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UNE SEULE CHOSE

 

 

André Gibert

 

 

ME 1985 p. 3

Table des matières :

1     «Suis-moi» — Matt. 19 ; Luc 18 ; Marc 10 — [Une chose te manque]

2     Écouter Sa parole — Luc 10:38-42 — [Tu te tourmentes de beaucoup de choses, mais il n’est besoin que d’une seule]

3     Courir droit au but — Philippiens 3:14 — [Je fais une seule chose]

 

 

1                    «Suis-moi» — Matt. 19 ; Luc 18 ; Marc 10 — [Une chose te manque]

 

 

Qu’est-ce donc qui manque encore à ce «jeune homme exceptionnel» qui veut faire quelque chose afin d’obtenir la vie éternelle ? Il a tout pour lui, jeunesse, prestige (il est un chef du peuple) il est extrêmement riche, et avec cela il est droit, intelligent, aimable, sa vie est irréprochable aux yeux des hommes, et il est persuadé d’avoir gardé la loi de Dieu. Ressentait-il un besoin plus ou moins vague de plus de sainteté encore ? Attendait-il, du «bon maître» qu’il interroge, une approbation de sa conduite : «Mais tu as fait tout ce qu’il fallait, tu es parfait, qui héritera de la vie éternelle si, toi, tu ne l’as pas ?» Et «Jésus l’aima». Il ne le reprend pas quand le jeune homme affirme avoir observé la loi dès sa jeunesse. Mais ce même Jésus va éclairer de sa lumière le fond de son coeur, et mettre au jour le véritable état de ce coeur que le jeune homme ne connaissait pas. Et il s’en va, triste. Il était prêt peut-être à payer d’un bon prix la vie éternelle, mais pas le prix proposé par ce Rabbi. Donner aux pauvres, soit, il l’avait fait déjà, mais se dépouiller entièrement et, pour comble, suivre ce Maître dans son chemin d’opprobre !

Il n’est donc pas parfait, alors qu’il faut l’être pour avoir la vie éternelle (Rom. 2:7). Jésus a aiguillonné sa conscience et placé devant lui un choix. Tout ou rien. Toi ou Moi. Ne sais-tu pas qu’on ne peut avoir le monde et un Christ rejeté par lui, qu’on ne peut avoir à la fois le monde présent et le monde à venir ? En définitive, il s’agit de décider de ta vie terrestre : ou Jésus promettant la vie éternelle et un trésor au ciel, ou tes biens. Le riche, comme tant d’autres, riches ou pauvres, ne se soucie pas du ciel. Ses pensées sont aux choses de la terre, si même, en Juif sincère, il met un espoir dans le Messie encore futur qu’attend Israël, mais que visiblement il ne reconnaît pas en Jésus de Nazareth. Hélas, c’est là le propre de l’homme de tous les temps, l’homme naturel, irréductiblement ennemi de Dieu (Rom. 8).

«Suis-moi», je suis venu de ma demeure éternelle pour t’appeler à me suivre, je me suis anéanti, puis appauvri et abaissé, par obéissance à mon Père, pour que tu puisses hériter de la vie éternelle par ma mort. «Suis-moi», mon chemin ici-bas est douloureux, c’est vrai, mais il aboutit à la gloire céleste. Ne vois-tu pas que tes grands biens t’éloignent de Celui qui veut ton vrai bien, débarrasse-toi de ce fardeau. Viens, suis-moi !

Il s’en alla «tout triste». L’appel n’avait pas eu d’écho. Jésus poursuit avec ses disciples dont ce jeune homme n’a pas voulu être le compagnon. Il ne sera plus question de lui...

«Suis-moi», c’est l’appel initial auquel on ne peut répondre tant qu’on n’a pas discerné que Celui qui appelle est le Fils de Dieu.

 

2                    Écouter Sa parole — Luc 10:38-42 — [Tu te tourmentes de beaucoup de choses, mais il n’est besoin que d’une seule]

 

Marthe recevait dans sa maison celui qu’elle appellera peu après, même dans son ignorance, le Fils de Dieu qui vient dans le monde. Elle se tourmentait, étant en souci de beaucoup de choses, pour que son hospitalité fût digne d’un hôte honoré. Mais Lui, plus heureux de donner que de recevoir, apporte en ce bas lieu le bien le plus précieux, la Parole divine, et il s’agit d’écouter cette parole. Marie l’a compris. Insensible aux reproches de sa soeur, elle qui s’adressent par ricochet à Jésus lui-même, s’assied à ses pieds et L’écoute. Aujourd’hui, comme alors, c’est la seule chose qui compte.

Mais, dira-t-on, comment faire ainsi de nos jours, au moins pour l’immense majorité des gens ? Le «silence qui s’oublie, Jésus, pour te laisser parler — laissant les heures s’écouler» ? Impossible, dans ce monde frénétique, fiévreux, survolté, qui va accélérant toujours davantage la vitesse prodigieuse de ses mutations ! Un monde menacé de toutes parts qui à la fois tremble et s’étourdit, une civilisation branlante, où l’argent est roi et dieu, où la violence l’emporte, une société proche du bouleversement, des multitudes qui s’adonnent à l’immoralité, à l’occultisme, aux plus déraisonnables pratiques, etc. Non, vraiment, ne nous demandez pas l’impossible !

Il y aurait bien à dire là-dessus. Il serait vain de rappeler que naguère on travaillait plus paisiblement mais sans relâche aucun. L’existence effrénée dans nos villes et qui gagne rapidement nos campagnes comporte des jours de repos, de «loisir», et qui se multiplient. Et l’on trouve bien du temps pour des distractions, coûteuses ou non, pour la télévision absorbante, pour des lectures malsaines, mais on ne trouve plus le temps d’écouter, et d’écouter Sa parole. Ne parlons pas non plus des moments perdus à attendre un autobus, ou à stationner devant des guichets encombrés. Il y a là bien des instants où l’âme, à défaut de lire la Bible, peut trouver l’occasion de se recueillir et de se nourrir.

D’autre part, ce que l’on veut ignorer, et qui est une des grandes caractéristiques de notre époque, c’est le nombre croissant des personnes esseulées qui souffrent d’être privées de contact humain et qui ne savent comment «tuer le temps». C’est la contrepartie de l’existence lassante jusqu’à l’épuisement, menée par des gens qu’attend un sort semblable, dès leur retraite, une existence sans but et sans espoir. Et ils courent les rues, les enfants livrés à eux-mêmes, totalement abandonnés, ou qui le sont aux heures de travail des parents. Sans parler du chômage rongeur. Malades physiques ou mentaux, dépressifs, déprimés, surpeuplent hôpitaux, cliniques, maisons de repos. Les difficultés de logement empêchent souvent des familles de garder les leurs auprès d’eux. On n’en finirait pas au sujet de cette marée montante de besoins se ramenant à ceci : ne pas être laissé seul. Chrétiens, comprenons mieux notre devoir de présenter à ces âmes l’Ami divin.

Mais d’abord sachons «écouter» sa Parole pour nous-mêmes. Si nous ne pouvons rester «à ses pieds» comme Marie, c’est Lui qui vient nous dire : «Je suis avec vous tous les jours», jusqu’à la fin. Reconnaissons la voix du bon Berger. Elle se fait entendre partout et toujours, mais il nous faut avoir l’oreille ouverte (És. 50:4). Au cours de notre travail professionnel, quel qu’il soit, au bureau, à l’usine, comme aux champs, cette voix connue veut se faire entendre. Elle devrait constituer pour nous comme un fond sonore, doux, tranquillisant, permanent, qui persiste en dépit des bruits qui viennent s’y plaquer. Que notre témoignage heureux soit rendu auprès du malade dans son lit, près de l’isolé, dans les prisons, dans le train, le métro ; cette voix ne doit pas cesser de résonner dans chacun des siens.

 

3                    Courir droit au but — Philippiens 3:14 — [Je fais une seule chose]

 

«Je fais une seule chose», disait l’apôtre Paul. Il avait été «saisi par Christ» et maintenant il cherchait à «saisir» le prix promis au vainqueur de la course. Nous savons bien que nul n’a pu l’atteindre ici-bas mais tous nous sommes invités à le poursuivre, comme si chacun pouvait l’obtenir ; il n’y aura pas de compétitions dans le ciel ! Le même but aura été «gagné», c’est Christ lui-même. Il y aura des récompenses, selon son tribunal, mais tous auront part à sa gloire, et chacun sera pleinement satisfait comme lui le sera.

Le jeune homme riche n’a pas répondu à l’appel initial : Suis-moi. Le fidèle apôtre a entendu l’appel final et y a répondu. Le premier impliquait la mise de côté des biens matériels, le second celle des avantages spirituels dont Saul de Tarse pouvait se prévaloir, dans l’oubli des «choses qui sont derrière» ; elles font obstacle à la course, les mauvais souvenirs aussi bien que ceux dont la chair se prévaudrait volontiers, dans la bonne opinion qu’elle a d’elle-même. Cet appel final est d’en haut, non pour la terre, il est pour les citoyens du ciel. Qu’en est-il de nous ?

 

Bien chers frères et soeurs, qu’il nous soit donné — car tout est grâce — d’être de ceux qui demandent afin de recevoir, en suivant dans sa parfaite obéissance un Maître honni du monde, et dont nous écoutons la Parole, sans cesse, oubliant mais sachant, pour tendre avec effort vers «les choses qui sont devant», avec effort, mais avec la force que Dieu fournit. Et nous nous retrouverons, sans peine, dans le même sentier !

C’est le voeu que nous formons avec prière en ce début d’année.