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MON ROYAUME — Luc 22:29, 30 ; Jean 18:36

 

André Gibert

 

Table des matières :

1     Circonstances où Jésus parle de son royaume

2     Un royaume qui ne s’impose pas de l’extérieur, mais dépend de l’état des coeurs

3     Un Roi qui établit d’autres rois

4     Un roi qui s’abaisse

5     Ceux qui reçoivent le royaume : les disciples et le brigand

6     Pilate : la royaume du monde devant le royaume de Christ

7     Le royaume aujourd’hui

8     La souffrance en attendant la gloire

9     Nature du combat aujourd’hui

 

 

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1973 p. 225-234

 

1                    Circonstances où Jésus parle de son royaume

«Mon royaume...».  Le Seigneur Jésus ne parle ainsi qu’une fois terminé son service public, mais il le fait alors par deux fois : avec ses disciples, au moment où va commencer sa Passion, et au moment décisif de cette Passion, avec Pilate.

En Luc 22, rejeté, la mort devant lui, il pouvait dire au terme de son ministère d’amour parmi les hommes : «J’ai consumé ma force pour le néant et en vain» (És. 49:4). Du moins est-il encore avec les siens ; il vient de leur enseigner comment ils auraient à se souvenir de sa mort prochaine, et il est en droit d’attendre leur sympathie fervente et de chercher là un réconfort. Or, les mêmes qui, troublés en entendant Jésus dire que l’un d’entre eux allait le livrer, s’entre-demandent qui allait faire cela, se mettent aussitôt à se disputer pour savoir lequel serait estimé le plus grand. Et le plus pénétré de sa valeur propre va peu après se vanter de pouvoir suivre le Maître jusqu’à la mort. Voilà où ils en étaient : un mélange d’attachement à ce Maître, de tristesse, d’inquiétude, et d’égoïsme, d’amour-propre, d’impatience de briller dans ce royaume en vue duquel ils avaient tout quitté pour Le suivre (Luc 18:29). Avait-il donc, parmi eux aussi «travaillé en vain» à ce point ? Ne va-t-il pas clore leurs trois années de communauté en congédiant, chargés de reproches, des disciples qui l’ont si peu compris, si peu connu ? — Il parle, et c’est pour leur conférer un royaume, les asseoir sur des trônes, leur dire : Vous serez à table avec moi dans mon royaume !

Il parle en Roi. Ils l’avaient souvent entendu parler du royaume de Dieu, du royaume des cieux, du royaume du Père, du royaume du fils de l’homme, mais voici qu’il dit expressément : «Mon royaume».

Il était bien le roi, mais quel Roi !

 

2                    Un royaume qui ne s’impose pas de l’extérieur, mais dépend de l’état des coeurs

L’ange avait dit à Marie, du petit enfant à naître : «Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père, et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume» (Luc 1:32, 33). Fils de David comme homme, mais Fils de Dieu (v. 35), Fils du Très-haut, ses droits sont ainsi affirmés sur un royaume terrestre universel, lequel ne passera pas avec les choses visibles, mais «n’aura pas de fin» : à «la fin» il remettra le royaume à Dieu le Père (1 Cor. 15:24), pour continuer dans l’état éternel.

Celui à l’égard de qui de si glorieuses choses étaient dites apportait ici-bas en sa personne ce royaume avec sa puissance et ses bénédictions, ainsi que les prophètes l’annonçaient. Non seulement il prêche le royaume et en donne les caractères mais, dira-t-il, «le royaume de Dieu est au milieu de vous» (Luc 11:20 ; 17:21). Des signes l’attestaient. Mais pour que ce royaume s’établît, il aurait fallu que les hommes, et d’abord Israël, reçoivent cette Personne. Question toute morale, étrangère aux pensées des hommes pour qui l’autorité de tout gouvernement, fût-il le plus démocratique, est imposée de l’extérieur, peu importe l’état du coeur. De plus, le royaume de Dieu apporté en Jésus n’attirait pas l’attention, et les hommes n’ont d’yeux que pour ce qui a de l’apparence et flatte orgueil et convoitises. Même si le nom de Jésus était rendu public, contre sa volonté expresse, à la suite de ses miracles et de ses paroles qui étonnaient, cela n’avait rien de commun avec cette apparition éclatante dont s’enquéraient les pharisiens (17:21) et qu’escomptaient les disciples (19:11). Mais partout où il y a une oreille pour entendre, Jésus est pour l’homme le ministre de la grâce du royaume (J.N.D.). C’est pourquoi il y avait des disciples à la suite de Jésus, le regardant comme le Messie. Leur foi demeurait, ignorante et vacillante sans doute, mais fruit de cette grâce divine, et, malgré les tribulations du chemin du fils de l’homme, elle les maintenait, tremblants, stupéfiés, mais fidèles, dans ce chemin. Ils étaient le petit troupeau des pauvres à qui le royaume de Dieu était promis, à qui Jésus pouvait dire que le Père se plaisait à leur donner le royaume : eux avaient à le rechercher avant toutes choses mais le Père les en constituait héritiers.

Lui savait qu’il devrait quitter cette terre haï et rejeté, pour aller dans un pays éloigné recevoir le royaume (Luc 19:12) , et d’où il reviendrait pour l’établir en puissance. L’entrée à Jérusalem, en apparence triomphale, au milieu des acclamations : «Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur» (id. 38) confirmait l’Écriture, de par la volonté de Dieu, mais masquait le refus foncier de la grâce avec laquelle venait ce roi débonnaire : en réalité il entrait dans la ville qui tue les prophètes, et Jésus fait ensuite connaître à ses disciples combien de redoutables événements devaient se produire encore avant que les vrais Hosannas soient poussés par un peuple nouveau, épuré par la tribulation et délivré grâce au jugement de ses ennemis. Mais avant toutes choses, Lui devait être livré, condamné, crucifié, il fallait les souffrances avant la gloire. Il allait être la vraie pâque, l’Agneau de Dieu. Le royaume de Dieu viendrait plus tard, et le vrai Nazaréen ne goûte plus, jusque-là, du fruit de la vigne. «La nuit qu’il fut livré» était tombée...

 

3                    Un Roi qui établit d’autres rois

C’est alors qu’il parle en Roi. Lui, haï des grands, méconnu du peuple, incompris des siens, lui qui va être mis au rang des iniques et couronné d’épines, lui dont le coeur est brisé, accablé par l’opprobre, dont l’âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort, au seuil des heures terribles parle en Roi et confère des trônes à ceux qui malgré tout l’ont suivi jusque-là. Merveilleuse grâce ! Au lieu de les confondre il ne relève dans leur conduite que ce qui a été doux à son coeur : «Vous êtes de ceux qui ont persévéré avec moi dans mes tentations». Il sait pourtant mieux qu’eux-mêmes combien leur coeur — notre coeur, hélas — est trompeur et incurable. Pierre en fera bientôt l’amère expérience, mais le Seigneur voit chez lui la foi (v. 32), et il sait que si Satan crible ces pauvres hommes, le bon grain demeurera ; n’est-il pas, déjà, le fruit de sa mort prochaine ?

Il parle en Roi, et en Roi des rois, puisqu’il établit des rois dans son propre royaume. Ce royaume lui a été conféré par son Père, ce Père à qui il a plu de leur en réserver un. Jésus le leur confère à l’heure où eux semblaient le moins mériter de le recevoir, et où Lui semblait être le moins en mesure de faire pareil don.

 

4                    Un roi qui s’abaisse

Il est Roi, mais non comme ces rois des nations que l’on honore parce qu’ils dominent. Il est un Bienfaiteur, mais non point comme eux qui en tirent une gloire vaine : il l’est, lui, en se dépouillant de tout. Il est au milieu des siens comme Celui qui sert. Il était venu pour cela, pour servir les hommes, et les sauver au prix de sa vie — et le monde n’a pas voulu être sauvé. Le monde ne veut pas d’un roi aussi étrange, dont la grandeur est dans son abaissement. Cela condamne les motifs profonds des hommes. Ils ne peuvent supporter d’être régis par l’amour humble qui se renonce soi-même. Car telle est bien la raison fondamentale du rejet de Jésus, alors et dans la suite, aujourd’hui comme il y a vingt siècles. L’amour de Dieu est ce qui humilie le plus le pécheur, rien ne met plus en évidence son état. La grâce et la vérité, venues par Jésus Christ, sont inséparables.

Il les fait briller sur ceux qui L’ont reçu. Vous mangerez et vous boirez «à ma table» : ce sera la communion, et l’association avec moi dans le ministère royal d’un jugement selon la justice qui s’entre-baisera avec la paix (Ps. 85:10) ; mais dès maintenant je vous fais rois, tels que je le suis, dans les mêmes caractères de grâce et de vérité, et, comme tels, haïs du monde comme moi-même.

 

5                    Ceux qui reçoivent le royaume : les disciples et le brigand

«Mon royaume...». Il n’est pas de ce monde où je vous laisse. Il faudra que vous y combattiez, mais non avec des épées matérielles. Ce n’est pas le moment, mes serviteurs n’ont pas à combattre afin que je ne sois pas livré aux Juifs (Jean 18:36), car il faut que je le sois. — Comment ces pauvres disciples pourraient-ils combattre ? Quand Pierre manie l’épée, c’est à contre-temps, et aussitôt après il renie son Maître. Tous l’abandonnent et s’enfuient. Où sont-ils donc, ces rois, que Jésus lui-même a établis ? Nul d’entre eux ne se dressera pour dire à la face de ses ennemis : «Il est roi», et se réclamer de son royaume.

C’est une autre voix, une seule, qui se fera entendre pour parler de la sorte. Le brigand de Luc 23:39-43 reconnaîtra publiquement pour Seigneur et Roi un crucifié comme lui. «Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume». Le déclarer juste aurait déjà été beaucoup : c’était un démenti infligé à ceux qui l’avaient condamné comme un imposteur ambitieux, et c’était un témoignage de repentance de la part du brigand qui par contraste confessait mériter le châtiment. Mais l’appeler Seigneur et lui parler de son royaume allait bien au-delà de déclarer qu’il n’avait «rien fait qui ne se dût faire» : c’était voir en celui que les hommes tenaient pour un vaincu le vainqueur devant qui tout ploierait un jour. Plus encore : le brigand que ses crimes devaient faire trembler à la pensée d’un juge venant pour châtier les méchants parle sans frayeur de ce règne à venir, demande au roi de se souvenir de lui avec faveur ; c’est donc qu’il avait l’assurance que ses péchés lui auraient été pardonnés, qu’ils l’étaient déjà, et ce ne pouvait être que par Celui qui en avait le pouvoir sur la terre, et qui était là, sur la croix, souffrant, lui juste, pour les injustes. Le Seigneur répond à sa foi en lui ouvrant dès ce jour le bienheureux repos du ciel en attendant la gloire. Il entre au paradis en même temps que le roi rejeté. À la même heure, Joseph d’Arimathée, qui aussi attendait le règne de Dieu mais n’avait pas osé jusque-là le confesser, sort de l’ombre, demande le corps de Jésus, le descend de la croix, l’ensevelit. Tout est consommé : le monde ne verra plus Jésus jusqu’à ce moment où «tout oeil le verra, et ceux qui l’ont percé...». En reste-t-il moins Roi ? Au contraire. C’est ce dont lui-même avait rendu témoignage de façon péremptoire devant Pilate.

 

6                    Pilate : la royaume du monde devant le royaume de Christ

«Mon royaume n’est pas de ce monde»... Il parlait en Roi, en roi plus grand que Pilate, plus grand que César, plus grand que le monde. «Il sera grand» avait dit l’ange. Il ne peut l’être davantage que lorsqu’il fait la «belle confession» devant Pilate, fournissant lui-même au gouverneur le motif de sa condamnation, en témoignage à la vérité (Jean 18:33-19:11). «Toi, tu es le roi des Juifs ?» avait demandé celui-ci, méprisant. Jésus l’oblige à exprimer que c’est la nation juive et ses principaux qui l’ont livré à lui ; si donc il condamne ce sera pour leur plaire et non par équité. Puis Il déclare : «Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici». Pilate se voit en présence de bien autre chose qu’une misérable royauté d’un petit peuple. «Tu es donc roi ?» demande-t-il (non plus : «le roi des Juifs»). — «Tu le dis toi-même que je suis roi».  Et voici de quoi relève cette royauté : «Moi, je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix». Son royaume n’est pas de ce monde parce que lui n’en est pas ; il y est venu, faire entendre une voix, celle de la vérité, que la foi seule entend, faire briller une lumière que la foi seule voit. Pilate atteint dans sa conscience sort, se dérobe à cette voix, à cette lumière, retrouve «ce monde» et son inimitié contre Dieu. Après avoir iniquement fait fouetter et outrager Jésus par ses soldats, troublé mais lâche devant les principaux, il interroge de nouveau Jésus. Cette fois il se targue de son pouvoir de le relâcher comme de le crucifier, mais c’est pour voir son autorité remise à sa vraie place : «Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’était donné d’en haut». Et le malheureux cède aux principaux sacrificateurs qui proclament : «Nous n’avons pas d’autre roi que César». Au juste ils ont préféré Barabbas, au Roi oint par l’Éternel sur Sion ils préfèrent César l’oppresseur. Mais Jésus a parlé au nom de la puissance devant laquelle tout doit plier. Et le représentant de toute la puissance romaine devra rédiger l’écriteau qui, dans son esprit, invitait les passants à la dérision et à l’insulte, mais qui malgré lui proclamait la vérité : «Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs».

 

7                    Le royaume aujourd’hui

«Mon royaume n’est pas de ce monde...».  Il s’y établira un jour. Mais pour un temps — qui est le nôtre, chrétiens — ce royaume, bien loin d’être aboli, continue avec son Roi dans le ciel, et, sur la terre, des sujets qui eux non plus ne sont pas de ce monde, quoique dans le monde. Le royaume, dans ce sens, existe moralement sur la terre, comme il était en Jésus, et étranger comme il l’a été. Il «n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit saint» — la vie de Dieu montrée dans des hommes. Il se joint à cela cette pensée plus précieuse encore, que nous avons été «transportés par le Père dans le royaume du Fils de son amour» (Col. 1:13) .

 

8                    La souffrance en attendant la gloire

Telle est la position présente du Seigneur Jésus et des siens vis-à-vis du monde. Elle n’a pas changé. Les chefs de ce siècle, qui ont crucifié le Seigneur de gloire, les sages indifférents à la vérité comme ceux qui s’en moquent, la synagogue de Satan sous toutes ses formes, les masses appâtées par les choses qui se voient, tous ne veulent pas plus croire en Lui dans sa gloire présente que lorsqu’il était ici-bas le pauvre et l’affligé. Ceux qui le reconnaissent comme Seigneur et Sauveur, même s’ils ne sont pas persécutés mais au contraire flattés en vue de les séduire, sont méprisés et haïs dans la mesure où ils sont fidèles. Ils sont là avec leurs infirmités et leurs manquements, leur marche si souvent incertaine, et ils seraient vite réduits à rien par le criblage si le Seigneur ne veillait sur son grain battu et le fruit de son aire. Ils sont appelés à porter leur croix à sa suite, mais il les mène en avant, vers cette gloire qu’il leur a acquise et dont l’Esprit saint est les arrhes de sa part.

Dès maintenant il «les a faits rois et sacrificateurs». Dès maintenant ils «reçoivent un royaume inébranlable». Ils ont à combattre, mais il met à leur disposition les armes spirituelles, l’armure de Dieu.

Bientôt l’Église souffrante va être enlevée pour être inséparablement la compagne glorieuse et pure de Celui dont elle est le corps, la plénitude. Il lui est sans cesse rappelé que «les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir qui va nous être révélée» (Rom. 8:18), et ce n’est pas un simple encouragement : le fait est que, quelles que soient ces souffrances, avec Christ, ou pour Christ, la force pour les endurer se trouve dans les souffrances de Christ. Il n’est pas seulement le chef et le modèle, il est le vainqueur, qui a vaincu afin que nous puissions vaincre (1 Jean 5:4, 5).

 

9                    Nature du combat aujourd’hui

«Mon royaume n’est pas de ce monde...».  Ses serviteurs n’ont pas à combattre afin qu’il ne soit pas livré à ses ennemis — ou pour lui assujettir les puissances terrestres, comme l’Église responsable a si souvent prétendu le faire, ni pour changer ce monde condamné — mais pour y manifester des effets de Sa victoire, remportée dans la honte où sa gloire a brillé. Ils y sont laissés pour «rendre témoignage à la vérité», comme Lui l’a fait ; envoyé pour cela, il nous envoie de même (Jean 20:21). Nous avons à continuer à dire : Le royaume de Dieu est venu, on a rejeté Celui qui l’apportait, mais Il est glorifié et Il revient ; sachez ceci, que le royaume de Dieu s’est approché» ; malheur au monde qui ne veut pas que «Celui-ci règne» sur lui ; craignez-Le et croyez, «avant que sa colère s’embrase tant soit peu». Mais «bienheureux qui se confie en Lui» (Ps. 2:12).

 

Bientôt, bientôt il régnera

Avec sa chère Église,

Bientôt Il la couronnera

De la gloire promise.

 

Gloire à Jésus, le rédempteur !

En lui notre âme espère.

Heureux celui qui dans son coeur

L’adore et le révère !