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LA LOUANGE QUI ATTEND ET LA LOUANGE ACTUELLE

 

 

Ps. 65:1, 2 ; Héb. 2:8-10 ; Apoc. 5:6-10

 

André Gibert

 

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest

Table des matières :

1     La louange d’Israel et de la création

1.1      Louange future

1.2      Silence de recueillement

1.3      Silence avant d’avoir réalisé qui est le Messie

2     Louange chrétienne

2.1      Une louange qui déborde maintenant

2.2      Prélude à la louange du ciel

3     Être déjà de ceux qui font éclater la louange

4     Temps de ruine

4.1      Dieu reste le Même, l’homme reste le même

4.2      L’activité des fidèles

4.3      Courage ! le Seigneur vient

 

 

ME 1983 p. 57

 

1                        La louange d’Israel et de la création

1.1   Louange future

Le Psaume 65 décrit à l’avance les bénédictions milléniales, les années du règne millénaire. Il célèbre l’abondance des biens terrestres, la joie, les chants, les cris de triomphe de la création, tout ce qu’elle attend en soupirant, elle qui attend «la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Rom. 8:19-22). En un langage magnifique, il dépeint la puissance et la bonté de Dieu s’exerçant en vertu de l’oeuvre de Christ, et sous la domination de ce vainqueur.

 

1.2   Silence de recueillement

Mais le premier verset du psaume marque un moment solennel. C’est comme si les orchestres sacrés étaient encore retenus avant de jaillir ensemble, en même temps que doivent se déchaîner sur les ennemis «des choses terribles de justice» en réponse de salut aux fidèles (v. 5) : Christ va régner sur son peuple terrestre, un peuple nouveau («il vous faut être nés de nouveau» — Jean 3:7), un peuple formé dans la tribulation et la souffrance (Ps. 44). Il se recueille avant de se réjouir, reconnaît ses transgressions (v. 3) ; il est confondu devant le pardon immérité et la faveur immense qui lui est faite de s’approcher de ce temple, de ces saints parvis, de cette maison qui lui a été laissée déserte et silencieuse. Il aura été amené peu à peu à comprendre la signification de l’histoire d’Israël, la fidélité de Dieu à ses promesses malgré les manquements de celui-ci. Dieu établira fidèlement comme centre d’attrait pour «toute chair» ce peuple si longtemps abreuvé d’opprobre, et qui, ayant à recevoir le double pour ses péchés (És. 40:2), doit encore souffrir au-delà même de ce qu’il a connu jusqu’ici : mais il aura été comme le buisson ardent de Moïse, brûlant sans se consumer.

 

1.3   Silence avant d’avoir réalisé qui est le Messie

Il y aura en effet toujours eu un résidu, objet des regards de Dieu, en relation avec Dieu connu comme le Très-Haut. Dieu bénira la terre en Christ que ce résidu, noyau du peuple nouveau, aura été amené à reconnaître. Il viendra en effet un moment, au terme des trois années et demie de tribulation, où la délivrance sera enfin entrevue par ce résidu. Ses yeux s’ouvriront au fait que Jésus, celui que la nation a abhorré (És. 49:7 ; 53:3, 4) est bien le Messie promis, le Roi d’Israël (Jean 1:50). Quand ils le comprendront, et quand ils regarderont vers Celui qu’ils ont percé, le premier effet sera un grand deuil, des lamentations comme on se lamente sur un fils unique (Zach. 12:10) ; puis l’oeuvre de délivrance se poursuivra, le Fils de l’homme sortira du ciel en vainqueur (Apoc. 19), détruisant les adversaires, chacun en son temps, jusqu’au jour où il se présentera à Jérusalem selon la préfiguration donnée dans les évangiles — la foule jetant des rameaux sous ses pieds. C’est alors seulement que la louange se fera entendre dans Sion et que résonneront les instruments longtemps muets. Les fidèles auront été prêts à l’acclamer, mais il n’y a pas et n’y aura pas de louange en Sion jusqu’à l’apparition du Seigneur de gloire. La joie du Psaume 45 aura été conçue dans le brisement et l’humiliation. Ce peuple formé dans la souffrance verra la lumière après les ténèbres, et la création cessera d’attendre «la révélation des fils de Dieu» dont la manifestation accompagnera celle de Christ, «notre vie» (Col. 3:4).

 

2                        Louange chrétienne

Car c’est la même Personne que nous chrétiens attendons, mais à un moment et dans des circonstances différents. Au Psaume 65 un peuple courbé attend l’établissement d’un royaume terrestre, sous le Messie promis ; nous, «nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur», qui nous délivrera non pour une bénédiction terrestre, mais pour la plénitude de notre bénédiction céleste. «La liberté de la gloire des enfants de Dieu» est une liberté de gloire.

 

2.1   Une louange qui déborde maintenant

Mais il y a plus que cela. Quoique nous soyons encore dans des vases de faiblesse, nous sommes appelés à entrer par la foi dans le ciel, et à jouir de cette part céleste. Notre louange n’attend pas, elle est déjà célébrée sur la terre. «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Éph. 1:3). Nous n’avons pas à attendre, courbés dans le silence, mais en débordant de bonheur. Assis auprès des fleuves de Babylone, Israël suspendait ses harpes aux saules de la terre étrangère (Ps. 137). Nous sommes bien aussi sur une terre étrangère, mais en même temps Dieu «nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Éph. 2:6). Ce n’est pas seulement que nous ne nous sentions pas chez nous dans un monde qui hait les disciples de Christ, et que nous désirions une meilleure patrie, mais cette patrie nouvelle, nous l’avons déjà, «notre bourgeoisie est dans les cieux» ; elle n’est plus, à jamais, sur la terre, à la différence d’Israël qui attend un royaume d’ici-bas. Nous pouvons goûter les arrhes d’un héritage qui est conservé pour nous dans les cieux (1 Pierre 1:4), et chanter le cantique du ciel.

 

2.2   Prélude à la louange du ciel

«Nous voyons Jésus», non pas «nous le verrons». Il est là dans la gloire, qui attend de prendre effectivement les siens qui l’attendent de leur côté, et la rencontre aura lieu «dans les nuées, en l’air» ; le résidu juif attendra sur la terre, dans le silence, Celui qui va y revenir. C’est le continuel soupir des Psaumes : «Jusques à quand ?». Et sans doute, dans cette attente «nous gémissons, étant chargés», mais c’est de notre domicile qui est du ciel que nous désirons avec ardeur d’être revêtus (2 Cor. 5:2) ; et, à l’inverse d’Israël, l’assemblée est appelée à louer dès maintenant, sur la terre (Jude 25 ; Éph. 3:21), préludant à la louange du ciel. Nous voyons Jésus glorifié dans le ciel. Il y est l’objet de l’hommage des anges, ils l’acclament, mais en attendant que des hommes enfin introduits dans le ciel, les appellent eux-mêmes à une louange suprême (Apoc. 5:11). La louange de la terre attendra dans le silence de Sion ; le ciel, avec les armées angéliques, attend un cantique qui n’y est pas encore chanté ; mais déjà les notes s’en font entendre ici-bas où le Saint-Esprit le fait chanter en anticipation à l’Église et le met sur nos lèvres balbutiantes.

Bientôt tous les fils amenés à la gloire s’y trouveront et nous chanterons la louange de l’Agneau immolé se tenant au milieu du trône «Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu as été immolé et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu et langue et peuple et nation ; et tu les as fait rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre». Nous chanterons ce cantique en sachant qu’il en viendra d’autres après nous, qui souffriront ici-bas en attendant ce royaume terrestre où eux-mêmes seront un peuple de sacrificateurs (Ex. 19:6 ; És. 61:6 ; 66:21) ; leurs prières seront dans nos coupes avec la louange.

Mais nous, si, présentement, nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties, nous voyons Jésus qui associera à cette domination sur le monde ceux qui lui sont déjà associés dans la souffrance (Rom. 8:17).

 

3                        Être déjà de ceux qui font éclater la louange

Pensons à ces choses. Que nos coeurs soient fortifiés et nourris non seulement par la pensée que Christ régnera, mais par la vision, donnée présentement à la foi, de Celui qui un jour sera manifesté. C’est notre part toute spéciale, à nous qui sommes à la veille du retour du Seigneur. «L’Esprit et l’épouse disent : Viens». Plus que jamais nos yeux devraient s’ouvrir sur Celui qui vient. Il amène déjà les fils à la gloire et les appelle à jouir par la foi de la position que Dieu leur donne en Jésus. «Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés». Si nous regardons au monde pour considérer ce qu’y est devenue la chrétienté, on dirait que tout est perdu. Que fait-elle de toutes ces précieuses déclarations de l’Écriture ? Les uns se flattent de l’espoir de bâtir par eux-mêmes un avenir de bonheur, les autres redoutent des catastrophes inévitables. L’aveuglement laodicéen (Apoc. 3:18) empêche de lire dans le livre de Dieu. Alors que précisément cette Parole est confirmée par le fait même qu’elle prédit l’aspiration générale des hommes vers une société nouvelle d’où Dieu sera ouvertement ou implicitement banni. Ne soyons pas ébranlés par quelque changement politique et social que ce soit. Notre part est de dire : Il y a Quelqu’un qui établira un jour la paix, sous un règne où la création ne soupirera plus, et c’est Celui-là qui nous propose dès maintenant quelque chose de plus élevé, le ciel et la liberté d’y entrer par la foi : «Nous voyons Jésus, non pas «nous le verrons», non pas «nous avons quelque idée de ce qu’il est», mais nous le voyons maintenant. Ne vaut-il pas la peine de bien comprendre quelle est notre place dans l’histoire du monde et de la chrétienté ? C’est une question d’intelligence spirituelle (Jean 16:13).

Ne soyons pas de ceux qui laissent attendre la louange dans une Sion silencieuse : nous sommes appelés à la faire éclater sur «la montagne de Sion» où «nous sommes venus» déjà. Prenons conscience de la grâce immense dont nous sommes les objets. «À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang...» (Apoc. 1:5, 6). Cela devance le : «Tu as acheté pour Dieu par ton sang de toute tribu, et langue, et peuple, et nation». Dieu nous a donné ce grand salut, il nous a constitués dès maintenant un royaume de sacrificateurs, une nation sainte (1 Pierre 2:5, 9). Ces privilèges ont été perdus de vue par le grand nombre, mais Dieu les a fait remettre en pleine lumière et son Esprit rassemble de nos jours autour de Christ ceux que lui-même déclare sans force, mais qu’il appelle à garder la Parole et à ne pas renier le nom de leur Seigneur. Frères, ne voulons-nous pas être de ceux-là ?

Tel ce résidu de Juda rentré de captivité, un tel rassemblement doit, dans cette conscience même de sa faiblesse, mesurer la haute mission qui était dévolue au peuple de Dieu et reconnaître combien l’Église y a manqué, mais non pas rabaisser le prix du témoignage de Dieu. Ce dernier aurait dû être la part de l’Église tout entière, attendant fidèlement la venue prochaine de son divin Époux. Quel héritage est placé entre nos mains ! Nous l’avons, hélas, laissé dépérir, comme tout ce qui est remis entre les mains des hommes. Mais le Seigneur a eu et aura toujours égard à «ceux qui le craignent» et il leur dit : «Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne».

 

4                        Temps de ruine

Revenons, avant de terminer, sur ces réchappés de Babylone. Ils devaient avoir une affligeante histoire. On le pressent dès le chapitre 13 de Néhémie, où l’homme de foi voit crouler les efforts que lui et Esdras avaient faits pour ramener le peuple à la loi. Néhémie s’était absenté un temps et il trouve la sacrificature en voie d’être profanée, le service des lévites relâché, la loi tournée, le mélange avec les idolâtres continuant comme si les retours précédents (Esdras 9:10) avaient été vains. On la sent tout assombrie, cette fin de Néhémie : «Souviens-toi de cela aussi en ma faveur, ô mon Dieu, et aie compassion de moi» ; «Souviens-toi de moi en bien, ô mon Dieu !» (Néh. 13:22, 31). L’amertume et la déception transparaissent dans ces appels, aussi bien que le sentiment de sa propre fidélité.

 

4.1   Dieu reste le Même, l’homme reste le même

Deux faits aussi inséparables que les deux faces d’un sceau dominent toute l’histoire de l’homme : Dieu est toujours le même ; et son peuple, et derrière lui toute l’humanité, reste aussi toujours le même. Dieu reste immuable dans ses conseils (Héb. 6:17, 18) : sa grâce, sa justice, sa sainteté, tous ses attributs sont invariables (Jacq. 1:17) ; et c’est bien ainsi que Néhémie le désigne dans sa longue prière du chapitre 9 : il célèbre l’Éternel comme le Même, Celui qui est fidèle à ses desseins. Mais en même temps, quels que soient les vernis dont les civilisations le recouvrent, l’homme reste le même dans son éloignement de Dieu. On cherche à rajeunir le vieil homme, mais cela n’est pas possible. «Il faut être né de nouveau», on en revient toujours là. Le peuple de Néhémie était ramené à l’observance d’une loi que ni eux ni leurs pères n’avaient pu et ne pouvaient garder, tout en prétendant le faire, comme leur orgueil national n’a cessé de le montrer. Ces fidèles sont précisément ceux qui se repentent, à la Parole de Dieu.

 

4.2   L’activité des fidèles

Malachie (Néhémie était probablement encore vivant quand Malachie écrivait) décrit l’état lamentable du peuple malgré les apparences extérieures, et l’état véritable se montre par les questions insolentes du peuple et des lévites. Combien cela est triste quand on pense que les mêmes personnes avaient pu se réjouir à la fête des Tabernacles célébrée sous Néhémie. C’est un état sans remède à moins d’une intervention de Dieu en jugement de ses ennemis et en faveur de ceux qui se souviennent de Lui. Néhémie s’écriait : «Souviens-toi de moi, ô mon Dieu», et en Malachie on a les quelques-uns «qui craignent l’Éternel» et pour qui «un livre de souvenir a été écrit» (Mal. 3:16). «Ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre», pour s’exhorter, s’encourager, non pas pour baisser les bras. Un livre de souvenir a été écrit. L’Éternel se souvient. Néhémie est le dernier homme de l’Ancien Testament que l’on voit en action, et sa dernière parole est : «Souviens-toi de moi en bien, ô mon Dieu !». Eh bien, le livre de souvenir a été écrit pour lui et pour d’autres fidèles. Un résidu a été conservé à travers les quatre siècles qui se sont écoulés ensuite jusqu’à la venue de Jésus. Ces fidèles ont eu à souffrir. Hébreux 11:35-38 fait certainement allusion à leurs souffrances, en particulier au temps des Macchabées. Nous retrouvons en Luc 1 et 2 leurs continuateurs, en petit nombre sans doute, mais combien il est réconfortant de les voir attendre la délivrance et se réjouir après la longue attente ! Hélas, une fois le Messie rejeté, le temple où ils étaient heureux de se retrouver devra être détruit pierre par pierre, la maison laissée déserte (Matt. 23). Toutes choses alors sont faites nouvelles, car Celui que son peuple a rejeté est fait Seigneur et Christ, et «nous voyons Jésus» glorifié.

 

4.3   Courage ! le Seigneur vient

Prenons courage, «parlons l’un à l’autre». Les regards des vrais fidèles sont toujours tournés vers l’avenir ; leur passé les porte à l’humiliation profonde, mais non aux regrets stériles. «Le Seigneur que vous cherchez viendra soudain à son temple» ; «Je viens bientôt». Autant de promesses réitérées dont le oui et l’amen sont Christ. Le grand «mystère de la volonté de Dieu selon son bon plaisir» va s’accomplir : il est de «réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre» (Éph. 1:10). «Nous le verrons comme il est», mais c’est le même Jésus que «nous voyons» par la foi. Ces fidèles d’Israël avaient à l’avance espéré en lui, tandis que leur nation l’abhorrait, vouant par là leur maison à être déserte et silencieuse ; au temps actuel, le résidu est les 7000 d’Élie, «un résidu selon l’élection de la grâce» (Rom. 11:5). Scellé du Saint Esprit et intégré comme nous au corps de Christ, l’Assemblée, il sera enlevé avec elle. Il partage en attendant avec nous les arrhes de l’héritage céleste. Et ces arrhes suffisent, n’est-ce pas, pour que nous entrions tous par la foi dans le sanctuaire des cieux, «à la louange de la gloire de Dieu». Soyons d’un même coeur pour dire tous ensemble, louant par le même Esprit : «Amen, viens, Seigneur Jésus !»