs puissants voisins, les Assyriens ; mais cela changea bientôt, et un siècle après, la monarchie Assyrienne disparut entièrement, et la gloire des Chaldéens fut à son comble.

Voici donc de quelle manière Babylone se trouvait en relation avec le pays d’Israël. Quand Ézéchias fut malade (2 Rois 20, Ésaïe 38), l’Éternel lui donna un signe de sa guérison, savoir que l’ombre des degrés qui était descendue avec le Soleil, au cadran d’Achaz (père d’Ézéchias), retourna de dix degrés en arrière. Les savants de Babylone observèrent ce phénomène extraordinaire, et le roi Berodac-Baladan envoya des lettres avec un présent à Ézéchias pour s’informer du miracle qui était arrivé (2 Rois. 20:12). Ézéchias en fut tellement content qu’il se laissa aller à l’orgueil de son cœur, et montra aux ambassadeurs venu de Babylone tous les trésors de son royaume. Sur cela Dieu lui fit dire que tout serait emmené à Babylone ; — ce qui ne manqua pas d’arriver en effet, car les Chaldéens convoitaient les belles choses, et ils devinrent dès ce moment-là les ennemis acharnés du peuple d’Israël (Ps. 137:2 Chron. 33:11) ; et 106 ans après, Nebucadnetsar, ayant ravagé plusieurs autres pays, assiégea Jérusalem, la prit et emmena beaucoup de captifs à Babylone, au nombre desquels était le jeune Daniel.

Ceci arriva en la troisième année du règne de Jéhoïakim, fils de Josias, roi de Juda (Dan. 1:1-2) ; cette année était la première de Nebucadnetsar, et du grand empire Babylonien, qui subsista soixante-dix ans. — Car Nebucadnetsar, après avoir vaincu et détruit la puissance des Égyptiens et des Assyriens, devint de fait monarque du monde entier, dont Babylone était comme la capitale. Avant ce monarque, le royaume de Babylone était insignifiant, et plus ou moins assujetti aux Assyriens.

Il y avait encore une ombre de royauté en Juda pendant les dix-sept ans qui suivirent l’avènement de Nebucadnetsar ; mais toute la nation d’Israël, ou ce qui en restait, fut gouverné par le roi de Babylone ; et le grand crime que Dieu imputait à Sédécias, dernier roi de Juda, fut qu’il avait méprisé le serment d’exécration, lequel il avait fait à Nebucadnetsar (Ézéch. 17:11-21). Aussi l’on comprend que, selon les pensées de Dieu, le royaume d’Israël prenait fin quand Il remit tout pouvoir sur la terre entre les mains des Gentils, dans la personne de Nebucadnetsar. Israël fut mis de côté à cause de sa rébellion.

Quelle leçon solennelle que celle que nous donne l’exemple d’ Ézéchias ! Homme très pieux et attaché à son Dieu, il ne fut pourtant pas reconnaissant du bienfait que Dieu lui avait rendu en exauçant sa prière, et en le guérissant de sa maladie ; car son cœur s’éleva, et il tomba dans le piège de Satan, selon cette parole : « L’orgueil va devant la ruine » (Prov. 16:18) ; « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne [la] grâce aux humbles » (Jacques 4:6 ; 1 Pierre 5:5). Les deux choses sont arrivées, en effet, dans le cas d’Ézéchias ; car il s’humilia de ce qu’il avait été élevé dans son cœur, de sorte que l’indignation de l’Éternel ne vint point sur son royaume durant ses jours (2 Chron. 32:25-26).

Daniel commença à écrire son livre en la première année de Nebucadnetsar, peu après son arrivée à Babylone, la grande ville des Chaldéens, où il avait été emmené captif avec plusieurs personnes de la race royale et les principaux seigneurs de Juda.

Vous vous rappelez que c’est du milieu des Chaldéens qu’Abraham sortit, au commencement (Gen 12). Et c’est au milieu d’eux que s’éteignit plus tard la gloire d’Israël, cette nation bénie, bien-aimée, mais rebelle et infidèle.

Babylone occupe une grande place dans les prophéties d’Ésaïe, de Jérémie et d’Habakuk. Dans l’Apocalypse elle est le siège de la dernière manifestation du mal dans les derniers jours ; parce que, selon les principes du gouvernement de Dieu, ce qui était au commencement se retrouve à la fin.

La volonté propre de l’homme se développa là, à Babylone, au commencement ; là aussi la monarchie du monde s’inaugura ; et c’est là que toute la gloire de l’homme s’éteindra (Apoc. 18), et la confusion éternelle sera écrite sur elle.

 

5.2   Nebucadnetsar

La Bonne Nouvelle 1871 pages 150 à 159.

Cet homme remarquable, qui fonda la monarchie Babylonienne proprement dite, était un puissant guerrier et un habile général. Au moment de la mort de son père il était commandant en chef de l’armée Chaldéenne, qui se battait en Syrie et en Judée ; et il fut proclamé roi par les troupes aussitôt que l’on sut que son père n’était plus ; de sorte que, quand il rentra à Babylone, il se trouvait non seulement à la tête du royaume, mais possédait un empire qui venait d’être considérablement agrandi par toutes ses victoires, et duquel la puissance et l’étendue étaient alors sans pareilles dans le monde entier. Un peu plus tard, il subjugua le pays d’Égypte qui fut dorénavant « un royaume abaissé » (Ézéchiel 29:14-15). Comparez Ésaïe 19, Jérémie 43:10-13 ; 44:30 ; 46, Ézéchiel 29:18-21 ; 30:22-26. Et, depuis lors, il n’y eut plus un seul peuple dans le monde qui lui fit opposition ; aussi était-il reconnu comme monarque du monde entier, ainsi que Daniel le lui dit dans le seconde année de son règne : « Toi, ô roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire ; et partout où habitent les fils des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a mis entre tes mains et t’a fait dominer sur eux tous » (Daniel 2:38). Du moment que la nation d’Israël était mise de côté à cause de sa rébellion et de son incrédulité, c’était la volonté de Dieu que tout pouvoir sur la terre fût remis entre les mains d’un seul homme. Cet homme fut Nebucadnetsar.

Bien que Daniel restât toujours à Babylone, pour remplir les fonctions que le roi lui avait confiées dans le gouvernement (1:19-20 et 2:49), vous ne devez pourtant pas supposer que le roi lui-même ne sortit pas de la capitale.

Dans la parole de Dieu, nous trouvons le récit de deux campagnes mémorables qu’il entreprit contre la Palestine et le pays de Juda ; — la première, dans la huitième année de son règne, quand il emmena prisonniers le jeune roi Jéhoïakin et sa mère, et qu’il plaça Sédécias sur le trône de Juda sous serment de fidélité ; — la seconde, dans sa dix-huitième année et dix-neuvième année de règne, quand il détruisit Jérusalem, après dix-huit mois de siège, brûla le temple et emmena captif le reste du peuple. Voyez, pour plus de détails sur ces divers évènements ce que nous en avons dit dans les dernières études sur les rois de Juda et les prophètes.

Nebucadnetsar était d’un caractère très fier et très cruel ; on le voit à la manière dont il traita Sédécias et le peuple Juif (2 Rois 25:7 ; Jér. 52:10-11 ; 2 Chron. 36:17-20). Il retint le jeune Jéhoïakin en prison durant tout le reste de son règne, c’est-à-dire pendant 37 ans ; car ce ne fut qu’en la première année de son successeur, Évil-Merodac, que Jéhoïakin fut libéré. On voit par là que Nebucadnetsar régna 44 ans.

Trois circonstances de sa vie nous occuperont : son songe, sa statue, son abaissement, —circonstances qui sont détaillées en Daniel 2, 3 et 4.

 

5.3   Le songe de Nebucadnetsar

Ce fut en la seconde année de son règne que Nebucadnetsar songea un songe qui lui causa une vive émotion, mais qu’il oublia en se réveillant, de sorte qu’il fut en grande peine pour savoir et le songe et son interprétation. Le roi fit donc appeler tous les savants chaldéens, magiciens, astrologues et enchanteurs, mais personne ne pouvait lui révéler la chose. Les Chaldéens demandèrent que le roi leur dit son songe, sur quoi ils s’engageaient à lui en donner l’interprétation ; mais ce monarque leur fit remarquer que l’une des choses était aussi difficile que l’autre, car il avait assez d’intelligence pour comprendre qu’ils s’étaient préparés à dire devant le roi toute sorte de mensonges, dans leur propre intérêt et pour gagner du temps, jusqu’à ce que le temps fût changé. C’est pourquoi le roi entra en grande fureur, et commanda qu’on mît à mort tous les sages de Babylone, au nombre desquels se trouvaient quatre juifs : Daniel, et ses compagnon Hanania, Mishaël et Azaria.

À l’ouïe de ces tristes nouvelles, Daniel pria le roi de lui accorder quelque temps ; puis étant allé chez lui, il déclara l’affaire à ses trois compagnons ; et, tous ensemble, ils implorèrent la miséricorde du Dieu des cieux touchant ce secret, afin qu’ils ne fussent pas mis à mort avec le reste des sages de Babylone. Et le secret fut révélé à Daniel dans une vision de nuit, et là-dessus Daniel bénit le Dieu des cieux, — le Dieu de ses pères. Puis, ayant prié Arioc, chef des gardes du roi (commissaire ?), de ne pas faire mourir les sages, Daniel demanda d’entrer devant le roi, ce qu’on lui accorda de suite, et il déclara au roi le songe et son interprétation. Sur quoi Nebucadnetsar tomba sur sa face, et se prosterna devant Daniel, et fut forcé de reconnaître que le Dieu de Daniel était au-dessus de tout autre. Ensuite le roi donna à Daniel la première place dans le royaume ; et établit, selon sa requête, ses trois compagnons sur les affaires de la province.

Maintenant, chers lecteurs, je désire vous faire remarquer quatre choses dans la manière d’agir de Daniel à cette occasion : ce sont sa foi, sa prière, ses actions de grâces et son humilité.

1° Au moment où il se trouve dans une position pénible, il se confie tellement en Dieu qu’il est sûr de pouvoir dire au roi son songe aussi bien que l’interprétation, avant même de l’avoir demandé à Dieu. Il avait été fidèle en refusant les bonnes choses quand tout allait bien (cf. chap. 1), et Dieu l’en avait récompensé ; et, maintenant que tout allait mal, il savait que le même Dieu de bonté ne l’abandonnerait pas. Voilà sa foi ! — Et Daniel ne s’était pas trompé ; car Dieu est un Dieu fidèle. « Attends-toi à l’Éternel ; fortifie-toi, et que ton cœur soit ferme : oui, attends-toi à l’Éternel » (Psaumes 27:14).

2° Quand il faut prier Dieu, Daniel prend avec lui ses trois fidèles compagnons qui sont bien d’accord avec lui. Ils prient tous ensemble et Dieu les exauce ; car Il aime beaucoup qu’il y ait accord parmi ses enfants, quand ils ont quelque chose à lui demander. Le Seigneur lui-même l’a dit quand Il était dans ce monde : « Je vous dis encore que si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ; car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matthieu 18:19-20).

3° Ensuite observez que, à l’instant même où il est exaucé, Daniel bénit son Dieu ; il ne veut pas attendre jusqu’à ce qu’il ait vu le roi, mais sur le champ il rend à Dieu les actions de grâces qui lui étaient dues. Voilà ce qui est selon l’Esprit du Seigneur ! « Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces » (Phil. 4:6). J’espère que vous imiterez l’exemple du fidèle Daniel, et que vous remercierez le Seigneur pour tous les bienfaits dont Il vous comble ; et spécialement quand il vous donne quelque chose que vous lui avez demandé.

4° Enfin quand Daniel paraît devant le roi, il ne s’arroge pas la gloire d’avoir pu tout expliquer, mais il dit que le Dieu des cieux lui a révélé le secret, de sorte que le roi rend hommage à Dieu. Et c’est là ce que Daniel désirait : étant revêtu de l’humilité, il agissait de telle sorte que Dieu retirât sa part de gloire en toutes choses. Ainsi fit Jésus aux jours de son ministère (Matt. 9:8, Luc 19:37 et suiv.). « Celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur » (És. 45:25 ;  Jér. 9:24 ; 1 Cor. 1:31). « La crainte de l’Éternel est la discipline de la sagesse, et l’abaissement va devant la gloire » (Prov. 15:33).

J’espère, jeunes lecteurs, que vous apprendrez tous ces versets par cœur, et que vous serez imitateur de Daniel, — Daniel confiant, dépendant, reconnaissant, humble.

 

5.4   La statue de Nebucadnetsar

Le grand roi ne fit pas bon usage de son pouvoir : il voulut renforcer l’idolâtrie partout ; et, dans ce but, il dressa une immense statue couverte d’or, dont la hauteur est d’environ 33 mètres ; puis, ayant convoqué tous les gouverneurs et les grands de tout son royaume à la dédicace de cette image, il ordonna que tout le monde se prosternât devant elle dès que la musique commencerait à jouer. Il paraît bien que Daniel, qui était à la tête du gouvernement, ne fut pas appelé à venir s’humilier devant la statue en se prosternant à ses pieds ; mais les trois compagnons de Daniel devait naturellement obéir à cette ordonnance comme tous les autres, ou bien s’exposer à être jetés au milieu de la fournaise de feu selon le décret du roi.

Remarquez bien, jeunes lecteurs, en poursuivant la lecture de cette belle histoire, ce que c’est que d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.

Shadrac, Méshac et Abed-Nego (car c’est ainsi qu’on nommait à Babylone Hanania, Mishaël et Azaria) ne voulaient pas se prosterner devant de faux dieux ; et voici la magnifique réponse qu’ils firent au roi quand il les interrogea à ce sujet : « Notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et il [nous] délivrera de ta main, ô roi ! Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as dressée » (Daniel 3:17-18).

Alors Nebucadnetsar fut rempli de fureur, et il commanda qu’on chauffât la fournaise sept fois plus qu’elle avait coutume de l’être, et que les hommes les plus vaillants de son armée jetassent les trois jeunes hommes au milieu de la fournaise de feu ardent.

On exécuta sur-le-champ ces terribles ordres, en liant ces trois hommes tout habillés, afin qu’ils brûlassent mieux et en les jetant dans le feu ; mais soit qu’on ne prît pas assez de précautions à cause de la pressante parole du roi, soit que la fournaise fut extraordinairement ardente, la flamme du feu tua les hommes qui y avaient jeté Shadrac, Méshac et Abed-Nego.

Alors le roi vit une espèce de vision, et se levant promptement, fort agité d’esprit, dit à ses conseillers : « N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés ? Ils répondirent et dirent au roi : Certainement, ô roi ! Il répondit et dit : Voici, je vois quatre hommes déliés, se promenant au milieu du feu, et ils n’ont aucun mal ; et l’aspect du quatrième est semblable à un fils de Dieu. Alors Nebucadnetsar s’approcha de l’ouverture de la fournaise de feu ardent ; il prit la parole et dit : Shadrac, Méshac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu Très haut, sortez et venez ! Alors Shadrac, Méshac et Abed-Nego sortirent du milieu du feu. Et les satrapes, les préfets, les gouverneurs, et les conseillers du roi, qui étaient assemblés, virent ces hommes sur le corps desquels le feu n’avait eu aucune puissance : les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, et leurs caleçons n’avaient pas changé, et l’odeur du feu n’avait pas passé sur eux » (3:24-27). Quelle délivrance merveilleuse ! Ce que voyant, le roi prit la parole et bénit Dieu, « Béni soit le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego » ; et il avança ces fidèles serviteurs de Dieu en rang dans la province de Babylone.

Quelle précieuse chose que l’obéissance ! Remarquez d’un côté la fidélité des trois jeunes Hébreux, et de l’autre la bonté de Dieu qui délia ceux que les hommes avaient liés, détruisit leurs ennemis et accomplit en eux cette promesse encourageante : « Quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas » (És. 43:2). Pour eux le feu était le lieu le plus glorieux sur la terre ; car là ils se trouvaient dans la compagnie du Fils de Dieu.

Que Dieu nous accorde d’imiter la simple obéissance de Shadrac, Méshac et Abed-Nego, et d’apprendre à nous confier dans le Dieu vivant, à l’exemple de ces hommes fidèles qui, par la foi, éteignirent la force du feu ! (Hébr. 11:33-34).

 

5.5   L’abaissement de Nebucadnetsar

La parole de Dieu dit que l’orgueil va devant la ruine ; et l’esprit hautain devant la chute (Prov. 16:18) et Nebucadnetsar nous fournit l’un des plus mémorables exemples de cette vérité. Il en fit l’expérience amère ; mais heureusement il tira instruction de cette leçon, et à la fin il donna gloire à Dieu.

Dieu accorda au roi un second songe, non pas pour lui faire connaître l’avenir comme la première fois, mais pour lui servir d’avertissement solennel. Alors le roi appela ses magiciens et ses astrologues, comme d’habitude, afin qu’ils lui en donnassent l’interprétation. Mais il n’y avait que Daniel qui pouvait le faire ; et c’était pour dire au roi que, bien qu’il eût la domination sur tout jusqu’au bout de la terre, il serait chassé d’entre les hommes pour habiter avec les bêtes, et manger de l’herbe comme elles pendant sept ans, jusqu’à ce qu’il connût que le Dieu souverain dominait sur le royaume des hommes, et qu’Il le donnait à qui Il lui plaisait.

Daniel ajouta en même temps le bon conseil : que le roi agît en faisant justice et miséricorde afin de prolonger sa prospérité, s’il était possible.

Mais une année après, la chose prédite arriva effectivement. Une voix des cieux annonça la sentence irrévocable, et le grand roi perdit sa raison, et on le chassa d’entre les hommes, et il demeura dans les champs avec les bêtes jusqu’à ce que son poil crût comme celui de l’aigle, et ses ongles comme ceux des oiseaux (Daniel 4:29-33).

Cependant , au bout de sept ans, Dieu lui fit grâce, lui rendit ses sens, et il fut rétabli dans son royaume et sa gloire fut augmentée, mais sa punition eut pour résultat de lui faire connaître sa vraie place ; et il dit : « Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue et j’exalte et je magnifie le roi des cieux, dont toutes les œuvres sont vérité, et les voies, jugement, et qui est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil » (Dan. 4:37).

Ainsi se termine l’histoire de ce grand roi, le premier qui fut reconnu roi du monde entier. Dieu nous enseigne par son moyen que, quelles que soient la sagesse, la puissance ou la gloire de l’homme, ces choses-là ne peuvent pas le maintenir dans ses honneurs, mais qu’il peut être rendu semblable même aux bêtes brutes qui périssent (Ps. 42:12-13).

Il n’y eut qu’un seul homme qui pouvait se maintenir sage, puissant et glorieux, et cet Homme fut toujours humble, toujours obéissant, toujours dépendant de Dieu : mais les hommes lui ôtèrent sa gloire, et lui préférèrent un meurtrier. Chers lecteurs, vous savez qui c’était — le Seigneur Jésus-Christ, Dieu manifesté en chair. Les hommes ont mis le comble à leur dégradation morale en crucifiant cet Homme parfait. Mais cela était nécessaire pour le salut de nos âmes. Jésus le savait, et Il s’est offert en offrande volontaire pour cela. Qu’il en soit à jamais béni !

 

5.6   L’empire Babylonien — Belshatsar

La Bonne Nouvelle 1871 pages 161 à 167.

Nous avons déjà parlé du commencement de ce royaume, le premier des quatre grands royaumes du monde ; et le récit de la gloire et de la puissance de son fondateur Nebucadnetsar nous donne un aperçu de sa magnificence. L’autorité du roi était absolue : personne n’osait lui résister en rien ; sa volonté seule avait force de loi. De sorte que dans le songe, par lequel Dieu prédit au roi ce qui allait arriver sur la terre, le royaume de Babylone est représenté par de l’or, tandis que les autres sont figurés par d’autres métaux d’une valeur inférieure ; et dans l’interprétation Daniel dit au roi : « Et après toi s’élèvera un autre royaume, inférieur à toi ; etc… » (Dan. 2:39). Le royaume de Babylone fut non seulement le premier, mais il fut aussi le plus glorieux que tous ceux qui lui ont succédé.

Mais sa durée fut aussi courte que sa splendeur fut grande. À son inauguration, il y avait parmi l’assistance le jeune captif Daniel, emmené tout récemment de son pays de Juda ; et soixante-dix ans plus tard le même Daniel, alors un vieillard vénérable, occupant le troisième rang dans le royaume assistait à sa ruine complète.

Il y a plusieurs passages qui parlent de la durée de la monarchie Babylonienne. Le plus remarquable est celui dont Daniel parle (9:2), quand il dit qu’il avait « compris par les livres que le nombre des années touchant lequel la parole de l’Éternel vint à Jérémie le prophète, pour l’accomplissement des désolations de Jérusalem, était de soixante-dix années ». Cette prophétie se trouve aux versets 11 et 12 du chapitre 25 du livre du prophète Jérémie : « Et tout ce pays sera un désert, une désolation ; et ces nations serviront le roi de Babylone soixante-dix ans. Et il arrivera, quand [les] soixante-dix ans seront accomplis, que je visiterai sur le roi de Babylone et sur cette nation-là leur iniquité, dit l’Éternel, et sur le pays des Chaldéens, et je le réduirai en désolations perpétuelles ». Comparez avec le verset 10 du chapitre 24 et 2 Chron. 36 versets 20 et 21, où il est ajouté « jusqu’au règne du royaume des Perses », qui fut le second des quatre ; car ce fut Cyrus, roi de Perse, qui prit Babylone, en qualité de général de l’armée, tandis que son oncle Darius était établi comme roi à Babylone. Comparez Daniel 5:30 et 31 avec Daniel 9:1.

Quand Babylone fut prise, plusieurs peuples qui lui avaient été assujettis regagnèrent plus ou moins de liberté, comme dit Jérémie (25:14), — « Car plusieurs nations et de grands rois se serviront d’eux aussi » (c’est-à-dire des Chaldéens). Au nombre de ceux qui secouèrent le joug, au bout des soixante-dix ans de désolation, se trouvait Tyr (Ésaïe 23:15-17) ; et les Juifs aussi : car Cyrus, la première année de son règne, ordonna qu’on rebâtit le temple de Dieu à Jérusalem (2 Chron. 36:22-23, Esdras 1). Dans sa proclamation, Cyrus dit que l’Éternel lui avait donné « tous les royaumes de la terre » (2 Chron. 36:23, Esdras1:2).

La parole de Dieu parle beaucoup de la prise de Babylone. Ésaïe et Jérémie nous détaillent ce qui se passait au-dehors ; et Daniel, dans son chapitre 5, nous raconte l’histoire de ce qui se passait dans Babylone, le dernier jour et la dernière nuit.

Après la mort de Nebucadnetsar, il n’y eut personne de capable de tenir les rênes du gouvernement. — ses successeurs passèrent leur temps dans la dissipation, et ne firent pas grande attention à la puissance croissante des Mèdes et des Perses. Enfin Cyrus, général très habile, quoique jeune encore, et commandant en chef de l’armée Médo-Perse, assiégea Babylone aux jours de Belshatsar, petit fils de Nebucadnetsar. Les Chaldéens, se confiant dans leurs murailles, d’une largeur et d’une hauteur sans pareilles, croyaient que leur ville était imprenable et, comme Daniel nous le fait voir, ils s’occupaient de festin plutôt que de l’armée de Cyrus.

Cyrus s’aperçut bientôt que ce serait une grosse affaire de prendre Babylone par des moyens ordinaires ; et il résolut de se servir, pour arriver à ses fins, du fleuve Euphrate qui traversait la ville, en passant sous d’immenses portes à deux battants aux endroits où se trouvait la grande muraille. Il employa donc tous ses soldats, pendant deux ou trois mois, à creuser un autre canal pour la rivière afin de détourner celle-ci. Et quand tout fut achevé, il profita de l’occasion du grand festin que donnait Belshatsar en l’honneur de ses faux dieux, pour changer le cours des eaux, et pénétrer dans la ville par l’ancien lit du fleuve durant la nuit, alors que tout Babylone était ivre ; aussi l’armée de Cyrus ne rencontra aucune difficulté à se rendre maître de la grande cité, qu’ils livrèrent aux flammes et au tranchant de l’épée. C’est à tout cela que Jérémie fait allusion en disant : « Les hommes forts de Babylone ont cessé de combattre, ils sont assis dans les places fortes ; leur force est épuisée, ils sont comme des femmes ; on a mis le feu à leurs demeures, leurs barres sont brisées. Le coureur court à la rencontre du coureur et le messager à la rencontre du messager, pour annoncer au roi de Babylone que sa ville est prise de bout en bout, et que les passages sont saisis, et que les étangs sont brûlés par le feu, et que les hommes de guerre sont épouvantés » (51:30-32). Et Ésaïe dit aussi : « Ainsi dit l’Éternel à son oint, à Cyrus, dont j’ai tenu la droite pour soumettre devant lui des nations ;... et je délierai les reins des rois, pour ouvrir les deux battants devant lui afin que les portes ne soient pas fermées : Moi, j’irai devant toi, et j’aplanirai les choses élevées ; je briserai les portes d’airain, et je casserai les barres de fer » (45:1-2).

Revenons maintenant à l’intérieur de la ville et à la salle du festin, et considérons, en Daniel 5, ce qui s’y passait au dernier jour du règne et de la vie de Belshatsar et de l’empire babylonien ; et voyons combien le jugement de Dieu était mérité, et combien il tombait à propos sur ce roi impie, Belshatsar.

Il paraît qu’après la mort de Nebucadnetsar Daniel avait été plus ou moins mis de côté ; on comprend bien que, puisque l’on voulait se livrer à la débauche, on n’avait pas besoin d’un homme sage, d’un homme de prière comme Daniel et on était bien aise de le congédier ; mais quand l’épouvante les eut saisis, alors ils firent chercher l’homme de Dieu.

Le roi et ses courtisans eurent l’audace de se servir, pour boire dans leur festin, des vaisseaux d’or et d’argent que Nebucadnetsar, son grand-père (père est souvent employé pour dire « grand-père » dans l’Ancien Testament), avait tirés du temple de Dieu à Jérusalem. Ils y burent donc du vin, et louèrent leurs faux dieux. C’en était trop, ils mettaient ainsi le comble à leur impiété et la miséricorde de Dieu ne pouvait plus attendre. Alors il parut des doigts d’une main d’homme qui écrivirent quatre mots en Chaldéen sur l’enduit de la muraille, vis-à-vis du chandelier. — Et le roi, voyant cela, en fut fort troublé et il cria à haute vois qu’on amenât tous les sages de Babylone pour lire l’écriture, promettant à celui qui pourrait le faire qu’il serait vêtu d’écarlate, qu’il aurait un collier d’or autour du cou, et qu’il serait le troisième dans le royaume ; mais nul ne put la déchiffrer. Alors la reine (la mère ou la grand-mère du roi) entra dans la maison du festin, — car elle avait encore assez de sagesse pour ne pas assister à cette scène de débauche, — et elle informa le roi qu’il y avait un homme dans son royaume qui était capable de lire et d’interpréter l’écriture. Ainsi Daniel fut tiré de son obscurité et amené devant le roi.

Daniel devait être un vieillard de plus de quatre-vingts ans, vu que soixante-dix ans s’étaient écoulés depuis sa mise en captivité. — En quelques paroles solennelles, il rappela au roi la gloire et l’humiliation de son grand-père, avertissement auquel Belshatsar n’avait prêté aucune attention ; — puis il signala son impiété en profanant les vaisseaux de la maison du Dieu des cieux au culte débauché des faux dieux que lui et ses courtisans adoraient ; et enfin il se mit à interpréter les mots qui étaient écrits sur la paroi :

 

PHARSIN

—U

THEKEL

MENÉ

MENÉ

 

Divisés

et

Pesé

Compté

Compté

 

Note : « Pharsin » est le pluriel de Pérès ; et la lettre « U » signifie « et », comme conjonction copulative.

La langue Chaldéenne, de même que la langue hébraïque, se lit de droite à gauche.

MENÉ : Dieu a compté ton royaume, et y a mis fin.

THEKEL : Tu as été pesé à la balance, et tu as été trouvé manquant de poids.

PÉRÈS : Ton royaume est divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.

Alors Daniel, par l’ordre du roi, reçut pour récompense les honneurs promis ; et malgré eux, Belshatsar et ses courtisans durent lui donner le troisième rang dans le royaume. Et en cette même nuit Belshatsar, roi de Chaldée, fut tué ; et Darius le Mède prit le royaume étant âgé d’environ 62 ans.

C’est ainsi que s’éteignit la gloire de la grande ville et de la monarchie qui avait maîtrisé le monde. On dit qu’aujourd’hui on ne peut guère trouver des traces de la Babylone d’autrefois, au milieu des marais de l’Euphrate.

 

Note de l’éditeur : depuis l’écriture de cette étude, avant 1871, Babylone à été retrouvée, par monsieur Koldewey, en 1899. Ses ruines sont situées au sud de Bagdad (Irak), à l’est de l’Euphrate. Les décorations de la porte d’Ishtar, l’une des 8 portes principales de la ville, à Berlin et la restauration sur site laisse imaginer la splendeur de la ville.

 

 

5.7   Daniel chap. 9 et 10 — Daniel, homme reçu en grâce

La Bonne Nouvelle1871 pages 205 à 210.

Vous savez que, quand on croit au Seigneur Jésus, la vieille nature que nous avons comme enfants d’Adam n’est nullement changée ; mais Dieu nous donne alors une nature nouvelle, qui aime Jésus et qui aime à servir Dieu. La vieille nature existe cependant et si l’on n’y fait pas attention, elle manifeste sa présence d’une manière bien triste. La nouvelle nature est faible et demande toujours l’aide de l’Esprit de Dieu et la nourriture de la parole pour la soutenir ; tandis que la vieille nature est forte et têtue et si méchante qu’il est absolument impossible de la corriger ; et il n’y a que l’Esprit de Dieu qui peut la soumettre. Je tâcherai de vous expliquer pourquoi il en est ainsi par une illustration tirée des habitudes de l’écrevisse, un petit crustacé qui passe sa vie au milieu des pierres et des rochers qui sont au fond des rivières et des étangs. Vous savez, sans doute, qu’elle est revêtue d’une espèce de cuirasse qui couvre tout son corps comme une seconde peau ; mais peut-être ignorez-vous que de temps en temps elle se dépouille de cette cuirasse qu’elle met de côté ; et qu’au bout de deux ou trois jours, une nouvelle cuirasse croit sur son corps pour remplacer l’ancienne. Or, pendant que cette opération s’effectue, la pauvre petite bête se trouve très faible, comme un guerrier sans armure et elle se cache derrière les pierres au fond de l’eau, jusqu’à ce sa nouvelle cuirasse soit assez forte pour résister à toute attaque de ses ennemis. Il en est ainsi du croyant : il est semblable  à l’écrevisse qui a dépouillé sa vieille cuirasse (sa vieille nature), et qui se trouve faible ; et aussi longtemps qu’il reste dans ce monde, il doit y vivre caché s’il ne veut pas être maltraité par ses ennemis spirituels ; mais quand il sera dans le ciel avec Jésus sa nouvelle nature sera revêtue  d’un corps semblable au corps glorieux du Seigneur Jésus, et dorénavant il n’aura plus rien à craindre du péché ou des ennemis spirituels. La nouvelle nature est faible parce qu’elle n’est pas encore revêtue d’un  corps convenable ; la vieille nature est forte parce qu’elle trouve dans le corps naturel tous les penchants qu’il faut pour satisfaire à ses convoitises ; et l’ennemi, Satan, profite de ces choses pour nous faire tomber dans le péché, mais l’Esprit de Dieu est plus fort que lui et peut nous garder, seulement il nous faut faire comme l’écrevisse et nous tenir cachés derrière notre grand Rocher qui est Christ, selon ce que dit Pierre (1 Pierre 5:5) : « Soyez revêtus d'humilité ». « Celui qui habite dans la [demeure] secrète du Très haut logera à l'ombre du Tout-Puissant » (Psaumes 91:1). La délivrance  viendra bientôt et alors on sera avec Christ et semblable à Lui pour toujours ; car Il viendra bientôt chercher tous ceux qui L’aiment.

Dans l’histoire de Daniel (ch. 9-10) nous trouvons les deux choses dont nous venons de parler, — c’est-à-dire l’humilité de la nouvelle nature et l’existence de la vieille nature non changée. Et elles sont présentées d’une manière d’autant plus frappante que les circonstances qui les mettent en évidence ont lieu tout à la fin de la vie de ce saint homme de Dieu alors que sa nouvelle nature avait tellement mûrie par la connaissance qu’il avait de Dieu qu’il semblerait que l’on puisse dire, d’un côté que cette nouvelle nature n’avait plus besoin de rester dans la dépendance, et de l’autre côté que la vieille était éteinte. Mais, de fait, c’est tout le contraire.

Daniel avait expérimenté, durant sa longue carrière, la valeur de la prière ; mais vers la fin     il prie plus que jamais. C’était un homme d’une conduite sans tache et d’une sagesse sans pareille ; il jouissait de la position la plus élevée parmi les hommes, et il était l’objet des communications les plus remarquables de la part de Dieu ; toutefois il faisait à Dieu sa confession et sa requête, avec le jeune, le sac et la cendre : il confessait les péchés de sa nation comme s’il eussent été les siens propres, étant poussé à cela par cette promesse de la délivrance de la captivité, qu’il avait trouvée de la part de Dieu écrite dans la livre de Jérémie. Et non seulement cela, mais deux ans plus tard (ch. 10), quand il devait avoir près de 90 ans, il est de nouveau dans le deuil, le jeune et la prière pendant trois semaines entières. Plus Dieu l’honore, plus il s’abaisse lui-même ; plus Dieu lui donne de l’intelligence, plus il reste dans une entière dépendance de Dieu, comme un petit enfant. Est-il donc étonnant que l’ange Gabriel l’appelle « bien-aimé » et que le Seigneur Jésus lui-même (car c’est bien Lui qui parle au chap. 10:11) l’appelle « homme bien-aimé» ?

Chers lecteurs, que le Seigneur vous accorde de lire la parole et de prier comme Daniel ! Quel beau type il était du Seigneur Jésus, qui méditait la loi de l’Éternel jour et nuit (Ps. 1:2), et qui se levait longtemps avant le jour afin de se retirer au désert pour prier (Marc 2:35).

 

Dans le chapitre 10 Daniel, en tant qu’homme, est mis sous l’action de la lumière pénétrante de la grâce de Dieu, et l’on voit que la vieille nature existait en lui tout comme dans un autre homme. — Pour bien comprendre ce chapitre, il faut lire attentivement le premier chapitre de l’Apocalypse où Jean, «  le disciple que Jésus aimait », passait par une expérience semblable. Jean et Daniel étaient tout deux des vieillards à cheveux blancs, tous les deux en deuil (Daniel en jeûne, Jean en exil), et tous deux bien-aimés du Seigneur. Ils virent la même vision du Fils de l’homme (Apoc. 1:13), c'est-à-dire du Seigneur Jésus : « Et comme l'aspect d'un homme me toucha » (Dan. 10:18) ; il était « vêtu de lin », « ses reins étaient ceints d'or », son visage était comme un éclair, ses yeux comme des lampes de feu, ses bras et ses pieds comme de l’airain poli, et sa voix comme le bruit d’une multitude (qui ressemble à celui des grosses eaux) ; qualités qui font voir que, à l’égard du péché, Il était sans souillure ; que, tout en s’occupant du péché, Il ne pouvait pas être souillé ; et que la pénétrante lumière divine, ne pouvant laisser passer un seul péché, ne peut non plus pas l’épargner. « Car aussi notre Dieu est un feu consumant » (Héb. 12:29). Le Seigneur était pourtant apparu en grâce à Daniel et non pas en jugement ; Il était venu en réponse aux prières et au jeûne de Daniel ; mais quand Il se présenta, Il ne pouvait pas se montrer autrement qu’il n’était ; et son aspect remua Daniel jusqu’au fond de lui-même. Celui-ci se sentit défaillir, son bel extérieur fut tout changé, et il resta muet devant la présence du Seigneur qui l’aimait. Jean, qui avait plus de lumières que Daniel, devint non pas seulement muet, mais il tomba comme mort aux pieds de Jésus, dans des circonstance analogues ; car, plus on a de connaissance de la grâce, plus on comprend sa propre misère.

Mais le Seigneur fit pour Daniel ce qu’Il fit pour Jean plus tard. Il mit sa main sur lui et le fortifia, et lui dit : «  Ne crains pas, homme bien-aimé ; paix te soit ! sois fort, oui, sois fort ! » (Dan. 10:19).

C’est le pécheur qui a besoin de grâce ; et c’est en présence de la grâce qu’il comprend son état véritable. C’est en présence du Seigneur de grâce que Moïse cacha son visage, et dit qu’il était incirconcis de lèvre (Exode 3:6 ; 6:30) ; — Ésaïe, de même, dit : « Et je dis : Malheur à moi ! Car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures, et je demeure au milieu d'un peuple aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l'Éternel des armées » (És. 6:5). — Job aussi dit : « C'est pourquoi j'ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (Job 42:6) ; — et Pierre s’écrie : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5:8).

Cependant tous ces hommes furent reçus en grâce ; et Dieu leur fit comprendre, comme à Daniel, que par sa grâce Il donne la paix à celui qui est troublé dans son âme, et qu’il accorde la force — Sa force — à celui qui est faible et qui sent sa faiblesse. De même aussi Jésus dit à la pauvre femme coupable (Jean 8:11) : « Je ne te condamne pas » ; voilà la paix pour son âme ; et puis Il donne une force pour ne plus pécher. Quelle grâce, quel amour de la part du bon Sauveur ! Est-ce qu’Il en a fait autant pour vous ?

C’est la parle de Dieu qui fortifie, ainsi qu’il est dit dans le passage : « Et comme il parlait avec moi, je pris des forces » (Daniel 10:19). Il faut donc beaucoup lire la parole. Et puis, chers lecteurs, remarquez l’effet de la grâce sur Daniel. Il pouvait parler maintenant, mais il ne voulut pas parler ; il préférait infiniment écouter ce que le Seigneur avait à lui dire (Ecclés. 5:1-2) ; il dit : « Que mon seigneur parle, car tu m'as fortifié ». — Et tous les petits enfant peuvent dire comme le jeune Samuel : « Parle, Éternel, car ton serviteur écoute » (1 Samuel 3:9).

Daniel fut obéissant depuis le commencement de sa carrière jusqu’à la fin ; aussi le Seigneur se manifesta à lui, selon ses précieuses paroles dans l’évangile de Jean : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui » (Jean 14:21).

 

 

5.8   Esquisse de la prophétie de Daniel

La Bonne Nouvelle 1871 pages 224 à 230.

Il nous reste, chers lecteurs, en terminant l’étude que nous avons faite de ce merveilleux livre, à vous donner une petite esquisse de la prophétie qui y est traitée, sans entrer dans les détails.

Dans la première partie du livre, aux chap. 1 à 6, il n’y a qu’une seule prophétie de l’avenir proprement dit, quelque prophétique que soit l’instruction typique fournie par l’histoire. Cette prophétie se trouve dans l’interprétation du premier songe de Nebucadnetsar, au chap. 2 ; et elle donne une idée générale des quatre grandes monarchies du monde qui devaient se succéder, et dont les trois premières sont nommées dans les chapitres 8 à 11 de Daniel. La quatrième est nommée en Luc 2:1, où « toute la terre habitée » est considérée comme assujetti à l’empereur de Rome ; en Luc 20:22-25, où le Seigneur montre qu’il faut payer le tribut à César dont l’image et l’inscription se trouvaient sur les pièces de monnaies ; et en Jean 11:48 et 19:12, 15, où l’on voit que les Juifs, dans ce temps-là, craignait les Romains et reconnaissaient César pour leur roi ; enfin il y a plusieurs autres passages qui en parlent également.

Ainsi ces quatre monarchies sont :

·        1° La monarchie Babylonienne, qui dura 70 ans, et dont Nebucadnetsar fut le premier roi.

·        2° La monarchie Médo-Persanne, qui dura près de 207 ans, et dont Darius et Cyrus inaugurèrent la puissance en régnant d’abord ensemble

·        3° La monarchie Grecque, qui dura environ trois siècles, et dont Alexandre le grand fut le seul monarque qui l’ait gouvernée toute entière ; car, après sa mort, le royaume fut partagé entre ses quatre généraux (Daniel 8:22).

·        4° La monarchie Romaine, qui existe encore selon les pensées de Dieu, bien qu’il n’ y ait aucune nation qui ait la puissance suprême ; car l’empire a été divisé en plusieurs royaumes qui maintiennent la balance du pouvoir entre eux. Le premier monarque proprement dit fut César Auguste (Luc 2:1), bien que l’on considère son oncle Jules César comme ayant été le premier empereur, malgré le fait que Jules César fut mis à mort tout de suite après avoir été proclamé.

Dans la statue que Nebucadnetsar vit en songe, ces quatre monarchies sont représentées, successivement, comme suit :

·          La tête d’or, indique que l’autorité du monarque était absolue.

·          La poitrine et les bras d’argent : Son autorité était limitée par les lois.

·          Le ventre et les hanches d’airain : Son autorité était limitée par l’armée, car les généraux gouvernaient en effet.

·         Les jambes de fer : Son autorité était limitée par le peuple.

Les pieds en partie en fer et en partie en terre signifient qu’aux derniers jours, le peuple se mêlera davantage du gouvernement, et que le républicanisme socialiste se manifestera partout.

On remarque que la splendeur des monarchies décline de plus en plus ; par contre leur puissance militaire devient toujours plus grande, plus terrible et plus brutale. Mais toutes seront abolies à la venue de Christ, — « la pierre » qui brise l’image.

Dans la seconde partie du livre qui nous occupe, aux chapitres 7 à 12, Dieu fait comprendre à Daniel beaucoup de détails de cette histoire générale, et cela de manière à faire ressortir le vrai caractère de l’homme, et les desseins de Dieu en grâce et en jugement.

Le chapitre 7 de Daniel présente les quatre monarchies sous la forme de quatre bêtes : le lion, l’ours, le léopard, et la quatrième qui est décrite comme étant une bête « épouvantable, affreuse et très forte ».

Tous ces 4 animaux sont réunis dans la bête qui monte de la mer (Apoc. 13:1-2), et dont le caractère s’accorde exactement avec celui de la petite corne qui sort de la tête du quatrième animal, en Daniel 7. Ce sera le chef des Gentils aux derniers jours, lequel aura plus ou moins autorité sur tous les autres royaumes. Les dix cornes sont dix royaumes, qui se manifesteront subitement dans l’empire Romain, probablement peu après l’enlèvement de l’Église. Ces cornes se rapportent aux dix doigts des pieds de la statue (chap. 2).

Mais Dieu maintient son autorité au-dessus de tout en tant qu’ « Ancien des jours ». Et toute la puissance sur la terre est enfin donnée au Fils de l’homme, et au « peuple des saints des [lieux] très hauts », c'est-à-dire le peuple de Daniel, —la nation d’Israël. Les « saints des [lieux] très hauts » sont ceux qui règnent avec Christ dans le ciel ; leur peuple est Israël rétabli en bénédiction dans le pays de Canaan. Le pouvoir de la petite corne est dirigé contre Christ, en tant que Fils de l’homme, Dominateur de toute la terre.

Le chapitre 8 s’occupe du royaume des Mèdes et des Perses — « le bélier », et de celui de Javan ou Grèce, — « le bouc », dont la grande corne représente Alexandre, qui mourut cependant dans les marais de Babylone, tout de suite après la conquête des Indes (huit ans après la chute du royaume des Perses), et sans avoir pu jouir de toute sa gloire ; et à sa mort, ses quatre généraux, représenté par les quatre cornes, partagèrent l’empire entre eux. L’un deux, appelé Séleucus, régna sur la Syrie et la Palestine; et le Saint Esprit s’occupe de lui seul, d’entre les quatre, l’appelant, dans le chapitre 9, « le roi de l’Aquilon », en opposition à l’Égypte qui y est appelé le « Midi ».

Aux derniers jours il y aura aussi une petite corne, un roi exerçant plus ou moins le pouvoir de Séleucus, mais tout particulièrement sur la Terre Sainte. Il s’élèvera contre Christ, roi des Juifs, « Fils de David » ; et il est appelé « roi fourbe » et d’un « esprit pénétrant ». Il s’élèvera dans son cœur, et résistera contre le Seigneur des seigneurs. Il est l’Antichrist proprement dit, le « faux prophète » de Apocalypse 13, 16, 19, qui a « deux cornes semblables à un agneau », mais qui parle «  comme le dragon » (Satan) (Apoc. 13:11) ; — lequel le Seigneur consumera par le souffle de sa bouche et anéantira par l’apparition de sa venue (2 Thess. 2:8), ou comme dit Daniel (8:25), « il sera brisé sans main ».

Le chapitre 9 se rapporte au chapitre 7 : les deux révélations se trouvant à la première année des rois qui y sont mentionnés. Le chapitre 9 ne parle pas du tout de l’Antichrist, mais de la puissance dont il s’agit au chapitre 8, c’est-à-dire les Romains qui y sont appelés « le peuple du prince  qui viendra » (9:26). Ce peuple est le seul des quatre monarques qui n’est pas nommé par Daniel ; et ce fut sous son règne que Christ fut crucifié, comme nous l’avons déjà vu. Le « conducteur » est donc César.

Les soixante-dix semaines, ou 490 ans, commencent dans la vingtième année d’Artaxerxès, roi de Perse, au premier mois (Nisan), alors que ce roi donna ordre à Néhémie de rebâtir les murs de Jérusalem (Néh. 2), car il ne s’agit nullement du temple en Daniel 9. On mis sept semaines, ou 49 ans, pour rebâtir les murs. Depuis lors il s’écoula 62 semaines, ou 434 ans, jusqu’à la manifestation à Israël du Christ, quand il fut baptisé par Jean (Jean 1:31). Il reste donc une semaine, qui a été interrompue dans son cours par la mort de Christ. Il nous semble que la première moitié est déjà passée dans les trois ans et demi qui s’écoulèrent entre le baptême de Jésus et sa mort, et que la dernière moitié reprendra son cours quand l’Église sera enlevée. (49 ans + 434 ans + 7 ans = 490 ans)

Les chapitres 10-12 furent écrits en la troisième année de Cyrus, de même que le chapitre 8 auquel ils se rapportent a pour date la troisième année de Belshatsar. On remarquera aussi que, dans le chapitre 10 aussi bien qu’au chapitre 8, Daniel vit « une vision ». Ce n’était pas dans le même endroit ; mais, dans les deux cas, il se trouvait près d’un fleuve. Au chapitre 8, c’était à Susan, qui devint, peu après, la capitale du royaume des Mèdes et des Perses (Esther 1:2) ; au chapitre 10 c’était près du fleuve Hiddékel, ou Tigre (aussi dans la même province). Nous pensons que « la vision » se rapporte à Christ, qui est mis en contraste avec l’Antichrist ; car l’Antichrist s’oppose à la personne de Christ (2 Jean), et non seulement à son autorité. — Christ est le seul qui peut tenir sur les eaux (comparez Dan. 8:16 ; 12:6, avec Apoc. 10:2 et Matt. 14:25).

Dans le chapitre 11, le verset 2 parle des rois de Perse, dont le quatrième s’appelait Xerxès. Il envahit la Grèce avec un peuple d’un million d’âmes. Et c’est pour se venger de cette invasion que, environ 150 ans plus tard, Alexandre le Grand entra en Perse et renversa la monarchie persane. Donc le Saint Esprit ne suit plus l’histoire des Perses ; mais, après avoir montré la connexion, il continue avec Alexandre et ses successeurs. L’Aquilon, c’est la Syrie ; le midi, c’est l’Égypte. Et l’histoire de ces rois et de leurs guerres continuelles est suivie jusqu’à Antiochus Epiphane, roi de Syrie, le plus méchant de tous, lequel était déjà un type de l’Antichrist. Les versets 21-32 nous parlent de ce roi. Les navires de Kittim (v. 30) sont les Romains qui réduisirent la Palestine et en firent une province romaine un siècle après. Puis il y a un intervalle de « plusieurs jours » (v. 33), qui comprend le temps actuel, et qui va jusqu’à la manifestation de l’Antichrist, qui est appelé « le roi » (v. 36). Et le reste du chapitre, et le 12°, s’occupent des détails des événements, encore futurs, des derniers jours.

Chers lecteurs, le temps est fort court et nous sommes bien près de la fin de toutes ces merveilles. Encore un peu de temps, et Celui qui doit venir viendra, et Il ne tardera pas. Êtes-vous au nombre de ceux qui L’aiment et qui L’attendent ? Sinon, hâtez-vous d’aller à Jésus pour Lui demander le pardon de tous vos péchés, car c’est encore le jour du salut ; Il vous invite AUJOURD’HUI.