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Qu’est-ce que l’homme ?
Héb. 2:5-10 — Job 7:17-19 — Ps. 144:3
Gibert André
Notes d’une réunion d’étude, Lyon, octobre 1972. ME 1982 p.212-216.
Sous-titres ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
Au chapitre 1, le Seigneur est présenté comme placé au-dessus des anges en tant que Fils de Dieu et que Messie (Christ). Après la parenthèse-exhortation des versets 1 à 4 du chapitre 2, c’est la même personne, mais présentée dans son humanité : Celui qui a été fait « un peu moindre que les anges », mais qui est « couronné de gloire et d’honneur » d’une manière nouvelle, avec ce qui appartient à l’homme ressuscité. Plusieurs versets sont donc consacrés à ce Fils de l’homme. Cette dignité de Fils de l’homme, l’objet des conseils de Dieu et sous les pieds de qui toutes choses sont assujetties, doit en effet être considérée dans son excellence. Dieu ne prend pas des anges (2:16) pour la bénédiction et la domination futures, mais il prend un Homme, et avec lui des hommes. Il n’est d’ailleurs plus question des anges dans le corps doctrinal de l’épître aux Hébreux, la suprématie de Jésus sur eux ayant été doublement établie. Il y a bien une mention des anges aux chapitres 12 et 13, mais c’est hors du grand sujet de l’épître qui concerne le Seigneur comme souverain sacrificateur. Les anges, ceux qui ont été gardés de la chute, sont des instruments du gouvernement de Dieu sur la terre (Héb. 1:14) ; ils n’ont pas d’autre fonction ou titre que d’être des serviteurs. Ils n’ont pas de domination comparable à celle qui est présentée ici. La domination appartient à un homme, l’Homme selon les conseils de Dieu.
Alors est posée la question : « Qu’est-ce que l’homme ? » De tout temps l’esprit humain se l’est posée, et il ne peut y répondre ; d’où venons-nous ? où allons-nous ? Par nous-même, il n’y a pas de solution à ces questions : il faut faire intervenir la Parole, Dieu, ses conseils, ses voies. L’homme s’examine, mais qu’il s’estime très haut ou très bas, il reste un « monstre incompréhensible », pour reprendre l’expression d’un Pascal.
« Qu’est-ce que l’homme ? » Cette question se trouve plusieurs fois dans la Parole. En Job 7:17-19, c’est un homme souffrant qui, dans son extrême affliction, la pose : il se plaint du traitement que Dieu lui fait subir. Dieu n’est pas juste d’éprouver ainsi un homme juste ; « Pourquoi ... ne me laisses-tu pas tranquille ? » dit-il à Dieu - parole pleine de ressentiment, d’acrimonie ; c’est bien l’homme remâchant sa misère, et s’en trouvant d’autant plus accablé. « Je suis un fardeau à moi-même... » Si je suis aussi insignifiant, que t’importe que j’aie ou non péché ? Au Psaume 144, verset 3, cette même question exprime le contraste entre la toute-puissance de l’Éternel et la faiblesse de l’homme ; ce n’est pas ici une pensée d’aigreur, au contraire : le fidèle dit sa confiance en Dieu, qui le délivrera de ses ennemis, ce ne sont que des hommes, Dieu triomphera d’eux. Si l’homme est supporté, c’est un effet de la bonté et de la patience de Dieu.
Le Psaume 8 est le psaume de l’homme et du Fils de l’homme, comme le Psaume 2 est le psaume du Messie. Dans ce Psaume 8 on retrouve, comme au Psaume 144, la pensée de la faiblesse extrême de l’homme vis-à-vis de la grandeur de l’Éternel, de la magnificence de son nom et de sa majesté, et quand vient la question : « Qu’est-ce que l’homme ? », il est insignifiant, doit-on répondre. Mais cette faiblesse s’accompagne de la vision non plus des pensées de l’homme, mais de la pensée de Dieu, à l’égard de l’homme, et du conseil, des desseins de Dieu quant à l’avenir de l’homme. Alors la question devient de plus en plus étrange, une énigme, car voici ce qui est révélé : « Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds ». L’âme inspirée médite en face de l’homme tel qu’il est maintenant, subissant les conséquences de la chute, les souffrances et la mort, mais en même temps elle voit l’homme indépendamment de sa triste histoire : elle contemple l’homme selon le dessein de Dieu. Les anges sont magnifiques en force, mais seul l’homme a un « esprit » soufflé en lui par Dieu, il a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il n’en est pas ainsi des anges. Il n’y a pas d’autre créature que l’homme dont il nous soit dit qu’elle est l’objet de conseils particuliers de Dieu. Il fallait que tout le reste de la création fût fait pour que l’homme fût créé, et Dieu dit : « Toutes choses lui sont assujetties ». Livré à sa responsabilité lorsqu’il était dans l’innocence, l’homme est tombé, et maintenant c’est une créature déchue. Adam n’a pas pu jouir pleinement de ce que Dieu avait devant Lui à son égard dans ses conseils et ses desseins. Pourtant le conseil de Dieu demeurait ; pourtant les paroles du psaume demeuraient : « Tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds ».
Alors on comprend — et c’est Hébreux 2 qui nous éclaire sur ce point — que tout ce que Dieu avait devant Lui à l’égard de l’homme appartient désormais au « fils de l’homme », non pas à la descendance d’Adam, mais à un homme malgré tout et quoi qu’il en soit — le second homme dont Adam n’était que la figure (Rom. 5:14). L’Adam innocent est tombé ; il n’était que le premier homme, mais « figure de celui qui devait venir ». Et l’homme selon les pensées de Dieu vient au temps convenable : Jésus, le dernier Adam. Il n’en viendra pas d’autre après lui, parce qu’en lui sont accomplis les desseins de Dieu au sujet de l’homme. Mais il est venu, ce second homme, prendre place parmi des hommes, dans un monde assujetti aux conséquences du péché. Sans péché, il a participé au sang et à la chair. Pourquoi ? Parce que Dieu, dans ses conseils, ne voulait pas qu’un homme seul fût dominateur sur toutes choses ; il ne voulait pas qu’un seul fût l’homme selon ses pensées ; il voulait être glorifié non seulement comme Créateur et comme Conservateur de tous les hommes, mais aussi à cause de ce qu’il est en grâce et en amour, dans le fait que des hommes, descendants d’Adam, auraient part à la gloire de Christ et lui seraient associés. Il fallait pour cela leur rédemption, et leur accès à une vie nouvelle, la vie de résurrection.
L’Homme selon le dessein de Dieu, c’est le second homme comme chef d’une race nouvelle, le dernier Adam avec ceux qui sont « tous d’un » avec lui, des fils amenés à la gloire, pris du milieu des pécheurs et faits une nouvelle création. Ils ont cette vie de résurrection que la mort ne peut pas toucher ; ils sont la réponse au désir de l’éternel amour divin :
Les vœux de ton amour immense
N’eussent pas été satisfaits
Sans voir au ciel, en ta présence,
Des hommes sauvés et parfaits.
La semence d’Abraham au verset 16 d’Hébreux 2, ce n’est pas seulement Christ (Gal. 3:16), mais elle comprend les hommes qui lui sont associés. Ils sont ceux que Jésus à la fois appelle « ses frères », parce qu’il est venu participer au sang et à la chair — et « les enfants que Dieu lui a donnés » parce qu’ils sont amenés à la gloire comme « fils ». Et pour qu’il en fût ainsi, il fallait sa mort ; il fallait que lui soit consommé par des souffrances pour amener plusieurs fils à la gloire. Il prend le royaume, la domination universelle, non seulement comme fils de l’homme, mais comme fils de l’homme rédempteur, chef de notre salut, générateur d’une race nouvelle, des « nés de nouveau », « élus en lui avant la fondation du monde ».
Nous ne voyons pas encore la réalisation de ces choses. Il faut que des fils, tirés par le Père, soient amenés à lui par Jésus : « Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés ». Mais la foi devance ce moment, que Lui attend au ciel et que nous attendons sur la terre. Les cieux sont ouverts, et nous voyons Jésus dans la gloire. La patience de Dieu attend ; nous sommes appelés à garder la parole de la patience de Christ. Nous trouvons force et consolation dans le fait que nous voyons Jésus. La foi contemple dans la gloire Celui qui est descendu dans les profondeurs de la mort. « Ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, il apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent » (Héb. 9:28). Bienheureux ceux qui en font partie par grâce !