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La fin des livres des Rois et des Chroniques

 

Les rois de Juda

 

Adrien Ladrierre (probable)

 

Table des matières abrégée :

1     Les Samaritains — 2 Rois 17:24-41

2     Ézéchias — 2 Rois 18 à 21 ; 2 Chr. 29 à 32 ; Ésaïe 36 à 39

3     Josias — 2 Rois 22 et 23 ; 2 Chr. 34 et 35

4     Joakhaz et Jéhoïakim, rois de Juda — 2 Rois 23 et 2 Chr. 36

5     Jéhoïakin ou Jéconias, roi de Juda — 2 Rois 24 et 2 Chr. 36

6     Sédécias, vingtième et dernier roi de Juda

7     Destruction de Jérusalem — Captivité à Babylone — 2 Rois 25 ; 2 Chr. 36 ; Jér. 39 et 52

 

Tables des matières détaillée :

1     Les Samaritains — 2 Rois 17:24-41

1.1     Les dix tribus

1.2     Restauration selon Ézéchiel et Ésaïe

1.3     La foi qui voit les douze tribus dans leur unité

1.4     Origine des Samaritains

1.5     Application pratique à propos de la religion des samaritains

2     Ézéchias — 2 Rois 18 à 21 ; 2 Chr. 29 à 32 ; Ésaïe 36 à 39

2.1     Le début — Restauration du culte divin

2.2     La Pâque à nouveau célébrée

2.3     L’invasion par les Assyriens

2.4     La maladie d’Ézéchias

3     Josias — 2 Rois 22 et 23 ; 2 Chr. 34 et 35

3.1     Purification de Juda et Jérusalem

3.2     La Parole de Dieu retrouvée

3.3     Réforme

3.3.1     Réforme en Juda et Jérusalem

3.3.2     Réforme en Israël

3.4     La Pâque

3.5     Élimination de l’occultisme

3.6     Paix et guerre

4     Joakhaz et Jéhoïakim, rois de Juda — 2 Rois 23 et 2 Chr. 36

4.1     Joakhaz

4.2     Jéhoïakim

4.2.1     Première déportation

4.2.2     Prophètes, faux prophètes

4.2.3     Baruc et l’écriture des prophéties

4.2.4     Respect des Écritures

4.2.5     Révolte et fin

5     Jéhoïakin ou Jéconias, roi de Juda — 2 Rois 24 et 2 Chr. 36

5.1     Deuxième déportation. Les avertissements

5.2     Votre péché vous trouvera

5.3     Le roi déporté. Sa fin

6     Sédécias, vingtième et dernier roi de Juda

6.1     Un roi qui ne gouvernait guère

6.2     Hésitations à obéir

6.3     La prise de Jérusalem et du roi

6.4     Écouter ce que Dieu dit

7     Destruction de Jérusalem — Captivité à Babylone — 2 Rois 25 ; 2 Chr. 36 ; Jér. 39 et 52

7.1     Destruction de Jérusalem

7.2     La captivité de Babylone

 

 

 

1                    Les Samaritains — 2 Rois 17:24-41

Bonne Nouvelle 1869 p. 49-57.

1.1   Les dix tribus

Le royaume d’Israël avait été détruit ; il paraissait maintenant abandonné de Dieu et offrait l’image de la plus grande désolation. Ses habitants avaient été transportés en Assyrie et dispersés à Khalakh et sur le Khabor, fleuve de Gozan, et dans les villes des Mèdes, parce qu’ils n’avaient point écouté la voix de l’Éternel, leur Dieu, et avaient violé son alliance. Chose étrange ! À l’heure qu’il est, on ne connaît pas encore, d’une manière certaine, où se trouvent les descendants des dix tribus. On avait cru les retrouver chez les Américains du nord indigènes, chez les Afghans, dans l’intérieur de l’Afrique. Un auteur chrétien nommé Grant dans un livre intitulé : « les Nestoriens et les Tribus perdues » a cru pouvoir établir l’identité des anciens Israélites et des Nestoriens, population soit-disant chrétienne qui habite surtout des montagnes presque inaccessibles, dans les mêmes contrées où les dix tribus avaient été transportées par Shalmanéser, il y a plus de 2600 ans.

Quoi qu’il soit, il faut bien que les dix tribus soient conservées par la providence de Dieu car il est certain qu’elles doivent reparaître sur la scène, étant de nouveau réunies à Juda pour former le peuple terrestre de l’Éternel. C’est ce que les Écritures attestent positivement dans les prophéties les plus claires. Voyez en particulier Jérémie 3:18 : « En ces jours-là, la maison de Juda marchera avec la maison d’Israël ; et ils viendront ensemble du pays du nord au pays que j’ai donné en héritage à vos pères ». Et ce qui prouve incontestablement que cette prédiction n’eut point son accomplissement, alors que les Juifs des deux tribus revinrent de Babylone, c’est que le prophète Zacharie, qui n’écrivit qu’après ce retour de la captivité, prédit lui-même une restauration de la maison de Joseph, père d’Éphraïm, avec celle de Juda : « Et je rendrai forte la maison de Juda, et je sauverai la maison de Joseph, et je les ramènerai, car j’userai de miséricorde envers eux ; et ils seront comme si je ne les avais pas rejetés ; car je suis l’Éternel, leur Dieu, et je les exaucerai » (Zach. 10:6).

 

1.2   Restauration selon Ézéchiel et Ésaïe

Ézéchiel, quant à lui, mentionne le petit nombre des Israélites des dix tribus qui se joignirent aux Juifs de Babylone et nous dit qu’il s’agira de bien autre chose dans la restauration future. Lisez le magnifique chapitre 37 en entier. Dieu dit au prophète placé par lui au milieu d’une campagne toute couverte d’ossements desséchés, de prophétiser sur ces os secs. Et à la parole d’Ézéchiel, ces os s’entrechoquent, se rapprochent, se couvrent de nerfs, de chair et de peau. Puis, après une nouvelle prophétie, l’Esprit souffle sur ces morts et ils revécurent et se tinrent sur leurs pieds, et ce fut une armée extrêmement grande. Or, voici l’explication de cette grande vision : « Fils d’homme, ces os sont toute la maison d’Israël » (37:11). Et pour ne laisser aucun doute sur ce qu’il entend par toute la maison d’Israël, l’Éternel dit encore au prophète : « Prends un bois, et écris dessus : Pour Juda, et pour les fils d’Israël, ses compagnons. Et prends un autre bois, et écris dessus : Pour Joseph, le bois d’Éphraïm et de toute la maison d’Israël, ses compagnons. Et rapproche-les l’un de l’autre, pour qu’ils soient un seul bois, et ils ne seront qu’un dans ta main…Et dis-leur : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Voici, je prendrai les fils d’Israël d’entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre ; et je les ferai être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël : un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes…Et mon serviteur David sera roi sur eux…et je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours » (Ézéchiel 37:16-26). Et encore dans Ésaïe 11 : « Et il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur mettra sa main encore une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple, qui sera demeuré de reste, de l’Assyrie, et de l’Égypte, et de Pathros, et de Cush, et d’Élam, et de Shinhar, et de Hamath, et des îles de la mer. Et il élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d’Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre bouts de la terre. Et la jalousie d’Éphraïm s’en ira, et les adversaires de Juda seront retranchés ; Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda, et Juda ne sera pas l’adversaire d’Éphraïm » (11:11-13).

Ces déclarations prophétiques qu’il nous serait facile de multiplier, démontrent donc incontestablement – car l’Écriture ne peut être anéantie – que les dix tribus existent quelque part et qu’elles doivent être réunies à celles du Juda et Benjamin pour ne former qu’un seul peuple sous le gouvernement du vrai David, le Seigneur Jésus, qui les rassemblera de nouveau dans le pays que Dieu a juré de donner à perpétuité à la postérité d’Abraham.

 

1.3   La foi qui voit les douze tribus dans leur unité

Ainsi, pour les hommes de foi, les douze tribus ont toujours constitué l’unité du peuple terrestre de Dieu, alors même qu’elles étaient divisées ou dispersées ou cachées. Ainsi, comme nous l’avons vu, le prophète Élie au Mont Carmel, au milieu de l’apostasie d’Israël et dans son défi aux 450 prophètes de Baal, prit pour bâtir un autel au nom de l’Éternel, douze pierres selon le nombre des tribus des enfants de Jacob auquel la parole de l’Éternel avait été adressée, en disant : « Israël sera ton nom » (1 Rois 18:31). L’apôtre Paul, faisant son apologie devant le roi Agrippa, lui dit : « Je comparais en jugement pour l’espérance de la promesse faite par Dieu à nos pères, à laquelle nos douze tribus, en servant [Dieu] sans relâche nuit et jour, espèrent parvenir » (Actes des Apôtres 26 :6-7). Dans Apocalypse 7, Jean voit un ange montant du soleil levant ayant le sceau du Dieu vivant, donner l’ordre aux quatre anges chargés de châtier les hommes, de ne pas agir avant que les élus de Dieu ne soient scellés. Et qui sont-ils ceux que le Seigneur daigne épargner ? Douze mille de chacune des douze tribus des fils d’Israël.

 

1.4   Origine des Samaritains

Mais revenons à l’état du pays et du peuple après la transportation des Israélites. Le pays paraissait complètement abandonné de Dieu. Il n’y était resté qu’une petite partie de ses habitants dont la plupart même furent, dans la suite, transportés ailleurs. Pour les remplacer, le roi d’Assyrie envoya de ses sujets païens habiter dans les villes dépeuplées de la Samarie. Ces nouveaux venus n’avaient aucune connaissance de l’Éternel, le Dieu d’Israël ; aussi vivaient-ils à la manière des idolâtries, ce qui pouvait être un piège dangereux pour les Israélites qui se trouvaient parmi eux, et pour ceux de Juda dont ils étaient rapprochés. Or, de même que, malgré l’infidélité de son peuple, le Seigneur avait conservé sur lui ses droits souverains, nous le voyons aussi revendiquer ses droits sur le pays, après que son peuple en a été chassé. Ce qui le prouve, c’est que la Samarie qui était la terre de Dieu, étant aussi horriblement souillée par les pratiques abominables de ceux qui l’habitaient maintenant, Dieu envoie contre eux des lions qui se jetaient sur les hommes et les déchiraient. Les nouveaux habitants pensaient que c’était là une punition du Dieu du pays, car ces peuples païens croyaient que chaque pays était gouverné par un dieu particulier qu’il fallait servir à sa manière pour prospérer (comparez 1 Rois 20:23). Ils firent donc savoir au roi d’Assyrie qu’ils ne pourraient pas demeurer dans les villes de Samarie, vu que le Dieu du pays ne voulait pas les y souffrir, parce qu’ils n’avaient pas la connaissance de ses lois ni de son culte. Là-dessus le roi d’Assyrie ordonna qu’on leur envoya un des sacrificateurs israélites qui avaient été emmenés captifs afin qu’on leur enseignât les ordonnances du Dieu d’Israël. Ce sacrificateur vint et s’établit à Béthel où il chercha à instruire les Samaritains dans la religion lévitique : ils en acceptèrent le sabbat, la circoncision, les cérémonies de la loi, les cinq livres de Moïse et l’attente du Messie. Avec tout cela, chacune de ces nations se faisait ses propres dieux que l’écrivain sacré énumère, nomme et distingue les uns des autres. L’Éternel qu’ils craignaient aussi ne fut pour eux qu’un dieu de plus, le dieu du pays qui pouvait les protéger contre les lions. De là résulta la nouvelle religion samaritaine, affreux mélange de lois de Moïse et de pratiques idolâtres. Or Dieu avait dit : « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul ». Dans la suite, cette religion a constamment subsisté dans cette contrée, si ce n’est que, de temps en temps, elle a été purgée davantage des pratiques idolâtres. Ainsi, sous le règne d’Ézéchias, ce pieux monarque de Juda, voulant célébrer une pâque solennelle à l’Éternel, y convoqua tout Israël et tout Juda (2 Chron. 30). Dans ce but, ses courriers passèrent de ville en ville, dans le pays d’Éphraïm et de Manassé et ils allèrent même jusqu’à Zabulon. Mais on se riait d’eux et on s’en raillait. Toutefois quelques-uns d’Aser et de Manassé et de Zabulon s’humilièrent et vinrent à Jérusalem. Plus tard, les Samaritains qui s’étaient opposés de toutes leurs forces à la reconstruction du temple de Jérusalem par Néhémie, élevèrent eux-mêmes sur le mont Garizim, près de Sichem, un temple rival de celui de Jérusalem et y établirent leur culte. Dès lors la haine nationale s’accrut au point qu’il n’y eut plus aucune espèce de rapports entre les Juifs et les Samaritains. Toutes les productions de la Samarie étaient regardées comme impures par les Juifs. Au temps du Sauveur encore, la Samaritaine s’étonne – et les disciples aussi – de ce que Jésus, qui est Juif, lui adresse la parole et lui demande à boire (Jean 4:9, 27). Car, ajoute l’évangéliste, les Juifs n’ont point de relations avec les Samaritains. Le nom de Samaritain devint parmi les Juifs une injure dont ils gratifièrent le Seigneur (Jean 8:48). En retour, on voit des Samaritains refuser de recevoir Jésus parce qu’il se rendait à Jérusalem pour y faire la pâque (Luc 9:52-56). Par ses actes le Seigneur a condamné ces haines nationales, quelque justifiées qu’elles pussent paraître, et, non seulement il a accepté l’hospitalité que lui offraient les Samaritains dont la foi le reconnaissait pour le Sauveur du monde, mais il avait auparavant envoyé chez eux ses disciples pour acheter des vivres (Jean 4:8, 40-42). Cependant, quant à leur culte, il avait dit à la femme au verset 22 : « Vous, vous adorez, vous ne savez quoi ; nous, nous savons ce que nous adorons ». Néanmoins, comme le montre la réponse de cette pauvre femme, ils savaient que le Messie devait venir, et le Messie, le Christ, qui se fait connaître comme tel à son interlocutrice, a trouvé parmi ces gens si méprisés beaucoup d’âmes bien disposées (voir, outre Jean 4:40-42 déjà cité, Luc 17:11-19). Dans la belle et touchante parabole – si ce n’est pas une histoire réelle – de Luc 10:25-37, en réponse à cette question d’un docteur de la loi qui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Qui est mon prochain », le Seigneur montre un Samaritain usant de miséricorde envers un malheureux Juif laissé à demi-mort sur le chemin, tandis qu’un sacrificateur et un lévite s’étaient, l’un après l’autre, détournés de lui. Puis il conduit le docteur à avouer et reconnaître que c’est le Samaritain seul qui s’est montré le vrai prochain du blessé, et il lui dit : « Va, et toi fais de même ».

 

1.5   Application pratique à propos de la religion des samaritains

Encore un mot sur l’affreuse religion des Samaritains primitifs qui, comme nous l’avons vu, craignaient l’Éternel tout en continuant à servir leurs dieux. Hélas ! Ce n’est là qu’une image trop fidèle, au fond, de l’état de tous ceux qui ne sont chrétiens que de nom : ils conservent, avec une certaine crainte de Dieu, toute espèce d’idolâtrie dans leurs cœurs : le moi ou l’égoïsme y a son temple, à côté de l’avarice qui est une idolâtrie, dit l’Écriture, ou de la sensualité qui fait un dieu de son ventre, ou de toutes les autres convoitises qui deviennent et qui sont autant d’idoles. Or, à nous aussi, Dieu dit : « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et TU LE SERVIRAS LUI SEUL ».

Chers lecteurs, si vous êtes encore des Samaritains sous ce rapport, comme le seront dans les temps difficiles des derniers jours tous ceux qui seront idolâtres d’eux-mêmes, amateurs d’argent, orgueilleux…amateurs des voluptés plutôt que de Dieu, ayant la forme de la piété (2 Tim. 3:5), sachez bien qu’une telle religion ne peut sauver personne. Il faut donc s’orienter autrement, car si votre religion ne vous change pas et ne vous sauve pas, il faut nécessairement changer de religion, comme on dit. Hâtez-vous donc, pendant qu’il en est temps, de vous convertir de vos idoles à Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour pouvoir attendre des cieux avec joie son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus qui nous délivre de la colère à venir (1 Thess. 1:9:10).

 

 

2                    Ézéchias — 2 Rois 18 à 21 ; 2 Chr. 29 à 32 ; Ésaïe 36 à 39

La Bonne Nouvelle 1869, p. 206-212, 218-226.

 

2.1   Le début — Restauration du culte divin

 

Dans l’histoire du royaume de Juda, nous allons rencontrer un roi vraiment pieux. Cinq ou six ans avant la destruction du royaume d’Israël mourut l’impie Achaz, le plus méchant des rois descendants de David. Il eut pour successeur son fils Ézéchias. Celui-ci était âgé de vingt-cinq ans quand il monta sur le trône et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Le Dieu des miséricordes ne voulait pas encore laisser tomber le royaume de Juda malgré les horribles péchés qui avaient si tristement signalé les temps d’Achaz. C’est pourquoi il trouva dans la personne du fils d’Achaz un prince selon son cœur, qui fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel et prit David, son aïeul, pour modèle de toute sa conduite. C’était aussi un bonheur pour lui de profiter des sages conseils que lui donnait Ésaïe, ce prophète distingué par les dons et les lumières extraordinaires que Dieu lui avait accordés et qui, dans les jours de calamité et de détresse, rassurait le roi par des paroles d’encouragement et de consolation de la part du Seigneur.

Le premier soin d’Ézéchias fut de rétablir le culte divin conformément aux ordonnances de Moïse. Il fit rouvrir le temple qu’Achaz avait fait fermer et en fit enlever toutes les abominations païennes qui le souillaient. Il détruisit les hauts lieux et les bocages où l’on allait adorer les idoles et brisa leurs statues. On avait conservé le serpent d’airain que Moïse avait fait jadis pour guérir, en le regardant, les Israélites mordus par les serpents brûlants (Nombres 21:8-9 ; Jean 3:14-15), et on lui rendait un culte, hélas comme tant de soi-disant chrétiens en rendent encore un à ce qu’ils appellent de saintes reliques. Ézéchias le fit mettre en pièces et le nomma Nehushtan, c’est à dire morceau d’airain et pas autre chose. Et pourtant il avait été fabriqué par ordre de l’Éternel et avait été le moyen d’opérer de grandes et nombreuses guérisons ; puis il était une figure du Christ Sauveur. À côté de cela, que sont les reliques sinon des morceaux de bois, de pierre, de métal, ou des ossements, et pas autre chose ?

Ainsi donc, Ézéchias rassembla les sacrificateurs et les Lévites, et leur ordonna de se sanctifier et de sanctifier la maison de l’Éternel. Il leur rappela les péchés du peuple et les terribles châtiments qu’ils avaient attirés sur lui. Ensuite il leur dit : « Maintenant, j’ai à cœur de faire alliance avec l’Éternel, le Dieu d’Israël, afin que l’ardeur de sa colère se détourne de nous. Maintenant, mes fils, ne soyez pas négligents, car c’est vous que l’Éternel a choisis, pour que vous vous teniez devant lui pour le servir, et pour être ses serviteurs et ceux qui lui offrent [ce qui se brûle sur l’autel] » (2 Chron. 29:10-11).

Sur cette exhortation, les sacrificateurs et les Lévites se mirent à l’œuvre avec tant de zèle et de diligence que, dans l’espace de seize jours, ils achevèrent de purifier la maison de Dieu ainsi que le parvis.

Alors le roi Ézéchias rassembla les chefs de la ville et monta avec eux et le peuple à la maison de l’Éternel où l’on célébra une fête solennelle. Avant tout, on offrit sur l’autel de l’Éternel des sacrifices pour le péché, pour le royaume, pour le sanctuaire, pour Juda et aussi pour tout Israël (les douze tribus), car c’était pour tout Israël que le roi avait ordonné l’holocauste et le sacrifice pour le péché. De même, ce dont nous avons tous besoin tout d’abord, en tant que pécheurs, c’est du Seigneur Jésus fait péché pour nous, mort pour nos péchés sur la croix.

Et au moment où commença l’holocauste, par ordre du roi, les Lévites commencèrent aussi à chanter le cantique de l’Éternel avec l’accompagnement des instruments de David. Et toute l’assemblée se prosterna, et le cantique se chantait, et les trompettes sonnaient, jusqu’à l’achèvement de l’holocauste. Puis le roi et tous ceux qui se trouvaient avec lui s’inclinèrent et se prosternèrent ; et les Lévites louèrent l’Éternel jusqu’à tressaillir de joie, et ils s’inclinèrent et se prosternèrent. Après quoi l’assemblée offrit des sacrifices de louanges et tous les cœurs de bonne volonté offrirent des holocaustes ; il y en eut en abondance. Ainsi le service de la maison de l’Éternel fut rétabli. Et Ézéchias et toute l’assemblée se réjouirent de ce que Dieu avait si bien disposé le peuple, car la chose fut faite promptement.

Que Dieu dispose pareillement vos cœurs à se confier à Jésus, et à se donner à Lui — et ensuite à offrir, vous aussi, par Lui « sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est à dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Hébreux 13:15).

 

 

2.2   La Pâque à nouveau célébrée

Ces bonnes dispositions du peuple causèrent tant de joie à Ézéchias qu’il résolut de faire célébrer au plus tôt la fête de Pâque qui, durant bien des années, avait été complètement négligée. Dans ce but, il envoya, non seulement dans le pays de Juda mais aussi dans celui des dix tribus, des courriers avec des lettres de la main du roi pour les inviter à venir à Jérusalem faire la Pâque à l’Éternel, le Dieu d’Israël. « Fils d’Israël, leur disait-il, retournez à l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, et d’Israël, et il reviendra au reste d’entre vous qui est échappé à la main des rois d’Assyrie…Ne roidissez pas votre cou, comme vos pères ; donnez la main à l’Éternel et venez à son sanctuaire qu’il a sanctifié pour toujours, et servez l’Éternel, votre Dieu, afin que l’ardeur de sa colère se détourne de vous. Car si vous retournez à l’Éternel, vos frères et vos fils trouveront miséricorde devant ceux qui les ont emmenés captifs, et ils reviendront dans ce pays ; car l’Éternel, votre Dieu, fait grâce et est miséricordieux, et il ne détournera pas sa face de vous si vous revenez à lui » (2 Chr. 30:6-9). Ainsi les courriers passaient de ville en ville dans le pays d’Éphraïm, de Manassé et jusqu’à Zabulon. Mais ce malheureux peuple, au milieu de la misère où l’avaient plongé ses péchés, était si endurci qu’il ne fit que se moquer de ces cordiales invitations du roi de Jérusalem. Il se trouva pourtant quelques personnes d’Aser, de Manassé et de Zabulon qui s’humilièrent et se rendirent à Jérusalem.

Quant à ceux de Juda, il leur fut donné de Dieu d’avoir tous un même cœur pour adhérer à l’appel de leur roi ; en sorte qu’il se rassembla à Jérusalem une fort nombreuse congrégation pour célébrer la fête des pains sans levain. Les sacrificateurs et les Lévites s’étaient sanctifiés pour cela. L’agneau pascal représentait le Sauveur qui est l’Agneau de Dieu. Pour se nourrir de Lui spirituellement et aussi pour pouvoir, avec bénédiction, prendre part à la Cène où son corps et son sang nous sont donnés sous les emblèmes du pain et du vin, il faut aussi être sanctifiés. Si vous demandez comment vous pouvez l’être, voici entre autres ce que répond l’Écriture : Jésus a dit en entrant dans le monde : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté…c’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (Hébreux 10:8, 10).

Cependant, dans ce peuple nombreux, il se trouva, surtout parmi ceux des dix tribus, beaucoup de gens qui ne s’étaient pas purifiés, et qui mangèrent la Pâque, non pas comme il était écrit ; à cause de ce péché, Dieu leur envoya probablement quelque maladie. Alors Ézéchiel pria pour eux en disant : « Que l’Éternel, qui est bon, pardonne à tous ceux qui ont appliqué leur cœur à rechercher Dieu, l’Éternel, le Dieu de leurs pères, bien que ce ne soit pas conformément à la purification du sanctuaire ». Et l’Éternel exauça Ézéchias et guérit le peuple. Tous célébrèrent donc la Pâque de la manière la plus solennelle, pendant sept jours, et leur joie fut si grande qu’ils résolurent de célébrer sept autres jours de fête. Et il y eut de grandes réjouissances à Jérusalem ; depuis les jours de Salomon, on n’avait rien vu de semblable. Et les sacrificateurs et les Lévites se levèrent et bénirent le peuple ; et leur voix fut exaucée, car leur prière parvint jusqu’aux cieux, la sainte demeure de l’Éternel.

Dans des circonstances analogues, Néhémie disait plus tard au résidu des Juifs fidèles, remontés de la captivité de Babylone : « La joie de l’Éternel est votre force » (Néhémie 8:10). Ces paroles sont toujours vraies. Les fils d’Israël, s’en retournant de Jérusalem remplis d’une sainte joie, eurent la sainte force de briser et de démolir tout ce qui restait en fait de statues, de bocages de hauts lieux et d’autels dans tout Juda et Benjamin, et ils en firent de même en Éphraïm et en Manassé. À ce zèle contre l’idolâtrie se joignit bientôt un zèle tout aussi admirable pour le service du Dieu vivant et vrai. À l’invitation d’Ézéchias, les fils d’Israël apportèrent, pour les sacrificateurs et pour les Lévites, des dîmes de tous les produits de leurs champs, en si grande abondance qu’il fallut préparer plusieurs chambres pour y serrer ces dîmes.

Savez-vous ce que c’est que se réjouir dans le Seigneur, comme l’Écriture le prescrit aux saints (Phil. 3:1 ; 4:4) ? Pour cela, il faut connaître le Seigneur et le grand salut qu’il a accompli ; il faut jouir de son amour et demeurer dans son amour ; il faut avoir reçu le Saint Esprit, dont un des fruits précieux est la joie (Galates 5:22). En un mot, pour se réjouir dans le Seigneur, il faut être dans le Seigneur par la foi. Cette sainte joie est aussi la force de ceux qui ont le bonheur de la posséder ; elle est une sûreté pour eux, comme le dit l’apôtre (Phil. 3:1). Avec le Seigneur qui la produit, ils peuvent lutter contre le mal et en triompher ; tout comme ils peuvent avec bonheur marcher dans la sainteté, porter des fruits de justice à la gloire de Dieu, et surtout aimer leurs frères, non de paroles et de langue seulement, mais par des effets et en vérité ; car le fruit de la justice se sème dans la paix, et la foi est opérante par l’amour (Jacq. 3:18 ; Gal. 5:6). Que Dieu vous fasse la grâce de connaître cette grande force morale !

Qu’il vous donne aussi d’imiter Ézéchias dont l’Écriture dit : « Il fit ce qui est bon, et droit, et vrai, devant l’Éternel, son Dieu. Et dans toute l’œuvre qu’il entreprit, dans le service de la maison de Dieu et dans la loi et dans les commandements, pour rechercher son Dieu, il agit de tout son cœur, et prospéra » (2 Chroniques 31:20-21).

 

 

2.3   L’invasion par les Assyriens

En continuant l’histoire édifiante du roi Ézéchias, nous commencerons par rappeler ce qui est dit de son caractère et du mobile de sa conduite dans les Écritures. Voici ce que nous lisons dans le second livre des Rois : « Il mit sa confiance en l’Éternel, le Dieu d’Israël ; et après lui, il n’y en eu point de semblable à lui parmi les rois de Juda, non plus que parmi ceux qui avaient été avant lui. Et il s’attacha à l’Éternel ; et il ne se détourna point de lui, et il garda ses commandements, que l’Éternel avait commandés à Moïse. Et l’Éternel fut avec lui : partout où il allait, il prospéra » (2 Rois 18:5-7). Par la grâce de Dieu, il avait trouvé le secret de l’obéissance et, par conséquent, de la bénédiction. Si, comme lui, vous voulez être obéissants et garder les commandements de Dieu, si vous désirez le seul vrai bonheur qui ne se trouve que dans le chemin de l’obéissance, commencez par vous confier au Seigneur, par vous attacher à Lui, afin qu’Il soit avec vous pour vous rendre capables de le suivre et vous faire prospérer en tout ce que vous entreprendrez.

Grâce à l’assistance de son Dieu, Ézéchias battit les Philistins et les chassa du pays de Juda. Comme il lui paraissait injuste que le peuple de Dieu demeurât plus longtemps tributaire des Assyriens, il l’affranchit de ce joug en se révoltant contre le roi d’Assyrie ; ce qui lui attira une guerre des plus menaçantes, où sa confiance en Dieu fut mise à bien rude épreuve.

La quatorzième année du règne d’Ézéchias, Sankhérib, roi d’Assyrie, dont le père Shalmanéser avait détruit le royaume d’Israël, envahit le pays de Juda avec une armée formidable et s’empara d’abord de toutes les villes fortes. Craignant pour Jérusalem, Ézéchias prit des mesures de défense, bâtit des murailles ou répara des brèches ; en même temps, il envoyait au roi d’Assyrie des messagers chargés de lui dire qu’il reconnaissait avoir commis une faute en se révoltant contre lui ; et dans le but d’éloigner ou d’apaiser son puissant ennemi, le roi de Juda consentit à lui payer une somme considérable. Pour cela, il dut donner tout l’argent qui se trouvait dans ses trésors et dans la maison de l’Éternel. Il dut même mettre en pièces les portes du temple et les piliers que lui-même avait couverts d’or, et il les donna au roi d’Assyrie.

Peut-être y eut-il dans ces concessions faites par Ézéchias un manque, ou du moins une faiblesse de foi, comme il y en eut dans deux occasions chez Abraham qui n’en est pas moins appelé « le père des croyants » (Genèse 12:12-13 ; 20:2 ; Romains 4:11 ; Galates 3:7). Au reste, comme nous allons le voir, ces concessions ne lui servirent de rien. Aussi chercha-t-il ailleurs la force et la sécurité dont il avait besoin, car, ayant rassemblé auprès de lui les chefs de guerre, il parla à leur cœur disant : « Fortifiez-vous et soyez fermes ; ne craignez point et ne soyez point effrayés devant le roi d’Assyrie et à cause de toute la multitude qui est avec lui ; car avec nous il y a plus qu’avec lui : avec lui est un bras de chair, mais avec nous est l’Éternel, notre Dieu, pour nous aider et pour combattre nos combats ». Ce discours ranima la confiance du peuple.

Le roi d’Assyrie avait bien accepté l’argent qu’Ézéchias lui avait envoyé pour qu’il se retirât. Mais au lieu de s’en retourner, il se prépara à faire le siège de Jérusalem contre laquelle il fit marcher des forces considérables sous la conduite du général Rab-Shaké. Celui-ci, se tenant sous les murailles de la ville, fit appeler le roi qui envoya trois de ses officiers auxquels le général assyrien fit entendre des paroles insultantes. Il les chargeait de dire à Ézéchias de la part du grand roi d’Assur que sa confiance était vaine parce qu’elle ne consistait qu’en paroles, tandis que, pour la guerre, il faut conseil et force. Comme Rab-Shaké prononçait ces paroles outrageantes et blasphématoires, et que le peuple de Jérusalem qui était sur la muraille les entendait, les envoyés d’Ézéchias le prièrent de leur parler en langue syriaque. Mais le général syrien n’en tint aucun compte. Il continua de parler à haute voix en langue judaïque et en s’adressant directement aux Juifs qui l’écoutaient. « Ainsi dit Sankhérib, roi d’Assyrie : Qu’Ézéchias ne vous trompe point ; car il ne pourra pas vous délivrer de la main du roi…N’écoutez pas Ézéchias, car il vous séduit, disant : l’Éternel nous délivrera. Les dieux des nations ont-ils bien délivré chacun son pays de la main du roi d’Assyrie ?... Quels sont d’entre tous les dieux des pays ceux qui ont délivré leur pays de ma main, pour que l’Éternel délivre Jérusalem de ma main ? » (2 Rois 18:28-36). Les serviteurs de Rab-Shaké parlèrent encore contre l’Éternel Dieu et contre Ézéchias, son serviteur. Ils parlèrent du Dieu de Jérusalem comme des dieux de la terre qui ne sont qu’un ouvrage de mains d’hommes. Et, d’après l’ordre du roi, on ne répondit pas un mot à ces blasphémateurs : les envoyés vinrent, les vêtements déchirés, rapporter à Ézéchias les paroles de Rab-Shaké.

Alors le pieux Ézéchias déchira ses vêtements et se couvrit d’un sac, et il entra dans la maison de l’Éternel, d’où il envoya des messagers vers le prophète Ésaïe, pour lui dire comment Rab-Shaké avait injurié le Dieu vivant et pour lui demander de prier pour le résidu pieux qui se trouvait encore à Jérusalem. Le prophète fit dire au roi de ne rien craindre, et que l’Éternel se chargeait d’éloigner et de juger le roi d’Assur qui l’avait outragé. En effet, quand Rab-Shaké s’en fut retourné, il apprit que le roi, son maître, n’était plus à Lakis, et qu’il avait ouï dire que le roi d’Éthiopie s’avançait pour le combattre. Avant de partir, il avait envoyé à Ézéchias, par des messagers, une lettre aussi arrogante et blasphématoire que les paroles de Rab-Shaké. Ézéchias lut cette lettre, puis il monta à la maison de l’Éternel et la déploya devant l’Éternel comme pour Lui en donner connaissance et Lui dire : cette lettre est à ton adresse, c’est Toi qu’elle concerne ; c’est Toi qui est injurié par elle. C’est au reste ce qu’il exprime ensuite en priant devant la face de l’Éternel et en lui disant : « Éternel ! Ouvre tes yeux, et vois ; et écoute les paroles de Sankhérib, qu’il a envoyé pour outrager le Dieu vivant. Il est vrai, Éternel ! les rois d’Assyrie ont dévasté les nations et leurs pays, et ont jeté au feu leurs dieux ; car ce n’étaient pas des dieux, mais ouvrage de mains d’hommes, — du bois, et de la pierre ; et ils les ont détruits. Et maintenant, Éternel, notre Dieu ! sauve-nous, je te prie, de sa main, afin que tous les royaumes de la terre sachent que toi, Éternel, tu es Dieu, toi seul » (2 Rois 18:16-19).

La prière du juste, faite avec ferveur, est toujours d’une grande efficace devant Dieu (Jacques 5:16). Puissiez-vous en faire tous l’heureuse expérience ! Après que le roi de Jérusalem eut ainsi prié, Ésaïe lui fit dire de la part du Dieu d’Israël : « Quant à la prière que tu m’as faite au sujet de Sankhérib, roi d’Assyrie, je l’ai entendue ». Puis viennent des paroles sévères contre ce prince blasphémateur qui a osé hausser la voix et lever les yeux contre le Saint d’Israël. Jérusalem peut mépriser son arrogant ennemi dont l’Éternel connaît les allées et venues et l’opposition contre Lui. « Je mettrai mon anneau à ton nez et mon frein entre tes lèvres, et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu…Il n’entrera pas dans cette ville (Jérusalem), dit l’Éternel. Et je protégerai cette ville, afin de la sauver, à cause de moi, et à cause de David, mon serviteur ».

C’est ce qui arriva dès la nuit suivante car l’Ange de l’Éternel sortit et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt cinq mille hommes ; et quand on se leva le matin, voici, ils étaient tous morts.

À l’ouïe de cette épouvantable nouvelle, Sankhérib s’enfuit et retourna à Ninive. Peu après, comme il se prosternait dans la maison de Nisroc, son dieu, ses deux fils aînés le frappèrent avec l’épée et le tuèrent ; et comme ils furent obligés de s’enfuir après ce meurtre, le troisième de ses fils nommé Ésar-Haddon monta sur le trône à sa place.

 

2.4   La maladie d’Ézéchias

Avant cette grande délivrance, Ézéchias fut visité par le Seigneur et fort éprouvé. Il tomba gravement malade, au point que le prophète Ésaïe vint lui dire : « Ainsi dit l’Éternel : Donne des ordres pour ta maison, car tu vas mourir ». Alors Ézéchias tourna sa face vers la paroi et se répandit en larmes et en prières devant son Dieu. Ésaïe n’était pas encore sorti de la cour que la parole de l’Éternel lui fut adressée, lui disant de retourner et dire à Ézéchias, prince de son peuple : « Ainsi dit l’Éternel, Dieu de David, ton père : J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes ; voici, je te guérirai ; le troisième jour tu monteras à la maison de l’Éternel ; et j’ajouterai quinze ans à tes jours ». Ézéchias, affaibli par la maladie, et ne pouvant croire sans beaucoup de peine la parole : je vais te guérir après avoir entendu peu avant celle-ci : tu vas mourir, Ézéchias exprima le désir que le Seigneur voulut bien confirmer sa promesse par un signe ou un miracle. Cette demande lui fut aussi accordée. À la prière du prophète, Dieu fit que dix degrés du cadran d’Achaz qui étaient déjà dans l’ombre se retrouvent immédiatement éclairés de nouveau par les rayons du soleil qui semblait être retourné en arrière.

Le roi en fut réjoui et reconnaissant ; puis au moyen d’un cataplasme de figues que le prophète avait fait mettre sur l’ulcère, le roi fut si bien guéri que, trois jours après, il put se rendre dans le temple. À cette occasion, Ézéchias fit un magnifique cantique d’actions de grâces. Il y dépeint, dans les termes les plus vifs, l’extrême danger de mort et l’excessive angoisse d’âme où l’avaient plongé ses violentes douleurs, et sur la fin, il dit : « Que dirai-je ? Il m’a parlé, et lui l’a fait…Et tu m’as rendu la santé, et tu m’as fait vivre…Tu as aimé mon âme, la retirant de la fosse de destruction, car tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos…Le vivant, c’est le vivant qui te louera, comme moi aujourd’hui ; le père fera connaître aux fils ta vérité. L’Éternel a voulu me sauver ! Et nous jouerons de mes instruments à cordes tous les jours de notre vie, dans la maison de l’Éternel » (Ésaïe 38).

Sans doute, la plupart d’entre vous ont aussi été plus ou moins malades. Si vous avez été guéris, en avez-vous rendu grâces à Dieu qui, finalement, peut seul nous guérir et prolonger nos jours ? Puis avez-vous pu alors dire comme le saint roi dont nous nous occupons : Mes tourments se sont changés en salut, j’ai cherché le Seigneur dans ma maladie, et je l’ai trouvé et avec Lui le salut. Dans ton amour, tu as embrassé ma personne pour me sauver parce que « tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos ». Tel est l’heureux partage de tous ceux qui, par la foi, sont justifiés et ont la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Dieu veuille que ce soit aussi le partage de tous.

Enfin, si jusqu’ici nous avons vu en Ézéchias un exemple de foi, de piété et de sainteté, le dernier trait qui nous est rapporté de lui montre qu’il était pourtant, comme Élie, comme tous les saints, un homme sujet aux mêmes infirmités que nous. Après la défaite de l’armée des Assyriens, Dieu accorda au peuple de Juda un temps de prospérité et de paix. La réputation d’Ézéchias se répandit au dehors, en sorte que les peuples voisins lui envoyaient de riches présents. Il reçut entre autres des ambassadeurs du roi de Babylone, chargés de s’informer du prodige qui avait eu lieu sur le cadran d’Achaz, et de féliciter le roi sur le rétablissement de sa santé. Ézéchias fut fort réjoui de les voir et il les accueillit avec de grands honneurs. Par ostentation, il fit voir à ces ambassadeurs païens tous ses trésors, tous ses objets précieux ; il les conduisit dans ses domaines et leur donna des fêtes. Mais aussitôt après leur départ, Dieu lui envoya le prophète Ésaïe pour le censurer de sa coupable vanité, et pour lui annoncer qu’un jour tous ses trésors seraient transportés à Babylone et que ses descendants y seraient menés en captivité.

Voici comment l’Écriture explique cette chute d’un prince aussi pieux : « En ces jours-là, Ézéchias fut malade à la mort ; et il pria l’Éternel, et l’Éternel lui parla, et lui donna un signe. Mais Ézéchias ne rendit pas en raison du bienfait qu’il avait reçu ; car son cœur s’éleva, et il y eut de la colère contre lui et contre Juda et Jérusalem »… — Lors de l’ambassade des chefs de Babylone vers lui, Dieu l’abandonna pour l’éprouver, afin de connaître tout ce qui était dans son cœur ; et le Seigneur atteignit son but. Repris par Ésaïe, Ézéchias s’humilia de ce qu’il avait élevé son cœur , il confessa publiquement son péché, ce qui porta les habitants de Jérusalem à s’humilier aussi devant Dieu ; en sorte que le courroux de l’Éternel ne vint pas sur eux pendant la vie d’Ézéchias.

Il en est toujours ainsi. L’orgueil va devant l’écrasement et la fierté d’esprit va devant la ruine, mais l’humilité va devant la gloire. Celui qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. Ce n’est qu’en se baissant qu’on entre au saint lieu. Que Dieu vous donne d’apprendre à connaître ce qu’il y a dans votre cœur, sans qu’il soit besoin pour cela qu’Il vous abandonne. Qu’Il vous fasse la grâce de reconnaître, par sa parole et son Esprit, qu’en vous il n’habite aucun bien, première chose à connaître pour sentir le besoin d’un Sauveur, et pour aller à Lui.

Enfin Ézéchias prospéra de plus en plus, et fit diverses constructions utiles pour la ville. Puis après un règne de vingt-neuf ans, il s’endormit avec ses pères, c’est à dire qu’il mourut dans sa cinquante-quatrième année. Il fut inhumé, avec de grandes manifestations d’honneur, dans les sépulcres des fils de David ; et Manassé, son fils, régna à sa place.

 

 

3                    Josias — 2 Rois 22 et 23 ; 2 Chr. 34 et 35

La Bonne Nouvelle 1870 pages 101 à 108.

Nous avons vu, dans une précédente étude, que le méchant roi Amon fut mis à mort pas ses serviteurs. Il laissait un fils nommé Josias âgé de huit ans qui lui succéda et qui régna trente et un ans à Jérusalem.

Josias, seizième roi de Juda, fut l’un des plus pieux descendants de David. Il fit ce qui est droit devant l’Éternel. Dès la huitième année de son règne, à l’âge de seize ans, il commença à rechercher le Dieu de David son père. Aussi fit-il tous ses efforts pour combattre et détruire l’idolâtrie qui, depuis Salomon jusqu’à son père Amon, s’était si fort répandue et enracinée dans son royaume. Dans ses pieux efforts, il fut encouragé et assisté par deux hommes de Dieu : Jérémie qui, quoique plus jeune que Josias, était déjà entré dans l’exercice de son ministère (Jér. 1:2) et Sophonie (1:1).

 

3.1   Purification de Juda et Jérusalem

Il n’avait que vingt ans lorsqu’il se mit avec zèle à purifier Jérusalem et le pays de Juda de tout ce qui avait rapport à l’idolâtrie : à détruire les autels, les hauts lieux, les bocages, les idoles de tout genre. La dix-huitième année de son règne, il était âgé de vingt-six ans, fut surtout remarquable dans sa guerre contre l’idolâtrie. On travaillait, d’après ses ordres, à réparer le temple, dégradé et profané par ses prédécesseurs, quand le souverain sacrificateur Hilkija y trouva le livre de la loi de l’Éternel, donnée par le moyen de Moïse, c’est à dire le Pentateuque ou les cinq premiers livres des Écritures. Il n’eut pas plus tôt découvert ce précieux exemplaire qu’il l’envoya au roi. Celui-ci, s’étant fait lire ces pages si longtemps oubliées et négligées, fut péniblement frappé et effrayé des menaces qu’elles renfermaient contre les transgresseurs de ses ordonnances. Dans sa douleur — et dans sa profonde conviction des égarements et des péchés de son peuple — Josias déchira ses vêtements, s’humilia et pleura. Puis il fit consulter la prophétesse Hulda pour apprendre d’elle si Dieu leur ferait la grâce de détourner d’eux les sévères châtiments qu’ils avaient mérités. La réponse fut que les menaces de l’Éternel s’accompliraient infailliblement et bientôt ; toutefois, le Seigneur ayant égard aux larmes et à l’humiliation de Josias, ces châtiments seraient différés aussi longtemps qu’il vivrait, et il serait recueilli en paix avec ses pères.

 

3.2   La Parole de Dieu retrouvée

Sur quoi, le roi ordonna aux anciens de faire assembler tout le peuple dans le temple, et après avoir fait lire à haute voix, devant tous, le loi retrouvée, il déclara en présence de toute la congrégation que, quant à lui, il était résolu d’obéir de tout son cœur au Seigneur son Dieu et de garder fidèlement ses ordonnances ; puis il engagea tout le peuple à servir aussi fidèlement l’Éternel en sorte que, pendant la vie du roi, ils ne se détournèrent pas de suivre le Dieu de leurs pères. Cependant, hélas, ce n’est pas la crainte du Seigneur mais seulement le désir de plaire à Josias qui les dirigeait et les animait. Aussi cette réforme ne fut qu’extérieure et peu durable puisque Jérémie, aux jours de Josias, adressait ces paroles au peuple juif de la part de l’Éternel : « sa sœur, Juda la perfide, n’est pas revenue à moi de tout son cœur, mais avec mensonge, dit l’Éternel » (3:10). On peut tromper les hommes par des apparences ou des formes de piété, mais l’on ne trompe pas Dieu — aux yeux duquel une réforme n’est rien si elle n’est pas un retour jusqu’à Lui ; et si ce n’est pas de tout son cœur qu’un pécheur retourne à Dieu, ce n’est devant lui qu’un mensonge. Pesez bien ces paroles et que le Seigneur vous donne d’en retirer du bien pour vos âmes.

 

3.3   Réforme

3.3.1       Réforme en Juda et Jérusalem

Dès ce moment, le pieux Josias redoubla de zèle contre l’idolâtrie, tant à Jérusalem que dans les autres villes de Juda. Il démolit les autels des faux dieux, réduisit en poudre les idoles et brûla les bocages. Pour vouer à l’infamie tous les lieux dédiés à l’idolâtrie, il y répandit des ossements humains dont le simple contact était une souillure (Nombres 19:16). Il destitua tous les prêtres de Baal, mais il leur procura des moyens de subsistance.

 

3.3.2       Réforme en Israël

Après avoir ainsi purifié son royaume de toute idolâtrie, Josias entreprit aussi la réformation d’Israël ; il parcourut le royaume désolé des dix tribus pour y accomplir une œuvre semblable. Arrivé à Béthel, il fit démolir l’autel du veau d’or et le haut lieu ou temple que Jéroboam y avait construits plus de 300 ans auparavant pour faire pécher Israël. Et il sacrifia sur les autels tous les sacrificateurs des hauts lieux qui étaient là, et brûla sur eux des ossements d’hommes. Ainsi fut accomplie une prophétie des plus remarquables que vous trouverez dans 1 Rois 13:2. Après avoir séparé les dix tribus révoltées du royaume de Juda et de la maison de David, Jéroboam avait pris ses mesures pour détourner son peuple de Jérusalem et du temple du vrai Dieu. Il avait inventé une religion et un culte selon ses pensées, avait fait deux veaux d’or, dont il avait mis un à Béthel et l’autre à Dan, en disant à ses sujets : C’est trop pour vous de monter à Jérusalem ; voici tes dieux, Israël ! » Il avait bâti une maison de hauts lieux, établi lui-même des sacrificateurs qui n’étaient point des fils de Lévi, et institué des fêtes selon ses propres idées. Or, comme Jéroboam était debout devant l’autel pour faire fumer le parfum, un homme de Dieu arriva de Juda à Béthel, par la parole de l’Éternel. « Et il cria contre l’autel, par la parole de l’Éternel, et dit : Autel, autel ! ainsi dit l’Éternel : Voici, un fils naîtra à la maison de David ; son nom sera Josias, et il offrira sur toi les sacrificateurs des hauts lieux qui font fumer de l’encens sur toi, et on brûlera sur toi des ossements d’hommes ». Ce qu’il y a de singulièrement remarquable dans cette prophétie, prononcée plus de 300 ans avant son accomplissement littéral, c’est que le nom du roi qui devait l’accomplir y est positivement mentionné. Comment pourrait-on ne pas voir le doigt de Dieu, l’action de son Esprit ? Comment pourrait-on, en lisant et en comparant ces passages, douter encore de l’inspiration divine des Écritures ? Or, souvenez-vous-en bien, ces mêmes Écritures contiennent aussi des déclarations positives de jugements terribles qui atteindront un jour les méchants et les incrédules, et ce sont là aussi des prophéties qui s’accompliront infailliblement. Celui qui doit exécuter ces jugements est aussi clairement nommé, c’est le Seigneur Jésus, aujourd’hui un Sauveur, bientôt seulement un Juge si vous ne l’avez pas pour Sauveur. Hâtez-vous donc, pendant qu’il en est temps, de chercher un refuge contre la colère à venir en allant à Jésus qui en a délivrés tous ceux qui se confient en Lui, lesquels ne viendront point en jugement.

 

3.4   La Pâque

De retour à Jérusalem, le pieux Josias fit de grands préparatifs pour la fête de Pâque, conformément aux ordonnances de la loi de Moïse. Dans ce but, il donna au peuple 3 000 bœufs et 30 000 agneaux ou chevreaux, et ses principaux officiers imitèrent sa libéralité. La fête fut célébrée avec une grande solennité ; les Israélites qui étaient restés dans les dix tribus y furent invités aussi, et plusieurs y assistèrent. Il ne s’était point fait de Pâque comme celle-ci depuis les jours des Juges d’Israël. Elle eut lieu à Jérusalem la dix-huitième année du règne de Josias.

 

3.5   Élimination de l’occultisme

Pour consommer son œuvre de réformation, le roi ôta, selon la Loi, tous les évocateurs d’esprits, les devins ou diseurs de bonne aventure, et il abolit toutes les pratiques provenant de l’idolâtrie. L’Écriture lui rend ce beau témoignage : « Avant lui il n’y eut pas de roi semblable à lui, qui se fût retourné vers l’Éternel de tout son cœur, et de toute son âme, et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse ; et après lui, il ne s’en est pas levé de semblable à lui » (2 Rois 23:25).

 

3.6   Paix et guerre

L’activité réformatrice de Josias fut favorisée par une longue paix ; mais dans les dernières années de sa vie, il survint une guerre entre le roi d’Assyrie et le roi d’Égypte. Comme le pays de Juda se trouvait situé entre ces deux puissances, Josias crut malheureusement devoir prendre parti dans cette guerre. Il fit donc marcher son armée contre le Pharaon Néco, avec lequel il avait vécu en bonne intelligence. Pharaon lui fit dire qu’il souhaitait vivre en paix avec lui et que cette guerre, qu’il faisait à d’autres, il l’avait entreprise par l’ordre de Dieu. « Désiste-toi de [t’opposer à] Dieu, qui est avec moi, afin qu’il ne te détruise pas » (2 Chroniques 35:21). Josias ne tint aucun compte de ces paroles qui venaient pourtant de la bouche de Dieu, et il persista dans son dessein. Ce qui semble prouver qu’il n’agissait pas avec une peine bonne conscience, c’est qu’il se déguisa pour combattre contre Néco dans la plaine de Méguido. Là il fut frappé d’une flèche, et on le ramena à Jérusalem où il mourut. Il fut enterré dans le sépulcre de ses pères, ainsi que Dieu le lui avait promis. Tout Juda et Jérusalem menèrent deuil sur Josias, un si grand deuil que, lorsque, cent ans après, Zacharie veut dépeindre toute l’intensité de la douleur qu’éprouveront un jour les Juifs, lorsqu’ils mèneront deuil sur Celui qu’ils ont percé, il compare cette douleur à celle qu’éprouva le peuple dans la plaine de Méguido, lors de la mort du roi dont nous parlons (Zacharie 12:10, 11).

Cette mort donna lieu à des complaintes que l’on répétait en Juda. Jérémie composa aussi sur ce pieux prince des lamentations qui ne nous sont pas parvenues.

 

 

4                    Joakhaz et Jéhoïakim, rois de Juda — 2 Rois 23 et 2 Chr. 36

La Bonne Nouvelle 1870 pages 173 à 180.

4.1   Joakhaz

Le pieux Josias eut un méchant successeur. Son fils Joakhaz fut appelé par le peuple sur le trône de Juda pour porter une couronne que sa naissance ne lui donnait pas car, d’après 1 Chron. 3:15, il était le plus jeune fils de Josias. Il est aussi appelé Shallum, soit dans la généalogie que nous venons de citer, soit dans Jérémie 22 v. 11, où le prophète annonce ce qui devait lui arriver, en disant : « ainsi dit l’Éternel quant à Shallum, fils de Josias, roi de Juda, qui régna à la place de Josias, son père, [et] qui s’en est allé de ce lieu : Il n’y reviendra plus ; car il mourra dans le lieu où on l’a transporté, et ne verra plus ce pays ».

Joakhaz avait vingt-trois ans quand il fut établi roi, et il ne régna que trois mois à Jérusalem. Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, tout comme avaient fait ses pères. Sophonie, contemporain de ce roi, nous donne de l’état moral de Juda une description qui fait clairement voir comment, après les sages et pieuses mesures de réforme entreprises par Josias, l’idolâtrie et l’impiété purent cependant se montrer de nouveau avec une grande force dans ce malheureux pays.

Ainsi que Jérémie l’avait prédit, ce méchant prince fut déposé et pris par Pharaon-Néco, roi d’Égypte ; il fut d’abord emprisonné à Riba, en Syrie ; puis emmené en Égypte où il mourut.

C’est bien probablement de Joakhaz qu’Ézéchiel a voulu parler (19 v. 3 et 4), sous la forme d’un lionceau qui « apprit à déchirer la proie ; il dévora des hommes. Et les nations entendirent parler de lui ; il fut pris dans leur fosse, et on le mena avec un anneau à ses narines dans le pays d’Égypte ». C’est là, en effet comme dans Jérémie22, l’histoire abrégée de ce mauvais roi. Ce qui suit dans Ézéchiel serait de même relatif à son successeur.

 

4.2   Jéhoïakim

Pharaon-Néco, après avoir exigé du peuple de Juda une forte contribution en argent, mit sur le trône de Jérusalem Eliakim, fils aîné de Josias, et il changea son nom en celui de Jéhoïakim ; il était âgé de vingt-cinq ans, et il régna onze ans à Jérusalem. Comme ses ancêtres, il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel. À son exemple, le peuple se livrait à toute espèces d’abomination. En vain le prophète Jérémie leur faisait entendre, de la part de Dieu, les censures les plus vives ; en vain il leur annonçait les châtiments les plus sévères, l’homme de Dieu, bien loin d’être écouté, se vit en danger de perdre la vie. Relisez à ce propos ce qui est dit dans l’étude du prophète Michée. Un autre prophète, nommé Urie, tenait le même langage que Jérémie ; le roi chercha à le faire mourir. Urie n’eut pas autant de foi et de fermeté que Jérémie et, par crainte de la mort, il s’enfuit en Égypte ; ils en ramenèrent ce timide prophète ; le roi le fit périr par l’épée et refusa à son cadavre les honneurs de la sépulture ; tandis qu’un personnage influent, Akhikam, s’interposa en faveur du fidèle Jérémie et le préserva de la mort (Jér. 26 v. 20 à 24).

 

4.2.1       Première déportation

Bientôt après survinrent les fléaux dont Juda avait été menacé. La troisième année du règne de Jéhoïakim, Nébucadnetsar, roi de Babylone, vint avec une armée contre Jérusalem et l’assiégea. Le Seigneur livra en sa main le roi de Juda, et une partie des vases sacrés de la maison de Dieu, que Nébucadnetsar fit emporter au pays de Shinhar, en la maison de son dieu (Dan. 1 v. 1 et 2). Il fit aussi choisir un certain nombre de jeunes gens beaux de visage, instruits et intelligents, tant de la famille royale que de celle des principaux Juifs, et les envoya à Babylone. Son intention était de leur faire enseigner la langue et la science des Chaldéens, afin de pouvoir ensuite les employer au service de sa cour. Daniel et ses trois amis firent partie de ces jeunes gens.

 

4.2.2       Prophètes, faux prophètes

Cependant le monarque de Babylone laissa régner Jéhoïakim, mais comme son sujet et son tributaire. Cette verge de châtiment que le Seigneur venait de montrer à son peuple ne fut pas écoutée. Ce peuple pervers persévéra dans son incrédulité et dans sa dissolution. Comme Nébucadnetsar s’était retiré sans faire plus de mal, on ne faisait que se moquer des prophètes qui avaient annoncé la destruction de la ville, laquelle n’était que retardée par la bonté et la longue patience de Dieu. Puis il y avait les faux prophètes qui entretenaient le peuple dans son impénitence et dans sa sécurité. Ils de cessaient de dire : « Paix, paix ! » quand il n’y avait point de paix. Il en sera de même à la fin, peut-être bientôt. Quand le Seigneur Jésus descendra du ciel avec ses rachetés pour juger le monde tel qu’il était aux jours de Noé et aux jours de Lot. Alors les hommes diront aussi : « Paix et sûreté » jusqu’au moment où une subite destruction fondra sur eux, et ils n’échapperont point. Souvenez-vous que c’est Jésus seul qui peut délivrer de cette colère qui vient.

Les prophètes de mensonges endormaient encore les Juifs, en leur déclarant qu’il était impossible que Dieu voulût livrer la sainte ville au pouvoir des païens. « C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel ! » (Jér. 7 v. 4). À ce sujet, Jérémie leur dit : « Ne mettez pas votre confiance en des paroles de mensonge », « Amendez vos voies et vos actions » (Jér. 7 v. 4 et 3). Ainsi que ceux qui ne sont chrétiens que de nom se rappellent que, bien loin que les privilèges qu’ils tiennent de Dieu puissent les sauver — c’est Jésus Christ seul qui sauve — ils ne feront que déposer contre eux et aggraver leur culpabilité, s’ils n’ont pas eu pour effet de les amener au Sauveur.

 

4.2.3       Baruc et l’écriture des prophéties

Dans la quatrième année du règne de Jéhoïakim, Jérémie par ordre de Dieu écrivit dans un livre tout ce que Dieu lui avait révélé depuis la treizième année du règne de Josias. Il devait ensuite en faire la lecture en présence du peuple. Le but était d’éprouver les Juifs, de voir s’ils ne seraient pas ébranlés, lorsque l’on mettrait sous leurs yeux tout le registre de leurs transgressions ainsi que leurs funestes suites dont ils étaient menacés. Jérémie choisit donc Baruc pour secrétaire et il lui dicta toutes les paroles de l’Éternel. Quant à lui, il avait ordre de continuer à prophétiser aux Juifs que Dieu enverrait Nébucadnetsar contre eux, qu’il dévasterait leur pays et les mènerait captifs en Chaldée d’où cependant Dieu les ramènerait au bout de 70 ans. Ces censures et ces menaces exposèrent Jérémie à bien des outrages et le firent mettre aux arrêts. Comme il ne pouvait donc pas faire lui-même au peuple la lecture du livre qu’il avait dicté, il en chargea Baruc qui le lut en présence d’une foule assemblée dans le parvis du temple pour y célébrer un jour de jeûne. Cette lecture excita une grande rumeur. Quelques uns des principaux du peuple qui en avait été fort impressionnés demandèrent à Baruc de venir chez eux avec son livre. Là, Baruc leur lit encore les prédictions qui y été contenues. Ils en furent très alarmés et jugèrent qu’il était nécessaire que le roi en fût instruit. Mais avant de le faire, ils conseillèrent à Baruc de s’éloigner et d’aller se cacher avec Jérémie si bien que personne ne sût où ils étaient.

 

4.2.4       Respect des Écritures

Jéhoïakim se fit apporter ce livre dans son appartement d’hiver où il y avait un brasier ardent. À peine lui en eût­on lu quelques feuillets, qu’il le coupa en pièces avec son canif et le jeta au feu. Quelle audace sacrilège ! Au lieu de respecter ces paroles de l’Éternel, d’y être attentifs et d’avoir une sainte frayeur de ces menaces, au lieu de s’humilier en déchirant leurs vêtements selon l’usage juif comme même l’impie Achab l’avait fait dans une occasion semblable, Jéhoïakim et tous ses serviteurs, à l’exception de trois, ne furent point effrayés et se moquèrent des jugements dont Dieu les menaçait. Le roi lui-même déchira au feu les paroles du Seigneur, et en même temps il ordonna que l’on saisît l’écrivain et le prophète. On les chercha en vain parce que l’Éternel les cacha. Alors le Seigneur commanda à Jérémie d’écrire de nouveaux toutes le paroles qui étaient dans le premier livre en y ajoutant de terribles jugements contre le roi qui l’avait brûlé : aucun de ses fils ne monterait sur le trône et son corps serait privé de sépulture.

Par la grâce toute particulière de Dieu, vous avez appris à respecter les Écritures, à les regarder comme étant la parole de Dieu ; il n’en est malheureusement pas de même pour tous ceux qui pourtant se disent chrétiens. Hélas ! Le prétendu chef de la chrétienté, celui qui ose se nommer le remplaçant de Jésus Christ sur la terre, le Pape, (ou mieux, tous les papes successivement, de nos jours au moins) a publié, il y a maintenant plus de cent cinquante ans, des menaces et prononcé des anathèmes contre ceux qui lisent la Bible et ceux qui la répandent. Aussi voyait-on trop souvent de malheureux prêtres qui, à l’imitation de l’impie roi de Juda, osaient jeter au feu le livre divin, quand ils le trouvaient entre les mains de leurs paroissiens, parce qu’ils savaient bien que la Parole de Dieu, non seulement n’appuie pas, mais encore condamne les épouvantables erreurs de leur religion qui défigure, dénature et renie les principes essentiels du christianisme. Il faut avoir pitié de ces pauvres aveugles, dont plusieurs peut-être, sans mauvaises intentions, mais par pure ignorance, font ainsi la guerre à Dieu et à sa Parole. Il faut prier pour eux en répétant ces paroles du Sauveur : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23 v. 34).

 

4.2.5       Révolte et fin

Après trois ans de soumission au roi de Babylone, Jéhoïakim se révolta contre lui. Alors l’Éternel envoya contre ce méchant prince et contre Juda, pour le détruire, des troupes de Chaldéens, de Syriens, de Moabites et d’Ammonites. Nébucadnetsar s’empara de nouveau de Jérusalem ; il prit Jéhoïakim et le fit lier de doubles chaînes d’airain pour l’emmener. Puis il mourut soit de mort violente, soit de mort naturelle, et la prophétie de Jérémie s’accomplit à l’égard de son cadavre, de même que celle-ci : « C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel quant à Jéhoïakim, fils de Josias, roi de Juda : On ne se lamentera pas sur lui : Hélas, mon frère ! Hélas, [ma] sœur ! On ne se lamentera pas sur lui : Hélas, Seigneur ! Et : Hélas, sa gloire ! Il sera enseveli de l’ensevelissement d’un âne, — traîné et jeté par delà les portes de Jérusalem » (Jér. 22v. 18 et 19). Plusieurs interprètes pensent que ces mots de 2 Chron. 36 v. 8 : « et ce qui fut trouvé en lui », indiquent que son cadavre portait des incisions qu’il s’était faites en l’honneur de faux dieux, et qu’ainsi on put lire sur son corps le sort des idolâtres. « Enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5 v. 21).

Voici ce que dit le prophète Jérémie dans le même chapitre 22 , versets 13 à 17, quant au caractère de ce malheureux roi de Juda : « Malheur à celui qui bâtit sa maison par l’injustice, et ses chambres hautes par le manque de droiture ; qui se sert pour rien de son prochain, et ne lui donne rien pour son travail ; qui dit : Je me bâtirai une vaste maison et de spacieuses chambres hautes, et qui se la perce de fenêtres, et la lambrisse de cèdre, et la peint en vermillon… Car tes yeux et ton cœur ne sont qu’à ton gain déshonnête, et au sang innocent pour le répandre, et à l’oppression et à la violence pour les faire ». Que Dieu vous garde de tous ces vices, et qu’il vous fasse la grâce de chercher en Jésus un refuge assuré contre les jugements qui atteindront tous les ouvriers d’iniquités !

 

5                    Jéhoïakin ou Jéconias, roi de Juda — 2 Rois 24 et 2 Chr. 36

 

La Bonne Nouvelle 1870 pages 199 à 203.

5.1   Deuxième déportation. Les avertissements

Nébucadnetsar, après avoir pillé le temple pour la seconde fois, retourna dans son pays, emmenant avec lui trois mille Juifs prisonniers à Babylone. Aussitôt qu’on eut appris à Jérusalem que le roi Jéhoïakim était mort, son fils Jéhoïakin, ou Jéconias (auquel Jérémie 22:24, 28 et 37:1 donne aussi le nom de Conia, qui n’est qu’un diminutif de mépris) commença de régner, âgé de dix-huit ans, mais il ne régna que trois mois et dix jours. Il fit ce qui déplut à l’Éternel, comme avait fait son père, et il fut puni comme lui. Le prophète Jérémie lui fit annoncer par deux fois les calamités qui allaient fondre sur lui. Au chapitre 13 de Jérémie verset 18 et suivants, Dieu lui donna cet ordre : « Parle au roi et à la reine : Humiliez-vous, asseyez-vous [par terre] ; car la couronne de votre magnificence est descendue de dessus vos têtes… tout Juda est transporté, il est tout entier transporté. Levez vos yeux, et voyez ceux qui viennent du nord. Où est le troupeau qui t’a été donné, le troupeau de ta gloire ? Que diras-tu quand il te punira ? … Et si tu dis en ton cœur : Pourquoi me sont arrivées ces choses ? C’est par la multitude de tes iniquités ».

Et au chapitre 22 verset 24 et suivants du même prophète, nous lisons encore : « Je suis vivant, dit l’Éternel, que quand même Conia, fils de Jéhoïakim, roi de Juda, serait un cachet à ma main droite, je t’arracherai de là ! Et je te livrerai en la main de ceux qui cherchent ta vie, et en la main de ceux dont tu as peur, et en la main de Nébucadnetsar, roi de Babylone, et en la main des Chaldéens. Et je te jetterai, toi et ta mère qui t’a enfanté, dans un autre pays, où vous n’êtes pas nés ; et là vous mourrez. Et, dans le pays où ils désirent ardemment de retourner, ils ne retourneront point. Cet homme, Conia, est-il un vase d’argile méprisé et mis en pièces ? un ustensile auquel on n’a point de plaisir ? Pourquoi ont-ils été jetés loin, lui et sa postérité, et lancés dans un pays qu’ils ne connaissent point ? Terre, terre, terre, écoute la parole de l’Éternel ! Ainsi dit l’Éternel : Inscrivez cet homme comme privé d’enfants, comme un homme qui ne prospérera pas pendant ses jours ; car, de sa semence, nul ne prospérera, assis sur le trône de David, ou dominant encore en Juda ».

 

5.2   Votre péché vous trouvera

Que ces menaces, qui toutes s’accomplirent, comme nous allons le voir, vous rappellent une bien sérieuse déclaration de la Parole de Dieu. Vous pouvez la lire au livre des Nombres, chapitre 32 v. 23 : « SACHEZ QUE VOTRE PÉCHÉ VOUS TROUVERA ». Quand on vit dans le péché, dans l’éloignement de Dieu, dans l’oubli de sa volonté, on peut s’imaginer que l’on a rien à craindre, et en effet, on peut demeurer plus ou moins longtemps dans ce triste état, tout en continuant à prospérer extérieurement. Combien d’hommes et aussi d’enfants qui s’endorment ainsi dans une fausse sécurité, et qui en abusent pour y persévérer, ne considérant pas que la bonté et le long support de Dieu les convient à la repentance. Il y a bien longtemps que cette perverse et fatale illusion a été signalée par l’Écclésiaste : « Parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s’exécute pas immédiatement, à cause de cela le cœur des fils des hommes est au dedans d’eux plein [d’envie] de faire le mal » (8 v. 11) ; tandis qu’ils devraient comprendre que la patience du Seigneur est pour leur salut ; et que s’il y a du retard, comme quelques-uns l’estiment, cela vient de ce que le Seigneur est patient envers nous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance.

Tôt ou tard le moment vient pour le pécheur, qui oublie Dieu, où son péché se trouve, où il doit en porter la peine. Le seul moyen d’éviter que votre péché vous trouve en jugement, ou de fuir devant la colère qui vient, c’est que vous cherchiez dès à présent et que vous trouviez le Sauveur, Celui qui a aboli le péché par le sacrifice de Lui-même, Celui dont le sang nous purifie de tout péché. Le fils prodigue, avec la part de son bien, put vivre quelque temps loin de son père, en se livrant à toute espèce de mal, en cherchant, dans les délices passagères et impures des jouissances mondaines, la satisfaction de son cœur désespérément méchant. Mais bientôt son péché le trouva, lorsqu’il se vit réduit à garder des pourceaux et qu’il fut sur le point de mourir de faim. Ce n’est qu’alors qu’il rentra en lui-même et se rappela l’abondance de tout bien dans la maison paternelle. Il se leva, se rendit vers son père et trouva dans ses bras le pardon et le bonheur. Cher lecteur, va et fais de même.

 

5.3   Le roi déporté. Sa fin

Quant au jeune roi de Juda, son cœur était alors si endurci que les solennels avertissements de Jérémie ne produisirent aucun effet sur lui. Il refusa de s’humilier devant Dieu ; aussi son péché le trouva. Comme l’Éternel le lui avait annoncé par son prophète, l’armée de Nébucadnetsar arriva de nouveau et assiégea Jérusalem. Jéhoïakin, espérant se le rendre favorable, sortit avec sa mère et les grands de sa cour au-devant du roi de Babylone qui les fit tous prisonniers et les emmena dans sa capitale. Puis le temple de l’Éternel et la maison du roi furent mis au pillage, et tous les trésors qu’ils contenaient furent emportés. Nébucadnetsar transporta aussi à Babylone tous les hommes portant des armes, tous les charpentiers et les serruriers, et tous les notables du pays, en sorte qu’il ne resta que les plus pauvres du peuple. Parmi les dix mille Juifs alors transportés à Babylone, se trouvait Mardochée, le parent d’Esther qui devint la femme du roi Assuérus, comme nous l’apprend Esther 2 verset 5 et 6.

Jéhoïakin fut donc conduit à Babylone, où son péché le trouva encore, car il demeura trente-six ans dans une dure captivité, jusqu’à la mort de Nébucadnetsar ; mais le successeur de ce dernier, Evil­Medorac, le sortit de prison et lui parla avec bonté ; il lui fit changer de vêtements et l’admit à sa table ; en un mot, il le traita avec honneur, et le mit au-dessus des autres rois qui, comme lui, étaient captifs à Babylone (Jér. 52 v. 31 à 34). On aime à croire, d’après cet heureux changement dans sa position, que l’épreuve avait été salutaire à Jéconias, que si son péché l’avait trouvé, lui aussi avait trouvé Dieu, tout disposé à lui pardonner, après s’être tourné vers Lui avec une vraie repentance.

 

 

6                    Sédécias, vingtième et dernier roi de Juda

2 Rois 24 et 2 Chron. 36

 

La Bonne Nouvelle 1870 pages 222 à 225.

6.1   Un roi qui ne gouvernait guère

Avant de retourner à Babylone, Nébucadnetsar établit pour roi à Jérusalem, à la place de Jéhoïakin, Matthania, oncle ou frère de ce dernier ; mais pour que celui-ci se souvînt toujours qu’il n’était que son vassal, il changea son nom en celui de Sédécias, et il lui fit prêter, au nom de l’Éternel, un serment de fidélité. Sédécias était âgé de vingt et un ans quand il commença à régner, et il régna onze ans à Jérusalem. Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel son Dieu, et ne s’humilia point devant Jérémie, le prophète, qui parlait de la part de l’Éternel, et qui prophétisait contre lui à Jérusalem, en même temps qu’Ézéchiel le faisait, lui aussi, en Assyrie. Parfois Sédécias semblait prêter l’oreille aux avertissements divins ; mais il n’osait déplaire à ses courtisans, et se laissait conduire par leurs mauvais conseils, de sorte qu’il fut un mauvais roi de Juda ; ou, plutôt, il n’eut de roi que le nom ; les grands du royaume gouvernaient pour lui. De faux prophètes, des sacrificateurs corrompus, des sujets rebelles étaient ligués avec les principaux, pour troubler le pays, le corrompre et le perdre. Nul n’osait parler ouvertement, et Jérémie, au jour de la catastrophe, fut mis en prison pour avoir dit la vérité (Jér. 38).

 

6.2   Hésitations à obéir

À la fin, d’après les conseils de ses courtisans, et malgré les remontrances du prophète, Sédécias, se confiant en l’assistance de l’Égypte, crut pouvoir secouer le joug des Chaldéens ; par là, il ne fit qu’accélérer l’entière destruction de Juda, qui avait été prédite par les prophètes longtemps auparavant. La neuvième année du règne de Sédécias, Nébucadnetsar vint à la tête d’une puissante armée mettre le siége devant la ville de Jérusalem ; averti de l’approche des Égyptiens, il marcha contre eux, les battit et revint assiéger Jérusalem. C’était au dixième mois de la neuvième année du règne du roi de Juda. Après dix-huit mois de siège, soit au quatrième mois de la onzième année, les Chaldéens entrèrent dans la ville sainte et la prirent. Pendant ce long siége, Sédécias fit souvent consulter Jérémie, et se montra parfois impressionné par ses paroles. Mais toujours il se laissait dominer par ses méchants conseillers. Il envoya d’abord consulter le prophète, qui répondit que la ville serait détruite, et son prince mené en captivité (Jér. 21 v. 1 à 7). Pharaon ayant secouru Jérusalem, les Chaldéens se retirèrent momentanément, et Sédécias fit prier Jérémie d’intercéder auprès de l’Éternel en faveur de la ville ; mais cet homme de Dieu déclara qu’elle serait brûlée après la retraite des Égyptiens (Jér. 37 v. 1 à 10). Sous l’influence du prophète, Sédécias s’engagea, avec son peuple, à renvoyer libres, selon la loi (Exode 21 v. 2), ceux de leurs frères Hébreux qui avaient servi six ans comme esclave. Mais à peine cet engagement avait-il été pris, que les maîtres changèrent d’avis et asservirent de nouveau leurs frères, ce qui provoqua la colère de Dieu contre son roi (Jér. 34 v. 8 à 22). Celui-ci, importuné par les répréhensions de Jérémie, le fit mettre en prison, quoique probablement pour peu de temps (Jér. 32 v. 2 à 5). Il prit plus tard sa défense, mais en secret, et adoucit sa réclusion, quand les principaux de la cour l’eurent, à deux reprises, enfermé dans une fosse profonde où il n’y avait point d’eau, mais de la boue dans laquelle enfonçait le prophète (37 v. 11 à 38 v. 26). Sédécias le fit tirer dehors avec des cordes, et le fit venir auprès de lui pour le consulter, soit dans son palais (37 v. 17), soit dans le temple (38 v. 14) ; mais il n’osa point suivre son conseil de se rendre au Chaldéens pour sauver sa vie, et pour éviter à la ville une entière destruction.

 

6.3   La prise de Jérusalem et du roi

Cependant la famine allait toujours en augmentant dans la ville en sorte qu’elle fut forcée de se rendre. Sédécias s’enfuit pendant la nuit du côté de Jéricho, avec sa famille et les principaux du royaume. Mais les Chaldéens les poursuivirent, et les ayant atteints, il les conduisirent à Ribla, en Syrie, auprès de Nébucadnetsar, qui fit mettre à mort les fils du roi et tous les principaux de Juda. Quant à Sédécias, après avoir été témoin oculaire de cette cruelle exécution, Nébucadnetsar lui fit crever les yeux, et le fit lier de chaîne, et transporter à Babylone, où il mourut en prison (Jér. 39 v. 5 à 7).

Or voici ce que Jérémie (32 v. 4) avait prédit touchant ce dernier roi de Juda : « Certainement il sera livré en la main du roi de Babylone, et il lui parlera bouche à bouche, et ses yeux verront ses yeux ». D’un autre côté, voici ce que, par la bouche d’Ézéchiel (12 v. 13), le Seigneur l’Éternel avait dit en parlant du même personnage : « J’étendrai sur lui mon filet, et il sera pris dans mon piège ; et je l’amènerai à Babylone, dans le pays des Chaldéens ; mais il ne le verra point, et là il mourra ».

Remarquez de quelle manière admirable et littérale s’accomplirent ces deux oracles. Comme Jérémie l’avait dit, Sédécias vit le roi de Babylone de ces propres yeux, et lui parla. Comme Ézéchiel l’avait prophétisé, il fut conduit à Babylone, mais il ne put la voir, parce qu’il était aveugle.

 

6.4   Écouter ce que Dieu dit

Une leçon ressort de cette histoire, et nous voulons, en terminant, vous l’indiquer, la mettre sur vos consciences. Sédécias aurait sauvé sa vie s’il avait suivi les conseils du fidèle Jérémie ; mais il la perdit en se laissant diriger par des hommes incrédules et impies. Rappelez vous, vous aussi, que : « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Cor. 15 v. 33), et que si vous désirez sincèrement sauver votre âme, il vous faut d’un côté, fuir les conseils méchants, et vous laisser conduire, avec une foi entière, par les paroles des saints hommes de Dieu, qui, étant poussés par l’Esprit Saint, ont parlé, ou écrit tout ce qui se trouve dans la Bible.

 

7                    Destruction de Jérusalem — Captivité à Babylone — 2 Rois 25 ; 2 Chr. 36 ; Jér. 39 et 52

7.1   Destruction de Jérusalem

La Bonne Nouvelle 1870 pages 242 à 247.

Peu après la prise de Jérusalem, Nebuzaradan, général des Chaldéens, entra dans Jérusalem avec une puissante armée. Un grand nombre d’habitants qui s’étaient réfugiés dans le temple furent impitoyablement massacrés. Les Chaldéens pillèrent la maison de Dieu, et enlevèrent tous ses ustensiles et tous les trésors ; ils en firent de même au palais du roi, et aux maisons des grands du royaume ; puis ils brûlèrent le temple et toutes les habitations des principaux ; enfin ils incendièrent tous les quartiers de la ville, et Jérusalem fut totalement réduite en cendres. Après cela Nebuzaradan transporta à Babylone le reste du peuple qui était demeuré dans la ville ; toutefois il laissa quelques-uns des plus pauvres pour être vignerons et laboureurs. C’est ce que l’on appelle la captivité de Babylone, qui avait été prédite par les prophètes, et surtout par Jérémie qui en avait clairement indiqué la durée (25:11, 12 ; 29:10). Ce grave événement eut lieu 132 ans après la destruction du royaume d’Israël, et la déportation des dix tribus en Assyrie.

Si vous vous demandiez ce qui a pu attirer sur les Juifs un si sévère jugement, voici ce que vous répondrait la Parole de Dieu : d’abord, quant au roi Sédécias : « Et il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, son Dieu ; il ne s’humilia pas devant Jérémie, le prophète, [qui lui parlait] de la part de l’Éternel ; et il se révolta aussi contre le roi Nébucadnetsar, qui lui avait fait jurer par Dieu ; et il roidit son cou, et endurcit son cœur pour ne pas retourner à l’Éternel, le Dieu d’Israël » (2 Chron. 36:12, 13). Puis quant aux principaux, aux sacrificateurs et au peuple : « Tous les chefs des sacrificateurs aussi, et le peuple, multiplièrent beaucoup leurs péchés, selon toutes les abominations des nations ; et ils rendirent impure la maison de l’Éternel qu’il avait sanctifiée à Jérusalem. Et l’Éternel, le Dieu de leurs pères, envoya vers eux par ses messagers, se levant de bonne heure et envoyant, car il avait compassion de son peuple et de sa demeure. Mais ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses paroles, et se raillaient de ses prophètes, jusqu’à ce que la fureur de l’Éternel monta contre son peuple et qu’il n’y eut plus de remède » (2 Chron. 36:14-16).

Plus loin nous lisons encore : « Et le roi des Chaldéens transporta à Babylone le reste [échappé] à l’épée ; et ils furent ses serviteurs, à lui et à ses fils, jusqu’au règne du royaume des Perses » (2 Chron. 36:20). Après quoi le Saint Esprit signale un nouveau motif de ces châtiments, en ces termes : « Afin que fût accomplie la parole de l’Éternel, [dite] par la bouche de Jérémie, jusqu’à ce que le pays eût joui de ses sabbats. Tous les jours de sa désolation il se reposa, jusqu’à ce que soixante-dix ans fussent accomplis » (36:21).

Pour comprendre le sens de ce dernier motif, il faut vous rappeler que, sous la loi de Moïse, outre le sabbat hebdomadaire ou du septième jour, outre le septième mois avec ses trois fêtes, il y avait aussi une année sabbatique, ou de repos, qui revenait tous les sept ans. Alors les travaux de la campagne devaient être interrompus : on ne pouvait ni ensemencer ses champs, ni tailler sa vigne, ni moissonner, ni vendanger. Les fruits de la terre devenaient la propriété des pauvres du pays. Les esclaves hébreux devaient être aussi affranchis dans cette septième année, ce à quoi les sujets de Sédécias n’avaient pas voulu se soumettre, comme nous l’avons vu dans notre étude sur Sédécias. Au reste, la fidèle observation de l’ordonnance concernant l’année sabbatique exigeait beaucoup de foi chez les enfants d’Israël. Il fallait que chacun d’eux consentît à dépendre exclusivement de Dieu, et nullement de son propre travail, pendant trois ans. Il fallait comprendre que le Seigneur qui a commandé le travail à l’homme, en lui disant : « À la sueur de ton visage tu mangeras du pain » (Genèse 3:19), peut, quant il le veut, se passer du travail de l’homme, en pourvoyant lui-même à tous ses besoins. À l’Israélite, tout naturellement inquiet sur ce sujet, qui disait : « Et si vous dites : Que mangerons-nous la septième année ; voici, nous ne semons pas, et nous ne recueillons pas nos produits ? » (Lév. 25:20), voici quelle était la réponse de l’Éternel : « Je commanderai que ma bénédiction soit sur vous en la sixième année, et elle donnera le produit de trois ans. Et vous sèmerez la huitième année et vous mangerez du vieux produit, jusqu’à la neuvième année ; jusqu’à ce que son produit soit venu, vous mangerez le vieux » (Lév. 25:21, 22).

Cette loi fut sans doute observée aussi longtemps que le peuple demeura fidèle à son Dieu ; mais dès qu’Israël se révolta contre l’Éternel, il est aisé de comprendre que le sabbat de la septième année fut une des premières ordonnances qui furent mises de côté. C’est là ce qui avait lieu sous les derniers rois de Juda, comme le démontre le passage que nous avons cité plus haut. Or comme, malgré l’ordre positif du Seigneur, les Juifs n’avaient pas laissé reposer la terre, Dieu permit la captivité de Babylone, pour que la terre se reposât, ou cessât d’être cultivée, ou jouît de ses sabbats qui lui avaient été refusés par l’infidélité du peuple.

En rappelant fréquemment le sabbat, et, en particulier, chaque fois que l’Éternel établissait quelque importante et nouvelle ordonnance, Dieu avait en vue de rappeler aux enfants d’Israël que le but de ses institutions et de ses statuts, était d’amener son peuple au repos. Celui, devant qui mille ans sont comme un jour et un jour comme mille ans (2 Pierre 3:8), veut que, après de longues semaines de siècles d’agitation, de travail et de douleur dans ce monde-ci, une époque de prospérité, de paix et de repos soit établie sur la terre. C’est alors que, rentrés dans leur pays, les Israélites fidèles se reposeront, chacun sous son figuier ; car alors on verra l’accomplissement de ce qui est écrit : « Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu » (Héb. 4:9). Voilà ce que méprisaient les Juifs en profanant le sabbat et l’année sabbatique.

Quant au prophète Jérémie, vous serez sans doute bien aise d’apprendre ce qui lui arriva au milieu de ces désolations générales. Dieu, qui peut incliner le cœur des rois comme des ruisseaux d’eaux, inclina celui du puissant Nébucadnetsar en faveur de son fidèle serviteur. Au moment où Nebuzaradan était le plus occupé à faire sortir les malheureux Juifs qui s’y trouvaient encore, il reçut cet ordre de la part du roi de Babylone : « Prends-le, et aie les yeux sur lui, et ne lui fais aucun mal ; mais selon ce qu’il te dira, ainsi agis avec lui » (Jér. 39:12). Nebuzaradan et les principaux capitaines envoyèrent donc retirer Jérémie de la cour de la prison, et le donnèrent à Guedalia, pour le conduire à la maison. Ainsi, celui qui craint Dieu sort de tout ; celui qui se confie en l’Éternel ne sera jamais confus ; et quand l’Éternel prend plaisir aux voies de quelqu’un, Il apaise envers lui ses ennemis même (Eccl. 7:18 ; Rom. 10:11 ; Prov. 16:7). Et même Ébed-Mélec qui avait plaidé la cause de Jérémie, lorsque celui-ci était dans la fosse, et qui l’en avait retiré avec beaucoup de ménagements (Jér. 38:7-13), avait été l’objet de cette prophétie, qui, elle aussi, fut accomplie : « Va, et tu parleras à Ébed-Mélec, l’Éthiopien, disant : Ainsi dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël : Voici, je fais venir mes paroles sur cette ville pour le mal, et non pour le bien ; et elles auront lieu devant toi, en ce jour-là. Et je te délivrerai en ce jour-là, dit l’Éternel, et tu ne seras point livré en la main des hommes dont tu as peur ; car certainement je te sauverai, et tu ne tomberas pas par l’épée ; et tu auras ta vie pour butin ; car tu as eu confiance en moi, dit l’Éternel » (Jér. 39:16-18).

Ainsi ceux qui, comme le roi Sédécias, cherchèrent à sauver leur vie, en suivant leurs propres pensées, la perdirent ; tandis que ceux qui, en suivant les pensées de Dieu, semblaient devoir perdre leur vie, la sauvèrent. Souvenez-vous que cela est toujours vrai pour vos âmes (voyez Luc 9:24 ; 17:33).

 

 

7.2   La captivité de Babylone

La Bonne Nouvelle 1871 pages 81-86.

Quoique nous ayons déjà parlé sur ce sujet, à propos de notre étude sur la « Destruction de Jérusalem », nous ne l’avons fait que très brièvement, et nous y revenons aujourd’hui avec un peu plus de détails.

Dans l’étude biblique intitulée : « Ruine du royaume d’Israël », vous avez lu, cher lecteur, que les dix tribus avaient été emmenées en captivité par Shalmanéser, roi d’Assyrie. Cent trente-deux ans plus tard, Jérusalem fut détruite, et les tribus de Juda et de Benjamin subirent un sort pareil à celui des autres. Elles furent aussi emmenées hors de leur pays, de ce beau pays de Canaan, que Dieu avait promis à leurs pères, et dans lequel il les avait introduites par sa puissante main, huit cent cinquante ans auparavant ; et elles furent transportées à Babylone, la capitale de la Chaldée, pour y être asservies soixante-dix ans à Nébucadnetsar,

Dans l’un et l’autre cas, que l’on pourrait appeler la captivité d’Israël et la captivité de Juda, nous avons vu que ce qui attira sur le peuple de Dieu de si sévères châtiments, c’était qu’ils s’étaient détournés de l’Éternel, en foulant aux pied ses ordonnances, en méprisant ses appels et ses avertissements qu’Il leur adressé par le moyen des prophètes, et en s’adonnant à l’idolâtrie. Ainsi le pays de Juda et de Benjamin fut tout à fait dépeuplé et resta sans culture. Dans l’espace des vingt années que dura l’invasion des Chaldéens, la guerre contre Jérusalem et la transportation, ces deux tribus avaient tellement diminué en nombre, tant par la fuite dans d’autres contrées, que par l’épée, la famine et la peste, qu’il n’y a pas lieu de s’étonner du peu de gens qui furent transportés à Babylone. Du temps du roi Asa, c’est-à-dire trois cent cinquante ans auparavant, on comptait parmi ce peuple cinq cent quatre-vingt mille hommes portant les armes (2 Chron. 14:8) ; or, ceux qui furent emmenés captifs n’étaient guère que vingt mille, soit à peu près trente fois moins. Humainement parlant, il semblait que la race choisie, de laquelle devait descendre le Sauveur, allait être entièrement effacée ; mais par une sage direction de Dieu, toutes ces révolutions qui semblaient devoir anéantir la postérité d’Abraham, contribuèrent plutôt à la conserver ; de sorte que ces évènements servirent à l’accomplissement des promesses toujours certaines du Seigneur.

Il ne faut pas se représenter la captivité comme un emprisonnement ; ce n’était à proprement parler qu’un exil où les Juifs étaient relégués pour un certain temps. Comme Nébucadnetsar étendait ses conquêtes toujours plus loin ; et qu’il assujettissait les peuples dont Jérémie avait prédit la destruction (Jér. 46-49), ceux de Juda furent envoyés dans des contrées désertes pour les cultiver. On les dispersa ainsi pour leur ôter toute possibilité de tenter un soulèvement contre leurs oppresseurs. Shalmanéser avait déjà pris la précaution à l’égard des dix tribus transportées en Assyrie, en les dispersant dans diverses provinces de ce vaste empire.

Du reste, la position des exilés dans le royaume de Babylone était assez supportable. Ils pouvaient y bâtir, planter, se marier, ainsi que cela est rapporté dans Jérémie 29:5 ; et par leur industrie plusieurs d’entre eux devinrent si opulents, qu’ils ne purent plus tard se résoudre à abandonner leurs possessions et leurs richesses pour retourner dans leur patrie.

Néanmoins, avec tous ces avantages extérieurs, ils sentaient bien que c’était au milieu d’un peuple idolâtre qu’ils habitaient ; et ceux des Juifs qui étaient demeurés sincèrement attachés au seul vrai Dieu avaient beaucoup à souffrir, à cause de leur foi, du mépris et des railleries des païens qui les entouraient. Au reste, dans un pays où le culte des faux dieux était consacré, il devait être très difficile d’observer exactement les ordonnances prescrites par Moïse de la part de Dieu ; aussi quel sujet d’affliction cela ne devait-il pas être pour une âme pieuse de se voir éloignée de la maison de Dieu, et du culte que l’on lui rendait à Jérusalem ; au Psaume 137 nous trouvons une partie des complaintes de ces âmes affligées : « Auprès des fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré quand nous nous sommes souvenus de Sion. Aux saules qui étaient au milieu d’elle nous avons suspendu nos harpes. Car là, ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient des cantiques, et ceux qui nous faisaient gémir, de la joie : Chantez-nous un des cantiques de Sion. Comment chanterions-nous un cantique de l’Éternel sur un sol étranger ? Si je t’oublie, ô Jérusalem, que ma droite s’oublie ! Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens de toi, si je n’élève Jérusalem au-dessus de la première de mes joies ! » (137:1-6).

Dans ce châtiment de si longue durée, le Seigneur n’avait que des vues de grâce pour son peuple. Son intention était de les instruire par l’épreuve, de les corriger et de les ramener à reconnaître combien ils avaient été insensés en s’éloignant de lui pour se livrer à l’idolâtrie. En effet, tandis que dans leur pays ils n’avaient jamais voulu se laisser détourner du culte des idoles, ce même peuple, se trouvant au milieu de nations païennes, prit en aversion cette idolâtrie qui avait été la cause de toutes ses calamités. Durant ce douloureux temps d’exil, Dieu dans sa bonté et sa miséricorde leur suscita des hommes pieux, prédicateurs fidèles qui les instruisaient, les consolaient et les encourageaient par leur ministère. Ce sont surtout les prophètes Ézéchiel et Daniel, dont nous vous parlerons prochainement, si le Seigneur le veut, qui furent les instruments de la bénédiction divine au milieu de leurs compatriotes dans le malheur.

Maintenant Dieu agit encore dans le monde, pour en tirer un peuple pour son nom. Il vous adresse de sérieux appels, de solennels avertissements par le moyen de sa parole et des prédications de ses serviteurs. Si vous n’avez pas encore répondus, hâtez-vous de le faire, et qu’Il vous accorde la grâce d’aller au Sauveur aujourd’hui même, tandis que c’est encore le temps de la grâce, le jour du salut. Tournez-vous vers Jésus qui vous cherche avec tant d’amour, attachez-vous à lui seul, et vous trouverez le repos de vos âmes et la vie éternelle. Alors ce monde, qui passe avec sa convoitise, deviendra pour vous ce qu’il doit être pour tout chrétien qui a l’intelligence de sa vocation et ses privilèges : une terre étrangère où nous ne pouvons arrêter nos cœurs, et que nous devons traverser comme des étrangers et des voyageurs en route vers une meilleure patrie, vers la demeure céleste que Christ est allé préparer pour tous les siens. Oh ! Puissiez-vous, bien mieux que le Juif exilé qui soupirait après le jour où il reverrait Jérusalem et son temple, puissiez-vous avec tous les rachetés encore dispersés sur la terre au milieu d’un monde tout entier plongé dans le mal, soupirer après le glorieux moment où nous verrons la face de Celui qui viendra à notre rencontre dans les nuées, pour nous introduire avec Lui-même auprès de Dieu son Père, devenu par Lui notre Dieu et notre Père ; et nous faire habiter là où il n’y aura plus d’exil, plus de souffrances, plus de misères, plus de péché ; là où nous serons consommés dans la perfection ; et où, durant toute l’éternité, nous chanterons avec tous les saints un nouveau cantique : « À CELUI QUI EST ASSIS SUR LE TRÔNE, ET À L’AGNEAU, SOIT LOUANGE, HONNEUR, GLOIRE ET FORCE AUX SIÈCLES DES SIÈCLES ! ».