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LE REPOS DE DIEU — Hébreux 4

 

 

André Gibert

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières :

1     Diverses sortes de repos

2     Repos après achèvement d’une œuvre : un repos sabbatique

3     Achèvement de l’œuvre pour la 1° et la 2° création

4     Le repos promis n’est pas atteint par incrédulité

5     Il reste un repos pour le peuple de Dieu et pour la foi

5.1      Le repos comme espérance proposée au peuple terrestre

5.2      Le repos comme espérance proposée au peuple céleste

5.2.1             une espérance qui rend étranger

5.2.2             une lutte actuelle

5.2.3             le temps des oeuvres

5.3      Un repos saisi maintenant — les ressources

 

 

ME 1956 p. 57-65

1                        Diverses sortes de repos

Dieu dit : «Mon repos».  Le repos de Dieu, ce n’est pas simplement un repos que Dieu donne, si précieuse que soit cette pensée à elle seule, mais c’est le repos dont Il jouit lui-même. Quand il est parlé du salut de Dieu, par exemple, il s’agit du salut qu’Il opère et qu’Il accorde, mais on ne pourrait dire : son salut, dans le sens qu’Il en bénéficierait lui-même, sauf quand Il s’identifie avec ceux qu’Il délivre (Ésaïe 63:5). Au lieu que son repos, comme sa gloire, sa justice, sa sainteté, lui appartient en propre et concourt à composer l’infinie béatitude du «Dieu bienheureux».  Il nous donne dans sa grâce le repos de la conscience dont nous avions besoin comme pécheurs, Il veut faire éprouver aux siens le repos du coeur, mais son repos est autre chose encore. La merveille est qu’Il ait voulu introduire des hommes, non seulement dans un repos donné par Lui et propre à les satisfaire, mais dans son repos à Lui. Il faut qu’ils soient formés à cela, rendus capables d’en jouir comme Lui-même, donc qu’ils possèdent Sa nature, ayant reçu de Lui non pas seulement une «respiration de vie», mais la vie même, par son Esprit. La nature pécheresse est aussi étrangère que réfractaire au repos de Dieu. Elle ne saurait y être admise, et il lui serait insupportable.

 

2                        Repos après achèvement d’une œuvre : un repos sabbatique

C’est un repos sabbatique, c’est-à-dire non pas l’arrêt d’un travail qu’on interrompt afin de reprendre des forces, ou qui cesse parce que celui qui travaille ne peut aller au delà, mais le repos qui suit l’achèvement d’une oeuvre à laquelle rien n’est à reprendre ni à ajouter. Dieu «ne se fatigue pas» (Ésaïe 40:28) ; la peine dans le travail est la conséquence du péché. En avoir fini avec des épreuves douloureuses et des combats, comme en Apocalypse 14:13, est une bien douce perspective, certes, et l’on comprend qu’elle soit présentée à propos des derniers martyrs, mais le repos de Dieu est quelque chose de bien plus élevé, il n’est pas cessation de peines mais plénitude de satisfaction dans un ouvrage parfait ; c’est le côté positif plus que le négatif qui compte. Tout est en place, vit, fonctionne, comme Dieu l’a voulu. Il n’y a pas à revenir sur un ouvrage terminé, conforme au plan initial.

 

3                        Achèvement de l’œuvre pour la 1° et la 2° création

S’il s’agit de la première création, «les oeuvres ont été faites dès la fondation du monde», et «Dieu s’est reposé de ses oeuvres» : «Il se reposa de toutes ses oeuvres au septième jour», car «tout était très bon».  Les anges ont célébré l’oeuvre créatrice lors de son enfantement (Job 38:7). Mais «Dieu s’est reposé de ses oeuvres» une fois qu’elles ont été parfaitement achevées. Ce repos de Genèse 2:2 n’est pas seulement une figure du repos éternel à venir, mais un premier état, parfait en lui-même, du repos de Dieu. Dieu dans sa béatitude, satisfait de la création que les anges acclament, se repose de ses oeuvres, quoique pas en elles. Ces oeuvres de la première création ont été gâtées ensuite par le péché. Mais Dieu ne les recommence ni ne les répare. Il va entreprendre une autre création, la nouvelle création, par l’oeuvre rédemptrice. «Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille», dira Jésus ; le moment où il sera dit : «C’est fait», est encore à venir. Mais «toutes les oeuvres» de la première création n’en ont pas moins été achevées en leur temps propre. Rien de plus ne nous en est dit, mais cela propose à notre méditation «le Dieu bienheureux».  L’homme n’était pas entré alors dans ce repos de Dieu ; il était placé dans une sphère de travail (Gen. 2:5, 15), travail à la vérité exempt de peine, dans un lieu de délices où Dieu le rencontrait. Créature bénie et élevée au-dessus de toutes les autres, il avait pour sa part Eden, le jardin de Dieu. C’est par le péché que, en même temps que la mort entrait dans le monde, y étaient introduits la souffrance et le labeur pénible sur un sol maudit.

Quand l’ouvrage de la nouvelle création sera achevé, Dieu se reposera de ses oeuvres nouvelles de rédemption ; mais Il le fera dans son amour, au sein de la bénédiction universelle, Sa gloire resplendissant dans le Fils bien-aimé artisan de la seconde comme de la première création, et son Épouse céleste. Des hommes seront introduits dans ce repos de Dieu, ayant été «rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière» et «transportés dans le royaume du Fils de son amour».

 

4                        Le repos promis n’est pas atteint par incrédulité

Dieu a fait la promesse (*) d’un tel repos. N’est-ce pas là la bonne nouvelle (*) de tous les temps ? Les promesses terrestres elles-mêmes ouvraient à la foi la perspective du repos de Dieu. Les patriarches avaient reçu la promesse de posséder des choses visibles, sur la terre, mais cette promesse, parce qu’elle émanait de Dieu et que seule la foi la recevait, tournait leurs regards vers la cité céleste, comme le met bien en évidence Hébreux 11. Le peuple d’Israël, tiré d’Égypte pour être «planté sur la montagne de l’héritage de Dieu» (Ex. 15:17), aurait été, s’ils avaient cru, introduit en Canaan pour accéder au repos de Dieu promis à la foi. Ils sont tombés dans le désert, a causé de leur incrédulité (Héb. 3:17), et ils n’ont atteint ni le pays ni le repos. Ils ne le pouvaient. L’épreuve a été faite, en eux, de l’impossibilité pour l’homme d’atteindre par lui-même ce repos divin. Et en réalité le repos de Dieu ne pouvait être obtenu, par rapport à la création souillée par le péché, tant que le péché y subsisterait. Si la génération suivante est bien entrée en Canaan, introduite par Josué, ce n’est certes pas sur le pied de la foi — sauf Josué et Caleb, seuls survivants de la génération sortie d’Égypte, et témoins précisément des privilèges de la foi — mais sur celui de la fidélité de Dieu à sa promesse, et, si le peuple est entré dans le pays, il n’est pas entré dans le repos de Dieu. «Josué ne leur a pas donné le repos». Pourquoi, sinon parce que l’incrédulité de la génération précédente dans le désert s’est continuée par celle de la génération entrée dans le pays ? (Juges 2). Les combats pour la prise de possession du pays se sont arrêtés un jour, mais, par l’infidélité du peuple, ils n’ont pas été entièrement terminés ; il est bien dit, à plusieurs reprises, que «le pays se reposa de la guerre», mais ce n’était pas là le repos de Dieu. On sait la triste suite de l’histoire de ce peuple.

 

 

(*) Epangelia, promesse, et Evangelion, bonne nouvelle, sont deux mots très proches, qui comportent essentiellement, l’un et l’autre, l’idée d’annonce, de message.

5                        Il reste un repos pour le peuple de Dieu et pour la foi

Mais la promesse du «repos sabbatique» demeure. «Si quelques-uns n’ont pas cru, leur incrédulité annulera-t-elle la fidélité de Dieu ?» (Rom. 3:3). C’est pourquoi, longtemps après Josué, Dieu dit, par David : «Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs».  Tant que dure cet aujourd’hui il est urgent de croire Dieu à salut, car c’est un temps qui prendra fin, à «un certain jour déterminé». De ceux auxquels la parole est adressée en cet aujourd’hui, il en est qui, parce qu’ils ne croient pas, n’entreront pas dans le repos promis. Dieu dit d’eux comme d’Israël incrédule dans le désert : «S’ils entrent dans mon repos !». Il le jure dans sa colère, mais les termes mêmes de ce serment impliquent que «quelques-uns y entrent», tels Josué et Caleb jadis en Canaan. «Aujourd’hui» où la foi traverse épreuves et peines, ne durera pas à toujours, et, tant que ce jour dure, un repos sabbatique «reste» pour le peuple de Dieu.

 

5.1   Le repos comme espérance proposée au peuple terrestre

Il reste, d’abord et directement, comme l’espérance proposée au peuple terrestre, espérance de posséder Canaan en tant que peuple agréé de Dieu, espérance du repos terrestre dans la justice et la paix, tel que les prophètes l’ont annoncé. Alors «Dieu se reposera dans son amour, s’égaiera» en son peuple «avec chant de triomphe» (Soph. 3:17), et fera reposer les siens. Cette promesse soutiendra les fidèles de l’avenir, le résidu pieux la retrouvera avant de discerner en Jésus le vrai Josué qui apparaîtra enfin pour les délivrer (Soph. 3:16) et les introduire dans le repos du royaume millénaire.

 

5.2   Le repos comme espérance proposée au peuple céleste

Les Hébreux devenus chrétiens sont enseignés non point à renier cette espérance d’Israël (cf. Actes 26:6, 7), mais au contraire à la reprendre en la rattachant à Celui qui l’accomplira, et en la considérant dans sa perspective la plus vaste et la plus haute pour attendre, comme les patriarches mais avec «quelque chose de meilleur», la cité céleste. Voyant Jésus glorifié dans le ciel, couronné de gloire et d’honneur bien que toutes choses ne lui soient pas encore assujetties, les chrétiens saluent en Lui leur précurseur, entré au-dedans du voile : «l’espérance proposée», c’est d’être avec Lui, là où Il est.

 

5.2.1        une espérance qui rend étranger

Ils s’enfuient pour la saisir, et c’est là ce qui fait d’eux des étrangers dans un monde devenu pour eux le désert. La foi qui a pris Jésus pour objet assure le repos à la conscience (c’est le point de départ), et le repos au coeur (c’est un fait d’expérience dans le chemin), mais elle se saisit de la promesse du repos sabbatique qui reste, et qui est le repos même de Dieu. Jusqu’à l’entrée effective dans ce repos, il y a les exercices du désert.

 

5.2.2        une lutte actuelle

Et si même, à un autre point de vue, le croyant peut en même temps entrer par la même foi dans la jouissance des bénédictions célestes, c’est au prix d’une lutte (Éph. 6:12) contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes, comme Josué et le peuple eurent à lutter en Canaan. Ne nous attendons pas à trouver le repos ici-bas quant aux choses de la terre.

 

5.2.3        le temps des oeuvres

C’est le lieu et le moment des «oeuvres», non point d’oeuvres à faire pour être acceptés, mais des «bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l’avance afin que nous marchions en elles» (Éph. 2:10). Nous nous reposerons d’elles, et de tout ce qui les aura inévitablement accompagnées, combats et fatigues, peines et souffrances, avec les joies qui s’y mêlent, comme la vie d’un apôtre Paul nous en fournit le tableau. Le repos «reste», et «celui qui entre dans le repos s’est reposé de ses oeuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes propres».  Dans le labeur présent nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes : le travail de Dieu dans son gouvernement n’a pas cessé, le Père veille sur ses enfants, Christ intercède pour eux, le Saint Esprit travaille dans ce monde et opère dans les saints par des prières et des supplications, avec des soupirs... Tout cela cessera, et le repos de Dieu verra se déployer, sans peine ni fatigue, le service et l’activité dans ce qui sera fixé pour jamais, à l’abri de toute souillure, de quelque altération et trouble que ce soit.

 

5.3   Un repos saisi maintenant — les ressources

Le croyant a devant lui ce bonheur infini du ciel. Loin d’être une contemplation stérile, une telle espérance est pour lui une source d’activité, de force et de sanctification. Mais, comme toujours, la foi étant «l’assurance des choses qu’on espère», le nouvel homme se réjouit déjà dans ce repos de Dieu. Il en connaît quelque chose dès maintenant. L’espérance à la fois le fait soupirer et le transporte de joie, parce qu’il a les «prémices de l’Esprit».

Aussi est-il dit : «Nous qui avons cru, nous entrons dans le repos» et : «Appliquons-nous à entrer dans ce repos-là», sans qu’un temps soit assigné. L’entrée effective est future, mais la foi la devance. D’autre part, il ne suffirait pas de dire : J’ai cru une fois pour toutes, et un jour j’entrerai... La foi, qui embrasse l’avenir, ne parle pas d’elle simplement au passé, mais de façon actuelle. Le «nous avons cru» entraîne le «appliquons-nous».  Il faut «retenir ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance» pour garder la certitude d’arriver au repos, comme Christ notre précurseur, chef et consommateur de la foi. L’âme ne peut parler de cette espérance, «ancre de l’âme, sûre et ferme, et qui entre jusqu’au dedans du voile», si les yeux ne sont pas fixés sur Celui qui est entré là.

Hélas, nous ne le savons que trop, laissés à nous-mêmes nous ne pouvons que défaillir. Mais les ressources divines toutes-puissantes sont aussitôt placées devant nous : la Parole de Dieu, la souveraine sacrificature de Christ, le trône de la grâce (v. 12-16). À nous d’en user, par la foi. Nous avons cru à salut, il s’agit maintenant de «porter une plus grande attention aux choses que nous avons entendues».

Les Israélites avaient été «évangélisés», et nous l’avons été comme eux. La promesse d’entrer dans le repos, maintenue malgré les défaillances répétées de l’homme et proposée sous des formes diverses dans toutes les dispensations, l’est présentement sous la forme de l’Évangile chrétien. Jésus est «l’apôtre de notre confession». Si nous avons cru, et pas seulement entendu, comme les Israélites qui entendirent la Parole mais à qui elle ne servit de rien, n’étant pas mêlée avec de la foi, nous avons maintenant à laisser agir cette même Parole qui donne la promesse et qui discerne et juge toute activité de la chair, parce que la chair est toujours contre la promesse. Dieu met par elle toutes choses à nu, mais c’est pour soutenir la foi, en faire vivre le nouvel homme, et mettre à mort la chair, non point l’améliorer.

Les Israélites avaient aussi un sacrificateur, mais infirme et faillible comme eux. Nous avons Christ comme «sacrificateur de notre confession». S’Il agit bien selon le précieux office dont Aaron était investi, Il le fait non comme fils d’Aaron mais comme revêtu de la sacrificature éternelle, selon l’ordre de Melchisédec. Mais Il est, bien plus encore qu’Aaron, «capable de sympathiser à nos infirmités, ayant été tenté comme nous en toutes choses, à part le péché».  Il ne sympathise nullement avec la chair, ni ne l’excuse. Aucune promesse n’a jamais été faite à la chair. Il s’occupe du nouvel homme, pour le faire avancer dans le chemin de la foi.

Dieu, enfin, était bien au milieu du peuple, dans le tabernacle, mais il n’existait pas d’accès frayé vers Lui, alors que maintenant l’accès est ouvert, les relations établies, de sorte que nous nous approchons avec confiance du trône de la grâce. La miséricorde y attend le croyant, et la grâce pour qu’il ait du secours au moment opportun. Nos infirmités sont avec nous, et notre indignité qui a besoin de la miséricorde ; mais ce ne sont pas les infirmités qui font tomber dans le désert, c’est l’incrédulité.

Exhortons-nous donc «l’un l’autre chaque jour, aussi longtemps qu’il est dit : Aujourd’hui» (3:13). Une promesse a été laissée d’entrer dans le repos de Dieu. Peut-il en être de plus grande ? Retenons «ferme jusqu’au bout le commencement de notre assurance».