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SI NOUS SOUFFRONS AVEC LUI...

 

 

Romains 8: 1, 15-30

 

 

André Gibert

Table des matières :

1     Le sujet de l’épître aux Romains (ch. 1 à 7)

2     Position en Christ et jouissance des choses du ciel

3     Enfants de Dieu sur la terre

4     Cohéritiers de Christ

5     Co-souffrants et co-glorifiés

6     Soupirs du croyant

7     L’attente du croyant

 

 

 

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1984 p. 197-204

 

1                    Le sujet de l’épître aux Romains (ch. 1 à 7)

Nous sommes tous, par notre nature originelle, sujets à condamnation à cause du péché. Notre condamnation a été prononcée dès la chute avec toutes ses conséquences, la souffrance, la lutte, le travail pénible, enfin la mort, et après cela le jugement. Nous ne pouvons être délivrés par nos propres efforts, et nos propres oeuvres sont sans valeur. Pour qu’il n’y ait plus pour nous de condamnation, il a fallu que quelqu’un vînt régler la question de notre relation avec un Dieu juste et saint. C’est ce que le Christ Jésus a opéré, prenant notre place sous la condamnation et étant agréé comme substitut. Cette délivrance est assurée à quiconque croit. C’est le grand sujet de l’épître aux Romains. Les chapitres 3 et 4 parlent de la justification des péchés par la foi, et le chapitre 5, versets 1-10 nous apprend que nous avons la paix avec Dieu. Mais l’âme, après avoir connu le soulagement du poids de ses péchés, a ensuite des découvertes décevantes à faire. Il faut apprendre que nous avons une nature rebelle à la volonté de Dieu et toujours condamnée par la loi de Dieu. Comment y échapper ? La fin du chapitre 5 et les chapitres 6 et 7 nous parlent de la délivrance de cette puissance odieuse du péché : quand Christ est mort pour moi, Dieu a fait mourir cette vieille nature dont je ne peux m’affranchir et qui est liée à ce corps mortel. La vie nouvelle nous est donnée, une vie de résurrection. La loi n’a aucune prise sur cette nouvelle nature.

 

2                    Position en Christ et jouissance des choses du ciel

 

On arrive ainsi à ce premier verset du chapitre 8. Pour le croyant tout est dans cette personne donnée maintenant à connaître comme Seigneur après avoir été connu comme Sauveur. Par sa mort et sa résurrection, il nous a placés dans la même position que lui, vivant d’une vie triomphante de la mort : nous sommes ressuscités en Lui. Telle est notre position devant Dieu. Il doit en résulter pour le croyant à la fois la paix et une vue nouvelle des choses : de nos relations, de l’état du monde, de la façon dont nous sommes placés ici-bas, de Celui qui va revenir. De tout cela, l’Esprit Saint vient lui-même nous entretenir. Être en Christ est la vraie condition du chrétien. Cette position nous est acquise quand nous croyons en Christ, mort pour nos fautes et ressuscité pour notre justification et qui, venu «en ressemblance de chair de péché et pour le péché», a subi la condamnation de ce péché attaché à notre chair. L’Esprit de vie vient nous dire cela. Il nous faut le croire. Dieu veut que, déjà sur la terre, nous jouissions des choses du ciel, et cela en rapport avec ce que nous sommes appelés à connaître ici-bas.

Au chapitre 7 le croyant est affecté par la découverte de la racine du mal qui est en lui ; les «péchés» ne sont que les fruits de cette racine que rien ne peut arracher et qui s’appelle «la chair». Il comprend après une lutte pénible que la délivrance n’est qu’en Christ. Avec reconnaissance il peut rendre grâces. Mais il traîne toujours, tant qu’il est sur la terre, ce «corps de mort». Ce corps est mort à cause du péché (8:10) et nous avons à le tenir pour mort parce que Dieu le tient pour tel. Ce corps nous relie à la terre. La matière en elle-même n’est pas coupable, mais elle est employée à des fins coupables (ch. 6), parce que «la pensée de la chair est inimitié contre Dieu». C’est celle-ci qui a souillé toute la première création. Comment pouvons-nous poursuivre notre chemin ?

 

3                    Enfants de Dieu sur la terre

 

Dans la puissance de l’Esprit qui nous a été donné. Cet Esprit n’est pas une influence mais une personne. Il s’agit pour nous de lui laisser toute la place, de marcher comme conduits par l’Esprit de Dieu (ch. 8:14). Tout chrétien amené à se réjouir de ce salut a éprouvé que cette joie ne vient pas de lui-même, mais est communiquée par l’hôte divin, l’Esprit. Comme fils et filles de Dieu nous marchons sur cette terre, conduits par l’Esprit (8:14), et ce même Esprit, l’Esprit d’adoption, rend témoignage que nous sommes enfants de Dieu, ce qui comporte plus la notion d’engendrement que le terme de fils. Nous avons le témoignage intérieur de l’Esprit qui rend capable de dire : Abba Père. L’Esprit nous a été donné non pas pour que nous soyons dans la crainte qui porte avec elle du tourment, mais dans l’amour qui chasse une telle crainte. Certes, nous sommes aussi exhortés à la sainte crainte d’un Dieu connu comme Père, et cela est aussi solennel que précieux. Mais comme enfants nous nous adressons à un Père connu et aimé.

Voilà donc des enfants de Dieu sur la terre. N’est-ce pas merveilleux ? Ont-ils une puissance extraordinaire ? Oui, le monde n’a pas idée de la puissance de l’Esprit. Mais vont-ils être délivrés de ce dont le monde souffre et gémit ? Non. Cet état provisoire de notre séjour sur la terre est précisément décrit dans notre chapitre 8.

Celui en qui nous sommes a été homme sur la terre ; il nous a donné sa vie ; or il a été rejeté, crucifié, et il nous laisse pour être ses témoins dans un monde qui n’a pas changé à son égard. À cette opposition du monde, nous avons une réponse : non seulement notre âme jouit déjà de la rédemption et du salut, mais bientôt nous en aurons fini avec notre corps de mort et de souffrance, et notre magnifique espérance se réalisera. Le corps ne sera pas annulé, mais transformé, c’est la rédemption du corps (8:23). Jusqu’à ce moment-là nous avons à tenir la chair dans la mort et à vivre de la vie nouvelle. C’est la tragédie de la vie chrétienne, mais aussi sa grandeur.

 

4                    Cohéritiers de Christ

 

Au chapitre 8, verset 17, il est parlé de l’héritage. Cet héritage est futur, d’une part pour la terre (dans le règne de mille ans), d’autre part dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, et la personne de Christ est au centre de toutes ces bénédictions. C’est en association avec Lui qu’il y a un héritage. Il l’a acquis par sa mort. Si nous étions héritiers de Dieu seulement, ce pourrait être des bénédictions données par Dieu en dehors de Christ ; il n’en est pas ainsi. Nous sommes co-héritiers de Christ.

S’agissant de la terre, quelle y a été la part de Christ ? Il avait tous les droits. Mais la création se trouve, par la faute de l’homme, sous la domination de Satan, avec le péché et ses tristes conséquences. Christ est venu avec les promesses de grâce de Dieu envers le royaume promis. Il n’a pas été reçu. Un royaume de bénédictions, le royaume du ciel sur la terre, a bien été dès lors offert par Christ (Matt. 9 et 10). Jésus pouvait tout guérir, chasser des démons, ressusciter des morts ; il a manifesté cette puissance quand il le fallait. Le roi était là, il suffisait que son peuple le reçût pour qu’il y eût abondance de biens, joie et paix. Il n’a pas été reçu. Quand Jean Baptiste a paru douter (es-tu celui qui vient ou devons-nous en attendre un autre ?), Jésus lui a simplement répondu que tout ce qui était annoncé se montrait réalisé (Matt. 11:4, 5). Le royaume était donc là mais dans la personne du Roi, et le Roi était rejeté ; le résultat est la malédiction : «Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïda !...» Le monde reste tel quel, et il en sera ainsi pendant un temps dont la durée dépend de la sagesse de Dieu. À la fin de ce chapitre 11 de Matthieu, on abandonne la pensée d’un royaume ici-bas et on est transporté dans un autre monde, celui de la foi, avec autre chose que des délivrances temporelles ou des guérisons, lesquelles étaient la marque d’un royaume dont on n’a pas voulu. Les croyants maintenant sont les cohéritiers de quelqu’un qui est ressuscité mais qui, pour le monde, est toujours le crucifié. C’est à travers sa croix que nous avons à voir le monde. Aussi les croyants, associés à un Christ dans la gloire, le sont aussi bien dans les souffrances. Nous sommes cohéritiers aussi bien de la gloire à venir que des souffrances du temps présent (Rom. 8:17, 18).

Quand on parle de guérisons, on méconnaît le plus souvent la condition du chrétien telle que ces passages la montrent, et l’on agit comme si le royaume des cieux était pour maintenant — je dis bien le royaume des cieux, car le royaume de Dieu est un autre aspect du royaume (actuel en ce sens qu’il s’exerce déjà sur nous).

 

5                    Co-souffrants et co-glorifiés

 

Co-souffrants et co-glorifiés : la foi se réjouit de devancer les bénédictions éternelles, et cela sur une scène où la mort et la souffrance continuent à dominer. Un chrétien ne peut pas ne pas souffrir. Suffit-il de foi pour être guéri ? Non, et c’est important de le dire dans les jours actuels. La foi n’enlève rien des souffrances. Il est facile d’encourager un malade, un déprimé, par des paroles, par l’Écriture même, en ce sens qu’il est facile de prononcer des paroles d’encouragement, mais il est beaucoup plus difficile de souffrir avec ceux qui souffrent. Et c’est ce que faisait Jésus. Le chrétien est exposé à des tribulations de la part d’un monde ennemi : ce sont les souffrances pour Christ, et nous ne les connaissons pas assez, n’étant sans doute pas assez fidèles. Toutefois ici, en Romains 8, il ne s’agit pas de cette sorte de souffrances, mais plutôt des souffrances avec Christ. Il ne s’agit bien sûr pas non plus des souffrances engendrées par notre infidélité. Christ souffrait de se trouver au milieu d’un monde de souffrances, en voyant ce que le péché avait amené sur la créature. Il a marché au milieu des misères, des peines, des douleurs. Son coeur en a saigné (Jean 11). Le Seigneur a donc souffert dans son âme, oui certes, mais il est dit bien plus encore : qu’il a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs. Il a souffert ce que les hommes souffrent dans leur corps. Quand il guérissait, il souffrait de cette manière. Nous, nous avons à participer à l’état présent de la création. Les souffrances qui atteignent les hommes sont renforcées chez les croyants, car ils éprouvent que ce sont les tristes conséquences du péché. La création soupire (même les choses inanimées !). La création est en travail (le mot est celui employé pour les douleurs de l’enfantement). Ce travail n’est que pour un temps. Quand cela cessera-t-il ? Quand Christ établira sa domination. Les souffrances, appartenant à la première création, seront changées dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. La gloire amenant la liberté se répandra sur l’univers, une liberté de choses réconciliées avec Dieu (Col. 1:20).

 

6                    Soupirs du croyant

 

Nous aussi, étant dans la création, nous soupirons avec elle, et plus qu’elle dans la mesure où nous ressentons qu’il s’agit des conséquences du péché. Mais le croyant a l’Esprit, et c’est là la différence totale d’avec le monde. Nous avons les prémices de l’Esprit (c’est-à-dire les premiers fruits qu’il produit). La gloire à venir (ch. 8:18), nous sommes seuls à l’entrevoir. Comme elle devrait paraître sans comparaison possible avec les souffrances ! Et le même Esprit nous vient en aide. Nous ignorons tellement les voies de Dieu, que nous hésitons dans nos circonstances, dans les peines morales ou physiques, ne sachant demander ce qu’il faut comme il convient. Nous sentons notre infirmité. Voici, par exemple, des êtres chers dont nous désirons la guérison, mais que demander ? Il y a le «Que ta volonté soit faite», et il faut toujours l’ajouter. Mais est-ce tout dans l’exposé des besoins ? Il y a en nous ce même Esprit qui conduit les enfants de Dieu, même si nous sommes trop souvent rétifs à cette direction ; il opère, dans nos coeurs, souvent à notre insu.

 

Trois sortes de soupirs sont mentionnés, les soupirs de la création, nos soupirs comme ayant les prémices de l’Esprit, et les soupirs de l’Esprit. Nous confondons souvent ses soupirs avec nos soupirs. Mais l’Esprit lui-même intercède ; Christ intercède en haut et l’Esprit intercède ici-bas, en nous, dans les saints et pour les saints. Nous ne savons pas demander, mais nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu. Sommes-nous de ceux qui aiment Dieu ? Nous ne l’aimons certainement pas assez, mais l’amour pour Dieu est pourtant un trait distinctif du croyant, car «l’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l’Esprit». «Nous l’aimons parce que Lui nous a aimés le premier». Le verset 28 dit que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, non pas de ceux que Dieu aime quoique ce soit aussi vrai. Mais l’Esprit s’exprime ainsi parce qu’Il a travaillé en vous pour que vous ayez conscience que Dieu vous aime.

 

7                    L’attente du croyant

 

Ensuite les versets 29 et 30 nous donnent un raccourci saisissant et merveilleux des voies de Dieu envers les siens depuis la préconnaissance jusqu’à la gloire. Nous aimons Dieu parce que l’oeuvre de salut a été opérée en nous ; Dieu nous a aimés de tout temps. La destinée finale, c’est d’être conformes à l’image de son Fils. Tout ce qui était nécessaire pour qu’il en soit ainsi était dans les conseils de Dieu et a son accomplissement en Christ (v. 29). Telle est notre attente et telle est la patience de la foi qui, ayant reçu l’appel, la justification et l’espérance de la gloire (v. 30), est appelée à demander avec assurance, reconnaissance et adoration.

 

Que Dieu lui-même, par son Esprit, nous garde dans la jouissance de ces choses : «Car je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissance, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur» (v. 38, 39).