[ page principale | nouveautés | La Bible | la foi | sujets | études AT | études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]

 

RENCONTRES  AVEC  JÉSUS

 

 

Luc 10:25-37 et 18:18-23

 

 

Que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ?

 

 

André Gibert

Plan et titres ont été ajoutés par Bibliquest

Brus, 13 août 1972 ; ME 1979 p. 113

Table des matières :

1     Une même question : Comment hériter de la vie éternelle ?

2     Un docteur de la loi venu éprouver le Seigneur

3     Un jeune homme riche qui avait observé beaucoup de commandements

4     L’essentiel qui manque

4.1      L’amour de Dieu et du prochain

4.2      Les biens qui entravent

5     Se détourner de nous-même — Jésus, la seule réponse aux questions posées

5.1      La parabole du bon samaritain

5.1.1      Celui qui a accompli la loi n’est pas l’homme religieux

5.1.2      Incapable d’aimer — L’amour selon Dieu vient vers des indignes

5.1.3      Se reconnaître indigne

5.1.4      Aimer Jésus et faire comme Lui

5.2      L’entretien avec le jeune homme riche

5.2.1      Se dépouiller soi-même

5.2.2      Le trésor est dans le ciel

6     Conclusion

6.1      Aimer Dieu et le prochain parce que Dieu nous a aimés par Jésus

6.2      Montrer le chemin de la vie à la suite de Celui qui s’est dépouillé de tout

 

 

1                    Une même question : Comment hériter de la vie éternelle ?

Deux hommes, tous deux distingués en Israël, un docteur de la loi et un chef du peuple, à deux moments différents rencontrent et interrogent Jésus. L’un pour l’éprouver, donc avec un sentiment teinté de méfiance sinon de mépris vis-à-vis de quelqu’un qu’il ne considérait sans doute pas comme un vrai prophète. L’autre, avec des sentiments qui paraissent meilleurs, puisqu’il l’appelle «bon maître», et qu’il l’interroge avec sincérité et respect. Et l’un et l’autre posent la même question : «Que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ?»

C’est donc qu’ils sentaient — même le docteur de la loi — ce besoin de la vie éternelle ; en réalité c’est un besoin qui, plus ou moins conscient, se trouve dans le coeur de tout homme. Il signifie que l’homme n’a pas cette vie éternelle, qu’il est par conséquent non seulement mortel mais déjà dans la mort, la mort morale.

Ces deux hommes donc, un docteur de la loi, versé dans les Écritures, et un chef du peuple honoré et effectivement honorable aux yeux des hommes, étaient morts et avaient besoin de la vie. Et il fallait que quelqu’un leur indiquât comment la vie pouvait être acquise. L’un et l’autre demandaient à faire quelque chose pour hériter de la vie éternelle. Hériter, c’est recevoir légalement quelque chose laissé par un autre. Mais de quel droit, et de qui, un homme pourrait-il hériter la vie éternelle ? De tous ses semblables, quels qu’ils soient, il ne saurait hériter que la mort ; c’est ce que nous avons hérité de nos parents, pécheurs et mortels comme nous. Hériter de Dieu, «père de tous» ? Ah ! ce Dieu de qui nous tenons l’existence, le Dieu puissant et sage, s’il est un Dieu d’amour est aussi le Dieu de lumière, saint et juste. Comment hériter de Lui quand on est un fils tombé dans la désobéissance, un descendant d’Adam chef d’une race coupable ? C’est la question que l’un et l’autre soulèvent, sans la poser expressément parce que l’un et l’autre dans des conditions telles que, pleinement responsables devant Dieu, ils n’ont aucun droit à hériter de Lui, et la vie éternelle moins que tout autre bien.

 

2                    Un docteur de la loi venu éprouver le Seigneur

Le premier savait bien des choses, il avait la connaissance, une vraie connaissance, celle de la loi de Dieu. À sa question Jésus répond, comme il le faisait généralement, par une autre question : «Qu’est-il écrit dans la loi ?» Tu es un docteur de la loi, tu l’enseignes au peuple, par conséquent tu dois savoir ce que Dieu demande à l’homme. En effet, cet homme répond, et bien ; il répond de manière à être approuvé du Seigneur Jésus : «Tu as bien répondu».

C’était réellement un homme privilégié que celui-là. Il avait en main la clé de la connaissance ; il possédait la formule de la vérité selon qu’on pouvait l’avoir dans un peuple favorisé de Dieu à tant d’égards. N’était-ce pas le peuple choisi pour que Dieu lui révélât sa volonté, et qui, ayant été l’objet de grandes délivrances et le témoin de la grandeur et de la puissance de Dieu en sainteté, devait être dans les conditions morales les meilleures pour faire ce que Dieu pouvait agréer ? N’était-ce pas le peuple auquel Dieu avait donné sa loi ? Et parmi ce peuple, lui, docteur de la loi, était particulièrement avantagé puisqu’il avait pu étudier celle-ci, en faire l’objet de sa méditation personnelle, et qu’il avait le devoir et la prérogative de la présenter aux autres. II répond au Seigneur de manière intelligente. Il ne présente pas tous les commandements précis d’une loi qui abondait en détails pratiques, mais il en présente l’esprit même : les deux grands commandements qui résument toute la loi. En Marc 12:28, un autre scribe demande au Seigneur quel est le premier commandement de la loi, et Jésus lui répond par les deux commandements que précisément ce docteur de la loi vient d’énoncer. Le scribe reprend, approuvant le Seigneur Jésus : Oui, c’est bien cela, aimer Dieu de tout son coeur, aimer son prochain comme soi-même, c’est bien là toute la loi. Et le Seigneur de lui dire : «Tu n’es pas loin du royaume de Dieu». Eh bien, le docteur de la loi, ici, avait à sa disposition tout ce que l’homme avait reçu de plus clair de la part de Dieu. Il s’agissait de répondre à sa pensée. Et là, celui qui était venu dans l’intention d’éprouver le Seigneur Jésus, de montrer la supériorité de sa connaissance, en réalité allait démontrer par sa seconde question combien ses yeux étaient encore fermés, fermés sur Celui qui était la révélation de Dieu ici-bas.

 

3                    Un jeune homme riche qui avait observé beaucoup de commandements

L’autre, un chef du peuple, était lui aussi un privilégié. Avec lui il n’est pas tellement question de connaissance, mais de pratique. Voilà quelqu’un qui pouvait, aux yeux des hommes, et à ses propres yeux, être tenu comme un bon observateur de la loi. Quand il interroge le Seigneur Jésus, celui-ci dit : «Tu sais les commandements», il en énumère quelques-uns, et cet homme peut répondre : Mais les commandements que tu me donnes là, je les ai observés dès ma jeunesse. Le Seigneur ne le contredit pas. Il aurait pu sans doute lui mettre devant les yeux maintes occasions où il avait bien dû passer à côté même de ces commandements-là. En tout cas il aurait pu en citer d’autres, en s’en tenant encore seulement à la loi morale, et surtout le dixième commandement : «Tu ne convoiteras point», pour le convaincre qu’il avait péché. Le Seigneur ne le fait pas. De même qu’il avait reconnu la vérité de ce que disait le docteur de la loi, («tu as bien répondu») de même Il accepte ce que disait cet homme. Par ailleurs, non seulement celui-ci pouvait se prévaloir de son honorabilité, de tout ce qu’il pouvait estimer une valeur morale aux yeux des hommes, mais il était riche, abondamment riche, et parmi les Juifs cela passait pour un témoignage de la bénédiction de Dieu récompensant la fidélité d’un homme. Ce n’était pas toujours le cas, mais on pouvait le considérer ainsi. De toute manière, lui aussi était privilégié entre tous.

Seulement, à l’un et à l’autre, à celui qui connaissait beaucoup comme à celui qui avait fait beaucoup et qui possédait beaucoup, le Seigneur est appelé à montrer qu’il leur manquait les choses essentielles.

 

4                    L’essentiel qui manque

4.1   L’amour de Dieu et du prochain

Toi, docteur de la loi, qui réponds si intelligemment, tu ignores ce qu’il importe le plus de savoir : employer la loi comme elle doit l’être, répondre selon la loi à la pensée de Dieu, trouver exactement ta place devant Dieu. Tu l’aurais trouvée si véritablement tu avais laissé agir la loi sur ta conscience et sur ton coeur. Le docteur de la loi sent bien que ce n’est pas le fait de répondre exactement au sujet de la loi qui suffit, que ce qui importe c’est son application, et que la lettre de la loi le condamne. Et il sent le besoin de se justifier. Il n’ose pas parler de son amour pour Dieu. Cela c’est intérieur, on dit : c’est une affaire de conscience, chacun a affaire à Dieu à cet égard — ce qui est vrai, mais dans bien des cas ce sont là des formules pour que personne ne cherche à pénétrer les secrets de la conscience, alors que cette conscience n’est pas tranquille, et qu’on ne veut pas s’attarder sur ce qui cause ce malaise. Tandis qu’aimer son prochain — cela est vu, cela se connaît ; mais est-il bien vrai que j’aie toujours aimé mon prochain comme moi-même ? Et, d’abord, qui est mon prochain ? Ce docteur de la loi pose la question «voulant se justifier». C’était d’ailleurs une question traditionnelle dans les disputes entre rabbins sur la loi et l’observation de la loi. Qui est mon prochain ? Ah ! tu ne sais pas qui est ton prochain ? Tu ne sais pas qui aimer ? Tu as des distinctions à faire et tu ne sais pas comment les faire ? Tu veux des limites à ton devoir d’aimer, tu penses même que cela est légitime ? Car la loi distinguait entre les gens de ton peuple et ses ennemis, et la tradition des anciens s’en prévalait pour dire : «Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi». Alors donc, qui est mon prochain et qui est mon ennemi ? Cet homme se sert de cette échappatoire pour se disculper aux yeux du Seigneur Jésus. «Qui est mon prochain ?» Jésus va le lui montrer. Qui donc ? Un Samaritain honni !

 

4.2   Les biens qui entravent

Quant à celui qui avait un passé si honorable et qui pouvait dire qu’il avait gardé les commandements le Seigneur lui dit qu’il lui manquait une chose. Comblé de tant de manières, il manquait de la chose capitale : la libération d’une servitude dont il n’avait pas conscience, celle de ses biens. Il ne savait pas qu’il avait tellement de choses en trop dont il lui fallait se débarrasser, la seule chose nécessaire étant d’aller, abandonnant tout, à la suite de quelqu’un qui n’avait pas où reposer sa tête !

 

5                    Se détourner de nous-même — Jésus, la seule réponse aux questions posées

5.1   La parabole du bon samaritain

5.1.1       Celui qui a accompli la loi n’est pas l’homme religieux

Ainsi l’un et l’autre de ces hommes distingués sont dirigés, le docteur de la loi par une parabole, le chef du peuple par un appel direct, vers la même Personne, méprisée ici-bas, discernée par la foi.

Vous qui m’écoutez, l’avez-vous discerné, ce prochain vers lequel la Parole et l’Esprit de Dieu nous dirigent ? Le Seigneur dans sa grâce veut nous détourner de nous-mêmes pour nous attacher à Lui seul. Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas tant d’une connaissance dont nous nous prévaudrions aux yeux des autres, et ce n’est pas d’une conduite honnête nous valant de la considération parmi les hommes, ce n’est pas de cela que dépend pour nous la vie éternelle. Sur ce terrain-là, en fait celui des oeuvres, l’homme se trouve toujours non seulement en déficit, mais en faillite complète, incapable de rien faire, et il n’est pas possible d’hériter de la vie éternelle. Qu’il s’agisse de la connaissance de la loi — et disons d’une manière plus générale de la connaissance de la vérité — ou qu’il s’agisse de conduite honorable uniquement par contrainte extérieure, l’homme est absolument incapable par l’une ou l’autre de ces voies qui au fond se rejoignent, d’hériter de Dieu la vie éternelle.

On ne saurait trop souligner la suffisance et la nécessité de sortir de tout ce qui est de nous-mêmes et de nos prétentions, pour nous en remettre à cette personne bénie que l’un et l’autre avaient devant eux, mais dont ils n’avaient saisi ni la grandeur, ni la beauté, ni tout ce qu’elle apportait de grâce et de vérité : Jésus lui-même. Jésus est la réponse, et la seule réponse aux questions qu’ils posaient.

 

Dans la parabole Jésus montre que quelqu’un a parfaitement accompli ce que demandait la loi ; mais ce quelqu’un n’est aucunement de ces gens religieux auxquels se rattache le docteur. «Que ferai-je pour hériter de la vie éternelle ?» Ah ! voyons ce que tu peux faire : voilà la loi, fais cela et tu vivras. — Oh ! mais comment ? et qui est mon prochain ? Je voudrais bien obéir à la loi, mais je ne sais ni où, ni comment l’appliquer. — Eh bien, voici un malheureux qui est là, au bord de la route, tombé entre les mains des voleurs ; il est dépouillé, laissé à demi mort ! Trois hommes le rencontrent. Le sacrificateur : tu sais ce que c’est qu’un sacrificateur, il est effectivement là pour offrir des sacrifices de la part des hommes d’Israël ; mais comment un pareil malheureux, à demi mort, pourrait-il présenter quelque sacrifice que ce soit ? Et d’autre part, la loi même prescrit au sacrificateur de ne pas se souiller par contact avec un mort ; le sacrificateur se détourne donc ! Tu sais ce que sont les Lévites, toi, le docteur de la loi : entre autres charges, ils ont précisément à enseigner la loi au peuple, mais comment l’enseigner à quelqu’un qui est là à demi mort ? Il ne s’agit pas de venir lui réciter des commandements, il s’agit de s’occuper de lui.

Mais voici le troisième personnage. Il ne s’est pas demandé s’il avait le droit de s’approcher ; il n’a pas demandé si celui qui était là couché au bord du chemin pouvait faire quoi que ce soit pour se sauver. Il fait, lui, ce qui est nécessaire, avec compassion, avec amour, et c’est toute une suite d’actions délicates témoignant de la bonté du Samaritain. Voilà ce qui est placé devant le docteur de la loi. Le Seigneur conclut : «Va, et toi fais de même». Fais de même ! De même que qui ? Que ce Samaritain, cet étranger. De fait, Jésus signifie là un changement total dans les rapports entre Dieu et l’homme, du moment que Celui qui est représenté ainsi par le Samaritain est venu dans ce monde. Il y a possibilité de faire quelque chose qui répond à tout ce que demandait la loi, mais d’une manière toute nouvelle. Et celui qui enseigne cela, c’est quelqu’un qui était haï des Juifs, quelqu’un que son peuple même, lorsqu’il est venu ici-bas, a considéré comme un étranger, comme un indigne, comme un Samaritain : le Seigneur Jésus.

 

5.1.2       Incapable d’aimer — L’amour selon Dieu vient vers des indignes

Nul ici ne met en doute que nous avons dans ce Samaritain la figure du Seigneur Jésus. Mais ce sur quoi je désirais attirer notre attention c’est ceci : le Seigneur veut amener ce docteur de la loi à comprendre qu’il était incapable d’aimer, si quelqu’un ne venait vers lui, lui apportant l’amour. Ni en lui, ni parmi ses semblables, ne se trouverait un amour tel que Dieu le demandait. Un tel amour ne peut exister que comme réponse à un amour venant vers un objet qui n’en serait pas digne. C’est là probablement la signification profonde de la parabole. Tu cherches ton prochain. Dans un sens, tu n’en trouveras point dans le monde. Mais sais-tu que quelqu’un est venu pour être ton prochain ? Car la dernière question que Jésus pose à ce docteur de la loi ce n’est pas : Quel est des trois hommes passant sur le chemin celui qui a considéré le malheureux comme son prochain ? Mais c’est : «lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ?» Le docteur de la loi avait demandé : «Qui est mon prochain ?» — Qui est le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ? dit Jésus.

 

5.1.3       Se reconnaître indigne

Tu as demandé qui était ton prochain ; moi je te dis : voici dans ce pauvre homme quelqu’un qui sait qui est son prochain parce qu’il a été l’objet de sa compassion. Autrement dit : c’est toi qui est représenté par ce malheureux. Ni le sacrificateur ni le Lévite, pourtant tes proches selon ta condition religieuse, ne seront pour toi des prochains secourables quand tu te verras tel que tu es à la lumière de cette loi qui te condamne impitoyablement.

Ah ! se reconnaître indigne, pécheur, n’avoir devant soi que la mort et le jugement sans espoir — à moins que quelqu’un ne vienne sans autre mobile que son amour et sa compassion, uniquement pour guérir et pour sauver ! Voilà ce qui change tout !

 

5.1.4       Aimer Jésus et faire comme Lui

Comprends, docteur de la loi, que tu n’as rien à présenter devant Dieu, que tu ne peux pas aimer alors que la loi demande l’amour. L’amour pour Dieu, l’amour pour ton prochain, tu le chercherais en vain. Mais il est dans un prochain, celui qui est venu pour être ton prochain. Aime-le, celui-là. Nous ne pouvons connaître le véritable amour, répétons-le, que dans la façon dont Dieu lui-même, envoyant son Fils ici-bas, nous l’a montré. Nous ne pouvons le connaître qu’en celui qui est le bon Samaritain allant son chemin — et quel chemin ! ce chemin de Jésus montant à Jérusalem. Chemin d’abnégation, de renoncement, de souffrance, avec au terme la croix du Calvaire ! Un chemin au bout duquel il allait rencontrer toute la haine violente de ceux qui le refusaient alors qu’ils auraient dû le reconnaître comme le Messie, mais qui, au nom même de la loi qu’ils prétendaient accomplir, non seulement se détournaient de Lui, mais se tournaient contre Lui. «Nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes ; et ils le condamneront à mort» (Marc 10:33). Voilà le vrai Samaritain qui allait son chemin.

Et il nous a rencontrés dans notre état de misère et de perdition. Il ne s’agit plus de demander à l’homme ce qu’il ne possède pas. Dans notre état de pécheurs, fussions-nous les plus avancés en connaissance, une connaissance tout intellectuelle de la Parole de Dieu, tant que nous en restons là, il n’y a aucune possibilité de vie éternelle. Il faut avoir reconnu son état de perdition totale ; l’homme dépouillé de tout, celui qui avait été placé dans des conditions exceptionnelles par Dieu, le premier Adam dans le jardin d’Eden, le voilà tombé dans le péché, y entraînant toute sa descendance. Aucun remède de notre côté. Mais dès qu’entre en action la souveraine grâce de Dieu, apportée par Jésus, oui, quel changement. Le Dieu Sauveur est là !

Il ne manque pas de gens qui connaissent ces choses comme le docteur de la loi connaissait la loi, qui réciteraient l’Evangile, mais qui parlent de salut sans connaître le Sauveur. Si une âme ici en était là, demandant encore : Que ferai-je pour hériter de la vie éternelle ? avec l’arrière-pensée d’avoir quelque chose à faire pour la mériter, qu’elle médite la parabole du Samaritain. Vous ne pourrez jamais faire ce qu’exige la loi : aimer, tant que vous ne vous serez pas vu indigne de tout amour, et que vous n’aurez pas compris que quelqu’un est venu, selon un amour qui est l’amour divin, pour vous apporter le pardon, le salut et la paix. Vous aimerez parce que vous avez un Prochain qui vous a aimé, et vous aimerez les autres comme lui nous a aimés. Vous les considérerez tous comme vos prochains, parce que lui est venu ici-bas pour être celui de tous.

Et si nous le connaissons comme tel, alors, chers rachetés de Christ, sauvés par grâce, nous contenterons-nous de célébrer la délivrance et de nous réjouir à la pensée que bientôt le Seigneur va revenir et nous prendre avec Lui ? — C’est là, certes, une chose capitale, mais elle en entraîne d’autres. Nous sommes laissés dans ce monde pour faire ce que lui a fait. «Va, et toi fais de même».

 

5.2   L’entretien avec le jeune homme riche

5.2.1       Se dépouiller soi-même

Quant au chef du peuple qui appelait Jésus bon, il s’entend dire : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Tu cherches la vie éternelle, mais pour trouver la vie éternelle il faut accomplir les commandements d’un Dieu qui est bon et qui est le seul bon — et d’une bonté telle que toute la bonté qu’il pourrait y avoir en toi ne s’élèverait jamais jusqu’à Lui. Jésus même a dit cela dans la vérité et dans l’excellence de son humanité (Ps. 16:2), c’est pourquoi il peut dire : «Un seul est bon, Dieu». Et si véritablement je suis le maître qui est capable de t’indiquer le chemin de la vie éternelle, et si tu me reconnais véritablement comme bon, comme un bon maître, alors la conclusion qui devrait s’imposer à toi, c’est que je ne suis pas seulement un maître qui t’enseignera la loi. Tu la connais déjà : mieux que cela, tu dis que tu l’as accomplie. Aucun maître selon la loi ne peut te présenter autre chose. Mais si je suis un bon maître — et je le suis en vérité — j’ai autre chose à te montrer. Il te manque, à toi qui es favorisé de tant de manières, comblé matériellement et moralement, la chose la plus importante : il te manque d’être dépouillé de ce à quoi — sans peut-être que tu en aies conscience — ton âme s’attache, pour sa perdition. Le docteur de la loi avait besoin d’apprendre qu’il était — comme tout homme — moralement dépouillé devant Dieu. Le chef du peuple a à se dépouiller de ce qui lui donnait sa propre satisfaction, des joies terrestres, une honorabilité aux yeux des hommes : il lui fallait se dépouiller lui-même.

 

5.2.2       Le trésor est dans le ciel

Se dépouiller soi-même, mais comment cela ? Cela n’est possible que si, abandonnant ce que nous pensons être à nous, et nous être profitable — nous avons trouvé quelque chose d’infiniment meilleur, un objet où attacher notre coeur. Et cet objet, c’est la personne de Jésus lui-même. «Viens suis-moi». Dépouille-toi de ces richesses qui font ton malheur, dépouille-toi, mais pour me suivre, et alors tu auras un trésor dans le ciel. Alors voilà le choix nécessaire : ou un trésor dans le ciel, ou un trésor sur la terre. Et cet homme, nous est-il dit ailleurs, «s’en alla tout triste car il avait de grands biens». Il n’a pas voulu saisir le bonheur que Jésus lui offrait, comment en jouirait son coeur rivé à ces biens auxquels il avait jusqu’alors consacré toute son énergie, et dont il était en réalité l’esclave ? Il n’a pas voulu de Christ, celui qui est à la fois le bon Samaritain, et le bon maître, celui qui conduit jusque dans la vie éternelle, celui qui est proposé à tous comme le Sauveur pour l’éternité, mais celui qui est dès maintenant pour le coeur la richesse, le bonheur vrai.

 

6                    Conclusion

6.1   Aimer Dieu et le prochain parce que Dieu nous a aimés par Jésus

Connaissons tous ce bonheur-là : aimer Jésus parce que lui nous a aimés — aimer Dieu parce que Dieu nous a aimés par Lui, et l’a envoyé — aimer notre prochain parce que Lui est venu pour tous : tous semblables, tous prochains les uns des autres, hélas, dans le péché la même grâce veut nous placer dans une condition toute nouvelle. Nous trouvons à la fois Dieu et l’homme : «Tu aimeras Dieu de tout ton coeur» — voilà le Fils de Dieu qui est venu nous apporter l’amour de Dieu. «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» — voilà mon prochain ; et cet amour qu’Il est venu nous apporter, nous avons — par l’Esprit qui nous a été donné et selon la vie qui nous a été communiquée — à le montrer entre nous, et à le présenter au monde.

 

6.2   Montrer le chemin de la vie à la suite de Celui qui s’est dépouillé de tout

Nous avons à aller comme Lui vers ceux qui gisent au bord de la route, dépouillés, à demi morts. Et nous avons aussi, selon qu’il nous y conduira, selon qu’il nous enseignera, à montrer à d’autres que le chemin de la vie, c’est le chemin à la suite de Celui qui nous demande de nous dépouiller de nous-mêmes et de tout ce qui est notre propre convoitise. Lui, pour nous chercher, et nous donner la vie éternelle, s’est dépouillé de tout. Il est venu ici-bas pour s’engager dans un chemin où il n’avait pas un lieu où reposer sa tête, où il n’avait aucun bien, où il dépendait des autres, lui qui «étant riche, a vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté» nous fussions enrichis ; Celui qui «étant en forme de Dieu n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave... étant vu en figure comme un homme, il s’est abaissé jusqu’à la mort et à la mort même de la croix». S’il nous engage dans un chemin qui est un chemin de souffrance, d’opprobre et d’abnégation, c’est le chemin qu’Il a suivi, et il conduit à la gloire. «Viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans le ciel».